Han d'Islande

Han d’Islande est un roman de jeunesse de Victor Hugo, publié en 1823. La première version est parue, sans nom d'auteur, dans Le Conservateur littéraire en 1820, avant d'être considérablement remaniée, d'abord dans l'édition de février 1823 puis, avec des versions successives, jusqu'en 1833.

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Han d’Islande

Illustration de Jean-Adolphe Beaucé pour l'édition J. Hetzel (1853).

Auteur Victor Hugo
Pays France
Genre Roman
Éditeur Persan, rue de l’Arbre-Sec
Date de parution février 1823
Chronologie

Présentation

Résumé de l'œuvre

Han d’Islande se situe dans la région de Trondheim en Norvège en 1699. Ordener Guldenlew, personnage principal, jeune homme vertueux, noble et courageux, est le fils du Vice-Roi de Norvège et amoureux de Ethel, douce jeune fille de Schumaker, ancien Comte de Griffenfeld déshonoré par le Roi et enfermé à la forteresse de Munkholm.

Seuls certains papiers, enfermés dans une cassette en fer et aux mains de Han d’Islande, pourraient sauver Schumaker et sa fille. Ordener part alors à sa recherche dans le nord sauvage de la Norvège.

Pendant ce temps, Han d’Islande ravage la région, accompagné de son ours blanc, tuant férocement tous ceux qui se dressent sur son passage, poursuivant de sa haine tout membre de l’espèce humaine et en particulier les arquebusiers de Munckholm, dont l’un a tué son fils Gill Stadt qu’il a eu en violant une jeune fille Lucy Pelnych et à qui il souhaitait transmettre sa haine et sa violence.

Enfin, l'intrigue se double de personnages sombres et perfides. Le Comte d’Ahlefeld, dont la fille est promise à Ordener, complote pour écraser définitivement son ennemi Schumaker et bien se faire voir par le Roi du Danemark qui contrôlait à l’époque la Norvège. Ainsi, par l’intermédiaire de son secrétaire Musdoemon, qui se fait appeler Hacket dans sa mission, il tente de soulever les mineurs du Nord alliés aux Montagnards, au nom de Schumaker, contre la tutelle royale (sorte de servage en Norvège). L’intrigue est alors complexe : le Comte d’Ahlefeld souhaite écraser la révolte des mineurs se référant à Schumaker, pour revenir auprès du Roi en sauveur de la royauté et en accusant Schumaker d’avoir fomenté cette révolte.

Le livre relate donc l’errance de Ordener à la recherche de Han qui le précède sans cesse, la révolte des mineurs, le complot de Ahlefeld et Musdoemon et le dénouement final : la dénonciation du complot, la condamnation à mort de Musdoemon, le déshonneur de Ahlefeld, le rétablissement des titres de Schumaker, le mariage des deux jeunes gens, la mort de Han dans un incendie provoqué par lui-même…

Les thèmes abordés

Déjà dans ce livre Victor Hugo relate ses réflexions sur la peine de mort. Un de ses personnages qui ne manque pas de folklore est le bourreau de province Nychol Orugix chez qui Ordener passera la nuit lors d’un orage . Il y a quelques scènes savoureuses décrivant la vie de Nychol, paria de la société qui lui impose ces exécutions, avec sa femme et ses 3 enfants. De même Ordener croise dans ses pérégrinations un curé demandant la grâce de 12 condamnés à mort, promesse qui sera un lien tout le long du livre.

Les réflexions de Ordener, un temps lui aussi condamné à mort par un tribunal, sur la vie et la scène décrivant la panique de Musdoemon comprenant qu’il va mourir par la corde dans quelques instants annoncent un thème qui sera cher à Victor Hugo toute sa vie, soit la lutte contre la peine de mort.

Par ailleurs Victor Hugo s’intéresse aussi à la pauvreté des mineurs de Norvège, qui luttent contre la tutelle royale, sorte de servage. Ainsi dans le chapitre XVIII, le jeune mineur Norbith déclare : « je me révolte pour affranchir les mineurs de la tutelle royale; je me révolte pour que le lit de ma mère n'ait plus une couverture déchiquetée comme les côtes de notre bon pays, la Norvège ».

