Acide phosphorique

L’acide phosphorique est un composé chimique de formule H3PO4. C'est un oxoacide trifonctionnel (triacide) important en chimie inorganique et fondamental en biochimie. Il s'agit d'un acide minéral obtenu par traitement de roches phosphatées ou par combustion du phosphore.

Acide phosphorique
Structure de l'acide phosphorique.
Identification
Nom UICPA acide orthophosphorique
Synonymes

acide phosphorique
phosphate d'hydrogène

No CAS 7664-38-2
No ECHA 100.028.758
No CE 231-633-2
PubChem 1004
No E E338
FEMA 2900
SMILES
InChI
Apparence Solide blanc ou liquide visqueux incolore (T>42 °C)
Propriétés chimiques
Formule H3O4PH3PO4
Masse molaire[1] 97,9952 ± 0,0014 g/mol
H 3,09 %, O 65,31 %, P 31,61 %,
pKa (25 °C) pKa1 = 2,148 ; 7,198 ; 12,319
Propriétés physiques
fusion 42,35 °C[alpha 1],[3]
ébullition Se décompose au-dessous du point d'ébullition à 213 °C[4]
Solubilité Sol. dans l'alcool,

sol. dans 8 vol. d'un mélange éther:alcool à 3:1,
très sol. dans l'eau chaude,
548 g sol. dans 100 cm3 d'eau froide[3]

Masse volumique 1,834 g cm−3 à 18 °C[3]
Pression de vapeur saturante à 20 °C : 4 Pa[4]
Viscosité dynamique 3,86 mPa s (solution à 40 %, 20 °C)[3]
Précautions
SGH[5]

Danger
H314
SIMDUT[6]

E,
NFPA 704
Inhalation Sensation de brûlure. Toux. Essoufflement. Mal de gorge.
Peau Rougeur. Douleur. Brûlures cutanées. Ampoules.
Yeux Douleur. Rougeur. Brûlures profondes graves.
Ingestion Douleurs abdominales. Sensation de brûlure. Choc ou collapsus.
Composés apparentés
Autres composés

Acide hypophosphoreux, Acide phosphoreux, Acide pyrophosphorique


Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

À température ambiante, l'acide phosphorique est un solide cristallin de densité 1,83 qui fond à 42,35 °C[alpha 1]. Il constitue la matière première de base pour la production de phosphates (ou sels phosphatés).

Via les crassiers de phosphogypse, la production de l'acide phosphorique est source d'une importante accumulation de déchets faiblement radioactifs et « Radioactivité naturelle technologiquement renforcée »[7].

Chimie

Il s'agit d'un triacide minéral capable de céder trois protons en formant successivement trois bases conjuguées : l'ion dihydrogénophosphate H2PO4-, l'ion hydrogénophosphate HPO42- et l'ion phosphate PO43-, avec les constantes d'équilibres suivantes (à 25 °C) :

H3PO4 (s) + H2O(l)    H2PO4(aq) + H3O+(aq),     Ka1= 7,13 × 10−3,     pKa1= 2,15.
H2PO4(aq) + H2O(l)    HPO42−(aq) + H3O+(aq),     Ka2= 6,38 × 10−8,     pKa2= 7,20.
HPO42−(aq) + H2O(l)    PO43−(aq) + H3O+(aq),     Ka3= 3,79 × 10−13,     pKa3= 12,42.

Biologie

Les dimères et trimères de l'acide phosphorique interviennent dans de nombreux domaines en biologie comme les transporteurs d'énergie ADP/ATP, l'ADN et dans les os.

Production industrielle

L'acide phosphorique est généralement obtenu par l'attaque dans un réacteur de l'apatite (principal minerai de phosphate) par de l'acide sulfurique H2SO4. L'apatite est souvent un mélange de :

et aussi les carbonate-apatites où un groupe CO3OH ou CO3F remplace un tétraèdre PO4.

Les réactions sont donc :

Ca5(PO4)3Cl + 5 H2SO4 + 10 H2O → 3 H3PO4 + 5 (CaSO4,2H2O) + HCl.

Ca5(PO4)3F + 5 H2SO4 + 10 H2O → 3 H3PO4 + 5 (CaSO4,2H2O) + HF.

