Incarnat

L'incarnat est un nom de couleur d'usage littéraire ou en teinturerie, qui désigne un groupe de couleurs situées entre le rose et le rouge-orangé franc, rappelant le teint des populations européennes en bonne santé et sans exposition au soleil, rougissant sous l'effet d'une émotion (Trésor de la langue française).

« Elles cueillaient des fraises, dont l'incarnat teignoit leurs doigts et les gazons d'alentour. » Chateaubriand, Les Natchez, 1826. lire en ligne.

Histoire

L’Instruction générale sur la teinture des laines de 1671, utilisée par les professionnels de la Manufacture des Gobelins et ceux de celle de la Savonnerie, prescrit des méthodes pour la production d'un Incarnat de garance. Au XIXe siècle, Michel-Eugène Chevreul, chimiste et directeur de ces établissements, a entrepris de repérer les couleurs entre elles et par rapport aux raies de Fraunhofer. Il cote cette couleur, ou plutôt ces couleurs chair « entre le 3 rouge et le 5 rouge-orangé inclusivement du 6 au 10 ton »[1].

Les Incarnats selon Chevreul
  rouge rouge-orangé
  3 4 5 0 1 2 3 4 5
ton                  
ton                  
10 ton                  

À ces incarnats de garance, il faut ajouter l’incarnat de cochenille, l’incarnat rose et l’incarnadin, couleurs « dérivées du cramoisi de cochenille » qui diffèrent de celles de garance « par plus de rose et moins de jaune et moins de rabat[2] », ainsi que l’Incarnat cramoisi, et les Incarnat et Incarnadin nuances de l'écarlate de Hollande, « plus fraîches et moins rabattues que les nuances du même nom dérivées du rouge de garance[3] ».

Le Répertoire de couleurs de la Société des chrysanthémistes, publié en 1905, indique quatre tons pour chacune des nuances d'incarnat, Incarnat rosé (« dégradation du Laque de garance cerise de Bourgeois »), Incarnat saumoné, Incarnat (quatre échantillons chair)[4].

Marbre incarnat

Colonnes en incarnat de Caunes-Minervois. Péristyle du Grand Trianon de Versailles.

« Incarnat » désigne aussi certaines variétés de marbre de couleur rose-rouge traversée de veines plus pâles. Le plus célèbre est l'incarnat de Caunes-Minervois, utilisé par exemple au Grand Trianon de Versailles[5].

Voir aussi

Bibliographie

  • Annie Mollard-Desfour, Le Rouge : dictionnaire des mots et expressions de couleur. XXe et XXIe siècles, CNRS Éditions, coll. « Dictionnaires », (1re éd. 2000).
  • Annie Mollard-Desfour, Le Rose : dictionnaire des mots et expressions de couleur. XXe et XXIe siècles, CNRS Éditions, coll. « Dictionnaires », .

Articles connexes

Notes et références

  1. Michel-Eugène Chevreul, « Moyen de nommer et de définir les couleurs », Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, t. 33, , p. 65 (lire en ligne).
  2. Chevreul 1861, p. 118.
  3. Chevreul 1861, p. 119.
  4. Henri Dauthenay, Répertoire de couleurs pour aider à la détermination des couleurs des fleurs, des feuillages et des fruits : publié par la Société française des chrysanthémistes et René Oberthür ; avec la collaboration principale de Henri Dauthenay, et celle de MM. Julien Mouillefert, C. Harman Payne, Max Leichtlin, N. Severi et Miguel Cortès, vol. 1, Paris, Librairie horticole, (lire en ligne), p. 134.
  5. Pascal Julien, Marbres, de carrières en palais, Éditions Le Bec en l'air, , 272 p. (ISBN 978-2-916073-02-6).
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