Hospitalité

L'hospitalité est un acte d'accueil pour les étrangers et les visiteurs. C'est une vertu dans certaines religions.

Pour le film réalisé par Kōji Fukada sorti en 2010, voir Hospitalité (film, 2010).

Conceptions philosophiques de l'hospitalité

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Aujourd'hui, la définition la plus commune de l'hospitalité est « l’action de recevoir chez soi l’étranger qui se présente » (selon le Trésor de la langue française informatisé). Le geste d’hospitalité n’est donc ni aisé ni spontané, et requiert un effort car il recèle un danger et une menace. L’arrivée des étrangers provoque un télescopage de cultures différentes mais aussi une ouverture sur le monde.

Les étrangers absolus

Un large pan de la littérature sociologique et philosophique sur l’hospitalité s’est focalisé sur les étrangers absolus (Derrida) : les exilés, les déportés, les expulsés, les déracinés, les apatrides, les nomades anomiques. Il s’agissait souvent, du moins pour les chercheurs engagés, d’apporter une pierre aux débats suscités, en France, par les diverses lois visant au contrôle de l’immigration ou les opérations de régularisation d’étrangers en situation irrégulière. Néanmoins, l’hospitalité n’est pas l’intégration. Une certaine distance doit être maintenue avec l’étranger pour préserver l’altérité.

Alors que l'allemand distingue depuis longtemps Gastgeber et Gast, en français, le mot hôte est ambigu. Il désigne aussi bien l’accueillant que l’accueilli. Mais la relation hôte-hôte demeure asymétrique car l’hospitalité implique une dépendance de l’accueilli envers des règles extérieures, comme le temps des repas. Et l’invité, bien sûr, n’est pas chez lui. D’où, une situation inconfortable et une gêne réciproque. Offrir l’hospitalité, c’est donner quelque chose de soi. L’hospitalité se situe donc au-delà du service.

La valeur du partage du « chez soi »

Pour les philosophes, l’hospitalité peut se définir comme le partage du « chez soi », comme une valeur. Des sociologues y voient un fait social, un rite de passage, un moment de cohabitation. Montandon réconcilie les uns et les autres en affirmant : « L’hospitalité, une manière de vivre ensemble, régie par des règles, des rites et des lois. » Dans beaucoup de cultures, l'hôte se contente de marquer sa bienveillance par le mot "bienvenue ! Welcome ! Mar'haban bik ! etc", mais l'accueil peut aussi donner lieu à un échange plus formel : par exemple, il est de tradition en Haïti, lorsqu'on est reçu chez quelqu'un d'exprimer sa satisfaction en disant "Honneur !", à quoi le Maitre de Maison ne manque pas de répondre "Respect !".

Certains considèrent que l’hospitalité a connu un déclin progressif à mesure que l’État prenait en charge, par voie de redistribution, certaines prérogatives charitables. Mais la pratique de l’hospitalité privée existe toujours, dans le cadre d'une maison d'hôtes, du couchsurfing (canapégiature) ou de l'accueil familial de vacances. Et dans les destinations touristiques, au-delà du simple service, l’hospitalité vis-à-vis du touriste étranger implique non seulement les professionnels mais aussi les résidents. Même si les anglo-saxons désignent l'industrie hôtelière sous l'expression hospitality industry, les hôtels et restaurants pratiquent l'accueil, mais pas l'hospitalité sauf vis-à-vis des touristes étrangers.

Dans le Judaïsme

Transmettant la célèbre hospitalité d'Abraham, le Judaïsme affirme l'hospitalité comme un devoir des plus saints. Voici ce qui est dit dans le Talmud, traité Shabbat, folio 127, recto : « Rav Yehudah a dit au nom de Rav : "l'hospitalité (envers les humains) est plus importante que de recevoir la Présence (de Dieu), car il est écrit: Et Abraham) dit: " Monseigneur, je t'en prie, si j'ai trouvé grâce à tes yeux ne passe pas loin de ton serviteur. Qu'on prenne un peu d'eau pour vous laver les pieds. Reposez-vous sous cet arbre, etc." » Lors du repas de Pâque les Juifs ont coutume de proclamer dans certains pays ou encore d'afficher sur leur maison: "Quiconque a faim vienne et mange".

Dans la Grèce antique

Dans la Grèce antique, l'hospitalité est un rite. Zeus, le dieu des dieux, est celui qui envoie les invités dans tout le pays ; si l'hôte refuse l'étranger, ou l'accueille mal, c'est Zeus qu'il blasphème, et donc toutes les divinités. Il peut être puni, conformément aux règles établies dans la religion[1].

Christianisme

Dans le christianisme, l'hospitalité est une vertu qui est un rappel de la sympathie pour les étrangers et une règle pour bien accueillir les visiteurs[2] Romains 12:13; Hébreux 13:2; 1 Pierre 4:9; 1 Timothée 5:10. C'est une vertu que l'on retrouve dans l'Ancien Testament, avec par exemple la coutume du lavement des pieds des visiteurs ou le baiser de paix[3],[4]. Elle a fait l'objet d'enseignement par Jésus-Christ, dans le Nouveau Testament. En effet, Jésus a déclaré que ceux qui avaient accueilli un étranger, l'avaient accueilli Matthieu 25:35 et 43[5]. Certains pays occidentaux ont développé une culture d'accueil pour les immigrants, fondée sur la bible[6] [source insuffisante] [réf. incomplète].

