IIIe dynastie égyptienne

La IIIe dynastie de l'Ancien Empire d'Égypte couvre la période de :

  • -2740 à -2570 selon Krauss, jusqu'à Khaba
  • -2688 à -2649 selon Redford
  • -2686 à -2613 selon Shaw
  • -2682 à -2614 selon von Beckerath, jusqu'à Khaba
  • -2649 à -2575 selon Allen
  • -2647 à -2573 selon Málek.

Figure assise du gouverneur Metjen, v. -2600, Saqqarah, granit rose, Neues Museum

Souverains de la IIIe dynastie égyptienne

Sources contemporaines

Elle est principalement connue par le célèbre Djéser. Les avis divergeaient sur le nom du fondateur de cette dynastie. En effet, plusieurs listes royales ramessides indiquaient que le fondateur était le roi Nebka tandis que la table de Saqqarah indiquait que c'était le roi Djéser. Plusieurs découvertes faites à Saqqarah et surtout à Abydos tendent à monter que le fondateur était Djéser. En effet, beaucoup de scellements, au nom du roi Djéser et trouvés dans la tombe du dernier roi de la IIe dynastie Khâsekhemoui, tendent à montrer que c'est Djéser qui a procédé aux funérailles de Khâsekhemoui et lui a donc succédé[1],[2].

Le nom du dernier roi de la dynastie, Houni, semble assuré. À l'inverse, le nombre et l'ordre de succession des rois entre Djéser et Houni ne sont pas connus. Le tableau ci-dessous illustre les différents noms contemporains trouvés.

Nom d'Horus Nom de Nebty Nom d'Horus d'or Nom de Nesout-bity Règne[3]
Netjerikhet Netjerikhet-Nebty Nebou-Rê/Nebou -2649 à -2630
Sanakht ...-ka ?[4],[5] -2630 à -2611
Sekhemkhet Hetep-Ren-Nebty -2611 à -2605
Khaba Netjer-Nebou -2605 à -2599
Djeseret-Ânkh-Nebty
Nebka
Nisout-Hou Houni ») -2599 à -2575

Tous les rois de cette dynastie devaient avoir ces quatre noms dans leur titulature, mais du fait du manque de découvertes, seul la titulature de Djéser, dont le nom d'Horus est Netjerikhet, a été complètement reconstituée. Il est à noter que ce nom de Djéser n'est pas contemporain de ce roi mais date du Moyen Empire.

En ce qui concerne Sanakht, sur un scellement fut retrouvé le serekh dans lequel est inscrit son nom d'Horus ainsi que la partie inférieure d'un cartouche mais son état empêche de connaître de manière certaine le nom qui y était gravé. Wilkinson, Seidlmayer et Stadelmann voient comme dernier hiéroglyphe le signe ka[4],[5]. Ainsi, ils associent le nom de Nesout-bity en cartouche Nebka au nom d'Horus Sanakht mais ceci ne fait pas consensus. Par exemple, Nabil Swelim identifie Nebka avec le nom d'Horus Khaba[6].

Le nom de Nebty Djeseret-Ânkh fut longtemps associé au nom d'Horus Sekhemkhet du fait que ces deux noms ont été découverts dans la pyramide dite de Sekhemkhet mais dans deux contextes différents. Un sceau découvert à Éléphantine permit, cette fois-ci, d'attribuer de manière certaine un nom de Nebty à Sekhemkhet : Hetep-Ren[7]. Ainsi, le nom de Nebty Djeseret-Ânkh ne peut être celui de Sekhemkhet. L'égyptologue Jean-Pierre Pätznick propose d'associer le nom de Nebty Djeseret-Ânkh à Sanakht pour diverses raisons, en réattribuant au passage à Sanakht la pyramide traditionnellement attribuée à Sekhemkhet[7].

Longtemps le nom d'Horus Qahedjet fut attribué à un souverain de cette IIIe dynastie à la suite de l'achat d'une stèle de provenance inconnue et portant ce nom d'Horus ; cette stèle fut datée de cette dynastie après examen du style artistique dont certaines caractéristiques la rattache à la IIIe dynastie. L'égyptologue Jean-Pierre Pätznick, après réexamen de la stèle, a montré que cette stèle ne pouvait dater de la IIIe dynastie du fait qu'elle présentait beaucoup d'innovations dans la représentation des rois et des dieux dont la plupart ne réapparaîtront qu'au Moyen Empire ou au début du Nouvel Empire. Ainsi, il date la stèle d'une époque plus tardive (il fait souvent le lien avec le roi de la XVIIIe dynastie Thoutmôsis III dont l'un des noms d'Horus était Qahedjet) et fait du même coup disparaître ce nom d'Horus Qahedjet de la liste des rois de la IIIe dynastie[8].

Le nom de Nesout-bity du dernier roi de la IIIe dynastie semble être Houni[2]. Par contre, l'écriture Houni est postérieure à la IIIe dynastie : en effet, les documents contemporains citent plutôt le nom Nesout-Hou ou Hou-en-Nesout dont la signification n'est pas connue. Il est fort possible que le nom de Nesout-bity « Houni » soit lié à l'un des noms d'Horus déjà trouvés. Ainsi, Toby Wilkinson et Rainer Stadelmann lient « Houni » au nom d'Horus Khaba[1],[9]. À contrario, Michel Baud considère le roi au nom de Nesout-bity « Houni » comme étant différent des rois aux noms d'Horus Sanakht, Khaba et Sekhemkhet[2].

