Gulay

Le gulay, gulei ou guley est une langue nilo-saharienne, du groupe des langues sara, parlée au Tchad.

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Gulay, gulei
Pays Tchad
Région Logone Oriental-Mandoul-Tandjilé
Nombre de locuteurs 250 478 (2009)Modèle:RGPH2
Classification par famille
Statut officiel
Régi par ATPLG
Codes de langue
ISO 639-3 gvl
IETF gvl
Glottolog gula1268

Situation de la langue gulei et sa communauté linguistique

Sa communauté linguistique est située au sud du Tchad en jonction de trois régions à savoir: le Logone Oriental, le Mandoul et la Tandjilé à l'intérieur desquelles on dénombre neuf cantons. Il s'agit des cantons suivants: Dobo, Dono-Manga, Mayim-Toki, Kara, Kututu, Murum-Gulei, Ngerguigui, Ngangara et Péni. Aujourd'hui, avec le nouveau découpage administratif des régions en 2012, le canton de Dono-Manga est érigé en département tandis que les cantons de Kara, Murum-Gulei, Ngangara et Péni deviennent des sous-préfectures[1]. C'est à l'issue de ce dernier recensement que le nombre total des Gulei s'élève à 250 478 y compris ceux de la diapora.[2]

Carte régionale[3] de la communauté gulei

Situé au coeur de la zone méridionale entre le 8° 40' et 10° 22' de latitude Nord et entre le 16° 15' et le 17° 52' de longitude Est, la délimitation régionale au sein de laquelle vivent les Gulei se départage entre les 3 régions susmentionnées: le Logone Oriental, le Mandoul et la Tandjilé. Les deux cantons Kara (aujourd'hui sous-préfecture) et le canton de Kututu se trouvent dans le Logone Oriental, précisément dans la Pendé), les six autres cantons Murum-Gulei, Ngangara et Péni (érigés aussi en sous-préfectures), Dobo, Mayim-Toki et Nderguigui sont dans le Mandoul. Tandis que le dernier canton Dono-Manga se trouvant dans la Tandjilé-Est devient un département.

Travaux linguistiques sur la langue gulei

La langue gulei a été au contact de l'écriture depuis la pénétration des missions chrétiennes dans les années 1927-1930. Il s'agit des missions protestantes des ACT (Assemblées chrétiennes du Tchad) dans la région du Logone Occidental, la Sudan United Mission (SUM) la Mission Unie du Soudan aujourd'hui l'Eglise Evangélique du Tchad (EET) dans le Logone Occidental et une partie de la Tandjilé et du Mayo Kebbi, la Mission Baptiste dans le Moyen Chari et l'Eglise Catholique qui couvre également toutes ces régions. En plus de leurs oeuvres de mission et d'évangélisation, ces missionnaires blancs venus d'Europe ont développé des systèmes d'écriture par le bais desquels ils alphabétisaient avec les communautés au sein desquelles ils se sont installés, ils ont traduit des matériels didactiques (présyllabaires, syllabaires, manuels de catéchisme), produit des cantiques et publié des portions de la Bible et plus tard leur publication complète. Parallèlement aux travaux des missionnaires susmentionnés, dans le domaine technique, des équipes de traduction composés des natifs sont mises sur pieds pour traduire des Nouveaux Testaments et les Anciens Testaments en langues maternelles. Ce sont les missionnaires de la SUM en milieu guley qui prirent l'initiative de traduire des portions des Saintes Ecritures dés les années 1954 appuyés par d'autres manuels d'édification des chrétiens jusqu'aux années des indépendances de 1960. Année au cours de laquelle les responsables ecclésiastiques autochtones prirent le relais. De 1960 à 1980, l'oeuvre missionnaire en collaboration avec les natifs continua jusqu'à la mise sur peids de l'équipe de traduction en 1984[4] qui, compte tenu des difficultés des événements politiques et sociaux qu'a traversés le Tchad ne publia le Nouveau Testament que récemment en janvier 2007 sous la supervision de l'Alliance Biblique du Tchad. Une nouvelle équipe est à l'oeuvre pour traduire l'Ancien Testament.

C'est avec la création du Département linguistique à l'Université de N'Djaména dans les années 1990, l'ère aussi de l'ouverture démocratique, que des étudiants en langues vont commencer à étudier la langue gulei, surtout leurs études phonologiques ont permis d'approfondir les recherches dans les domaines de la phonétique, de la phonologie, de la syntaxe, etc. Nous présenterons quelques uns dans la bibliographie. Aussi, en l'an 2000, il est créé une association de développement de langue dénommée Association pour la Transmission et la promotion de la langue gulei (en abrégé ATPLG). Association reconnue légalement par l'Etat tchadien le 15 mars 2000 (Folio N° 874/2000 du Ministère de l'Intérieur). C'est une association civile, apolitique et sans but lucratif qui a pour objectifs la promotion, la standardisation et la modernisation de la langue gulei à travers ses locuteurs et membres (physiques et moraux). En collaboration avec la SIL Internationale et l'ATALTRAB (l'Association Tchadienne pour l'Alphabétisation, la Linguistique et la Traduction de la Bible qui a sa direction à Moundou, le RADELANAT (le Réseau de Développement des Langues Nationales du Tchad avec comme siège à N'Djaména), plusieurs de ses membres sont formés en linguistique, en alphabétisation, en traducrtion de la Bible, en méthodes pour écrire des livres, etc. C'est ainsi que dans la littérature gulei, il y a eu la publication des milliers de manuels en des littératures confondues: littérature pédagogique (livres pour enfants), littérature andragogique (livres pour adultes tels que les présyllabaires, les syllabaires, les livrets de santé), littérature traditionnelle (contes, proverbes[5], récits), littérature religieuse (histoires bibliques, portions de la Bible, cantiques, catéchisme), littérature sur la culture générale, etc.[6]

