Hippolyte Bouchard

Hippolyte Bouchard, né André-Paul Bouchard[1], le à Bormes (alors dans le Comté de Provence) et assassiné le près de Nazca au Pérou, est un corsaire franco-argentin, héros de la guerre d’indépendance de l’Argentine.

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Il a fait le tour du monde avec la frégate La Argentina coursant les intérêts coloniaux espagnols et a également signé le premier accord international argentin (avec le Roi de Hawaï, Kamehameha I), libéré des esclaves à Madagascar, contribué à initier la guerre d'indépendance en Amérique centrale où fut ainsi adopté le drapeau sur le modèle argentin (encore en usage dans certaines républiques actuelle de la région), attaqué les intérêts coloniaux en Californie et libéré par une attaque terrestre l'amiral William Brown, fondateur de la marine argentine.

Biographie

Pendant sa jeunesse, il vit à Saint-Tropez où son père tient une auberge. Son père, également fabricant de bouchons, meurt alors que le jeune Hyppolyte est seulement âgé de 13 ans. Il apprend les métiers de la mer, faisant de la petite pêche côtière et la pêche aux thons, à la madrague de La Nartelle, dans le golfe de Grimaud. Puis les aléas de la vie le forcent à prendre du service dans la marine.

En 1798 il entre au service de la marine française et participe à la campagne d'Égypte et à l'expédition de Saint-Domingue sous les ordres de Charles Victoire Emmanuel Leclerc. Échappé comme par miracle à ce désastre, et déçu des tournures de la Révolution française, il passe aux États-Unis où il se livre d'abord à des opérations commerciales. Puis il visite divers États de l'Amérique. Libéral et antimonarchique, il s'oriente rapidement vers la cause de l'indépendance argentine. Il se trouve à Buenos Aires le et est de ceux qui contribuent le plus à la Révolution de Mai. Les preuves de capacités qu'il avait données lui font déférer le commandement de l'escadrille de cette république. Il est le deuxième commandant de la toute neuve première flotte nationale argentine, dirigée par Juan Bautista Azopardo.

Durant la guerre d'indépendance argentine, ses faits de guerre les plus notables furent sa participation à la bataille de San Lorenzo (au cours de laquelle il s'empara de l'étendard ennemi), la campagne vers les Philippines (durant laquelle il attaqua des vaisseaux négriers à Madagascar), la signature d'accords avec le roi Kamehameha I de Hawaï, les raids contre la Californie et en Amérique centrale (où les couleurs du drapeau argentin, adoptées par les Provinces-Unies d'Amérique centrale, se retrouvent encore dans les drapeaux des États actuels d'Amérique centrale), son retour en Amérique, puis sa participation à la guerre de libération du Pérou.

Tour à tour marin et cavalier, il déploie dans ses campagnes de terre et de mer la plus haute capacité. En 1829, époque de son dernier commandement, l'amiral Bouchard s'empare de la place et de la citadelle de Guayaquil. Il meurt au Pérou, près de Nazca, le , assassiné par l'un de ses esclaves.

Débuts militaires

D'après le matricule des marins de Saint-Tropez, (4P59 N°148/587 et 4P60 N° 80/318), André-Paul Bouchard est inscrit le 5 fructidor an VII de la République, 5e complémentaire, levé pour l'école des apprentis canonniers. Il commence sa carrière de canonnier sur le vaisseau Généreux qui est capturé par les Anglais en tentant de forcer le blocus de Malte. D'après son rôle d'équipage (2E663), son nouveau bateau, la Badine, quitte Toulon le 19 nivôse an X. Il est au Cap (Saint Domingue) du 28 pluviôse au 14 ventôse. Puis à Cherbourg, du 23 au 29 germinal ; ensuite à Brest, le 14 floréal. Il n'existe pas de rôles postérieurs à celui de la Badine, cela semble marquer la fin de sa carrière dans la marine française. Son véritable prénom d'acte de baptême, André-Paul, a dû être changé à cette époque. Hippolyte-Vincent était le prénom de son jeune frère, né à Saint-Tropez le 10 germinal, an IV, de la République française. Le il combat pour la première fois sous le drapeau argentin en battant le capitaine espagnol Jacinto de Romarate à San Nicolás de los Arroyos, et en juillet et en août de cette même année, il joue un rôle majeur dans la défense de la ville de Buenos Aires qui subit un blocus espagnol. En , Bouchard rejoint le régiment de grenadiers à cheval dirigé par José de San Martín et prend part à la bataille de San Lorenzo, en 1813, où il s'empare d'un drapeau espagnol. Le nouveau gouvernement lui accorde la citoyenneté argentine. Quelques mois plus tard, il épouse Norberta Merlo avec qui il aura deux filles.

Campagne avec Guillermo Brown

Fin 1815, l'amiral Guillermo Brown commande une expédition contre la forteresse de Callao (Pérou) et la ville de Guayaquil (Équateur). Bouchard qui a obtenu, le 12 septembre, une lettre de course commande l' Halcón, corvette française, achetée par l'État argentin. À l'exception de l'Anglais Robert Jones, qui commande en second, et du Chilien Ramón Freire, futur président du Chili, tous les officiers sont français.

