Henri Bellieni

Henri Bellieni est un ingénieur en optique et photographe français, né le à Metz (Moselle) et mort le à Nancy.

Il est l’inventeur, en 1895, des jumelles Bellieni, un appareil de prise de vues stéréoscopiques.

Biographie

Jumelles stéréoscopiques au format deux fois 8 × 9 cm. Coll. Antiq-Photo.

Henri Bellieni naît dans une famille d’origine italienne le 3 octobre 1857 à Metz[2]. Son grand-père André-François Belliéni (1789-1843), est arrivé de Lombardie où il avait suivi une formation d’opticien, fonde En Fournirue à Metz en 1812, à l’enseigne « Schiavetti-Bellieni », un magasin de détail où l’on vend toute sorte d’instruments d’optique. Son père, Charles Gimel Bellieni (1820-1880), fils adoptif d’André-François, prend la succession en 1850.

Grâce au voisinage de l’École d'application de l'artillerie et du génie, Charles Gimel Bellieni développe de nombreux projets en collaboration avec le colonel Charles-Moÿse Goulier[N 1] professeur de géodésie et de topographie dans cette école[3]. Après la guerre de Crimée, il devient le fournisseur officiel de l’Armée française en instruments de précision, goniomètres, boussoles nivelantes, alidades, longues-vues et jumelles de toutes sortes[4].

Henri Bellieni est l’aîné d’une famille de six enfants dont il est l’unique garçon. Très jeune, son père l’initie aux techniques de précision dans l’atelier familial[4].

Sa famille opte pour la nationalité française au lendemain du Traité de Francfort, et s’installe en 1871 à Nancy qui devient la grande ville française de l’Est face à l’Allemagne, et bénéficie de ce fait d’un développement et d’un rayonnement spectaculaires[4]. L’atelier et le magasin de vente sont installés place de l’Académie, devenue place Carnot à Nancy[5].

Après des études en optique à Paris, Henri reprend l’entreprise familiale à la mort de son père en 1880. Il a vingt-quatre ans.

En 1889, il se spécialise dans la fabrication d’appareils photographiques. Il invente des dizaines d’appareils dont les jumelles Bellieni un appareil à double lentille et à exposition simultanée qui permet de prendre une centaine de vues en stéréoscopie[6].

Victor Prouvé, affiche publicitaire pour les jumelles Bellieni (1903).

Ces inventions, qui obtiennent de nombreuses récompenses dont une médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris de 1889 puis à celle de 1900, vont permettre l’accélération du développement de la carte postale illustrée photographique naissante, dont il est un artisan majeur avec Albert Bergeret.

Onze mille jumelles « universelles » sont vendues en quinze ans[4], ainsi que des appareils photographiques extra-plats et divers accessoires[4].

En 1889, la Maison Bellieni fournit l’administration forestière, la Compagnie des chemins de fer de l'Est et la faculté de Nancy[7]. En 1889, la Maison Bellieni fournit l’administration forestière, la Compagnie des chemins de fer de l'Est et la faculté de Nancy[7].

À côté de son travail d’inventeur, Bellieni est un artiste de la photographie qui restitue dans ses images une Lorraine entre monde rural et vie urbaine[4].

Henri Bellieni devient en 1893 membre de la Société française de photographie et second administrateur en 1903[8], il est aussi membre fondateur et membre du conseil d’administration de la Société lorraine de photographie de 1894 à 1914[2].

Publiciste, éditeur de cartes postales[N 2], il anime un atelier mensuel où ont été formés quelques-uns des grands photographes lorrains de la première moitié du XXe comme Julien Gérardin et Jean Scherbeck, dont il sera le témoin de mariage en 1923[4].

Il emploie Léopold Poiré à partir de 1900[8] pour développer et retoucher les photographies. Poiré réalise aussi des portraits, et se voit confier les tests des appareils inventés par Bellieni[9] en effectuant, jusqu’à la Première Guerre mondiale, de nombreux reportages d’actualité en Lorraine[10].

Ami intime du peintre et sculpteur Victor Prouvé, qui concevra un habillage en cuir repoussé pour ses jumelles[2], il collabore avec l’École de Nancy. Il réalise un important reportage photographique à l’Exposition internationale de l'Est de la France de 1909 à Nancy.