Listes ramessides

Trois listes ramessides citent les rois de la IIIe dynastie. Ces listes datent de plus d'un millénaire après les règnes de ces rois et plusieurs erreurs s'y sont glissées, sans compter qu'elles ne sont pas parfaitement concordantes les unes avec les autres.

Liste d'Abydos Table de Saqqarah Canon royal de Turin
Nebka Nebka
Djésersa Djéser Djéserit
Téti Djésertéti Djéserti
Sedjes Houdjefa
Néferkarê Nebkarê
Houni Houni

On remarque, comme expliqué plus haut, que le nom Nebka est fautivement placé en premier. Si le nom de Djéser est facilement reconnaissable, les noms Néferkarê et Nebkarê ne renvoient à aucun nom connu de la IIIe dynastie[2] (peut-être que le nom de Nesout-bity de Sanakht, Sekhemkhet ou Khaba ressemble à Néferkarê), tandis que les noms Sedjes et Houdjefa exprime en réalité que le nom écrit sur la source ayant servi à élaborer ces listes est illisible[2]. Enfin, les noms Djéserti et Djésertéti (Téti pouvant en être un diminutif) rappellent le nom de Nebty Djeseret-Ânkh, qui fut longtemps attribué à Sekhemkhet, mais ceci doit être révisé. Une chose est à noter, c'est que le nombre de rois listés est de cinq ou de quatre, ce qui est concordant avec les sources contemporaines.

Manéthon

Manéthon, écrivant au IIIe siècle, mentionne neuf autres rois : Necheróphes, Tosorthrós, Týreis, Mesôchris, Sôÿphis, Tósertasis, Achês, Sêphuris et Kerpherês[2]. L'association d'un nom grec avec un nom contemporain ou ramesside n'est pas chose aisée, sans compter qu'un tel nombre de neuf rois est très peu probable, malgré tout, certains égyptologues ont fait quelques propositions : Necheróphes est souvent associé au nom Nebka, Tosorthrós à celui de Djéser, Týreis à celui de Téti, Sôÿphis au pseudonyme Sedjes et Achês à celui d'Houni[2].

Conclusion

Même si l'ordre des règnes et le nombre de roi ne sont pas assuré, il ressort qu'ils furent quatre comme le pense Pätznick[7] ou cinq comme le pense traditionnellement le monde égyptologique, dont Michel Baud[2], Djéser en tant que fondateur et « Houni » en tant que dernier roi. Mais des découvertes reliant les différents noms de manière certaine doivent être faite pour pouvoir clarifier ceci.

La capitale

Memphis, capitale de la double royauté égyptienne, est bâtie autour de son palais royal dont on peut se faire une idée à partir des dispositions de l’ensemble funéraire de Djéser à Saqqarah, dont l’enceinte de pierre reproduit sans doute l’image de l’enceinte de briques crues du palais royal, à l’intérieur de laquelle étaient érigées des constructions de structure légère, utilisant largement le clayonnage végétal (décors de faïences bleues imitant les roseaux dans les galeries souterraines de la pyramide).

La documentation provenant des tablettes et étiquettes royales, des inscriptions gravées ou peintes sur des vases de pierre, des titres de courtisans laissent entrevoir l’importance du palais comme centre du pouvoir et suggère des espaces différenciés (espaces résidentiels et officiels de la cour, culturels, administratifs, magasins de stockage et ateliers d’artisans).

Le temple de Ptah est un autre élément structurant de la ville. Il devait s’étendre entre le palais et l'ancien lit du fleuve. Son « clergé » était constitué de fonctionnaires accomplissant leur service par roulement (il n’existe pas de clergé spécialisé en Égypte avant la seconde moitié du IIe millénaire). Le rôle prééminent joué par les scribes dirigeant l’artisanat d’élite explique sans doute leur rôle dans le temple, où ils exercent la fonction de grands-prêtres. Le troisième point fort de la structure de la ville est le port, dont l’existence est attestée par les titres de fonctionnaires dès le IIIe millénaire.

Renforcement du pouvoir royal

Sous la IIIe dynastie, le titre de l’or, ou nom d'Horus d'or, traduit peut-être une solarisation de la théorie royale. La réflexion sur la nature divine du roi s’exprime aussi dans l’affirmation d’une destinée funéraire radicalement différente de celle des autres hommes par la spécificité de la forme de sa tombe, la pyramide. Enfin la théorie royale fonde une série de rites royaux (naissance, couronnement, jubilé ou « Fête-Sed », etc.) dont nombre des aspects sont attestés dès les plus anciens documents provenant de Hiérakonpolis, Abydos, Saqqarah.

