Interculturalisme

L'interculturalisme est une philosophie d'échange entre les groupes culturels d'une société.

La notion d'interculturalisme intervient comme moyen privilégié de sensibilisation à la diversité culturelle. Elle suppose une participation active de la société d'accueil à l'intégration des nouveaux arrivants en même temps qu'une connaissance et une compréhension mutuelles des différences culturelles. Plus précisément, l'interculturalisme suggère l'adoption de la culture dominante du pays ou de la région d'adoption associée à la recherche de points communs tout en préservant les différences individuelles.

La société d’aujourd’hui se définit par la pluralité des aspects de la socialisation, de l’éducation, mais aussi par la diversité des langues et des modes de communication. L’approche entre les civilisations et les différences culturelles s’impose dans les faits : l’étranger appartient au monde quotidien. Il en découle donc beaucoup de questions quant à notre aptitude à vivre ensemble. D’où le terme de l’interculturalisme, qui peut se définir comme une construction, un ensemble de relations entre les diverses cultures. Ce phénomène découle des échanges réciproques entre les civilisations tous en préservant un respect mutuel afin de protéger l’identité culturelle de chacun.

De plus, l’interculturalisme est au cœur de notre société d’aujourd’hui. Un certain nombre de films évoquent ce sujet, comme le film Entre les murs de Laurent Cantet, sorti en 2008, qui raconte l’histoire de François, un jeune professeur de français dans un collège difficile. Il n'hésite pas à affronter ses élèves d’une classe de quatrième, dans de stimulants débats, comme si la langue elle-même était un véritable enjeu.

Interculturalisme et multiculturalisme

Une distinction peut être établie entre l'interculturalisme et le multiculturalisme, mais il convient surtout de ne pas confondre ceux-ci avec le communautarisme.

L'interculturalisme est une idéologie n'offrant pas spontanément de valeur à chacune des cultures à l'intérieur d'une même société. L'objectif visé est plutôt le développement d'un ensemble commun de valeurs sociétales basé le plus souvent sur des modèles associés à la « civilisation occidentale », parmi lesquels les droits humains étendus. Par ailleurs, cette homogénéisation des valeurs requiert des interactions accrues entre les membres d'une société et ne peut se produire que dans un contexte de démocratie et de respect des droits humains. Ce dernier prérequis n'est pas explicitement énoncé dans l'idéologie du multiculturalisme.

La promotion des droits individuels sans discrimination fait l'objet d'une promotion active par l'interculturalisme. Ce faisant, les individus sont libres de conserver une affiliation avec un groupe ethnique donné, tout comme ils peuvent afficher publiquement leurs attributs culturels et religieux dans l'aire publique. Par ailleurs, il reste nécessairement que l'ensemble des individus adhère à un ensemble de valeurs et de droits enchâssé dans une constitution; aucune exception n'est admise. De ce fait, les différences culturelles ne constituent pas une raison valide pour diminuer les droits de certains groupes (ethniques ou non) si cela contrevient aux valeurs de la société. Il découle de cette approche une tolérance élevée aux choix individuels et une tolérance minimale à l'application de principes totalitaires, dogmatiques ou théocratiques susceptibles de mettre en péril les bases de la société démocratique.

Interculturalisme québécois

Selon une étude sociohistorique[1] ayant analysée plus de 750 000 documents dans le Patrimoine textuel québécois numérisé par Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)[2], des chercheurs ont illustré l’histoire de l’interculturalisme au Québec de sa genèse dans les groupes communautaires des années 1960 jusqu’à son installation dans la politique partisane au début des années 2000.

