Pachycrocuta

Les Hyènes géantes (Pachycrocuta) forment un genre éteint de carnivores de la famille des Hyaenidae, qui a vécu du Pliocène supérieur au Pléistocène moyen, entre environ 3 millions d'années et 400 000 ans[2].

Pachycrocuta
Reconstitution de Pachycrocuta brevirostris.
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Ordre Carnivora
Famille Hyaenidae
Sous-famille Hyaeninae

Genre

 Pachycrocuta
Kretzoi, 1938[1]

Espèces de rang inférieur

  • Pachycrocuta brevirostris
  • Pachycrocuta robusta
  • Pachycrocuta pyrenaica
  • Pachycrocuta sinensis

Description

L'espèce type, Pachycrocuta brevirostris, mesurait environ 1,60 mètre de long et 1 mètre au garrot pour une masse estimée à 130 kilos[3].

Mâchoire de Pachycrocuta brevirostris
(Musée de paléontologie de Florence).

Le plus grand specimen de P. brevirostris connu était jusqu'en 2020 celui découvert au début du XXe siècle à Sainzelles, commune de Blavozy en Auvergne. Un nouveau crâne (trois fragments du même crâne) récemment mis au jour à la grotte de Jinyuan, Luotuo Hill à Dalian (province du Liaoning, Chine) est légèrement plus grand[4].

Des analyses de fossiles de P. licenti et autres grands mammifères associés (Gigantopithecus blacki, Cervus sp., Tapirus sinensis[5], Equus sp., Leptobos sp. et Ursus sp.) de la grotte de Longgudong (Gaoping, Jianshi, province de Hubei, centre-est de la Chine) et de la grotte de Juyuandong (Liucheng, région autonome de Guangxi, sud de la Chine) montrent que tous ces animaux, qui vivaient dans un habitat de forêt dense, avaient une nourriture à base de biomasse fixant le carbone en C3 uniquement[6].

Historique

En 1954, Ewer[7] décrit le crâne KA-55 du site de Kromdraai A et nomme la nouvelle espèce Hyaena bellax[8]. En 1970 Ficcarelli & Torre[9] suggèrent que cette espèce soit attribuée au genre Pachycrocuta[8] (Pachycrocuta bellax).

Selon Werdelin & Solounias (1991[10]) et Guérin & Patou-Mathis (1996[11]), au moins deux espèces de Pachycrocuta sont connues en Europe : Pachycrocuta brevirostris et Pachycrocuta perrieri ; et selon Werdelin & Solounias[12] les deux taxons se distinguent par la taille de leurs morphologies dentaires.

Howell & Petter (1980[13]), Turner (1986[14], 1987[15], 1988[16], 1990[17]) et Anton (1996[2]) soulignent les proches affinités entre Pachycrocuta bellax, P. brevirostris et P. perrieri ; Turner et Anton ont d'ailleurs postulé antérieurement que Pachycrocuta and Hyaena ont des affinités proches[8].

Ficcarelli & Torre en 1970[9], puis Howell & Petter en 1980[13], se prononcent en faveur d'un double lignage : P. pyrenaica - P. perrieri / P. brevirostris / H. hyaena - bien que les deux équipes de chercheurs se basent sur des caractéristiques différentes.

Werdelin & Solounias (1991[10]), qui font une étude générale des hyénidés, replacent H. brunnea dans le nouveau genre Parahyaena à cause du manque de synapomorphies en commun avec H. hyaena[8].

Une filiation avec l'Asie du nord-est
Pachycrocuta brevirostris de Sainzelles.
Musée Crozatier au Puy-en-Velay

Le crâne de la grotte de Jinyuan procède sans conteste du même morphotype que la P. brevirostris d'Europe, ce qui remet en cause plusieurs points communément admis pour cette espèce et ce genre. Les hyènes géantes d'Asie étaient jusque là proposées comme une ou des espèces ou sous-espèces indépendante/s, dont la P. licenti ou la H. sinensis[4]. Ainsi encore en 1996 Turner et Anton la donnent comme limitée à l'Eurasie et l'Afrique[2]. La nouvelle découverte démontre que la différentiation est plus de l'ordre temporel que de l'ordre géographique. La sous-espèce d'Eurasie constitue une séquence ou clade ancêtre-descendant ayant graduellement évolué à partir de P. licenti, puis P. brevirostris et ensuite P. sinensis. De plus, le stade d'évolution ''P. brevirostris montrant des caractéristiques transitionnelles précédant immédiatement P. brevirostris brevirostris, est apparu dans le nord-est de l'Asie il y a au moins 2 millions d'années, ce qui implique que les populations d'Europe sont vraisemblablement issues d'Asie du nord-est et ont essaimé à partir de cette région[4].

Liste d'espèces

  • Pachycrocuta brevirostris Aymard, 1846[18] (hyène géante à face courte)
  • Pachycrocuta robusta ? (hyène géante robuste)
  • Pachycrocuta pyrenaica (hyène géante des Pyrénées)
  • Pachycrocuta licenti (Asie, dont des spécimens dans la grotte de Baikong (montagne de Liyu) et la grotte de Juyuan (montagne de Boyue) près du parc écologique de Chongzuo (Chongzuo Ecological Park) aux environs de la rivière Zuojiang (en) au Guangxi[19])