Le roi est aussi le garant de l’ordre du monde et doit en conséquence organiser un culte aux dieux (fonder des sanctuaires, veiller à leur fonctionnement, les entretenir), assurer prospérité, justice et protection pour le double pays, étendre au plus loin « l’ordre à la place du chaos ». Cela fonde l’autorité d’une administration qui n’agit « qu’au nom du roi » dans toutes ses tâches et à tous les échelons. Le corps social n’est organisé qu’en fonction de l’institution royale.

Société

La vie sociale se structure autour du roi-dieu. Au sommet, des sujets ou « serviteurs », les plus proches du souverain : la reine, la famille royale et les courtisans.

Les scribes, agents de l’autorité royale, sont un groupe hiérarchisé et divers, du simple contrôleur aux champs jusqu’au haut fonctionnaire de l’administration centrale. Le sommet de la hiérarchie est surtout occupé, sous les premières dynasties, par les membres de la famille royale. Mais de grandes carrières peuvent être ouvertes par compétences reconnues. Le fils est apte à succéder au père, qui souvent assure sa formation avant que le jeune ne rejoigne une école du palais. Cette hérédité des charges, observée dès la IIIe dynastie (biographie de Meten), doit être accordée et enregistrée par acte royal. Le milieu de la cour est ouvert aux scribes à partir d’un certain échelon de responsabilité attesté par des titres honorifiques (« ami », « ami unique », « le connu du roi », « comte », « prince »).

Aux hautes époques, les artisans, les « créateurs d’images », travaillant des matières premières qui étaient monopoles royaux, ont dû être un groupe relativement favorisé, très lié au milieu des scribes. Avec eux, ils participent selon des schémas imposés à l’expression de l’idéologie royale.

De l’essentiel de la population, les paysans producteurs, nous ne savons que peu de choses, avant qu’ils n’apparaissent sur les décors des tombes. L’inscription de Meten (vers -2600) montre qu’ils étaient considérés comme un des éléments attachés à l’unité de production, avec la terre, les outils, le bétail. Au IIIe millénaire, nous n’avons pas trace d’un statut de travailleur libre pour les fellahs. Ils sont toujours attachés à l’État, à des institutions (temples, fondations funéraires) ou au service d’un fonctionnaire, et soumis, sauf immunité accordée, aux corvées liées aux grandes tâches d’intérêt collectif ou royal.

Art et culture

Vue de la face sud de la pyramide de Djéser

L’apparition de signes hiéroglyphiques continus à la fin de la IIIe dynastie marque une nouvelle étape, liées sans doute au développement d’un milieu de l’écrit (scribes) où s’élabore une notion nouvelle d’individualité (les « autobiographies » funéraires).

La pierre taillée devient le matériau principal d’architecture. L’architecte Imhotep, grand prêtre d’Héliopolis (culte de ), médecin et sage, rédacteur de la première sagesse (non retrouvée), construit la première pyramide à degrés à Saqqarah (soixante mètres de haut), entourée d’une enceinte reproduisant l’image de l’enceinte de brique du palais. Il sera plus tard honoré comme un dieu, fils de Ptah.

Monuments

  • Temple de Rê à Héliopolis.
  • Statue polychrome de Djéser en calcaire (deux mètres), au réalisme saisissant.

Bibliographie

  • Damien Agut et Juan Carlos Morena-Garcia, L'Égypte des pharaons : De Narmer à Dioclétien, Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », , 848 p. (ISBN 978-2-7011-6491-5 et 2-7011-6491-5)

Notes et références

  1. Toby Alexander Howard Wilkinson, Early Dynastic Egypt. Strategies, Society and Security. Routledge, London u. a. 1999, (ISBN 0-415-18633-1), p. 83 & 95.
  2. Michel Baud, Djéser et la IIIe dynastie, Pygmalion, , 304 p. (ISBN 978-2-7564-1753-0 et 2-7564-1753-X)
  3. Plusieurs dates peuvent exister ; voir le détail à la page de chaque roi
  4. Toby Alexander Howard Wilkinson, Early Dynastic Egypt. Strategies, Society and Security. Routledge, London 1999, (ISBN 0-415-18633-1), p. 101 - 104.
  5. Kenneth Anderson Kitchen, Ramesside Inscriptions, Translated and Annotated Notes and Comments, vol. 2. Blackwell, Oxford 1999, (ISBN 063118435X), p. 534 - 538.
  6. Nabil Swelim, « Some Problems on the History of the Third Dynasty », in: Archaeological and Historical Studies, The Archaeological Society of Alexandria, Alexandria 1983, p. 95, 217–220 et 224.
  7. Jean Pierre Pätznick, La succession des noms d'Horus de la IIIe dynastie revisitée, Toutânkhamon magazine, no 42.
  8. Jean-Pierre Pätznik, Jacques Vandier, L’Horus Qahedjet : Souverain de la IIIe dynastie ?, p. 1455-1472.
  9. Rainer Stadelmann, King Huni: His Monuments and His Place in the History of the Old Kingdom. In: Zahi A. Hawass, Janet Richards (Hrsg.), The Archaeology and Art of Ancient Egypt. Essays in Honor of David B. O’Connor. Band II, Conceil Suprême des Antiquités de l’Égypte, Kairo, 2007, p. 425–431.

Liens externes

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