Hervé Koubi

Hervé Koubi est un danseur et chorégraphe français.

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Biographie

Docteur en Pharmacie / Pharmacien biologiste Hervé Koubi a mené de front sa carrière de danseur - chorégraphe et d’étudiant à la Faculté d’Aix Marseille.

« De Cannes, il y a la mémoire d’une enfance modeste, dans un quartier populaire loin de la Croisette et de ses fastes, dans l’appartement où il partage d’abord sa vie avec sa mère, musulmane, son père, juif, et ses soeurs. Une simplicité qu’il n’a pas quittée, qui ne l’a pas quitté.

Ni dans ses ballets, accessibles à tous, selon un désir de compréhension de ceux-ci à différents degrés de lecture, ni dans son discours, fluide, clair, et par là transparent.

En termes de création et de conversations, il veut que le partage advienne. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Hervé est exigeant. Avant, pendant et après chaque représentation, continuer à offrir son « artisanat », concept qu’il préfère à celui d’art, au plus grand nombre possible de personnes, dont il ne néglige aucune – voilà l’enjeu d’Hervé.

Je l’ai vu tant de fois donner de son temps après une représentation autant à des spectateurs anonymes et bien loin du monde professionnel qu’à des programmateurs et des critiques de danse. Aucune attente de retour sur investissement dans son attitude. Nulle volonté de recevoir des honneurs. Seul le puissant désir de pouvoir poursuivre son chemin en compagnie de son équipe compte pour lui. Autrement dit, de partager auprès d’eux l’amour du travail bien fait avec le public.

Et, en tant que maître de ballet digne de ce nom, Hervé mouille sa chemise. Je suis toujours fascinée de l’observer alternant les directions orales depuis son tabouret, face aux danseurs, avec un intempestif lever, marquant les pas vigoureusement, montrant avec son corps, ce qu’il attend d’eux. Il a été danseur et veut mettre ce fait à profit pour aider son équipe. C’est pourquoi, infatigable, et si loin du bavardage, les répétitions de la compagnie sont un « refaire », un « défaire », un « faire » ensemble, où Hervé donne inlassablement de sa chair autant que de sa voix. Cette force de travail, toujours, pour se perfectionner ensemble.

Soucieux des autres, tel est le coup de stylo le plus essentiel qui signe son portrait. À commencer par cet autrui inconnu qu’est le public. Hervé veut le rendre plus conscient du monde dans lequel il vit, le rendre moins naïf et lui procurer dans le même mouvement émotions esthétiques puissantes qui le rendront plus fort. Que ce soit au Bolchoï ou à Sarcelles, à San Diego ou à Brive la Gaillarde. Chacun des spectateurs compte au même titre pour Hervé, qu’il soit diffuseur, journaliste, directeur de théâtre ou boulanger.

Quant à ces émotions esthétiques, qu’importe, in fine, qu’elles soient de l’ordre de l’appropriation des danses de rue, dans une visée technique de construction originale de ballets blancs, ou, plus directement en rapport à ceux-ci, versions modernes des pièces du répertoire classique.

C’est que le fait est là. Depuis les débuts de son parcours, Hervé Koubi est adepte des grands écarts, qui ne correspondent point, et même jamais, à l’air du temps auquel il cèderait par opportunisme, mais à une intimité traversée au fil du temps, le sien, par les motifs de différents pendants de la danse.

En effet, quoi de commun entre son premier opus, le solo Le Horla, en 1994, Ce que le jour doit à la nuit en 2013, Les nuits barbares ou les premiers matins du monde en 2015 toutes deux pièces pour 14 danseurs et le projet Hippocampe(s), actuellement en cours, pour trois adultes et deux enfants qui dansent ? Rien, à moins que… À moins que l’on observe dans l’évolution artistique du travail d’Hervé un puissant désir de communiquer à autrui les émotions qui le traversent, de façon non calculée, mais au hasard des rencontres. Et ces rencontres tissent la trame de son œuvre.

Ce qui l’intéresse, c’est ce qui rassemble, et une danse qui rassemble nécessite d’avoir du monde sur le plateau.

Dans ses projets, oui, il y a du monde, oui, il y a des gens, oui, il y a de la vie. Il est fasciné par le vivant, par cette fabuleuse biologie qui nous anime, par cette chimie et cette magie qui nous font vivre, penser, agir, interagir. Il aime parler du vivant, de ce que nous sommes en tant qu’êtres humains, de nos histoires, de notre Histoire, de ce qui nous rapproche de l’animal dans nos instincts, de ce qui nous en éloigne dans ce qu’il peut y avoir de bon et de moins bon.

Ces rencontres il les provoque.  Que ce soit avec des musiciens - auteurs issus des pratiques dites traditionnelles, les musiciennes Natacha Atlas et Laetitia Sheriff, les compositeurs Mikael Karlsson et Maxime Bodson - , avec des auteurs – Yasmina Khadra et Chantal Thomas,  pour les textes des Suprêmes, en 2008, et Boys don’t cry en 2018 - , avec des photographes, vidéastes, réalisateurs ou plasticiens– Nathalie Sternalski, Laetitia Carton (réalisatrice du Grand Bal nominé aux césars et au Festival du film de Cannes), Xavier Hennicaux, Yazid Oulad, Pierre Magnol, Max Vadukul pour Yohji Yamamoto - mais aussi et surtout les gens.

Aussi, bals flashs, bals méditerranéens, invitations à danser ou projets en direction des amateurs, depuis L’Album Auvergnat, en 2003, Les Pépinières, en 2007, jusqu’à la résidence africaine en Côte d’Ivoire avec des danseurs des quartiers pauvres de Yopougon près d’Abidjan donnant lieu à Un rendez-vous en Afrique, en 2009. Sans parler du cycle esthétique inauguré en 2010 avec El Din, rencontre par excellence avec ses frères retrouvés, de l’autre côté de la Méditerranée… Et l’on verra que ce cycle, né de La rencontre, devient le fait d’une danse qui aujourd’hui va jusqu’à transformer le hip-hop des autres, en le frottant tantôt au romantisme tantôt aux concepts chorégraphiques de ce poète, altruiste, s’il en est.

Car Hervé, vous l’aurez compris, ce jardinier de ballets chargés de sens historique et culturel, bien plutôt que « spectaculaires », a à cœur de transformer le regard de tous, mais à partir du partage avec ces êtres rencontrés, aimés. »

Bérengère ALFORT

Docteure en philosophie, journaliste, critique de danse et conseillère artistique.

Hervé KOUBI est docteur en pharmacie.

Hervé KOUBI a été décoré en juillet 2015 de l’ordre de Chevalier des Arts et des Lettres par Brigitte Lefèvre.

Notes et références

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