Institut national de recherche en informatique et en automatique

L'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) est un établissement public à caractère scientifique et technologique français spécialisé en mathématiques et informatique, placé sous la double tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation et du ministère de l'Économie et des Finances[1] créé le dans le cadre du « plan calcul ».

Inria a pour mission le développement de la recherche et de la valorisation en sciences et techniques de l’information et de la communication, au niveau national comme au plan international. L'institut pilote également la stratégie nationale française en termes de recherche en intelligence artificielle[2].

Historique

La fondation de l'Institut national de recherche en informatique et en automatique remonte à 1967 sous le nom de IRIA (Institut de recherche en informatique et en automatique), dans le cadre du plan Calcul.

Dans le cadre de la politique de préférence nationale de ce plan, l'IRIA fut doté d'un ordinateur Iris 80 fabriqué par la Compagnie internationale pour l'informatique (CII, aujourd'hui intégrée dans Bull).

L'IRIA est devenu l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) le (décret du [1]).

Cyclades

En 1971, peu après sa création, l'Institut a été chargé du projet Cyclades, généré par l'intérêt de spécialistes pour les premières bases de données[3], en particulier dans le domaine universitaire, financier et administratif. Alors que l'inertie conduit à leur cloisonnement, quelques pionniers sont chargés de les rendre accessibles à l'extérieur[3]. Le projet est piloté par Louis Pouzin, assisté d'une équipe de six personnes environ[4].

Alors qu'à l'époque, toutes les administrations françaises voulaient mettre en place leurs propres bases de données, les universités coopèrent au projet par le biais de contrats de recherche de la délégation générale à l'informatique, dirigée par Maurice Allègre, et souhaitent être interconnectées via un réseau de données.

Chargé du projet, Louis Pouzin choisit des personnes à l'extérieur de l'IRIA, qui avaient des mètres carrés disponibles à Rocquencourt, et chez qui, vers 1969-1970, aucun projet de réseau n'était encore installé[4].

Identité visuelle (logo)

Le , l'INRIA change d'identité graphique et devient Inria[5]. Ce changement d'identité visuelle a notamment été motivé par une volonté d'abandonner l'acronyme[6], ce qui s'illustre par l'abandon du « l' » précédant Inria[7].

Cependant ce changement est cosmétique et non pas institutionnel car dans les documents officiels Inria demeure toujours l'institut national de recherche en informatique et en automatique[8].

Missions

Les missions sont fixées par un décret du [9], modifié par un décret du 16 juillet 2014 : l'établissement a pour missions d'entreprendre des recherches fondamentales et appliquées, de réaliser des développements technologiques et des systèmes expérimentaux, d'organiser des échanges scientifiques internationaux, d'assurer le transfert et la diffusion des connaissances et du savoir-faire, et de contribuer à la normalisation et à la standardisation.

Gouvernance

Conseil d'administration

Le conseil d'administration comprend sept représentants de l'État (désignés par les ministres chargés de la recherche, de l'industrie, du budget, de l'enseignement supérieur, de la défense, des affaires étrangères et de l'économie numérique), neuf personnalités et quatre représentants du personnel de l'institut[10].

Directeurs

Présidents-directeurs généraux

Le président est une personnalité scientifique nommée par décret pour une période de cinq ans renouvelable une fois.

Présidents
IdentitéPériode
DébutFin
Jacques-Louis Lions
Alain Bensoussan
Bernard Larrouturou[11],[12]
Michel Cosnard[13],[14]
Gilles Kahn[14]
Michel Cosnard[15]
Par intérim :
Michel Cosnard[16]
Antoine Petit[17],[18]
Bruno Sportisse[19]En cours

Laurent Kott a assuré la continuité de cette fonction après le départ d'Alain Bensoussan (1996), celui de Bernard Larrouturou ( - ) et après le décès de Gilles Kahn ( - ). François Sillion a également assuré ce poste par intérim du au , à la suite de la nomination d'Antoine Petit au poste de PDG du CNRS le [20].

