Hercule Florence

Antoine Hercule Romuald Florence, né le [1] à Nice (département des Alpes-Maritimes sous la 1re République) et mort le à Campinas au Brésil, est un peintre naturaliste et un inventeur monégasco-brésilien, connu comme pionnier de la photographie au Brésil.

Biographie

Fils d'un soldat de l'an II, chirurgien-major du 3e bataillon de volontaires de Haute-Garonne, Arnaud Florence, et d'une monégasque, Augustine Vignalis, il naît à Nice et passe son enfance principalement à Monaco[2].

Il est le neveu de Jean-Baptiste Vignali et le petit-fils de Claude Vignali, deux peintres monégasques, le second ayant été premier peintre de la cour du Prince[3].
A vingt ans, il s'embarque à Toulon sur la frégate la Marie Thérèse en partance pour un tour du monde[4].
Il débarque à Rio de Janeiro, deux ans après l'indépendance du Brésil. Il travaille dans le magasin d'un marchand de tissus puis dans une librairie tenue par le Français, Pierre Plancher. Répondant à une annonce du baron von Langsdorff, consul général de Russie au Brésil et naturaliste, qui organise grâce aux subsides du tsar Alexandre Ier, une expédition d'une ampleur encyclopédique dans l'intérieur du Brésil depuis la Province de São Paulo jusqu'à l'embouchure de l'Amazone, Florence est recruté en tant que dessinateur et responsable de l'organisation. Le Baron Langsdorff avait perdu son premier dessinateur Johan Rugendas, qui avait participé à la première partie de l'expédition de 1821 à 1825. Il engagea Aimé-Adrien Taunay et Hercule Florence pour le remplacer. Les accompagnaient également le botaniste allemand Riedel et l'astronome russe Rubzoff, ainsi que plusieurs équipages de marins et de guides locaux.

Les illustrations de Florence, les documents et les échantillons rapportés par l'expédition qui dura presque trois ans (de 1826 à 1829), dans des conditions épouvantables, seront oubliés durant plus d'un siècle à l'Académie impériale de Russie de Saint-Pétersbourg et redécouvertes en 1930. Il est l'auteur du seul journal de bord complet de l'expédition, les autres membres étant tombés malades. Aimé-Adrien Taunay, premier dessinateur de l'expédition, s'est noyé au cours de l'expédition.

En 1829, Hercule Florence, espérant encore un engagement en Russie, reste à Rio de Janeiro, où il suit les leçons de peinture de Félix-Émile Taunay.

En 1830, il se marie avec Maria Angélica, fille de Francisco Alvares Machado e Vasconcellos, futur gouverneur du Rio Grande do Sul, et s'installe à São Carlos, qui deviendra Campinas.

Carrière d'inventeur

Après son mariage, il entame involontairement une carrière d'inventeur à São Carlos ; il conçoit un système de représentation des chants des animaux (oiseaux, mammifères) (la zoophonie)[5], puis invente une technique d'impression de tissus [références manquantes]. Il met au point une technique de représentation visuelle sur des feuilles de papier percées de minuscules trous afin de créer un peu de reflets et de lumière. Les originaux doivent être placés devant une ouverture exposée à la lumière du soleil, à l’intérieur d’une pièce obscure (il l'appelle "la peinture cisparente"). Il poursuit alors dans cette voie, d'images projetées dans une chambre obscure. Il tente des expériences avec du nitrate d'argent dont il a entendu parler et qu'il déclarera plus tard avoir décrit dans son journal à la date du . De même il ajoutera comment cinq jours plus tard, il y fait le compte-rendu de sa première expérience avec la chambre obscure[6]. On a affirmé qu'il aurait continué ses expériences, par exemple en utilisant des sels d'or[7], mais abandonnant bientôt ce moyen d'impression estimé trop onéreux (?).

Dans le même temps, en Europe, alors le centre intellectuel et scientifique du monde, s'inventait la photographie. Hercule Florence, à part au Brésil [réf. souhaitée], ne sera jamais crédité de cette invention.

Autres inventions

Hercule Florence invente un autre moyen d'impression qui ne nécessite pas de presse, appelé Polygraphie, dès 1831. Cette invention sera ensuite exploitée pour proposer un système de papier-inimitable qui, selon lui, éteindrait le délit de fausse monnaie. Plus tard, il inventera encore un système d'impression par la poussière projetée sur des pochoirs, et qu'il appellera pulvographie. Il invente encore d'autres choses, telles qu'un moyen de créer un effet de relief sur les peintures, qu'il appelle stéréopeinture, mais des amis lui apprennent que cela existe déjà sous le nom de stéréoscope[8]. Il invente encore, pèle-mêle, un moyen d'alléger le travail pénible de la récolte du café, une méthode pour fabriquer des chapeaux (il tenait un magasin de tissus et de chapeaux), une noria hydrostatique qui n'a sans doute jamais été réalisée[9].

Une image de plusieurs étiquettes de flacons de pharmacie réputée réalisée par Hercule Florence à Campinas, au Brésil en 1833 portant la mention autographe Épreuve No 2 (photographie) a pu être décrite comme “le plus ancien registre photographique connu dans les Amériques, ayant pour base la sensibilité des sels d’argent à la lumière”, sans convaincre toutefois la communauté scientifique. Cette épreuve unique est aujourd’hui conservée à l’Institut Moreira Salles (IMS) à São Paulo et faisait partie de la collection de photographie brésilienne du XIXe siècle formée par Pedro Corrêa do Lago et acquise par l’IMS en 2002[10].

