Honorius de Cantorbéry

Honorius est un prélat chrétien mort le . Membre de la mission grégorienne envoyée en Angleterre pour convertir les Anglo-Saxons au christianisme, il devient le cinquième archevêque de Cantorbéry à la mort de Juste, entre 627 et 631.

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Honorius

L'entrée pour l'année 627 de la Chronique de Peterborough enregistre le sacre de l'archevêque Honorius.
Archevêque de Cantorbéry
Décès 30 septembre 653 
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Vénéré à Cantorbéry
Vénéré par Église catholique
Église d'Angleterre
Église orthodoxe
Fête 30 septembre

Durant son archiépiscopat, il consacre Ithamar de Rochester, le premier évêque anglais autochtone, et encourage les efforts missionnaires de Félix auprès des Angles de l'Est. Son autorité ne dépasse cependant pas les frontières du Kent et de l'Est-Anglie. À sa mort, en 653, il est le dernier survivant de la mission grégorienne. Il est par la suite considéré comme saint et fêté le 30 septembre. Son successeur, Deusdedit, est le premier archevêque de Cantorbéry natif d'Angleterre.

Biographie

Origines

Originaire d'Italie, Honorius fait peut-être partie de la mission d'évangélisation envoyée par le pape Grégoire le Grand qui arrive en Grande-Bretagne en 597[1]. Néanmoins, il est également possible qu'il soit arrivé en 601, avec la deuxième vague de missionnaires envoyés en renfort après les premiers succès remportés par Augustin et ses camarades[2],[3]. Honorius pourrait aussi bien être son nom de naissance que celui qu'il adopte en devenant archevêque[4].

Archevêque

Les peuples de Grande-Bretagne au début du VIIe siècle.

Honorius est le successeur de Juste, quatrième archevêque de Cantorbéry, qui est mort à une date inconnue entre 627 et 631. Il est consacré archevêque par l'évêque d'York Paulin dans l'église en pierre de Lincoln, dans le Lindsey[5]. Il écrit au pape Honorius Ier afin de lui demander d'élever le siège d'York au rang d'archevêché, dans l'idée qu'à la mort d'un des deux archevêques d'Angleterre, l'autre puisse sacrer son successeur. Dans sa réponse, reproduite par Bède le Vénérable dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais[6],[7], le pape accède à cette demande et envoie un pallium, symbole de l'autorité archiépiscopale, à Paulin ainsi qu'à Honorius[1]. Néanmoins, la situation politique contrecarre les projets d'Honorius : le roi Edwin de Northumbrie, baptisé par Paulin en 627, est tué à la bataille de Hatfield Chase, en octobre 633, et deux rois païens lui succèdent. Paulin est contraint de fuir la Northumbrie et se réfugie dans le royaume du Kent, auprès d'Honorius, qui le nomme alors évêque de Rochester, le deuxième siège épiscopal du Kent après Cantorbéry[5],[N 1].

L'évangélisation des Anglo-Saxons se poursuit durant l'archiépiscopat d'Honorius. Il bénéficie d'un allié de poids en la personne du roi de Kent Eorcenberht, qui monte sur le trône en 640. D'après Bède, Eorcenberht est le premier souverain anglais à ordonner la destruction des idoles païennes et le respect du carême[1],[8]. Vers 630 ou 631, Honorius envoie le Burgonde Félix à Dunwich, dans le royaume des Angles de l'Est[9]. Il est possible que leur roi Sigeberht, baptisé durant son exil en Francie, y ait rencontré Félix et l'ait envoyé à Honorius. Félix devient ainsi le premier évêque des Angles de l'Est, sans que l'on sache si c'est Honorius qui l'a sacré ou s'il l'a déjà été sur le continent[9],[10]. C'est également à l'époque d'Honorius que commence la christianisation des Angles du Milieu, dont le roi Peada reçoit le baptême vers 653[11],[12].

Le premier évêque d'origine anglo-saxonne, Ithamar, est sacré par Honorius vers 644 pour succéder à Paulin sur le siège de Rochester[9]. Honorius sacre également les deux évêques de Dunwich qui succèdent à Félix : Thomas en 647 ou 648, puis Berhtgisl en 652 ou 653[1]. Il entretient de bonnes relations avec les missionnaires irlandais et admire Aidan, un des principaux meneurs du clergé irlandais[13], mais son autorité reste limitée au Kent et à l'Est-Anglie[1].

Mort et postérité

Le site des sépultures des premiers archevêques de Cantorbéry à l'abbaye Saint-Augustin.

Honorius meurt le [11],[14]. Il est le dernier survivant des membres de la mission grégorienne[4]. Son successeur, Deusdedit, le premier archevêque natif d'Angleterre, n'est sacré que dix-huit mois plus tard, en mars 655[1].