Centres de recherche

Le bâtiment Turing à Palaiseau, sur le campus de l'École polytechnique héberge des équipes Inria et le siège du centre de recherche Saclay - Île-de-France.

Le premier centre créé en 1967 à Rocquencourt[21] est situé dans les anciens bâtiments du SHAPE, quartier-général de l'OTAN en Europe. Le site de Rocquencourt accueille aujourd'hui le siège de l'institut alors que le centre de Paris a déménagé rue Simone Iff à Paris.

Depuis 2008, Inria est organisé en huit centres de recherche autonomes répartis sur tout le territoire français :

Les centres de recherche Bordeaux - Sud-Ouest, Lille - Nord Europe et Saclay - Île-de-France faisaient partie jusqu'à de l'unité de recherche INRIA Futurs.

En 2012, un centre de recherche ouvre au Chili à Las Condes, dans l'agglomération de Santiago[26].

Partenariats industriels

Inria et Microsoft Research ont inauguré, le [27], un laboratoire commun situé à Saclay.

Inria est signataire du Pacte PME depuis le [28].

Relations internationales et participation à l'espace européen de la recherche

Inria est partenaire fondateur, avec l'Académie chinoise des sciences, du laboratoire sino-français LIAMA[29].

L'institut porte plusieurs projets avec différentes universités californiennes comme Stanford, Berkeley ou UCLA[30].

Inria participe à l'espace européen de la recherche à travers le consortium ERCIM, dont il a été l'un des membres fondateurs en 1989. ERCIM participe au W3C.

Quelques projets d'Inria

  • Le réseau Cyclades, une préfiguration d'Internet entre 1972 et 1978.
  • Le projet Kayak, le Bureauviseur, poste de travail graphique / souris entre 1975 et 1978.
  • Les langages de programmation Caml, Caml Light et OCaml (langages de la famille ML).
  • Les langages de programmation Tom (filtrage de motifs) et Esterel (automates à états), ainsi que Bigloo, une implémentation du langage Scheme (un dialecte de Lisp).
  • SmartEiffel, un compilateur pour le langage Eiffel.
  • L'assistant de preuve Coq (preuve de theorèmes).
  • La bibliothèque et application CORESE pour la gestion de données aux formats du Web Sémantique et selon les principes du Web de Données (RDF, SPARQL, RDFS, OWL, etc.)
  • La boîte à outils de vérification CADP (Construction and Analysis of Distributed Processes).
  • La bibliothèque de calcul flottant multiprécision GNU MPFR.
  • La bibliothèque d'algorithmes géométriques CGAL.
  • Le langage de transformation de modèles ATL.
  • Le générateur d'analyseurs lexicaux et syntaxiques SYNTAX.
  • Scilab et Xcos, un logiciel pour le calcul numérique et scientifique, similaire à MATLAB et Simulink.
  • La licence de logiciel libre CeCILL, coécrite avec le CEA et le CNRS.
  • Le navigateur web et éditeur HTML Amaya.
  • Le serveur d'application JOnAS.
  • Le simulateur graphique de système dynamique Scicos.
  • CLAIRE, projet open-source de gestion des contenus pédagogiques (avec L'INRS et Simple IT, société éditrice du Site du Zéro).
  • Le framework SOFA, un projet open-source pour la simulation physique appliquée au domaine médical.
  • L'application de reconnaissance des plantes par l'image Pl@ntNet.

Implication dans le développement de logiciel libres

Inria œuvre dans la production de logiciels libres tels que :

Inria est aussi à l'initiative (avec l'université Paris Diderot et l'université Pierre-et-Marie-Curie) de la création de l'IRILL, Initiative pour la recherche et l'innovation sur le logiciel libre, en 2010.

