Friedensreich Hundertwasser

Friedrich Stowasser, plus connu sous le nom de Friedensreich Hundertwasser Regentag Dunkelbunt, né le à Vienne en Autriche et mort à bord du Queen Elizabeth 2 le , est un artiste autrichien, également architecte.

Biographie

Hundertwasser est l’enfant unique d'un technicien, alors au chômage, Ernest Stowasser et de sa femme Elsa. Son père décède treize jours après son premier anniversaire à cause d’une appendicite, et sa mère est obligée de s'occuper seule de son fils[1]. À l’âge de six ans, il entre à l'école Montessori à Vienne pour un an. Là, les enseignants d'art lui attestent « un sens inhabituel pour les formes et la couleur ». Bien que de mère juive, Hundertwasser est baptisé dans une église catholique en 1935. Après l'annexion de l'Autriche en 1938, il participe aux groupes de la Jeunesse hitlérienne, toujours à l'initiative de sa mère, inquiète par la montée du nazisme, et qui souhaite le protéger de l'antisémitisme. Pour ne pas attirer l’attention dont les élèves d’écoles privées de la bourgeoisie viennoise étaient l'objet, Elsa Stowasser envoie désormais son fils à l'école publique à Vienne.

En 1946, alors qu'il travaille chez un agriculteur pour subsister, il est frappé par les couleurs de la terre et des cultures, ce qui renforce sa vocation de peintre. Cependant sa mère souhaite qu'il apprenne un métier utile.

Après avoir obtenu son baccalauréat en 1948, il assiste à la session d'hiver 1948/49, pendant trois mois, de l'Académie des beaux-arts de Vienne. Là, il commence à signer ses travaux avec le pseudonyme Hundertwasser. Il abandonne ses études peu après. Il voyage en avril 1949 pour la première fois en Italie où il fait connaissance avec l'artiste français René Brô. En 1950, ils vont ensemble à Paris. Puis Hundertwasser fait d’autres voyages au Maroc (premier semestre 1951), en Tunisie, en Sicile et la « Bürgeralm » (refuge) à Aflenz en Styrie.

Hundertwasser a fait ses premières expositions en 1952 et 1953 dans sa ville natale de Vienne, puis en 1955 à Milan, en 1954 et 1956 à Paris.

En 1957, Hundertwasser acquiert une ferme dans le Perche, à Saint-Jean-de-la-Forêt.

En 1958, il épouse Herta Leitner à Gibraltar. Ils divorcent deux ans plus tard[1].

En 1960, Hundertwasser voyage au Japon, où il reçoit en 1961 lors de la 6e exposition internationale d'art de Tokyo, le prix Mainichi. En 1962, il épouse la Japonaise Yuko Ikewada, mais le mariage est rompu en 1966. Au Japon, il commence à utiliser le nom Friedensreich (Royaume de la Paix).

Après sa ferme dans le Perche, Hundertwasser achète en 1964 la « Hahnsäge » une scierie mise hors service dans une région forestière et peu peuplée en Basse-Autriche. Loin de toute bousculade et au sein de la nature, il aménage un nouveau logement. En 1964, ses œuvres sont présentées à la Documenta III de Kassel, dans le département de peinture.

De 1969 à 1971, il travaille avec le réalisateur Peter Schamoni pour le film Hundertwasser Regentag. Celui-ci est, après le film documentaire Hundertwasser par Ferry Radax (1966), le deuxième film sur la vie de l'artiste. Le film évoque un vieux cargo, avec lequel Hundertwasser a navigué de la Sicile à Venise en 1968 et qui est devenu après des rénovations le Regentag (« jour de pluie »).

En 1972, Hundertwasser fonde la Grüner Janura AG, une société anonyme, en Suisse (renommée Namida AG en 2008) par laquelle il gère ses droits d’auteurs littéraires et artistiques.

Dans les années 1970, Hundertwasser acquiert dans la baie des Îles à la pointe de l'île nord de Nouvelle-Zélande plusieurs propriétés, qui comprenaient avec une surface totale de 372 ha, toute la vallée Kaurinui. Là, il réalise son rêve de vivre et travailler dans la nature et entre autres dans la « bottle house » qu'il avait conçue. Il y installe des capteurs solaires, une roue à eau et une station de traitement de l’eau par les plantes ce qui lui permettent de vivre en autarcie. Il expérimente aussi la technique des toits plantés.

