Gus Bofa

Gustave Henri Émile Blanchot, dit « Gus Bofa », né le à Brive-la-Gaillarde et mort le à Aubagne, est un illustrateur français.

 Biographie 

Fils du colonel Charles Blanchot (1834-1918), dont il est le 11e et avant-dernier enfant, il passe son enfance à Bordeaux puis emménage à Paris (son père est nommé commandant militaire du Sénat) où il est inscrit au lycée Henri-IV, établissement où il rencontre André Dunoyer de Segonzac et Maurice Constantin-Weyer qui resteront ses amis les plus proches. C’est à l’âge précoce de cinq ans ans qu’il invente son nom d’artiste, Gus Bofa[1].

Après quelques années comme ingénieur il se lance dans l’affiche et participe au Rire puis au Sourire et à La Petite Sirène. Il dessine aussi des costumes et décors pour le théâtre. Pendant la Première Guerre mondiale il compose les couvertures du magazine La Baïonnette. Dans l’entre-deux-guerres, il collabore au mensuel Le Crapouillot.

Son ami Pierre Mac Orlan a dit de lui : « Gus Bofa est avant tout un écrivain qui a choisi le dessin pour atteindre ses buts. Un texte de Bofa, un dessin de Bofa sont construits dans la même matière et l’un et l’autre sont animés de ce même rayon de poésie humoristique qui comprend tout ce qui tient une place entre la vie et la mort. »

Il se destine à la carrière militaire mais y renonce au moment de présenter le concours de Saint-Cyr. Pour gagner un peu d’argent, il commence, dès 1900, à vendre des dessins aux journaux illustrés comme Le Sourire, Le Rire ou La Risette.

Après son service militaire, et quelques emplois de bureau sans intérêt, il crée, vers 1906, les Affiches Gus-Bofa. Fort de son succès d’affichiste, il écrit des contes pour la presse, des revues pour le music-hall et tient la chronique théâtrale du Rire puis du Sourire, journaux qu’il dirige brièvement et où il fait débuter Pierre Mac Orlan.

Très grièvement blessé aux jambes en décembre 1914 lors des combats du Bois-le-Prêtre, il refuse d’être amputé et, de son lit d’hôpital, envoie des dessins à La Baïonnette.

Au lendemain de cette guerre, qui l’a laissé infirme, il commence, poussé par Mac Orlan, une carrière d’illustrateur de livres de luxe. Il met ainsi en image Mac Orlan, Courteline, Swift, Voltaire, De Quincey, Cervantès ou Octave Mirbeau. Parallèlement, il publie des albums personnels comme Le Livre de la guerre de Cent Ans ou Chez les toubibs.

Fondateur et directeur du Salon de l’A raignée, qui veut donner un espace de liberté aux dessinateurs et les pousser à un art plus personnel, Bofa s’occupe aussi de la chronique littéraire du Crapouillot, magazine littéraire et artistique, qu’il tiendra jusqu’en 1939.

Avec les années 1930, son œuvre prend un tour de plus en plus personnel et hanté. Malaises décrit l’angoisse existentielle et La Symphonie de la peur propose la peur comme moteur de l’histoire humaine. Zoo présente l’homme comme un animal dénaturé.

En 1940, avec l'entrée de l'armée allemande à Paris, Bofa dû se replier. Le dessinateur qui logeait à Cormeilles-en-Vexin n'eut d'autre choix que de se replier à Mauperthuis, « à l’abri des radios, des journaux, des insupportables discussions entre sourds et aveugles, sur la guerre inconnaissable ». Il quittera Mauperthuis, assez déçu par le comportement des villageois à son égard[2].

Les années 1950 marquent la fin de l’édition de luxe et, pour Bofa, le début de l’oubli. Indifférent à la gloire, il approfondit, à travers des livres autobiographiques, dont il signe textes et images, comme La Voie libre, Déblais ou La Croisière incertaine, une réflexion désabusée et pessimiste sur la condition humaine.

Il meurt en 1968 à quatre-vingt-cinq ans.

Œuvres

  • Gus Bofa, Chez les toubibs, Renaissance du livre, 1917.
  • Gus Bofa, Zoo, Editions Mornay, 1935.
  • La Croisière incertaine, librairie des Champs-Élysées, 1950.
  • Le Chemin de l'ascétisme, éd. Marval 1983 (ISBN 2-86234-000-6)
  • Gus Bofa, Malaises, Paris, Cornélius, 2001.
  • Gus Bofa, Slogans, Paris, Cornélius, 2002.
  • Gus Bofa, Synthèses littéraires et extra-littéraires, Paris, Cornélius, 2003.
  • Gus Bofa, La Guerre de cent ans, Paris, Cornélius, 2007.
  • Gus Bofa et Pierre Mac Orlan, U713 ou les Gentilshommes d'infortune, Paris, Cornélius, 2010.
  • Gus Bofa, Chez les toubibs, Bordeaux, Cornélius, 2014.

Références

  1. Une enquête auprès des écrivains et des artistes. Pourquoi avez-vous choisi un pseudonyme et comment l'avez-vous choisi ? Réponse de M. Gus Bofa. La Liberté, 27 janvier 1935, p. 2, lire en ligne sur Gallica.
  2. Emmanuel POLLAUD-DULIAN, « D’UN PESSIMISME, L’AUTRE : GUS BOFA ILLUSTRATEUR D’OCTAVE MIRBEAU », Pollaud-Bofa, inconnu

Annexes

Bibliographie 

  • Édouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, tome 1, A-E, Art & Édition, 1930, p. 148-149
  • Pierre Moruaud, Gus Bofa, Paris, 1947.
  • Giovanni Guareschi " Le petit monde de Don Camillo ", illustrations de Gus Bofa, André Sauret, Éditions Vie, Lausanne, 1956
  • Roger Bouillot, Gus Bofa l’incendiaire, Paris, Futuropolis, 1980.
  • Christian Delporte, Gus Bofa et le « salon de l’araignée » (1920-1930), Gavroche, n°65, septembre-, texte intégral.
  • Benoît Decron, Claude Goumoëns, Gus Bofa & Mac Orlan, Les Sables-d’Olonne, musée de l’Abbaye Sainte-Croix, 2000. (ISBN 2913981054)
  • Emmanuel Pollaud-Dulian, Gus Bofa l'enchanteur désenchanté, Paris, Cornélius, 2013.

 Articles connexes 

  • L’illustrateur et caricaturiste Georges Goursat dit Sem
  • Jean Bruller, dit Vercors, qui fut illustrateur avant d’être écrivain et dont le dessin doit beaucoup à Bofa.

 Liens externes 

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