Ca5(PO4)3OH + 5 H2SO4 + 9 H2O → 3 H3PO4 + 5 (CaSO4,2H2O).

Les carbonates donnent du dioxyde de carbone et de l'eau au lieu d'une partie de l'acide phosphorique.

Après un certain temps de séjour dans le réacteur (variable selon le type de réacteur utilisé et le minerai traité), il est procédé à une opération de filtration de la bouillie résultante (le liquide et le solide) afin de séparer l'acide phosphorique ainsi fabriqué des cristaux de sulfate de calcium dihydraté (CaSO4,2H2O) ou semi-hydraté (CaSO4,1/2H2O) appelé phosphogypse.

On peut également le préparer par calcination à haute température de l'apatite avec de la silice et du carbone (sable et charbon). La vapeur de phosphore produite est oxydée en pentoxyde de phosphore qui réagit avec de la vapeur d'eau.

Utilisations

L'acide phosphorique est très utilisé en laboratoire, car il résiste à l'oxydation, à la réduction et à l'évaporation.

L'acide phosphorique est employé dans les boissons non alcoolisées comme régulateur de pH (E338) : principalement dans les sodas au cola (Coca-Cola, Pepsi Cola, Dr Pepper)[8].

L'acide phosphorique est employé comme composant des engrais, des détergents, ciments dentaires comme catalyseur ou dans les métaux inoxydables, et dans la production des phosphates — utilisés dans les adoucisseurs d'eau.

L'acide phosphorique est souvent utilisé en solution dans des produits utilisés en mécanique pour dérouiller les pièces métalliques. Il sert aussi à la phosphatation de pièces métalliques pour les protéger de l'oxydation à l'air libre.

L'acide phosphorique est aussi utilisé comme un électrolyte dans les piles à combustible PAFC.

Risques

L'ingestion d'une quantité importante d'acide phosphorique peut entraver le fonctionnement des reins et favoriser les calculs rénaux. Des chercheurs américains ont interrogé 465 personnes pour lesquelles une insuffisance rénale avait été récemment diagnostiquée et ils ont constaté à partir de la description de leur régime alimentaire qu'à partir de deux verres de Coca-Cola journalier, le risque d'insuffisance rénale est multiplié par deux. Il en est de même avec le Coca-Cola light alors qu'aucune association n'a été trouvée avec les autres sodas[9].

Commerce

La France, en 2014, est nette importatrice d'acide phosphorique, d'après les douanes françaises. Le prix moyen au kilogramme à l'import était de 0,9 [10].

Notes et références

Notes

  1. Ce point de fusion est celui de l'acide phosphorique pur. Cependant, lorsque l'acide phosphorique est chauffé à une température proche de cette valeur, il se décompose partiellement suivant la réaction : 2 H3PO4 ⇌ H2O + H4P2O7. Le point d'ébullition du mélange diminue progressivement avec l'avancée de cette décomposition jusqu'à 34,6 °C à l'équilibre[2].

Références

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. (en) N. N. Greenwood, Chemistry of the elements, Oxford Boston, Butterworth-Heinemann, (ISBN 0-7506-3365-4, OCLC 37499934), p. 518.
  3. « Phosphoric Acid », sur Hazardous Substances Data Bank (consulté le ).
  4. ACIDE PHOSPHORIQUE, fiche(s) de sécurité du Programme International sur la Sécurité des Substances Chimiques, consultée(s) le 9 mai 2009
  5. Numéro index 015-011-00-6 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du règlement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008)
  6. « Acide phosphorique » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 23 avril 2009
  7. Association Robin des bois (2005)Radioactivité naturelle technologiquement renforcée), décembre 2005.
  8. Isabelle Eustache, « Pas de coca, c'est mieux pour les reins ! », sur e-sante.fr, (consulté le ).
  9. (en) Saldana T.M., Basso O., Darden R. et Sandler D.P., « Carbonated beverages and chronic kidney disease », sur ncbi.nlm.nih.gov, (consulté le ).
  10. « Indicateur des échanges import/export », sur Direction générale des douanes. Indiquer NC8=28092000 (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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