Hadza (peuple)

Les Hadza sont une population de chasseurs-cueilleurs d'Afrique de l'Est vivant en Tanzanie centrale, autour du lac Eyasi, dans la Rift Valley, près du plateau du Serengeti.

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Hadza
Des Hadzas faisant un feu.

Populations significatives par région
Population totale env. 1000 (2005)
Autres
Langues hadza

Ethnonymie

Selon les sources et le contexte, on observe de multiples formes : Hadsa, Hadzabe, Hadzabi, Hadzapi, Hadzapis, Hadzas, Hatsa, Kangeji, Kangeju, Kindiga, Ndiga, Tindega, Tindiga, Tindigo, Wakindiga, Watindega[1].

Histoire et culture

Ils sont les premiers habitants connus de Tanzanie. Leur présence sur les rives du lac Eyasi remonte à près de quarante mille ans. Leur population s'élève à environ mille individus, dont 300 à 400 vivent comme chasseurs-cueilleurs, comme leurs ancêtres il y a des dizaines de milliers d'années, avant l'invention de l'agriculture. Ils vivent sans règles ni calendrier, ils n'ont ni cultures, ni bétail, ni abris permanents. Ils n'organisent ni funérailles ni cérémonie d'aucune sorte. Ils sont parmi les derniers chasseurs-cueilleurs d'Afrique. Les fruits, les baies et les racines rapportés par les femmes prévalent sur le gibier dans le régime alimentaire des Hadzas. Les hommes, eux, récoltent du miel et chassent à l'arc. Les femmes participent à la chasse.

En dehors de la division sexuelle du travail, la société hadza est strictement égalitaire : pas de propriété privée, pas de chef, pas de règles religieuses. Les notions de possession et de contrôle des terres sont dénuées de sens. Si un conflit surgit et persiste entre deux personnes, l'une d'elles choisit simplement de rejoindre un autre camp.

Il en va de même pour les mariages : ils se font et se défont librement. Les femmes choisissent leurs maris.

Si certains Hadzas ont réussi à conserver leur mode de vie pendant si longtemps, c'est surtout parce que les peuples voisins n'ont jamais convoité leur territoire, cependant comme les fermes ne cessent de progresser, les Hadzas n'occupent plus qu'un quart de leur territoire : plus de 10 000 km² au sein de la vallée du Grand Rift. L'étau s'est resserré autour des Hadzas. À l'est du lac Eyasi, l'expansion de grandes exploitations de blé a obligé les Irawq, agriculteurs venus d'Éthiopie il y a trois mille ans, à descendre des hauts plateaux. Ce peuple de 250 000 personnes environ défriche à présent la savane des Hadzas pour planter du maïs. Même pression au sud : les Izanzu, Bantous établis dans la région depuis cinq cents ans, sont poussés vers les rives du lac par le manque de terres. L'étau se resserre également au nord, où les fermes à oignons se développent, attirant une foule de travailleurs venus des quatre coins de la Tanzanie. Mais c'est surtout l'avancée des pasteurs Datoga, originaires d'Égypte et du Soudan, qui menace l'environnement des Hadzas. À la recherche de nouveaux pâturages, les Datoga mènent leurs troupeaux sur les collines reculées où vivent les chasseurs-cueilleurs. Les Hadzas ont, au cours des cinquante dernières années, perdu 75 % de leur territoire. Et la population dans le bassin du lac Eyasi aurait, elle, augmenté de 300 % au cours des deux dernières décennies.

Pour certains Tanzaniens, les Hadzas n'ont plus de place dans un pays qui se modernise. Un ministre tanzanien a déclaré que les Hadzas étaient « arriérés ». Les autorités veulent les scolariser, qu'ils habitent des maisons et occupent des emplois "dignes de ce nom". Mais pour l'heure, c'est dans la douleur que les Hadzas se familiarisent avec le monde d'aujourd'hui. Beaucoup, parmi ceux qui se font embaucher comme ouvriers agricoles, développent une addiction à l'alcool. Ce fléau frappe également les groupes qui gravitent autour des villages, pour se montrer aux touristes. En échange de quelques shillings, les Hadzas acceptent de « théâtraliser » leur vie de chasseurs-cueilleurs.

Alimentation traditionnelle

En saison humide, les baies et le miel dominent, alors qu'en saison sèche, la viande domine les menus (phacochère, antilope et girafe notamment), mais certains tubercules ou fruits (celui du baobab par exemple) sont consommés toute l'année[2].

