Indigènes du détroit de Torrès

Les indigènes du détroit de Torrès (en anglais : Torres Strait Islanders) sont les indigènes des îles de ce détroit, dans le nord du Queensland, en Australie. Ils forment l'un des deux ensembles de peuples indigènes dans ce pays, l'autre étant les Aborigènes d'Australie.

Indigènes du détroit de Torrès

Populations significatives par région
Population totale 59 111 (2016)[1]
Autres
Langues Langues aborigènes d'Australie et papoues
Religions Animisme, Christianisme
Ethnies liées Mélanésiens

Les indigènes du détroit de Torrès sont des Papous, et par certains aspects leur culture s'apparente plus aux cultures de Papouasie-Nouvelle-Guinée qu'aux cultures des Aborigènes australiens.

Les îles du détroit de Torrès sont habitées depuis au moins 2 500 ans[2].

Définition

Carte des îles du détroit de Torrès.

Officiellement, du point de vue du gouvernement australien, un(e) indigène du détroit de Torrès est une personne qui :

  1. a des ancêtres indigènes du détroit de Torrès ;
  2. s'identifie comme telle et ;
  3. est reconnue comme telle par sa communauté indigène.

Les trois critères doivent être remplis. Officiellement, un terme tel que « en partie indigène » n'a aucune valeur. La couleur de peau n'est pas un critère[3]. La même définition s'applique aux Aborigènes[3].

Démographie

La ville de Thursday Island, la capitale administrative et commerciale des Îles du détroit de Torrès.

Environ 6 800 indigènes habitent les îles du détroit, tandis que 42 000 résident ailleurs, principalement à Townsville et à Cairns, dans la partie continentale du Nord du Queensland.

Environ 6 % des indigènes australiens sont indigènes du détroit de Torrès ; 4 % ont des origines mixtes (aborigène et indigène du détroit de Torrès).

Culture

Masque.

À la croisée entre l'Australie aborigène et l'île de Nouvelle-Guinée, le détroit de Torrès a longtemps exercé une influence culturelle sur les rives de ses deux voisins. Toutefois, les indigènes privilégiaient les relations commerciales avec les Papous. À l'inverse des Aborigènes, les indigènes du détroit de Torrès pratiquaient la navigation et les voyages maritimes. La plupart des langues du détroit de Torrès s'apparentent aux langues aborigènes, mais les indigènes des îles de Mer, d'Erub et d'Ugar, situées au nord-est du Détroit de Torrès, parlent le meriam mir, une langue papoue. Ces langues ont un vocabulaire austronésien[4] indiquant des contacts anciens probables avec les navigateurs austronésiens venus d'Indonésie ou des rives de la Nouvelle-Guinée.

Autre élément qui les rapproche des indigènes de Nouvelle-Guinée et les distingue des Aborigènes d'Australie : les indigènes du détroit de Torrès pratiquaient déjà l'agriculture avant la venue des Européens.

D'après le Australian Museum, la religion des indigènes du détroit de Torrès diffère des croyances religieuses aborigènes[5].

Une chanson enfantine traditionnelle des indigènes de ces îles est la chanson Taba naba, reprise et diffusée par plusieurs chanteurs non indigènes en 2000.

Eddie Mabo et la question des terres

Jusqu'en 1992, la fiction juridique de terra nullius faisait que la propriété indigène traditionnelle des terres de ces îles n'était pas reconnue. Eddie Mabo, un indigène du détroit de Torrès, porta jusqu'à la Cour suprême les revendications de son peuple, et décéda quelques mois avant que ne soit reconnu le droit indigène coutumier en matière de propriété terrienne. Ce droit s'applique également aux Aborigènes. La répudiation de la doctrine de terra nullius par la Cour suprême (« Mabo v. Queensland »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)) constitue l'une des décisions juridiques les plus célèbres de l'histoire de l'Australie.

Demande de reconnaissance des indigènes du Détroit de Torrès

Le , les délégués à une convention référendaire des aborigènes et des indigènes du détroit de Torrès tenue près d'Uluru en Australie centrale adoptent la Déclaration d'Uluru[6], qui appelle à la reconnaissance d'une « voix des Premières nations » dans la Constitution de l'Australie et à une « Commission Makarrata » (commission de rassemblement après la lutte) pour superviser un processus de « conclusion d'accords » et d'« expression de la vérité » entre le gouvernement et les peuples autochtones[7]. Le , le Premier ministre Malcolm Turnbull publie une déclaration conjointe avec son ministre de la Justice et son ministre des Affaires autochtones, rejetant ces demandes[8]. Le débat se poursuit actuellement[Quand ?][9],[10].

Lors de la campagne pour les élections législatives de 2019, la question est peu présente, toutefois le gouvernement fédéral reprend le sujet en désignant en juillet 2019 un comité chargé de concevoir dans les détails la création d’instances « pour que les voix indigènes soient entendues à tous les niveaux de l’Etat » (ministre Ken Wyatt, 30 octobre 2019). Les professeurs Tom Calma et Marcia Langton dirigeront ces travaux.[réf. nécessaire]

Indigènes du Détroit de Torrès célèbres

Notes et références

  1. (en) « 2016 Census: Aboriginal and/or Torres Strait Islander Peoples QuickStats - Australia », sur quickstats.censusdata.abs.gov.au (consulté le ).
  2. (en) « "General History" »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), Torres Strait Regional Authority, site web du gouvernement australien
  3. (en) John Gardiner-Garden, The Definition of Aboriginality, Parlement australien, consulté le 5 décembre 2000
  4. Rod Mitchell, 1995, Linguistic Archaeology in Torres Strait: The Western-Central Torres Strait Language, Townsville, James Cook University, thèse universitaire.
  5. (en) "Indigenous Australia: Spirituality", Australian Museum
  6. (en) « Uluru Statement from the Heart », sur referendumcouncil.org.au (consulté le )
  7. (en) « Uluru Statement: a quick guide », sur Australian Parliamentary Library (consulté le )
  8. (en) Helen Davidson, « Indigenous recognition: Turnbull refuses to commit to referendum council's proposal », sur le site du journal the Guardian, (consulté le )
  9. (en) Karl Quinn, « Kerry O'Brien issues fiery call to action in Logies Hall of Fame speech », sur le site du journal The Sydney Morning Herald, (consulté le )
  10. (en) John Wylie, « Indigenous call deserves response from the heart », sur theaustralian.com.au, (consulté le )
  11. (en)http://www.national-renewal.org.au/ConCon/del/mye-ge.shtml

Voir aussi

Articles connexes

Droit international

Liens externes

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