Hishiryō

Hishiryō (japonais, 非思量) est un terme utilisé dans le bouddhisme zen qui signifie « non-pensée », « au-delà de la pensée ». C'est l'un des concepts les plus importants de l’école Sōtō pour décrire l’état de conscience samadhi qui peut survenir durant la pratique de zazen[1],[2]. Cet état d’esprit ne consiste pas à couper les pensées mais à les laisser passer sans les qualifier : « Ne pensez pas à ce qui est "bien" ou "mal". Ne jugez pas de ce qui est vrai ou ce qui ne l'est pas. Interrompez tous les mouvements de l'esprit, de l'intellect et de la conscience ; cessez de juger avec des pensées, des idées ou des opinions. N'ayez aucun désir de devenir Bouddha[3]. »

Une expression proche utilisée dans les arts martiaux japonais est mushin no shin, « pensée sans pensée »[4].

Origine

Le terme hishiryō apparaît dans le Fukanzazengi de Dōgen, ainsi que dans le Shōbōgenzō Zazengi, le Shōbōgenzō Zazenshin et dans le Zazen Yojinki de Keizan. Il est également utilisé dans plusieurs ouvrages de Taisen Deshimaru.

Penser sans penser, depuis l’inconscient

D'après l'enseignement de Dōgen « Pendant zazen, automatiquement, naturellement, inconsciemment, nous suivons l’ordre cosmique. Penser sans penser, hishiryō, au-delà de la pensée. Aller de pensée en pensée entraîne la névrose, de non-pensée en non-pensée la somnolence. Si l’on se concentre sur la posture on oublie de penser et l’inconscient se manifeste. On va de pensée en non-pensée, puis de non-pensée en pensée. Courir ou s’échapper de quoi que ce soit n’est pas bon. L’état naturel, originel correspond à hishiryō. […] Cette conscience originelle, hishiryō, est la pensée du cosmos en harmonie avec le mouvement de l’univers ; et la pensée du cosmos signifie l’intuition de la profonde sagesse spirituelle. Hishiryo n’est pas une condition spéciale de l’esprit, un état particulier, c’est simplement l’état naturel, la pensée originelle qui ne repousse rien et inclut toute chose. »[5]

D'après l'enseignement de Deshimaru, « C'est l'art essentiel de zazen. Hishiryō jaillit de la posture juste et de l'expiration profonde. On ne pense pas mais l'inconscient s'élève. On pense inconsciemment à partir du thalamus, du cerveau profond. De cette manière, notre conscience s'approfondit, s'élargit et s'étend à tout le cosmos, ici et maintenant. Ainsi, notre esprit parvient à la tranquillité parfaite et les neurones de notre cerveau acquièrent la même vibration que celle de l'univers. »[6]

Références

  1. Rev. Tairyu Tsunoda, « Hishiryo », Université de Komazawa.
  2. Taisen Deshimaru, L'Anneau de la Voie Zen, Editions du Relié, 2006, p. 32.
  3. Dōgen, Fukanzazengi (extrait en ligne).
  4. Marc Senzier, Souffle du Budō (lire en ligne)
  5. Le Trésor du Zen : Textes de Maître Dōgen commentés par Taisen Deshimaru, Albin Michel, 2004, p. 60 (lire en ligne).
  6. Evelyn de Smedt, La Lumière du Satori : commentaires du Komyo zo zanmai selon l'enseignement de Taisen Deshimaru, Albin Michel, 1999, p. 63-65 (lire en ligne).

Articles connexes

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