Islam

Tapis et coussins au service de l'hospitalité dans un village au Maroc.

L'hospitalité figure également parmi les vertus de l'islam, les préceptes du Coran prônant l'accueil et la protection des gens du Livre : dans son sens originel, la dhimma était un « contrat » par lequel la société musulmane pratiquait l'accueil et la tolérance envers les monothéistes non musulmans, et leur accordait le droit de pratiquer leur religion. Partant de ces principes, l'hospitalité envers l'étranger, compris comme un croyant non musulman, mais aussi par extension l'ensemble des êtres humains, est devenue l'une des vertus les plus prisées des sociétés musulmanes[7].

Hindouisme

Dans la tradition hindoue, l'hospitalité est un devoir universel ; dans l'Atharva-Véda (9.6.), on exalte l'hospitalité qui a une valeur rituelle, sainte : nourrir à profusion l'hôte, quel qu'il soit et d'où qu'il vienne, et lui offrir un lieu pour son repos et son bain, est considéré par les brahmanes comme un sacrifice védique réalisé par le maître de maison. L'hôte qui se présente est en effet le Brahman (« Âme universelle », Dieu) lui-même rendu visible aux yeux du maître de maison, d'où la valeur sacrée de l'hospitalité dans l'hindouisme[8].

Dans la Taittiriya Upanishad (Brighu valli, section 10), il est écrit : « Le connaisseur de Brahman fait vœu de ne jamais refuser l'hospitalité à quiconque. »[9]

Selon l'hindouisme[10], l'hospitalité peut prendre deux formes principales considérées comme des Yajña ou sacrifices védiques (quotidiens) :

  1. Bhuta-Yajña (« sacrifice aux êtres ») : nourrir une créature (une vache, un chien, un oiseau, etc.) avec un cœur compatissant.
  2. Manushya-Yajña (« sacrifice à l'humain ») : nourrir un étranger ou un invité dans la mesure du possible, ou faire un acte charitable, de bonté, pour quelqu'un.

Cette attitude se comprend ainsi selon la logique hindoue : L' Ahirbudhnya-samhitâ, un texte pâncarâtra ayant une grande autorité, déclare que, puisque toutes les créatures forment le corps du Seigneur omniprésent, il apparaît évident que toutes les actions doivent être effectuées avec des pensées de bien-être pour tous les autres êtres.

Sources

Bibliographie

  • Jacques Derrida, Anne Dufourmantelle, Anne Dufourmantelle invite Jacques Derrida à répondre - De l’hospitalité, Calman-Lévy, Paris, 1997.
  • Anne Gotman, « L'hospitalité », Communications, n° 65, 1997
  • Anne Gotman, Le sens de l’hospitalité – Essai sur les fondements sociaux de l’accueil de l’autre, Presses universitaires de France, Paris, 2001.
  • Frère Denis Hubert (dir), L'hospitalité: recueil de textes non bibliques pour l'accueil de l'hôte, L'Atelier, 1996
  • Edmond Jabès, Le Livre de l'hospitalité, Gallimard, 1991
  • Alain Montandon (sous la dir.), Lieux d'hospitalité : hospices, hôpital, hostellerie, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, coll. « Littératures », , 500 p. (ISBN 978-2-84516-171-9, lire en ligne).
  • Jean-Louis Picherit, « L’hôtellerie, les hôteliers et hôtelières dans quelques œuvres de la fin du Moyen Âge », Le Moyen Age, vol. CVIII, no 2, , p. 301-332 (lire en ligne).
  • Alain Montandon (dir.), Le livre de l’hospitalité Accueil de l’étranger dans l’histoire et les cultures, Bayard, Paris, 2004.
  • René Schérer, Zeus hospitalier : éloge de l'hospitalité, Armand Colin, 1993 (rééd. La Table ronde, 2005).
  • Pierre Gouirand, L'accueil : de la philoxénologie à la xénopraxie, Amalthée, Nantes, 2008

Notes et références

  1. « L'hospitalité dans le monde grec » (consulté le ).
  2. Alain Montandon, L'hospitalité au XVIIIe siècle, Presses Universitaires Blaise Pascal , France, 2000, p. 12
  3. Walter A. Elwell, Evangelical Dictionary of Theology, Baker Academic, USA, 2001, p. 458
  4. Lawrence Cunningham, Keith J. Egan, Christian Spirituality: Themes from the Tradition, Paulist Press, USA, 1996, p. 196
  5. Gideon Baker, Hospitality and World Politics, Springer, UK, 2013, p. 159
  6. J. Olaf Kleist, Irial Glynn, History, Memory and Migration: Perceptions of the Past and the Politics of Incorporation, Palgrave Macmillan , USA, 2012, p. 113
  7. Mustapha Chérif, Jean-Luc Nancy, L'islam, tolérant ou intolérant, Odile Jacob, 2006, p. 52
  8. Le Veda, textes traduits par Jean Varenne, éditions Les Deux Océans, page 361, (ISBN 978-2-86681-010-8)
  9. 108 upanishads, traduction et présentation de Martine Buttex, éditions Dervy, page 310, (ISBN 978-2-84454-949-5)
  10. http://www.hinduwebsite.com/vedicsection/yajna.asp

Voir également

Articles connexes

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