Imagerie d'Épinal

L'Imagerie d'Épinal (Vosges) est à l'origine une imprimerie fondée en 1796 par Jean-Charles Pellerin et où furent gravées les premières images d'Épinal en série.

Ne doit pas être confondu avec Cité de l'Image ou Musée de l'image.

Le bâtiment de l'imprimerie Pellerin fait l’objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le [1]. Certaines machines de production ont été classées le [2]. La collection de 1 344 bois gravés fait l’objet d’un classement au titre d'objet des monuments historiques, classé au titre d'objet de propriété privée de l'entreprise, depuis le [3]. L'Imagerie d’Épinal dispose également d'un très important fonds iconographique de plusieurs centaines de milliers d'images et d'un peu plus de 6 000 pierres lithographiques des XIXe et XXe siècles. L'ensemble de ce patrimoine est la propriété de l'entreprise privée Imagerie d'Épinal.

Historique

Fondation par Jean-Charles Pellerin (1796)

Dans un contexte favorable (présence d'artisans cartiers[4], de dominotiers[5], de la Moselle et des ressources forestières pour les fabriques de papier[6] et enfin en vertu de la tradition familiale[7]), Jean-Charles Pellerin, maître cartier, va fonder une imagerie en 1796. Artisanale au départ, l'imagerie d'Épinal est peu à peu devenue une véritable industrie. L'imagerie utilise initialement une image gravée dans une planche de bois (xylographie). L'impression de la feuille s'effectue alors à l'aide d'une presse à bras, dite « Gutenberg ». Ensuite intervient le coloriste : au moyen de pochoirs, il applique à l'aide d'une brosse ronde les différentes couleurs nécessaires à la finition de l'ouvrage. Les techniques évoluent au fil du temps, notamment vers 1850 avec l'arrivée des pierres lithographiques qui révolutionnent la technique d'impression dans les imprimeries.

Les marchés porteurs

Vers 1850, l'apparition de la lithographie offre de plus larges possibilités à l'artiste. Néanmoins, les images d'Épinal ne représentent encore que 2 % du volume d'images colportées en 1860[8].

La propagande napoléonienne

De 1829 à 1845[9], l'imagerie célèbre l'empereur Napoléon Bonaparte, sa famille, ses maréchaux, ses armées et ses victoires.

La mort de Napoléon le Grand.

La clientèle enfantine

Sous l'influence des pensées rousseauistes, la société de la mi-temps du XIXe siècle commence à voir les enfants comme des consommateurs. Devinettes, poupées à monter, soldats entrent dans le catalogue de l'imagerie.

Le colportage et la publicité en direction du public enfantin.

La rivalité Pellerin et Cie-Pinot (1861-1888)

Panneau indiquant la direction de l'imagerie d'Épinal.

« D'Épinal à nous seuls... » (1888-1984)

À l'aube du XXe siècle, la production de l'imagerie est connue dans le monde entier. Les pantins, les théâtres de papier, les constructions puis, lors de la Première Guerre mondiale, les sujets militaires sont autant de domaines où la diffusion est importante.

Le déclin

Au début des années 1980, l'imagerie connaît un essor médiatique relatif en éditant des artistes aussi reconnus que Jacques Tardi ou Fred, et en bénéficiant d'une couverture télévisuelle quotidienne via l'émission pour enfants Récré A2 sur Antenne 2.

Cependant, l'entreprise décline peu à peu, faute d'intérêt pour l'édition papier, au bénéfice d'autres supports et loisirs ; s'ensuit un dépôt de bilan.

En 1984, un groupe de cinquante actionnaires spinaliens décide de recapitaliser l'imagerie d'Epinal pour sauver ce patrimoine cher au cœur des Spinaliens et de tous ceux qui ont été bercés depuis leur plus tendre enfance par ces images populaires offertes en récompense aux enfants sages.

La direction de l'entreprise est alors très économe et investit peu dans le développement. L'Imagerie d'Épinal devient au fil du temps un écomusée avec un visitorat limité aux personnes passionnées, la dimension populaire n'est plus d'actualité.

En 1989, l'imagerie adapte ses réalisations aux techniques d'impression les plus modernes mais rompt totalement, de ce fait, avec les techniques historiques de l'atelier, totalement abandonné ; l'orientation artistique est elle aussi éloignée de celle des origines.

XXIe siècle

En , l'imagerie d'Épinal connaît un nouveau tournant avec sa reprise par deux entrepreneurs originaires de la région : Pacôme Vexlard[10], originaire d’Épinal et Christine Lorimy, originaire de Vesoul[11].

Ces derniers reprennent donc l'imagerie d'Epinal en partenariat de la SEM de l'agglomération Épinal Golbey et sont tous deux originaires de la région, bien qu'ils fassent « carrière » à Paris[12]. L'ouverture en 2016 au capital de l'imagerie d'Epinal a permis de lever 1,2 million d'euros à travers la société « Imagerie d'Épinal Investissement », contrôlée par la holding « Mazout Unlimited ». Ce qui a permis à la SEM de l'agglomération d'Épinal Golbey de vendre ses parts et de récupérer pour la première fois la somme investie dans les nombreux projets soutenus. Aux côtés des deux actionnaires principaux, de nouveaux investisseurs entrepreneurs : Hervé de Buyer, ancien propriétaire de la marque d'ustensile culinaire haut de gamme du même nom, Thierry Petit, co-fondateur et PDG de Showroomprive.com, Philippe Virtel, PDG de l'entreprise vosgienne de transport et logistique MGE, et enfin Frédéric Thiriet, PDG de Lorenzoni Enseignes à Vittel[13].