Références

  1. Pachycrocuta, sur fossilworks.
  2. [Turner & Anton 1996] (en) Alan Turner et Mauricio Anton, « The giant hyaena, Pachycrocuta brevirostris (Mammalia, Carnivora, Hyaenidae) », Geobios, vol. 29, no 4, , p. 455-468 (résumé). Cité dans Mutter, Berger & Smith 2001, p. 103.
  3. Palmqvist et al. 2011.
  4. Liu et al. 2021, Résumé.
  5. « Tapirus sinensis Owen 1870 (tapir) », sur fossilworks.org (consulté en ).
  6. [Zhao et al. 2011] LingXia Zhao, LiZhao Zhang, XinZhi Wu et Fusong Zhang, « Carbon isotope reveals a solely C3 biomass diet for gigantopithecus in the early pleistocene of South China », Journal of Chinese Science Bulletin, Institute of Vertebrae Paleontology and Paleoanthropology, (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté en ).
  7. [Ewer 1954] (en) Rosalie F. Ewer, « The fossil carnivores of the Transvaal caves. The Hyaenidae of Kromdraai », Proceedings of the Zoological Society of London, vol. 124, no 3, , p. 565-585 (résumé). Cité dans Mutter, Berger & Smith 2001, p. 103.
  8. Mutter, Berger & Smith 2001, p. 103.
  9. [Ficcarelli & Torre 1970] (en) Giuli Ficcarelli et Danilo Torre, « Remarks on the taxonomy of hyaenids », Palaeontographia Italica, no 66, , p. 13-33. Cité dans Mutter, Berger & Smith 2001, p. 103.
  10. [Werdelin & Solounias 1991] (en) Lars Werdelin et Nikos Solounias, « The Hyaenidae: Taxonomy, systematics and evolution », Fossils and Strata, no 30, , p. 1-104 (lire en ligne [sur foreninger.uio.no], consulté en ). Cité dans Mutter, Berger & Smith 2001, p. 103.
  11. [Guérin & Patou-Mathis 1996] Claude Guérin et Marylène Patou-Mathis, Les grandes mammifieres Plio-Pleistocenes d'Europe, Paris, éd. Masson, , 291 p.. Cité dans Mutter, Berger & Smith 2001, p. 103.
  12. Werdelin & Solounias 1991, p. 22.
  13. [Howell & Petter 1980] (en) Francis Clark Howell et Germaine Petter, « The Pachycrocuta and Hyaena lineages (Plio-Pleistocene and Extant Species of the Hyaenidae). Their relationships with Miocene ictitheres: Palhyaena and Hyaenictitherium », Geobios, vol. 13, no 4, , p. 579-623 (lire en ligne [sur fdocuments.in], consulté en ). Cité dans Mutter, Berger & Smith 2001, p. 103.
  14. [Turner 1986] (en) Alan Turner, « Miscellaneous carnivore remains from Plio-Pleistocene deposits in the Sterkfontein Valley », Annals of the Transvaal Museum, vol. 34, no 8, , p. 203-226. Cité dans Mutter, Berger & Smith 2001, p. 103.
  15. [Turner 1987] (en) Alan Turner, « New fossil carnivore remains from the Sterkfontein hominid site (Mammalia: Carnivores) », Annals of the Transvaal Museum, vol. 34, no 15, , p. 319-347. Cité dans Mutter, Berger & Smith 2001, p. 103.
  16. [Turner 1988] (en) Alan Turner, « On the claimed occurrence of the hyaenid genus Hyaenictis Gaudry at Swartkrans (Mammalia, Carnivora) », Annals of the Transvaal Museum, vol. 34, no 21, , p. 523-533. Cité dans Mutter, Berger & Smith 2001, p. 103.
  17. [Turner 1990] (en) Alan Turner, « The Evolution of the Guild of larger Terrestrial Carnivores during the Plio-Pleistocene in Africa », Geobios, vol. 23, no 3, , p. 349-368 (résumé). Cité dans Mutter, Berger & Smith 2001, p. 103.
  18. Mutter, Berger & Smith 2001, p. 104.
  19. [Yaling et al. 2017] Yan Yaling, Wang Yuan, Liu Yihong, Zhu Min et Jin Changzhu, « New dental remains of Rhinoceros fusuiensis associated with Gigantopithecus blacki from the early Pleistocene Chongzuo caves, Guangxi, south China », Quaternary Sciences, vol. 37, no 4, , p. 813-820 (résumé, lire en ligne [PDF] sur dsjyj.com.cn, consulté en ).

Voir aussi

Bibliographie

  • [Liu et al. 2021] (en) Jinyi Liu, Jinyuan Liu, Hanwen Zhang, Jan Wagner, Qigao Jiangzuo, Yayun Song, Sizhao Liu, Yu Wang et Changzhu Jin, « The giant short-faced hyena Pachycrocuta brevirostris (Mammalia, Carnivora, Hyaenidae) from Northeast Asia: A reinterpretation of subspecies differentiation and intercontinental dispersal », Quaternary International, vol. 577, no 3, (résumé).
  • [Mutter, Berger & Smith 2001] Raoul J. Mutter, Lee Rogers Berger et Peter Schmid, « New evidence of the giant hyaena, Pachycrocuta brevirostris (Carnivora, Hyaenidae), from the Gladysvale cave deposit (plio·pleistocene, John Nash nature reserve, Gauteng, South Africa) », Palaeontologica Africana, no 37, , p. 103-113 (lire en ligne [PDF] sur core.ac.uk, consulté en ).
  • [Palmqvist et al. 2011] (en) Paul Palmqvist, Bienvenido Martinez-Navarro, Juan Antonio Pérez-Claros, Vanessa Torregrosa, Borja Figueiridio, Juan Manuel Jiménez-Arenas, María Patrocinio Espigares, Sergio Ros-Montoya et Miquel De Renzi, « The giant hyena Pachycrocuta brevirostris: Modelling the bone-cracking behavior of an extinct carnivore », Quaternary International, vol. 243, no 1, , p. 61 (DOI 10.1016/j.quaint.2010.12.035, lire en ligne [sur researchgate.net], consulté en ).

Liens externes

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