Inhumé sous le porche ouest de l'église de l'abbaye Saint-Pierre-et-saint-Paul de Cantorbéry (redédiée ultérieurement à saint Augustin), Honorius est vénéré comme saint et fêté le 30 septembre, jour anniversaire de sa mort[1],[15]. Il est l'objet d'une courte hagiographie rédigée par le moine Goscelin de Saint-Bertin dans les années 1070. Ses reliques sont vénérées à l'abbaye Saint-Augustin au moins jusque dans les années 1120[16].

Notes

  1. La chronologie traditionnelle de ces événements est remise en question par l'historien D. P. Kirby, qui souligne un fait curieux : la lettre du pape, qui date de juin 634, laisse entendre que la nouvelle de la mort d'Edwin n'est pas encore parvenue à Rome, neuf mois plus tard. Kirby propose d'avancer la mort d'Edwin d'un an, en octobre 634. Il estime également que le délai entre la consécration d'Honorius et l'envoi du pallium est inhabituellement long et situe sa consécration plus tard que la chronologie traditionnelle (Kirby 2000, p. 56, 66).

Références

  1. Hunt et Brooks 2004.
  2. Hindley 2006, p. 43-45.
  3. Stenton 1971, p. 112-113.
  4. Sharpe 2002, p. 3.
  5. Hunter Blair 1990, p. 96-97.
  6. Bède le Vénérable 1995, livre II, chapitre 18, p. 163-165.
  7. Wright 2008, p. 57-58.
  8. Bède le Vénérable 1995, livre III, chapitre 8, p. 183.
  9. Brooks 1984, p. 65-67.
  10. Hunter Blair 1990, p. 107.
  11. Lapidge 2014, p. 248.
  12. Bède le Vénérable 1995, livre III, chapitre 21.
  13. Mayr-Harting 1991, p. 94.
  14. Bède le Vénérable 1995, livre III, chapitre 20, p. 205.
  15. Farmer 2004.
  16. Hayward 2003, p. 201-218.

Bibliographie

  • Bède le Vénérable (trad. Philippe Delaveau), Histoire ecclésiastique du peuple anglais, Gallimard, coll. « L'Aube des peuples », , 399 p. (ISBN 2-07-073015-8).
  • (en) Nicholas Brooks, The Early History of the Church of Canterbury : Christ Church from 597 to 1066, Leicester University Press, , 402 p. (ISBN 0-7185-0041-5).
  • (en) David Hugh Farmer, Oxford Dictionary of Saints, Oxford, Oxford University Press, , 5e éd., 579 p. (ISBN 978-0-19-860949-0).
  • (en) P. A. Hayward, « An absent father: Eadmer, Goscelin and the cult of St Peter, the first abbot of St Augustine’s Abbey, Canterbury », Journal of Medieval History, vol. 29, , p. 201-218 (DOI 10.1016/S0304-4181(03)00030-7).
  • (en) Geoffrey Hindley, A Brief History of the Anglo-Saxons : The Beginnings of the English Nation, New York, Carroll & Graf Publishers, , 404 p. (ISBN 978-0-7867-1738-5).
  • (en) William Hunt et N. P. Brooks, « Honorius [St Honorius] (d. 653) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne) .
  • (en) Peter Hunter Blair, The World of Bede, Cambridge, Cambridge University Press, , 342 p. (ISBN 0-521-39819-3).
  • (en) D. P. Kirby, The Earliest English Kings, Londres, Routledge, , 258 p. (ISBN 0-415-24211-8, lire en ligne).
  • (en) Michael Lapidge, « Honorius », dans Michael Lapidge, John Blair, Simon Keynes et Donald Scragg (éd.), The Wiley Blackwell Encyclopedia of Anglo-Saxon England, Wiley Blackwell, , 2e éd. (ISBN 978-0-470-65632-7).
  • (en) Henry Mayr-Harting, The Coming of Christianity to Anglo-Saxon England, Pennsylvania State University Press, , 334 p. (ISBN 978-0-271-00769-4).
  • (en) Richard Sharpe, « The Naming of Bishop Ithamar », The English Historical Review, vol. 117, no 473, (DOI 10.1093/ehr/117.473.889, lire en ligne).
  • (en) Frank Stenton, Anglo-Saxon England, Oxford, Clarendon Press, , 3e éd., 765 p. (ISBN 978-0-19-821716-9, lire en ligne).
  • (en) J. Robert Wright, A Companion to Bede : A Reader's Commentary on The Ecclesiastical History of the English People, Grand Rapids, Eerdmans, , 152 p. (ISBN 978-0-8028-6309-6, lire en ligne).

Liens externes

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