Identitarisme
Définitions
Pour le linguiste humaniste Jean Bernabé, l'identitarisme est une « idéologie revendiquant pour les peuples une identité censée leur garantir une permanence à travers les siècles », fantasme fondé sur la mêmeté comme fondement de l'identité[1].
Philippe Corcuff définit l'identitarisme comme une « tendance à fixer les individus et les collectivités humaines sur une identité principale, homogène et fermée ». Il précise que « critiquer les identitarismes, ce n’est pas récuser toute place aux identités individuelles et collectives en politique ». Ajoutant : « Le passage de revendications identitaires justifiées à des logiques identitaristes périlleuses s’effectue quand les identités ainsi soutenues sont considérées comme closes, à travers les bricolages idéologiques produits par des entrepreneurs identitaires, par exemple face aux migrations appréhendées comme menaçantes, et que la diversité des alluvions constitutives d’identités en mouvement n’est pas reconnue[2] ».
Selon l’académicienne Danièle Sallenave, « L’identitarisme est la maladie du XXIe siècle[3] ».
Identitarisme communautaire
Selon Laurent Laot,
« La notion « identitarisme communautaire » désigne une tendance socio-politique s'organisant sur la base d'une affirmation identitaire et collective polarisée selon une logique qui consiste à privilégier, parmi tous les marqueurs de l'identité sociale, un marqueur jusqu'à en faire le marqueur surdéterminant de cette identité posée et affichée face aux autres[4]. »
Politiquement correct
Dès les années 1980, le politically correct développé dans les universités américaines est mal vu en France qui défend un universalisme républicain opposé à l’identitarisme anglo-saxon ; mais une telle opposition fait débat. Justifiée pour certains chercheurs, elle est considérée par d’autres comme une forme d’anti-américanisme[5].
L'identité est-elle absolue ou relative ?
Le statut logique du principe d'indiscernabilité des identiques, quoique généralement admis, a néanmoins fait lui aussi l'objet d'une controverse philosophique. Dans Reference and Generality, Peter Geach a objecté que l'identité n'est pas une relation absolue mais relative[6]. Ainsi, une formulation comme n'a pas de signification. Toute identité doit toujours être relativisée de manière sortale par une propriété spécifique : .
Bibliographie
- Jean Bernabé, La dérive identitariste, Éditions L'Harmattan, Paris, 2016.
- Michel Pinton, L'identitarisme contre le bien commun : autopsie d'une société sans objet. Collection "Questions de société", éditions Fyp, Limoges, 2018.
- Laurent Dubreuil, La Dictature des identités. Collection Le Débat, éditions Gallimard, Paris, 2019.
Vidéographie
- Caroline Fourest, Les Enragés de l'identité, documentaire, France 5, 2012, 51 min [7].
Articles connexes
Notes et références
- La dérive identitariste, Par Jean Bernabé · Éditions L'Harmattan, 2016, différents chapitres
- Philippe Corcuff, La grande confusion. Comment l’extrême droite gagne la bataille des idées. éditions Textuel, collection « Petite Encyclopédie Critique », Paris, 2021
- https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/06/23/daniele-sallenave-l-identitarisme-est-la-maladie-du-xxie-siecle_5319970_3232.html
- encadré de définition de l'"identitarisme communautaire", dans La laïcité, un défi mondial. Par Laurent Laot · Éditions de l'atelier/Éditions ouvrières, Ivry-sur-Seine, 1998, page 188, (ISBN 2-7082-3349-1)
- « Genre, identités, cancel culture… Le fantasme du péril américain », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- , Reference and Generality, P. T. Geach, Ithaca: Cornell University Press (1962)
- (lire en ligne)
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