Recherches

Une étude récente (publication 2017) a pu profiter du mode de vie traditionnel des Hadza pour montrer que - au moins dans les environnements aux saisons marquées - le microbiote du tube digestif (et peut être de la peau) devait chez nos ancêtres chasseur-ceuilleurs évoluer saisonnièrement, avec des profils bactériens s'adaptant aux saisons sèches et humides, avant que l'expansion de l'agriculture ne le stabilise[2].
188 Hadzas (parmi le millier environ vivant encore traditionnellement près du lac Eyasi) ont en 2014 fournis aux anthropologues des échantillons de selles qui ont montré qu'ils abritaient une population bactérienne intestinale bien plus variée que celle des occidentaux modernes (et l'étude a montré au passage que les Hadza ne souffrent ni de cancer du côlon, de colite ni de la maladie de Crohn)[2]. Leurs bactéries intestinales semblent plus spécialisées dans la réduction de leur alimentation riche en fibres bien que cette alimentation varie fortement selon les saisons. Les analyses ARN de ce microbiote ont montré une diversité plus élevée qu'en Occident et qui augmente beaucoup en saison sèche (par rapport à celle de la saison des pluies) ; les bactéries du genre Bacteroides y sont alors particulièrement abondantes. Les enzymes biosynthétisés par ces bactérie (qui rendent digestibles les glucides végétaux) étaient plus abondants en saison sèche, ce qui semble contre-intuitif car les Hadza mangent alors plus de viande et moins de plantes[2]. C'est la première étude qui prouve un cycle saisonnier dans le microbiome humain. Les Hadza ne présentent pas un « microbiome ancestral » spécifique, c'est la diversité des bactéries qu'ils abritent qui est simplement plus grande et variant selon les saisons[2].

Les auteurs notent en 2017 qu'il est de plus en plus difficile de faire ce type d'étude car chaque année les chasseurs-ceuilleurs (Hadza y compris) sont moins nombreux, quittant leur mode de vie pour s'intégrer dans les communautés villageoises ou urbaines voisines[2].

En outre les ONG et instances gouvernementales leur distribuent une aide alimentaire composée surtout de farine de blé et de maïs qui ne varie pas selon les saisons. Mieux connaître leur santé, leur biologie et leur état nutritionnel pourrait aider à améliorer la pertinence des aides alimentaires plaident les auteurs[2].

Notes et références

  1. Source RAMEAU, BnF
  2. Price M (2017) Early human gut bacteria may have cycled with the season ; 24 aout 2017

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Nicholas Burton-Jones, Hadza Demography and Sociobiology, 1re partie, Demography, UCLA, s. d.
  • Michael Finkel, « Les Hadza », National Geographic France, no 123, (texte original en anglais consultable en ligne )
  • (en) Stephanie Hunt et Benjalin Hogarth, « The tribe time forgot: Hunting baboons with Tanzania's Hadza people who have lived a life unchanged for 10,000 years », in Mail Online,
  • Alexandre Kauffmann, Black Museum, Flammarion, Paris, 2015, 237 p. (ISBN 978-2081353671)
  • (en) Frank Marlowe, The Hadza : hunter-gatherers of Tanzania, University of California Press, Berkeley, 2010, 325 p. (ISBN 9780520253421)
  • Thibault Panis, "Une journée chez les Hadza", in "La Recherche", hors-série n° 17, mars-, pp. 86-92.
  • (de) Martin Porr, Hadzapi, Hadza, Hatza, Hadzabe, Wahadzabe, Wakindiga, WaTindiga, Tindiga, Kindiga, Hadzapi ? : eine Wildbeuter-Kultur in Ostafrika, Mo Vince Verlag, Tübingen, 1997, 98 p. (ISBN 3980483452)
  • Marshall Sahlins, Âge de pierre, âge d'abondance. L'économie des sociétés primitives (Stone Age Economics, 1972), Paris, Gallimard, 1976, pp. 66-68 et 97.
  • (en) Stephanie L. Schnorr (et al.), « Gut microbiome of the Hadza hunter-gatherers », in Nature Communications, no 3654,
  • (en) James Woodburn, Hunters and gatherers : the material culture of the nomadic Hadza, British Museum, Londres, 1970, 59 p. (ISBN 071411510X)

Filmographie

  • (en) James Woodburn, The Hadza, Hogarth Film, 1966, 42 min
  • Marion Longo, Boboboaka, une moto en terre hazda, 2017, 50 min

Articles connexes

Liens externes

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