Hundertwasser conçoit une des affiches d'artistes éditées pour les Jeux olympiques d'été de 1972 à Munich.

En 1975, il commence à concevoir des timbres-poste. En 1982, il redessine la façade de la fabrique « Rosenthal ». Un an plus tard, la première pierre de la maison d'Hundertwasser à Vienne est posée et le 17 février 1986 les locataires en reçoivent la clé. Dans les années suivantes, Hundertwasser travaille pour de nombreux projets architecturaux en Allemagne, en Autriche, en Suisse mais aussi en Californie, au Japon et en Nouvelle-Zélande.

En 1979, il acquiert, par l’intermédiaire de sa société suisse, le Giardino Eden à Venise, un grand jardin de 15 000 m2 avec palazzo.

En 1984, il participe activement à l'occupation de Hainburger Au, une réserve naturelle du Danube, pour empêcher la construction d'une centrale électrique. Il a même déchiré devant la caméra son Grand Prix de l’État autrichien.

En 1993, il est appelé pour concevoir le design artistique de la nouvelle édition du dictionnaire d'école latin-allemand Der kleine Stowasser (de) de Joseph Maria Stowasser, « comme don à la jeunesse » selon la formulation de l'éditeur. Cette édition jubilé du dictionnaire a été diffusée dans les pays germanophones et publiée en 1994 en exactement cent versions différentes (par variations de couleur). Le dictionnaire est encore ainsi aujourd'hui.

En 1995, la Hundertwasser Bibel est publiée. Ce livre de 1688 pages est illustré avec trente collages, créés spécialement pour cette édition, et une cinquantaine d’œuvres d'art. Les couvertures sont faites à la main et chacune est unique.

Friedensreich Hundertwasser meurt le 19 février 2000 lors de son retour d'Europe pour la Nouvelle-Zélande à bord du Queen Elizabeth 2 à cause d’une insuffisance cardiaque. Selon son dernier désir, il est enterré dans sa propriété en Nouvelle-Zélande sous un tulipier, sans cercueil, nu et enveloppé dans un « Koruflagge », le drapeau qu'il a conçu pour la Nouvelle-Zélande.

D’après son manager, Joram Harel, Hundertwasser était sans aucune fortune et laisse une succession endettée due à son style de vie dépensier.

Art et architecture

Spirale

Dans les images de Hundertwasser, la forme de la spirale est très souvent présente.

Art

Le Grand Chemin est une des œuvres majeures d'Hundertwasser. La toile, datée de 1955, mesure 1,62 m × 1,60 m. Hundertwasser a utilisé à bon escient dans ses peintures des couleurs complémentaires pour donner une plus grande luminosité à ses images. Dans Le Grand Chemin dominent les couleurs rouge, bleu et vert qui forment une spirale. Pour Hundertwasser, cette forme symbolise la loi de la nature ; le chemin entre la naissance et la mort. La forme de la spirale a délibérément de petits renflements qui semblent comme les lacs ou les clairières. « La ligne droite est athée et immorale » (Hundertwasser, dans Pierre Restany Friedensreich Hundertwasser, p. 7).