Écriture

Alphabet gulay[réf. nécessaire]
abɓč (tch)eə ԑghɨ jkl
mnoɔrɗ stuw yɳ (ny)

L'alphabet guley a été modifié lorsque c'est nécessaire et selon l'évolution du temps. Lorsque les missionnaires de la SUM avaient vu les besoins de la communauté gulei dans l'apprentissage des documents traduits, il avaient dés les années 1940-1950 l'opportunité d'élaborer une orthographe calquée sur la langue française. Cette orthographe a fait ses preuves de 1940 jusqu'aux années 1990. Dans le souci de traduire le Nouveau Testament en gulei, les traducteurs ont bénéficié de formation linguistique en des cours d'été appelés DTL "Découvre Ta Langue"[7],[8],[9]organisés par la SIL Internationale. A l'issue de ces cours, l'orthographe est révisé avec l'introduction de certains graphes (lettres) afin de publier ledit Testament; cette orthographe a servi de 1995 à 2000. De 2000 jusqu'à nos jours, il y a une nouvelle orthographe qui est en train d'être présentement utilisé aussi bien dans la traduction de l'Ancien Testament en gulei que le programme d'alphabétisation au sein de la communauté. De l'initial à l'actuel, l'alphabet gulei n'a pas subi beaucoup de modification. Nous voulons relever cependant certains graphes importants qu'il faille mentionner ici: il s'agit des prénasalisés tels que mb, nd, ng et nj qui sont des graphes qui ont des traits pertinents importants en gulei. Celux-ci n'apparaissent pas dans la grille d'écriture ci-dessus, cependant dans le programme d'alphabétisation, ils sont présentés comme des lettres à part entière à cause de leur pertinence.[10]

Notes et références

  1. Ministère de l'Economie et du Plan (Tchad), « Résultats du 2ème Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 2008 », INSEED publications, , p. 88
  2. Mission SUM et EET, « Les archives missionnaires et littéraires sur la langue gulei », EET publications (Annexe de Ter), 1950-1970
  3. CNRD/Tchad, « Carte régionale des 9 cantons goulaye », CNRD publications cartographiques,
  4. Mission SUM et EET, « Les archives ecclésiales de la SUM et de l'EET », EET publications (Annexe de Ter), 1950-1970, p. 101
  5. Ngaradoumbaye Clément, « Proverbes et adages en guley », SIL-Tchad publications, , p. 45
  6. ATPLG, « Littérature gulei et programme d'alphabétisation », ATPLG publications, 2001-2015, p. 350
  7. Ngaradoumbaye Clément et Ngarndimedjé David, « La phonologie de la langue gulei », SIL-Tchad publications, , p. 48
  8. Ngaradoumbaye Clément et Ngarndimedjé David, « La grammaire en langue gulei », SIL-Tchad Publications, , p. 54
  9. Ngaradoumbaye Clément, « Le dictionnaire et la sémantique en langue gulei », SIL-TCHAD Publications, , p. 28
  10. Ngaradoumbaye N. Clément, Analyse phonologique de la langue guley et principes orthographiques, Yaoundé, Université de Yaoundé 1, , 200 p., p. 1-26

Bibliographie

  • ATPLG, Littérature gulei et programme d'alphabétisation. ATPLG publications, N'Djaména et Ter, ATPLG publications, 2001-2015.
  • Ministère de l'Economie et du Plan (Tchad), Résultats du 2ème recensement Général de la Population et de l'Habitat de 2008, N'Djaména, INSEED, 2009.
  • Mission SUM et EET, Les archives missionnaires et littéraires sur la langue gulei, Moundou et Ter, EET publications, 1950-1970.
  • Mission SUM et EET, Les archives ecclésiales de la SUM et de l'EET, EET publications, 1950-1970.
  • Ngaradoumbaye Clément, Le dictionnaire et la sémantique en langue gulei, N'Djaména, SIL-Tchad publications, 1996.
  • (gvl) Ngaradoumbaye Clément, Gotolbaye Chico, Seouta Blaise et Nadjirissengar Moïse, Gostà kumkunjuge se tà guley [« Proverbes et adages en guley »], N’Djaména, ATPLG Tchad (Association pour la Transcription et la Promotion de la Langue Gouley), SIL-Tchad, (lire en ligne)
  • Ngaradoumbaye Clément et Ngarndimedjé David, La phonologie de la langue gulei, N'Djaména, SIL-Tchad publications, 1991.
  • Ngaradoumbaye Clément et Ngarndimedjé David, La grammaire en langue gulei, N'Djaména, SIL-Tchad publications, 1994.
  • Ngaradoumbaye Clément, Nadjirissengar Moise et John M. Keegan, Lexique Gulay, Cuenca, The Sara Language Project, Morkeg Books, , 5e éd. (lire en ligne)
  • Ngaradoumbaye N. Clément, Analyse phonologique de la langue guley et principes orthographiques, Yaoundé, Mémoire de master en linguistique générale, Université de Yaoundé 1, 2018.

Voir aussi

7. Liens externes

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