Une vie mouvementée

Hercule Florence, qui était animé d'idées progressistes (bien que catholique fervent), critiquait sourdement le système esclavagiste en vigueur au Brésil. Mais sa belle-famille, les parents de sa femme, possédaient une plantation sur laquelle travaillaient de nombreux esclaves. Or, après le décès de ses beaux-parents et de sa première épouse, Hercule Florence, dut prendre en charge cette plantation pour le compte de ses enfants, héritiers de leur grand-mère. Il devenait dès lors gérant d'une plantation et d'un groupe d'esclaves.

Un peu avant, il avait participé à la tentative de révolte libérale de 1842, dans la province de São Paulo. A cette occasion, il avait imprimé le premier journal de la Province "O Paulista".

Maria Angelica, avant de mourir en 1850, avait eu 13 enfants, dont 8 lui survivaient. Hercule se remaria en 1854 avec Carolina Krug, une émigrante allemande, née à Cassel. Ils eurent encore 7 enfants.

Carolina Krug, esprit libre, francophile et progressiste, était aussi enseignante. Ensemble, ils fondèrent le Colegio Florence, destiné aux jeunes filles de la Province de São Paulo. Il était bien sûr réservé aux familles capables de payer les droits d'inscription, mais c'était le premier collège pour jeune fille de la région.

Impopulaire auprès des autres planteurs, pour ses méthodes peu orthodoxes, et n'étant pas parvenu à se faire connaitre en Europe par ses inventions, Hercule Florence échappa à l'oubli par une voie inattendue : le fils de son ami Félix-Émile Taunay, Alfredo d'Escragnolle Taunay, traduisit en portugais son journal de l'expédition Langsdorff et le fit publier par la Revue de l'Institut Historique du Brésil en 1875. Hercule Florence eut ainsi la dernière joie d'être nommé à l'Académie des sciences à Rio avant de mourir en 1879.

Notes et références

  1. Thomas Fouilleron, Quitter son pays. Monaco en 1823, in Marie-Claire Beaud et al., Hercule Florence. Le Nouveau Robinson, NMNM, 2017, p. 170.
  2. Thierry THOMAS, « Ascendance et jeunesse monégasque d'un curieux du XIXe Siècle. Hercule Florence (1804-1879) », Annales Monégasques, , p. 121-171 (ISBN 9782903147457)
  3. Thomas Fouilleron, « Mécénat princier et affirmation politique au temps des Lumières. Honoré III et le peintre monégasque Jean-Baptiste Vignali », Annales monégasques, no 33, , p. 61-98 (lire en ligne)
  4. Thomas Fouilleron, Quitter son pays. Monaco en 1823, in Marie-Claire Beaud, Hercule Florence. Le Nouveau Robinson, NMNM, Monaco, 2017, p. 168-197.
  5. Luis Felipe Toledo et Carlos Barros de Araujo, « Zoophonie: les origines de la bioacoustique », Hercule Florence. Le Nouveau Robinson, NMNM, , p. 264-287
  6. Boris Kossoy (trad. du portugais), Hercule Florence. La découverte isolée de la photographie au Brésil, Paris, L'Harmattan, , 295 pages p. (ISBN 978-2-343-10359-4, lire en ligne), p. 133-200
  7. Thierry Thomas et Francis Melvin Lee, « L'Ami des arts et la "Photographie dorée" », Hercule Florence. Le Nouveau Robinson, NMNM, , p. 120-129
  8. Lettre à mon ami le major [Charles] Taunay, 26 janvier 1864, in L'Inventeur au Brésil. Correspondances et pièces scientifiques, manuscrit inédit, collection Institut Hercule Florence, édition diplomatique Thierry Thomas, p. 69-70.
  9. Hercule Florence, L’Ami des arts livré à lui-même ou Recherches et découvertes Sur différents sujets nouveaux Par Hercule Florence. Sam Carlos, Province de St. Paul, le 11 Août, 1837, Sao Paulo, IHF, , 416 p., passim
  10. "Hercule Florence – Apresentação". Instituto Moreira Salles. Mis en ligne le 14 avril 2019 (en portugais).

Voir aussi

Bibliographie

  • Les trois vies d'Hercule Florence, William Luret, éditions Jean-Claude Lattès 2001
  • Actes du colloque Hercule Florence (animation : Patrick Roegiers), Théâtre de la photographie et de l'image, Nice, .
  • "De Monaco au Brésil : Hercule Florence, voyageur et inventeur oublié", William Luret, Annales monégasques 2006 no 30 (Revue d'histoire de Monaco).
  • Hercule Florence. La découverte isolée de la photographie au Brésil, Boris Kossoy, trad. par Jean Briant et Thierry Thomas, éditions L'Harmattan, 2017.
  • Hercule Florence. Le Nouveau Robinson, Marie-Claire Beaud et al., éditions du Nouveau Musée National de Monaco, 2017.
  • L'ami des arts livré à lui-même ou Recherches et découvertes sur différents sujets nouveaux, Hercule Florence, manuscrits édités par Thierry Thomas, São Paulo, Institut Hercule Florence, 2017, 424 pages numérotées par l'auteur, publié en deux volumes et accompagné de commentaires d'édition par Dirceu Franco Ferreira et Thierry Thomas.
  • Ascendance et jeunesse monégasque d'un curieux du XIXe Siècle. Hercule Florence (1804-1879), Thierry Thomas, Annales monégasques, 2017, n° 41 (Revue d'histoire de Monaco), p. 121-171.
  • Hercule Florence sur le site du Théâtre de Photographie et de l'Image de Nice

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