Surcharge informationnelle

La surcharge informationnelle (en anglais information overload), ou surinformation[1] ou encore infobésité (néologisme québécois[2]), est un concept désignant l'excès d'informations qu'une personne ne peut traiter ou supporter sans nuire à elle-même ou à son activité. Cette notion est également évoquée par le sociologue Edgar Morin sous l'appellation de « nuage informationnel »[3].

Surinformation
Surcharge informationnelle sur un panneau d'affichage
Codes-Q QD443

Mise en garde médicale

Histoire

Bien que ce concept soit au début du XXIe siècle étroitement lié au développement des chaînes de télévision d'information en continu, à l'utilisation des technologies de l'information et de la communication et, en particulier, les nouvelles technologies de l'information représentées par Internet, il a fait son apparition dès le début des années 1960 comme l'une des sources de dysfonctionnement des organisations[4]. Les principaux auteurs sur le sujet sont Caroline Sauvajol-Rialland en France[5], David Shenk aux États-Unis (Data Smog, Surviving the Information Glut)[6], Jim Stolze (L’infobésité pourrait être la prochaine épidémie)[7] et Nicholas Carr (Est-ce que Google nous rend idiots ?)[8].

Considérations générales

Ce concept peut recouvrir plusieurs concepts de surcharge[9] :

  • surcharge cognitive,
  • surcharge sensorielle,
  • surcharge communicationnelle,
  • surcharge de connaissances.

La mise en place de plages horaires de déconnexion est l'une des attitudes possibles pour lutter contre la surcharge informationnelle. Les choix de se limiter à certaines sources d'information ou de regrouper certaines actions sur une période donnée sont aussi utiles pour résister à l'infobésité[10].

Effets néfastes

Les infos poubelle (en anglais junk information) peuvent avoir des répercussions physiques, émotionnelles (stress, anxiété informationnelle) et intellectuelles (syndrome de débordement cognitif et d’épuisement professionnel, cyberdépendance, désengagement, déficit d'attention et de créativité, perte de mémoire, altération du jugement, indécision). L'infobésité peut conduire à une pathologie appelée au Japon « « hikikomori du savoir » dans laquelle l’internaute « s’engouffre dans des labyrinthes documentaires toujours plus spécialisés. »[11],[12]

Les chercheurs en psychologie cognitive et sciences de l'information, André Tricot, Gilles Sahut et Julie Lemarié distinguent deux facettes différentes de la surinformation en se référant à la notion de pertinence[13]. Si les informations que l'on trouve ou que l'on reçoit ne sont pas pertinentes, alors effectivement elles génèrent du bruit documentaire et leur traitement va occasionner une perte de temps et une dispersion de l'attention. Si les informations sont nombreuses mais potentiellement pertinentes, le problème de l'usager est différent. Celui-ci doit s'efforcer de trouver à la fois du temps et de la volonté pour acquérir des connaissances utiles et donc des stratégies de hiérarchisation de l'information.

Stratégie de communication

La surinformation peut être une stratégie délibérée de communication. La surinformation rend le tri et le recul analytique impossible[14]. Elle peut être employée dans le cas d'une guerre de l'information.

Causes

Les causes de la surcharge informationnelle sont très complexes. Parmi les principales figure la confusion entre donnée (formatée, par exemple base de données, SGBD) et information (non formatée, par exemple texto).

Citations

« Chacune et chacun d'entre nous a aujourd'hui accès par une diversité de canaux, de la radio à Internet, du téléphone portable à la télévision, à une multitude d'informations instantanées et en continu. Ce roulis ininterrompu donne le sentiment d'être toujours informé. Parfois, il assiège plus les citoyens qu'il ne les libère. Cette surinformation chasse l'information et sa hiérarchisation[15]. »

« L'information, qui autrefois était aussi rare que le caviar, est désormais surabondante et de consommation courante, autant que les pommes de terre[6]. »

« Nous pouvons légitimement nous demander si le travail avec les technologies de l'information et de la communication, au lieu de nous libérer - mais n'était-ce pas la promesse initiale ? -, ne nous a finalement pas fait replonger dans l'ère industrielle du travail à la chaîne[16]. »

« Les courriels sont la cause d'une crise de production dans les entreprises… C'est le cancer silencieux des sociétés[trad 1],[17]. »

Notes et références

Citations originales

  1. (en) « E-mail is causing a productivity crisis in the enterprise…it’s the silent corporate cancer »

Références

  1. « Surinformation : fiche terminologique », sur Office québécois de la langue française.
  2. « Souffrez-vous d'infobésité? » (version du 9 novembre 1996 sur l'Internet Archive), sur Machina Sapiens inc., .
  3. Edgar Morin, Pour sortir du XXe siècle, Points, , p. 57.
  4. Henri Isaac, Eric Campoy et Michel Kalika, « Surcharge informationnelle, urgence et TIC. L’effet temporel des technologies de l’information », Revue Management & Avenir, vol. 12, (lire en ligne [PDF]).
  5. Caroline Sauvajol-Rialland, « Infobésité, le mal du siècle », France TV Info, (lire en ligne) ; « Les entreprises commencent à se préoccuper des conséquences du trop-plein de courriels », France Info, (lire en ligne) ; « Trop d'information paralyse l'action », Migros Magazine, (lire en ligne) ; « Nous sommes passés de l'ère du travail manuel à la chaîne à l'ère du travail intellectuel à la chaîne », sur So Comment, (consulté le ) ; « Infobésité : quand trop d'information rend malade », Radio Canada, (lire en ligne) ; « Les cadres : un rapport ambivalent à la déconnexion », sur So Comment, (consulté le )
  6. (en) David Shenk, Data Smog, Surviving the Information Glut, Harper Collins Publishers, .
  7. Jim Stolze, « Jim Stolz asks "Can you live without the Internet ?" », Conférence TED, (lire en ligne).
  8. (en) Nicholas Carr, « Is Google Making Us Stupid ? », The Atlantic, (lire en ligne).
  9. (en) Martin J. Eppler et Jeanne Mengis, « The Concept of Information Overload: A Review of Literature from Organization Science, Accounting, Marketing, MIS, and Related Disciplines », The Information Society, vol. 20, no 4, (lire en ligne)
  10. « Méthode et outils pour lutter (efficacement) contre la surcharge informationnelle », sur Archimag (consulté le )
  11. Caroline Sauvajol-Rialland, « La surcharge informationnelle dans l’organisation : les cadres au bord de la « crise de nerf » », Magazine de la communication de crise et sensible, vol. 19, , p. 22.
  12. « fundibula », fundibula, (lire en ligne, consulté le ).
  13. André Tricot, Gilles Sahut et Julie Lemarié, Le document : communication et mémoire, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, .
  14. Claire Moucharafieh, Ebauche pour la construction d'un art de la paix : penser la paix comme stratégie, ECLM, (lire en ligne), p. 29
  15. Patrick Le Hyaric, « Eloge du journal », L'Humanité, (lire en ligne)
  16. Caroline Sauvajol-Rialland, « Droit à la déconnexion : inventer un nouveau modèle de gouvernance », Le Monde.fr, (lire en ligne)
  17. (en) « No e-mail today - or else », sur IT World Canada, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes


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