L’idée d’interculturalisme a connu quatre temps. Une première phase d’éclosion du vocabulaire de « l’interculturel » dans les années 1960, surtout de la part du Centre Monchanin à Montréal, à la suite de la volonté de Vatican II de favoriser le développement des relations interreligieuses (1963-1977). Une deuxième phase (1978-1988) où l’interculturel s’installe dans les politiques ministérielles et dans le langage des pédagogues et enseignants travaillant avec les enfants issus de la diversité à Montréal. Une troisième phase apparaît en 1988 avec la mise à jour de la Loi canadienne sur le multiculturalisme[3] et à la suite de l’abandon définitif tant au Québec qu’au Canada de la vision biculturaliste de la commission Laurendeau-Dunton. De 1988 jusqu’en 2007, un consensus est observable au Québec autant dans le monde intellectuel, universitaire que politique au sujet de cette matrice identitaire québécoise qui est alors préférée par les acteurs politiques de l’époque au multiculturalisme canadien. Une dernière période débute à partir de 2007 alors que se lèvent au Québec les politiques identitaires[4] concernant les accommodements raisonnables et les controverses au sujet de la laïcité[5]. À partir de ce moment, le Parti québécois qui était favorable à l’interculturalsime l’abandonne au profit de la convergence ou concordance culturelle[6], un modèle considéré par ce parti comme plus affirmatif et plus éloigné du modèle canadien; alors que le Parti libéral du Québec[7] et Québec solidaire souhaitent l'officialiser[8].

Interculturalisme en France

Dans cette recherche de modèle sur l’interculturalité, on va pouvoir comparer deux modèles qui s’opposent : le modèle français et québécois. Les pays en général ont chacun une façon différente d’aborder l’interculturalité dans leur institution politique, éducative ou encore sociale. Dominique Schnapper, sociologue et politologue française a défini la communauté française comme un ensemble de citoyens qui ont dépassé toutes leurs appartenances sociales (ethnique, religieuse ou culturelle). La France a volontairement construit son modèle sur un « espace neutre ». Cet espace neutre permet une considération homogène de la population française. Le modèle français préconise pour y parvenir, un ensemble de règles et de principes autour des valeurs républicaines essentiellement. En ce sens, contrairement aux politiques communautaires du Canada ou encore de l’Angleterre, la France a choisi de considérer ses individus en tant que citoyen unique français avant de les apprécier en tant qu’individu dans sa communauté particulière. L’école a le rôle en France de former l’individu aux valeurs républicaines et mettre de côté ses différentes appartenances. On pourrait même dire qu’elle joue le rôle de « passeur culturel » entre le milieu de l’élève et l’école, lieu de neutralité et de transmission des valeurs symboliques républicaines.

Éducation à l'interculturalité

L’éducation à l’interculturalité signifie créer des situations pédagogiques pour que les élèves échangent, collaborent et respectent les mêmes normes.

Il faut savoir que l’interculturalité ne s’enseigne pas théoriquement il faut plutôt mettre les élèves en situation pratique. Pour pratiquer l’interculturalité le mieux possible il faut être capable de dépasser ses cultures familiales, échanger avec les autres pour essayer de partager des valeurs communes.

C’est dans d’autres mots accepter de construire ensemble des valeurs communes que chaque composante culturelle est amenée à soutenir qui guideront notre société.

Notes et références

  1. (en) Guillaume Lamy et Félix Mathieu, « Les quatre temps de l'interculturalisme au Québec », Canadian Journal of Political Science/Revue canadienne de science politique, vol. 53, no 4, , p. 777–799 (ISSN 0008-4239 et 1744-9324, DOI 10.1017/S0008423920001080, lire en ligne, consulté le )
  2. « BAnQ numérique », sur numerique.banq.qc.ca (consulté le )
  3. Ministère de la Justice, « Lois codifiées Règlements codifiés », sur laws-lois.justice.gc.ca, (consulté le )
  4. (en) par Guillaume Lamy Originellement publié sur le site Web d'Options politiques mai 14 et 2019, « Laïcité, demande identitaire et géopolitique des idées », sur Policy Options (consulté le )
  5. « Laïcité et valeurs québécoises - Guillaume Lamy », sur Québec Amérique (consulté le )
  6. Zone Politique- ICI.Radio-Canada.ca, « Lisée propose la « concordance culturelle » pour intégrer les immigrants », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  7. « Politique d’affirmation du Québec et de relations canadiennes - Secrétariat du Québec aux relations canadiennes », sur www.sqrc.gouv.qc.ca (consulté le )
  8. « Québec solidaire présente un livre orange sur la langue française », sur www.quebec.ca (consulté le )

Annexes

Articles connexes

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