Tout au long de l'année, la visite des ateliers de production de l'entreprise se fait avec les tablettes numériques HistoPad depuis 2016, ce qui permet de développer le visitorat de manière significative et représente un nouvel attrait[réf. nécessaire]. Les machines de nouveau en activité sont cependant uniques en France[2]. L'entreprise bénéficie de plus du Label Entreprise du patrimoine vivant. Le fonds historique, riche de centaines de milliers d'images, par le biais d'une large sélection de tirages anciens et récents, continue à être préservé et valorisé à travers la mise en place d'un réseau de diffusion national et de la boutique en ligne www.imagerie-epinal.com

Il est fait appel à des illustrateurs et à des dessinateurs de bande dessinée ou de presse contemporains, tels que Serge Bloch, Jochen Gerner, Joann Sfar, Zoé Thouron, Loustal, Stéphane Trapier, Fortifem, Emmanuel Pierre, Hubert Poirot, Clod, Laurent Blachier, Carlotta, Chanoir, ou François Bourgeon.

L'Imagerie contribue par ailleurs à la vie artistique et à la transmission de son savoir-faire grâce, notamment, au mécénat auprès de l'École supérieure d'arts de Lorraine (ESAL) et au soutien apporté aux étudiants en leur offrant un espace d'exposition au sein de la boutique de l'imagerie d’Épinal située dans les locaux historiques. Son PDG, Pacôme Vexlard et Etienne Thery le directeur de l'école travaille sur le projet d'une année de professionnalisation et de faire d’Épinal un pôle d’excellence autour de l’image [14]

Le label Images d'Épinal

En août 2014, la qualité des produits est garantie par un label spécifique « Images d’Épinal », validé par le comité éditorial & création de l'Imagerie d'Épinal. Cela consiste à garantir le respect des codes spécifiques des images d'Épinal : une imagerie populaire, inscrite dans son époque et qui peut être narrative, historique, événementielle, ludique, politique, éducative, entre autres.

Ce label marque la volonté de revenir aux véritables images d'Épinal et de valoriser un véritable savoir-faire historique reconnu et désormais encadré par une charte précise.

[réf. nécessaire]

Notes

    Références

    1. Notice no PA00107141, base Mérimée, ministère français de la Culture.
    2. Notice no PM88001099, Notice no PM88001098, Notice no PM88001097, Notice no PM88001096, Notice no PM88001095, Notice no PM88001094, Notice no PM88001093, Notice no PM88001092, Notice no PM88001091, Notice no PM88001090, Notice no PM88001089, Notice no PM88001088, Notice no PM88001087, Notice no PM88001086, Notice no PM88001085, Notice no PM88001084, Notice no PM88001083, Notice no PM88001082, Notice no PM88001081, Notice no PM88001080, Notice no PM88001079, Notice no PM88001078, Notice no PM88000310, base Palissy, ministère français de la Culture
    3. Notice no PM88001037, base Palissy, ministère français de la Culture.
    4. Thierry Depaulis, C'est une image d'Épinal, Épinal, Musée de l'image / Ville d'Épinal, , 296 p. (ISBN 978-2-912140-19-7 et 2-912140-19-6), « Les cartes à jouer, fierté d'Épinal », p. 26-57.
    5. Anne Cablé, C'est une image d'Épinal, Épinal, Musée de l'image / Ville d'Épinal, , 296 p. (ISBN 978-2-912140-19-7 et 2-912140-19-6), « L'art du domino », p. 58-81.
    6. Anne Cablé, C'est une image d'Épinal, Épinal, Musée de l'image / Ville d'Épinal, , 296 p. (ISBN 978-2-912140-19-7 et 2-912140-19-6), « Les papelliers de nos païs », p. 20-25.
    7. Anne Cablé, C'est une image d'Épinal, Épinal, Musée de l'image / Ville d'Épinal, , 296 p. (ISBN 978-2-912140-19-7 et 2-912140-19-6), « Cartiers et dominotiers apparentés aux Pellerin », p. 56-57.
    8. Dominique Lerch, Imagerie populaire en Alsace et dans l'Est de la France, Nancy, P.U.N., 1992, p. 134.
    9. Napoléon, images de légende : [exposition, Épinal, Musée de l'image, 4 mai-14 septembre 2003], Épinal, Musée de l'image, Ville d'Épinal, , 104 p. (ISBN 2-912140-02-1).
    10. « QUINSAÏ WALLCOVERING », sur QUINSAÏ (consulté le )
    11. « L'imagerie d'Épinal change de propriétaire », dans Libération, 20/08/2014 ; « La célèbre Imagerie d'Épinal change de propriétaire », dans Les Échos, 21/08/2014.
    12. Site de l'Imagerie d'Épinal.
    13. « L'imagerie séduit de nouveaux investisseurs », Vosges Matin, samedi 17 décembre 2016, p.  2 (édition locale Épinal-Remiremont).
    14. https://c.vosgesmatin.fr/edition-d-epinal/2018/10/18/epinal-l-esal-et-l-imagerie-travaillent-a-creer-un-pole-d-excellence

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

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