Plus tard, lors du procès, un Montagnard déclare :

- « J'étais le chef des montagnards.
- Qui vous a poussé au crime de rébellion ?
- Nos frères les mineurs se plaignaient de la tutelle royale, et cela était tout simple, n'est-ce pas, votre courtoisie ? Vous n'auriez qu'une hutte de boue et deux mauvaises peaux de renard, que vous ne seriez pas fâché d'en être le maître. Le gouvernement n'a pas écouté leurs prières. Alors, seigneur, ils ont songé à se révolter, et nous ont priés de les aider. Un si petit service ne se refuse pas entre frères qui récitent les mêmes oraisons et chôment les mêmes saints. Voilà tout. »

Les circonstances de la création

Ce roman de jeunesse de Victor Hugo a été écrit, dans sa première version, en , à 18 ans. Quelque temps auparavant, en avril, il retrouve Adèle Foucher dont il tombe amoureux et avec qui il correspond en secret. Malheureusement, la mère de Hugo découvre la correspondance et interdit aux jeunes gens de se voir.

À la mort en 1821 de Madame Hugo, l’auteur peut renouer avec Adèle. Mais des problèmes d’argent éloignent encore le mariage. Après de longues fiançailles, le mariage a lieu le grâce à une pension accordée par Louis XVIII. C’est dans le contexte de ces soucis financiers et sentimentaux que Victor Hugo écrit, puis remanie Han d’Islande, qui reflète en quelque sorte cet amour contrarié.

Victor Hugo acheva son roman dans les premiers mois qui suivirent et vendit la première édition mille francs à M. Persan, un marquis ruiné, qui s’était improvisé libraire : Han d'Islande parut le , de nouveau sans nom d'auteur et vendu au prix de 10 francs mais bourré de coquilles[1].

La première édition qui satisfait Hugo est celle publiée par Eugène Renduel en .

L'importance de l'œuvre

Selon Claude Pariot, le livre a été accueilli à sa sortie avec « quelque réserve par son ami Lamartine » mais a été salué par « Charles Nodier, alors critique littéraire, qui rendit hommage au « style vif, pittoresque, plein de nerf » du jeune romancier » .

Citations

La peine de mort : « Cet être, plein de force et de santé, qui se meut, qui respire, qui vit, et qui, dans un moment, cessera de se mouvoir, de respirer, de vivre, environné d'êtres pareils à lui, auxquels il n'a rien fait, qui le plaignent tous, et dont nul ne le secourra ; ce malheureux, mourant sans être moribond, courbé à la fois sous une puissance matérielle et sous un pouvoir invisible ; cette vie que la société n'a pu donner, et qu'elle prend avec appareil, toute cette cérémonie imposante du meurtre judiciaire, ébranlent vivement les imaginations. Condamnés tous à mort avec des sursis indéfinis, c'est pour nous un objet de curiosité étrange et douloureuse, que l'infortuné qui sait précisément à quelle heure son sursis doit être levé. » (chapitre XLVII)

Adaptation en jeu vidéo

L'œuvre a été adaptée en jeu vidéo en 1988 sur Amstrad CPC par un étudiant informatique, François Bonneville, avec l'aide de sa sœur et d'un ami. La qualité de son travail lui a valu d'être repéré par un éditeur de jeux et d'aboutir à une commercialisation du programme. Le jeu, développé par Jurax, a été édité par Loriciel la même année[2].

Notes et références

  1. Notes de l'éditeur à Han d'Islande, texte établi par Gustave Simon, Paris, Imprimerie Nationale / Paul Ollendorff, 1910, Roman, tome I (p. 347-350).
  2. Jeu de rôle électronique, reportage sur Midi 3 Franche Comté le 25 février 1988, 1'48. Vidéo conservée sur le site de l'INA et consultée le 26 mai 2019.

Bibliographie

  • (en) Kathryn M. Grossman, The Early Novels of Victor Hugo : Towards a Poetics of Harmony, Genève, Droz, coll. « Histoire des idées et critique littéraire » (no 241), , 219 p. (ISBN 978-2-600-03622-1, lire en ligne).

Liens externes

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