Initiative populaire « pour l'abolition des expériences sur animaux »

L'initiative populaire « pour l'abolition des expériences sur animaux » est une initiative populaire suisse, rejetée par le peuple et les cantons le .

Initiative populaire fédérale
Pour l'abolition des expériences sur animaux

Déposée le
Déposée par Ligue internationale des médecins pour l'abolition de la vivisection

Contre-projet non
Votée le
Participation 51,22 %
Résultat : rejetée[NB 1]
Par le peuple non (par 72,2 %)
Par les cantons non (par 20 6/2)[NB 2]

Contenu

L'initiative propose d'ajouter un article 25ter à la Constitution fédérale interdisant toute expérience sur les animaux « pratiquées à des fins d'information ou de diagnostic, ou dans un but scientifique, prophylactique, thérapeutique ou économique, ou encore à des fins d'étude ou d'enseignement ».

Le texte complet de l'initiative peut être consulté sur le site de la Chancellerie fédérale[1].

Déroulement

Contexte historique

Le premier texte législatif suisse concernant directement la protection des animaux est l'article 25bis de la Constitution qui résulte de l'initiative populaire « Interdiction d'abattre le bétail de boucherie sans l'avoir préalablement étourdi », acceptée en votation le [2]. Cet article, qui ne concerne à sa création que l'interdiction de l'abattage rituel, est étendu le [3], pour spécifier en particulier que « la législation sur la protection des animaux est du ressort de la Confédération » et que les « interventions et essais sur les animaux vivants » doivent être sujets à cette législation[4].

Une loi fédérale sur la protection des animaux est alors préparée et présentée au Parlement qui l'accepte en 1978. Un référendum est cependant lancé contre cette loi, en particulier par des groupes jugeant qu'elle ne va pas assez loin dans la protection des animaux ; elle est toutefois acceptée en votation le [5], puis complétée par une ordonnance du entrée en vigueur le . Elle définit en particulier des normes concernant les expériences sur animaux qui doivent être limitées à l'indispensable, sont, dans les cas extrêmes, soumises à autorisation, et ne peuvent être réalisées que dans des installations appropriées et par des personnes correctement formées.

En , la fondation Helvetia Nostra, filiale de la fondation Franz Weber[6], dépose une initiative populaire « pour la suppression de la vivisection » pour dénoncer les expériences animales qui « occasionnent, pour l'homme, pour les autres créatures et pour l'environnement infiniment plus de dommages et de maux qu'elles ne leur apportent de bienfaits »[7] ; cette initiative est rejetée en votation populaire le [8].

Dès le mois de , soit six mois avant la votation, la Protection suisse des animaux commence à récolter des signatures pour une nouvelle initiative « pour une réduction stricte et progressive des expériences sur les animaux ». Cette seconde initiative est justifiée par des réserves vis-à-vis de la proposition d'Helvetia Nostra qui n'aurait pas supprimé la vivisection, mais plutôt aurait poussé à une délocalisation des expériences sur les animaux à l'étranger, à l'inverse de la nouvelle initiative qui « constitue une solution réaliste en vue de parvenir à une réduction progressive des expériences sur animaux, sans que l'on soit obligé d'y renoncer dans les cas où elles restent indispensables »[9].

Après le dépôt de la seconde initiative, le parlement décide de lui présenter un contre-projet indirect sous la forme d'une modification de la loi sur la protection des animaux qui institue une commission pour les expériences sur animaux chargée d'examiner les demandes d'autorisations pour les expériences sur les animaux et de participer au contrôles en place[10]. Cette modification entre en vigueur le , alors que l'initiative est rejetée en votation le [11].

Pendant la période d'étude de la seconde initiative, la ligue internationale des médecins pour l'abolition de la vivisection, jugeant les premières propositions trop timorées, lance cette troisième initiative qui préconise un arrêt total et absolu des expériences animales.

Récolte des signatures et dépôt de l'initiative

La récolte des 100 000 signatures nécessaires a débuté le . Le de l'année suivante, l'initiative a été déposée à la chancellerie fédérale qui l'a déclarée valide le [12].

Discussions et recommandations des autorités

Le parlement[13] et le Conseil fédéral[14] ont recommandé le rejet de cette initiative. Dans son message aux Chambres fédérales, le gouvernement rappelle que, si le nombre d'animaux utilisé pour des expériences a diminué de moitié lors des 10 dernières années, la recherche ne peut se passer totalement de ce type d'expériences ; Leur interdiction totale inciterait les entreprises et instituts de recherche à quitter la Suisse.

Enfin, le Conseil fédéral rappelle les dernières décisions prises par le peuple et par l'assemblée fédérale sur ce sujet pour rejeter l'initiative.

Votation

Soumise à la votation le , l'initiative est refusée par la totalité des 20 6/2 cantons[NB 2] et par 72,2 % des suffrages exprimés[15]. Le tableau ci-dessous détaille les résultats par cantons[16] :

Notes

  1. Selon l'article 139 de la Constitution, une initiative proposée sous la forme d'un projet rédigé doit être acceptée à la fois par la majorité du peuple et par la majorité des cantons. Dans le cas d'une initiative rédigée en termes généraux, seul le vote du peuple est nécessaire.
  2. Le premier chiffre indique le nombre de cantons, le second le nombre de cantons comptant pour moitié. Par exemple, 20 6/2 se lit « 20 cantons et 6 cantons comptant pour moitié ».

Références et sources

  1. « Texte de l'initiative populaire fédérale », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  2. « Votation no 40 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  3. « Votation no 241 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  4. « Arrêté fédéral concernant un article sur la protection des animaux qui remplace l'article 25bis actuel de la constitution fédérale »  (9 juillet 1973) de la Feuille fédérale référence FF 1973 I 1633
  5. « Votation no 290 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  6. « Helvetia Nostra », sur ffw.ch (consulté le )
  7. [PDF] « Votation populaire du 1er décembre 1985 : Explications du Conseil fédéral », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  8. « Votation no 337 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  9. « Message du Conseil fédéral »  (28 mars 1989) de la Feuille fédérale référence FF 1989 I 961
  10. « Loi fédérale sur la protection des animaux (LPA) Modification du 22 mars 1991 »  (9 avril 1991) de la Feuille fédérale référence FF 1991 I 1297
  11. « Votation no 374 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  12. « Initiative populaire fédérale 'pour l'abolition des expériences sur animaux' », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  13. « Arrêté fédéral »  (12 janvier 1993) de la Feuille fédérale référence FF 1993 I 1
  14. « Message du Conseil fédéral »  (12 mai 1992) de la Feuille fédérale référence FF 1992 II 1597
  15. « Votation no 391 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  16. « Votation no 391 - Résultats dans les cantons », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
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