Il participe à de nombreuses expositions internationales, Paris (1900), Saint-Louis (1904), Liège (1905), Milan (1906), Londres (1908). À Nancy, il est président de la Chambre de commerce[2], juge puis président du Tribunal de commerce de 1924 à 1930[11], ainsi que vice-président de la Ligue aérienne de l’est.

Marié en 1882 à Marie Pagès (1860-1955), il aura deux enfants, Jeanne (1884-1907) et Charles, né en 1888[2], qui trouvera la mort au cours de la Première Guerre mondiale le 20 août 1914[4].

Henri Bellieni prend sa retraite en 1924[7]. Il meurt le à Nancy, à l’âge de 80 ans. Il est inhumé au cimetière de Préville[2].

Distinctions

Publications

De Paris en Italie par le chemin de fer de l'Est et le Saint-Gothard, 1898
  • Les Fêtes de Nancy, juin 1892 : Souvenir de la visite de M. Carnot, Paris et Nancy, Berger-Levrault, (notice BnF no FRBNF40365056).
  • Instruction pratique pour l’emploi de la jumelle photographique Bellieni munie d’un objectif Zeiss, série 1.8, foyer 110 millimètre, Nancy, Berger-Levrault, (notice BnF no FRBNF30080617).
  • Jumelles H. Bellieni, Nancy : Instructions, Nancy, Albert Bergeret, (lire en ligne).
  • De Paris en Italie par le Chemin de fer de l'Est et le Saint-Gothard (clichés Jumelles H. Bellieni), Nancy, Albert Bergeret, (lire en ligne).
  • Nancy, album de 100 vues, (Clichés obtenus avec la jumelle Bellieni), Nancy, A. Bergeret et Cie, Imprimerie Artistique de l’Est, H. Bellieni, éditeur, sd.

Biographies

  • Christian Debize, Photographes et photographie d’art à Nancy au 19e siècle (catalogue de l'exposition, -), Nancy, Musée des beaux-arts, , 122 p. (notice BnF no FRBNF34723012), « Un Bellieni pour tous ».
  • Frédéric Herbin, Centre régional de l'image, Lorraine 1900 : Photographies d'Henri Bellieni, Nancy, Éditions Place Stanislas, , 187 p. (ISBN 978-2-35578-032-5).
  • Étienne Gérard, Henri Bellieni : histoire d’un industriel lorrain, Écully, Club Niépce Lumière, coll. « Bulletin du Club Niépce Lumière » (no 7 hors-série), , 96 p. (ISBN 978-2-9531991-5-4).

Notes et références

Notes

  1. Charles Moyse Goulier (1818-1891), polytechnicien, officier du service géographique des armées puis professeur de géodésie et de topographie à l’École d’application de l’artillerie et du génie à Metz, il est l’inventeur de nombreux appareils : équerre à prisme, tachéomètre, télémètre, niveau à collimateur, etc.
  2. Les cartes postales sont estampillées « Collection SHO Jumelles Bellieni », « Épreuve obtenue avec Jumelle Bellieni et Plaque de la Maison Lumière », « Clichés de Jumelle H. Bellieni, Nancy. Phototypie A. Bergeret et Cie Nancy ».

Références

  1. https://kiosque.limedia.fr/ark:/31124/d03ftp3gzkrzl9xz/
  2. Brigitte Caquelin, « Charles Henri GIMEL BELLIENI », sur Geneanet (consulté le ).
  3. Daniel David, « Le colonel Goulier et la topographie des fortifications », Revue historique des armées, no 268, , p. 99–109 (lire en ligne).
  4. Herbin 2009.
  5. Fiche documentaire Henri Bellieni, 1857-1938, image-est.fr, consulté le 27 juin 2020.
  6. Bellieni 1895.
  7. Gérard 2011.
  8. « Bellieni Henri », Comité des travaux historiques et scientifiques (consulté le ).
  9. « Fond Wilotte », sur FranceArchives (consulté le ).
  10. Michel Caffier, La deuxième vie de Léopold Poiré : Photographe, Metz 1879 - Nancy 1917, Sarreguemines, Pierron, , 197 p. (ISBN 2-7085-0269-7).
  11. Jean Pignolet, La Juridiction consulaire en Lorraine et le tribunal de commerce de Nancy, Nancy, Société d'impressions typographiques, , 107 p., p. 106.

Liens externes

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