Créé à l'initiative d'Inria, Software Heritage a l'ambition d’être la « bibliothèque d'Alexandrie » des logiciels libres[36]. Le , l’UNESCO et Inria signent un accord[37],[38] sur l’archivage des logiciels. Une première demande de reconnaissance des logiciels libres comme patrimoine de l'humanité avait été faite lors des RMLL de 2002 à Bordeaux. C'est 15 ans plus tard que Roberto Di Cosmo concrétise l'idée.

Essaimage

De nombreuses start-ups ont été créées à base de technologies développées à l’INRIA, notamment :

Notes et références

  1. Décret no 79-1158 du 27 décembre 1979 Création d'un institut national de recherches en informatique et en automatique (INRIA), établissement public à caractère administratif, placé sous la tutelle du ministre de l'industrie
  2. « Stratégie nationale de recherche en IA », sur enseignementsup-recherche.gouv.fr, (consulté le )
  3. "How the Web was Born: The Story of the World Wide Web", par James Gillies, R. Cailliau, page 36
  4. Le Réseau Cyclades et Internet : quelles opportunités pour la France des années 1970 ?, par Valérie Schafer. Professeur agrégée, doctorante à l'Université de Paris IV-Sorbonne, Comité d'histoire du Ministère des Finances, Séminaire Haute Technologie du 14 mars 2007, pages 2–4
  5. « Une nouvelle identité visuelle pour Inria », Inria, (consulté le )
  6. Dragon rouge, agence de design, explique son travail pour l'Inria
  7. Site de l'Inria : rappel sur l'écriture du nom de l'institut
  8. Arrêté officiel datant de mars 2012 ouvrant un concours de recrutement à « l'INRIA »
  9. « Décret n°85-831 du 2 août 1985 portant organisation et fonctionnement de l'institut national de recherche en informatique et en automatique. Version consolidée au 14 mai 2020 », sur legifrance.gouv.fr
  10. « Conseil d'administration d'Inria », sur inria.fr, (consulté le )
  11. « https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000559209 »
  12. « https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000247247 »
  13. « https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000244843 »
  14. « https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000247900 »
  15. « https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000640064 »
  16. « https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028964334 »
  17. « https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000029504807 »
  18. « https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000036538448 »
  19. « https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000037112127 »
  20. Inria, « François Sillion est nommé président-directeur général d'Inria par intérim - Inria », Inria, (lire en ligne, consulté le )
  21. Présentation Centre de Recherche de Paris - Rocquencourt
  22. sur le parc technologique Inovallée.
  23. sur le parc scientifique de la Haute Borne
  24. Coordonnées GPS : 48° 39′ 56″ N, 6° 09′ 26″ E
  25. sur le Campus de Beaulieu)
  26. (es) « Página de inicio | Inria », sur www.inria.cl (consulté le )
  27. Microsoft Research-Inria Joint Centre
  28. « Pacte PME », ANRT, (consulté le )
  29. Page du laboratoire sino-français LIAMA
  30. « Inria @ Silicon Valley », sur Inria, (consulté le )
  31. licence d'OCaml
  32. licence de Coq: LGPL
  33. « Corese Web Server », sur corese.inria.fr (consulté le )
  34. « web: Pharo Consortium », sur consortium.pharo.org (consulté le )
  35. (en-US) « Mmg Platform – Upgrade your meshes » (consulté le )
  36. Marc Cherki, « L'Inria créé la bibliothèque d’Alexandrie des logiciels libres », Le Figaro, samedi 2 / dimanche 3 juillet 2016, page 11.
  37. https://fr.unesco.org/news/unesco-inria-signent-accord-archivage-logiciels-presence-du-president-hollande
  38. https://www.inria.fr/actualite/actualites-inria/patrimoine-logiciel-signature-d-une-convention-inria-unesco

Voir aussi

Bibliographie

  • Alain Beltran, Pascal Griset, Histoire d'un pionnier de l'informatique : 40 ans de recherche à l'Inria, EDP Sciences, , 304 p. (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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