Architecture

Fernwärme (l'incinérateur), Vienne, 1988-1997.
Village thermal de Blumau.
Autriche
  • Maison Hundertwasserhaus à Vienne, 1983-1985.
  • Mierka Getreidesilo Krems, 1982-1983.
  • Musée Rupertinum, Salzbourg, 1980-1987.
  • Église St.-Barbara, Bärnbach, 1987-1988.
  • Musée du village de Roiten, 1987-1988.
  • Fabrique de textile Rueff, Muntlix, 1988.
  • Fernwärme (l'incinérateur), Vienne, 1988-1997.
  • Aire d'autoroute, Bad Fischau, 1989-1990.
  • Kunst Haus Wien (musée Hundertwasser), Maison de l'art, Vienne, 1989-1991.
  • Maison de Hundertwasser-Krawina, Vienne, 1990-1991.
  • Brunnenanlage, Zwettl, 1992-1994.
  • Pavillon de la DDSG, Vienne, 1992-1994.
  • SpiralflussTrinkbrunnen, Linz, 1993-1994.
  • Hôpital de Graz, 1993-1994.
  • Village thermal de Blumau (la Styrie), 1993-1997.
  • Usine à Zwischenwasser.
Lycée Martin-Luther à Lutherstadt Wittenberg.
Citadelle verte de Magdebourg.
Allemagne
  • Fabrique Rosenthal, Selb, 1980-1982.
  • Halte-Garderie, Francfort, 1988-1995.
  • « Dans les prés », Bad Soden am Taunus, 1990-1993.
  • « Habiter sous la pluie », Plochingen, 1991-1994.
  • Lycée Martin-Luther à Lutherstadt Wittenberg, 1997-1999.
  • Maison à Plochingen, 1999.
  • Résidence Waldspirale, Darmstadt, 1998-2000.
  • Gare d’Uelzen[2], 1999-2000.
  • Citadelle verte de Magdeburg, 1999-2000[3].
  • Maison Ronald McDonald d'aide aux enfants, à Essen.
  • Kunst Haus et Kuchlbauer Turm, Abensberg.
Japon
  • Countdown 21st Century Monument for TBS Tōkyō, 1992.
  • Kid's Plaza Ōsaka, 1996-1997.
  • Maishima Incineration Plant Ōsaka, 1997-2000.
  • Maishima Sludge Center Ōsaka, 2000.
É.-U.
  • Quixote Winery Napa Valley, 1992-1999.
Israël
  • SpiralflussTrinkbrunnen II, Tel Aviv, 1994-1996.
Suisse
Nouvelle-Zélande
  • Toilette publique Kawakawa, 1999.

Galerie

Ville de Bärnbach

Village de Roiten (Rappotenstein)

Maison Hundertwasser à Vienne

Darmstadt (Hesse)

Plochingen (Bade-Wurtemberg)

Autres travaux

Certaines peintures d'Hundertwasser reproduites sur timbres-poste ont été peintes par l'artiste spécialement pour être reproduites sur ce support[4], qui le fascinait : en 1983, il affirme que « pendant longtemps, je fus malheureux et insatisfait parce que les tableaux que je peignais ne pouvaient soutenir la comparaison avec les timbres[5] ».

Ses premières œuvres originales pour timbres sont émises en Autriche en 1975 et au Sénégal en 1979[6]. Dès 1975, Hundertwasser a travaillé une vingtaine de ces timbres avec le graveur autrichien Wolfgang Seidel[7].

Notes et références

  1. Rand, Harry., Hundertwasser, Taschen, (ISBN 3-8228-8991-1 et 978-3-8228-8991-6, OCLC 45230024, lire en ligne)
  2. (de) « Ein Bahnhof, so schön wie ein Märchenschloss », sur Bahnhof Uelzen.
  3. (de) « Grüne Zitadelle », sur Grüne Zitadelle.
  4. Les deux exceptions sont un timbre de Cuba de 1967 et l'illustration des deux timbres pour le Conseil de l'Europe émis par la France en 1994, d'après Frédérique Fasser, « F. Hundertwasser, un peintre qui aimait les timbres », publié dans Timbres magazine no 82, septembre 2007, pages 40-43.
  5. Cité dans Frédérique Fasser, « F. Hundertwasser, un peintre qui aimait les timbres », publié dans Timbres magazine no 82, septembre 2007, page 40.
  6. D'après la liste des timbres d'Hundertwasser dans Frédérique Fasser, « F. Hundertwasser, un peintre qui aimait les timbres », publié dans Timbres magazine no 82, septembre 2007, page 40.
  7. Entretien avec Wolfgang Seidel, publié dans Timbres magazine no 82, septembre 2007, page 41.

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Restany, Le pouvoir de l'art - Hundertwasser, Le peintre-roi aux cinq peaux, Cologne, Taschen, 1998.
  • Hundertwasser Architecture. Pour une architecture plus proche de la nature et de l’homme, Cologne, Taschen, 2011.
  • Rémi David et Pauline Sciot, Hundertwasser, inventer la ville, À dos d'âne, .

Liens externes

  • Portail de la peinture
  • Portail de l’architecture et de l’urbanisme
  • Portail de la sculpture
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.