Avant de lever l'ancre un conflit éclate entre Bouchard et ses supérieurs lorsque l'agent d'expédition, Severino Prudant, promeut plusieurs marins.

La flotte se compose de la frégate Hercules commandée par Guillermo Brown, la Santísima Trinidad commandé par le frère de l'antérieur, Miguel Brown, la goélette Constitution commandée par Oliverio Russell, et l' Halcón. L' Hercules et la Santísima Trinidad quittent Montevideo le 24 octobre, suivis des deux autres navires cinq jours plus tard. Les navires ont rendez-vous à l'île Mocha. Les frères Brown y parviennent le 28 décembre et sont rejoints le lendemain par l' Halcón.

Le 31, la Constitution n'est toujours pas arrivée. Son propre navire ayant eu à subir quatorze jours de mauvais temps durant le passage du Cap Horn, Bouchard pense qu'elle a coulé. Les trois commandants se mettent d'accord sur le partage des prises. En tant que commandant en chef, Brown recevra deux parts, une part et demi reviendra à la Santísima Trinidad et à l'Halcón. Alors que ces deux navires mettent le cap sur la côte péruvienne, l' Hercules se dirige sur l'Archipel Juan Fernández où un certain nombre de patriotes sont détenus.

Le , premier anniversaire de l'Indépendance d'Argentine. Bouchard quitte Buenos Aires comme Commandant de La Argentina, frégate sur laquelle il fera une campagne corsaire autour du monde.

Commandant de la marine du Pérou pendant la Guerre de Colombie, il prend sa retraite à Nazca, au Pérou, où il construit un grand moulin à sucre. Il mourut assassiné par un de ses employés le . (ou 1837 ?)

Quelques faits connus

  • Fort de son expérience maritime, il a pour projet de libérer Napoléon, exilé après son abdication, à Sainte-Hélène.
  • En 1817, il attaque des bateaux négriers au large de Madagascar.
  • Il recrute Sir Peter Corney, qui vient d'échapper à une mutinerie, et le place à la tête du Santa Rosa.
  • Il navigue vers les îles Sandwich (aujourd'hui l'archipel d'Hawaï). Le , il arrive à Kealakekua Bay et établit le blocus de la flotte espagnole. Le futur roi Kamehameha III devient son ami et l'aide à recruter de nouveaux membres d'équipage, pour remplacer les victimes du scorbut.
  • Le , Hippolyte de Bouchard attaque le Presidio de Monterrey, le fort qui défend le port de Monterey (Californie).
  • De nombreux lieux publics (places, rues, avenues, écoles) portent le nom de Hippolyte Bouchard en Argentine, ainsi qu'une ville.
  • Quatre bateaux de la marine sud-américaine ont porté le nom de cet illustre Borméen, le dernier étant le patrouilleur L'Adroit racheté par l'Argentine en 2018.
  • Il est le seul marin de l'Indépendance d'Argentine inhumé au Panthéon Naval de Buenos Aires.

Notes et références

  1. Pour une raison inconnue, il prend, à un certain moment de sa vie, le prénom usuel d'Hippolyte

Voir aussi

Bibliographie

  • Rossi, Belgrano Alejandro y Mariana (2016). Nuevos Documentos sobre el Crucero de La Argentina a través del Mundo. Tome I, Buenos Aires, Argentine. (ISBN 978-987-42-0631-2))
  • Rossi Belgrano Alejandro y Mariana (2017). Nuevos Documentos sobre el Crucero de La Argentina a través del Archipiélago Hawaiano. Tome II, Buenos Aires, Argentine. ( (ISBN 978-987-42-3709-5))
  • De Marco, Miguel Ángel (2002). Corsarios Argentinos. Buenos Aires, Argentina. (ISBN 950-49-0944-2).
  • (es) Miguel Ángel de Marco, Bouchard : "halcón de los mares" : corsario de la libertad, Ciudad Autónoma de Buenos Aires, Emecé, (ISBN 978-950-04-3938-1, SUDOC 242917380).
  • Cichero, Daniel E. (1999). El corsario del plata. Buenos Aires, Argentine. (ISBN 950-07-1560-0).
  • Melzer, Michael (2016). The Patriot Pirate. (ISBN 978-1-36-686692-9).
  • Departamento de Estudios Históricos Navales de la Armada Argentina (1987). Historia marítima argentina : Tome V. Buenos Aires, Argentine. (ISBN 950-9257-05-2).
  • Bartolomé Mitre (1909). Páginas de Historia. Buenos Aires : La Nación.
  • Jones, Roger W. (1997). California from the Conquistadores to the Legends of Laguna. Rockledge Enterprises, Laguna Hills, CA.
  • Yenne, Bill (2004). The Missions of California. Advantage Publishers Group, San Diego, CA. (ISBN 1-59223-319-8).

Liens externes

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