Heimat

Heimat ([ˈhaɪ̯maːt] ) est un mot allemand qu’il est impossible de traduire par un seul mot français, bien qu'il corresponde à un sentiment universellement répandu[1]. Il désigne à la fois le pays où l'on naît, le village où l'on a grandi, mais aussi la maison où on a passé son enfance ou celle où on est chez soi. Ainsi quand on est loin de chez soi, on a le mal du pays, le « Heimweh » ([ˈhaɪ̯mˌveː] ), à l'origine le mal des mercenaires suisses qui inspira en 1688 au jeune Alsacien Johannes Hofer le concept de nostalgie dans la thèse secondaire qu'il soutint à l'université de Bâle[2]. Il y eut une époque où la langue allemande opposait « Heimat » à « Elend », la misère. Ce dernier mot vient de l’ancien allemand « ali-lenti » qui signifie littéralement « l’autre pays » ou l’étranger. Vivre « à l’étranger » était donc synonyme de vivre « dans la misère », ce qui définit par extension « Heimat » comme un équivalent du bonheur[3].

Pour les articles homonymes, voir Heimat (homonymie).

Jusqu'au XVIIe siècle, pour les chrétiens, la misère était même synonyme de l’ici-bas : la « Heimat » était alors l’au-delà, le Paradis. Une personne décédée était donc libérée de cette « misère » et allait « chez elle », « daheim ». Le mot « Heimat » est donc à la fois de l’ordre du sentiment, de la foi religieuse, du souvenirs d’enfance, d'un horizon familier ou d'une atmosphère bien précise. Dans la maxime latine ubi bene, ibi patria (là où on est bien, on est chez soi), « patria » signifie en quelque sorte la mère patrie, donc à la fois le pays des pères et la terre maternelle. Depuis, la « Patrie », en allemand « Vaterland » est devenu un concept politique : elle a des frontières, un drapeau, une capitale et un gouvernement, tandis que la « Heimat » n’a pas de drapeau. C’est, selon Waltraud Legros, « le pays que chacun porte à l’intérieur de soi ».

Depuis le XIXe siècle, nombre de musées locaux (ou municipaux) sont appelés Heimatmuseum (de).

Le terme connaît actuellement (depuis les années 1970) un regain de popularité en Allemagne, en tant qu'il désigne ce qui relève de l'authenticité, de la culture régionale (aussi nationale)[4].

Notes et références

  1. Préface de François Genton dans Heimat  : la petite patrie dans les pays de langue allemande. 40e Congrès de l’Association des germanistes de l’Enseignement supérieur, 24-26 mai 2007, (éd. avec M. Béghin / U. Bernard / S. Bourgeois / Ch. Eggers / H.-L. Ott / G. Vassogne), Chroniques allemandes, n° 13, 2009 (592 p.), p. 11.
  2. André Bolzinger. Histoire de la nostalgie. Paris, CampagnePremière, 2007.
  3. Le mot : « Heimat » - Arte TV
  4. « Heimat » : les Allemands redécouvrent un mot qui parle des origines - CIDAL

Voir aussi

  • Portail de l’Allemagne
  • Portail de l'Autriche
  • Portail de la Suisse
  • Portail du Liechtenstein
  • Portail de l’Alsace
  • Portail de la linguistique
  • Portail des langues germaniques
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.