Introducteur des ambassadeurs

L'introducteur des ambassadeurs est un officier du service des Cérémonies de la maison d'un souverain chargé de conduire les étrangers à l'audience de ce dernier.

Nicolas Sainctot de Veymar en tenue d'introducteur des ambassadeurs, Galerie historique de Versailles

Rôle

La fonction de cet officier est de conduire les ambassadeurs et les princes étrangers à l'audience du souverain (quel que soit son titre), son consort, les princes et princesses du sang.

Le , à l'entrée dans Paris d'Élisabeth d'Autriche (1554-1592), femme de Charles IX, Hiérôme ou Jérôme de Gondy fut chargé de recevoir les ambassadeurs d'Espagne, d'Écosse et de Venise. Ce fut encore Gondy qui conduisit à l'audience de Charles IX l'ambassadeur anglais Francis Walsingham, en 1571.

À partir de 1620, la cour de France est munie de deux introducteurs qui servent par semestre, auxquels on adjoint un aide ou lieutenant, officier qui est perpétuel, et qui fait sa charge à toutes les civilités qu'on fait aux ambassadeurs, à quelque occasion que ce soit.

Le titre d'introducteur des ambassadeurs ne date que du règne de Louis XIV ; mais longtemps auparavant Gondy et de Bonneuil sous Henri IV, d'Espeisses et de Bautru sous Louis XIII, en remplissaient les fonctions.

Sous l'Ancien Régime, l'introducteur des ambassadeurs prêtait serment de fidélité entre les mains du Grand maître de France, chef et surintendant général de la Maison du Roi. Pour tout ce qui concerne sa charge, il ne prend ordre que du roi. Les différents introducteurs restent en permanence auprès du souverain, dont ils constituent le représentant auprès des agents étrangers et des princes.

La caractéristique principale de cette charge est d'avoir le monopole de l'organisation des audiences royales[1]. Lors de l'arrivée d'un ambassadeur ordinaire, l'introducteur le rejoint à Saint-Denis. Les entretiens avec le roi de France se déroulent formellement de la même manière jusqu'en 1635 : avec une introduction dans la salle de réception par l'introducteur des ambassadeurs, l'attente dans un lieu spécialement destiné aux diplomates puis la rencontre avec le roi.

L'introducteur avertit le corps diplomatique de l'organisation du cérémonial à l'occasion des grands événements, par exemple lors du couronnement de Marie de Médicis et les funérailles d'Henri IV. Lorsque la maison du diplomate étranger est menacée par la foule à la suite de l'assassinat de ce roi, c'est l'introducteur que dépêche la reine pour protéger la représentation espagnole.

Se présentant comme porte-parole du souverain, Bonneuil, au moment des conversations sur les mariages franco-espagnols (1611), se rend chez l'ambassadeur pour exprimer les conditions posées par la Reine. Si le souverain est mécontent, l'attitude de l'introducteur se modifie à l'égard de l'agent étranger.

Personnage clef des relations internationales de l'Europe du XVIIe siècle, l'introducteur est l'objet des attentions des agents étrangers qui ne manquent pas de lui offrir étrennes et autres cadeaux. Devant l'utilité de ce poste, les cours anglaise et espagnole[2] (printemps 1626) sont conduites à l'adopter.

La charge d'introducteur des ambassadeurs supprimée à l'époque de la Révolution, a été rétablie par Napoléon Ier, maintenue sous le Premier Empire, la Restauration et le Second Empire.

La création de l'office d'introducteur des ambassadeurs souligne la capacité d'emprunt d'une monarchie qualifiée de « paperassière » et singulièrement méticuleuse sur l'étiquette.

Dans les pays qui n'ont pas d'introducteur des ambassadeurs, c'est le grand-maître des cérémonies ou le grand chambellan qui introduit.

En France, à l'heure actuelle, c'est le Directeur du Protocole du Ministère des Affaires étrangères qui porte ce titre. Il accueille à l'Élysée les dignitaires étrangers et accompagne le Président de la République dans ses déplacements à l'étranger.

Liste non exhaustive des introducteurs des ambassadeurs en France

Annexes

Bibliographie

  • Adolphe Chéruel, Dictionnaire historique des institutions, mœurs et coutumes de la France, vol. 2, L. Hachette et Cie, (lire en ligne) ;
  • Carlos Calvo, Dictionnaire Manuel de Diplomatie et de Droit International Public et Privé, The Lawbook Exchange, Ltd., , 475 p. (ISBN 978-1-58477-949-0, lire en ligne) ;
  • Alain Hugon, Au service du roi catholique : Honorables ambassadeurs et divins espions : représentation diplomatique et service secret dans les relations hispano-françaises de 1598 à 1635, vol. 28 de Bibliothèque de la Casa de Velázquez, , 700 p. (ISBN 978-84-95555-59-5, lire en ligne) ;
  • Nicolas Viton de Saint-Allais, Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France, Paris,  ;
  • Adrien Duchesne de Gillevoisin de Conegliano, Le Second Empire : la Maison de l’empereur, (lire en ligne) ;

Notes et références

  1. À plusieurs reprises les représentants du roi d'Espagne se heurtèrent à ce dispositif. En 1611, Cardenas signale que l'agent des Provinces-Unies vient de subir les foudres de Marie de Médicis pour avoir voulu forcer l'entrée des appartements de la souveraine et ne pas avoir prévenu l'introducteur de sa visite. Hugon, 2004
  2. Francisco Zapata fut le premier introducteur des ambassadeurs espagnol
  3. PUECH, Gauthier, « Une vie pour le cérémonial : Nicolas II de Sainctot, maître des cérémonies et introducteur des ambassadeurs de Louis XIV », Revue d'histoire diplomatique, 3e trimestre 2017, p. 235-252

Articles connexes

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