Guiomar Novaes

Guiomar Novaes est une pianiste brésilienne, née à São João da Boa Vista le et morte à São Paulo le .

Guiomar Novaes
Guiomar Novaes avec sa fille, vers 1924.
Naissance
São João da Boa Vista, Brésil
Décès
São Paulo, Brésil
Activité principale Pianiste
Maîtres Isidor Philipp, Antonietta Rudge Miller, Luigi Chiafarelli

Biographie

Cadette d'une nombreuse fratrie, elle commence l'apprentissage du piano avec Luigi Chiafarelli et son assistante Antonietta Rudge Miller, avant d'être l'élève de Isidor Philipp au Conservatoire de Paris en 1909. Elle remporte le concours d'entrée dont le jury comprend les compositeurs Claude Debussy, Gabriel Fauré, Moritz Moszkowski. Elle joue notamment la ballade en la de Chopin et le Carnaval de Schumann et le jury abasourdi par la maturité artistique de cette jeune fille lui demande de bisser cette épreuve. Debussy évoque dans une lettre sa stupéfaction quant à cette toute jeune fille brésilienne qui donne l'impression de ne pas s'intéresser au public ni au jury, puis avec une très grande concentration joue avec une magnifique beauté.

Le style de Novaes était déjà formé quand elle est arrivée à Paris, comme l'évoque une anecdote relative à son professeur. Alors qu'une des premières pièces qu'elle joue est la sonate pour piano dite des Adieux de Beethoven, Isidor Philipp lui reproche de jouer le second mouvement avec un tempo trop rapide et lui demande de le rejouer plus lentement. Novaes semble réfléchir quelques instants, reprend le mouvement en le jouant avec des nuances différentes mais sans changer de tempo. Philipp abandonne l'idée de forcer le tempérament de la pianiste et déclarera : « déjà à cet âge, elle avait une haute conscience de ce qu'elle voulait faire ».

Concertiste

Novaes en 1918.

Dès la fin 1910, Novaes a déjà donné de nombreux concerts. Elle fait ses débuts en France avec l'Orchestre du Châtelet sous la direction de Gabriel Pierné puis en Angleterre sous la direction de Henry Wood. Elle effectue ensuite une tournée en Italie, en Allemagne et en Suisse. À l'éclatement de la Première Guerre mondiale, elle retourne au Brésil et fait ses débuts américains au Aelian Hall de New York en 1915, âgée de seulement 19 ans. Les critiques sont élogieuses : Richard Aldrich dans The New York Times évoque une « musicienne par la grâce de Dieu », Pitts Sanborn dans le Boston Globe le « jeune génie du piano ». Surnommé la « Paderewska de la pampa », elle revient fréquemment aux États-Unis, où elle joue avec tous les grands orchestres du pays. Elle sera la première soliste invitée par Leonard Bernstein lors de sa prise de fonctions comme directeur musical du New York Philharmonic, en 1957, un orchestre qu'elle connaissait bien depuis les années 1920 où elle avait été la soliste des débuts new yorkais de Wilhelm Furtwängler, et qu'elle fréquentera souvent avec des chefs comme George Szell ou André Cluytens.

En 1922, elle épouse Octavio Pinto, un ingénieur de génie civil, également pianiste et compositeur. En 1954, elle participe au cycle des Peabody Mason Concerts et poursuit sa carrière jusque dans les années 1970. Sa dernière apparition en concert à New York date de 1972 au Hunter College. Elle meurt en 1979 à São Paulo au Brésil.

Répertoire

À ses débuts, elle possède de très nombreuses œuvres à son répertoire. Quelle que soit la pièce abordée, elle joue de façon « aristocratique », avec une ligne mélodique très présente et une grande spontanéité et sophistication. En raison de sa décontraction apparente, elle fait partie d'un petit nombre de pianistes dont on peut dire que le piano est une simple extension de leurs bras et de leurs mains. Son jeu rappelle les grand pianistes romantiques du XIXe siècle.

Harold C. Schonberg[1] relate dans son livre The Great Pianists Les grands pianistes ») que son interprétation du concerto pour piano de Schumann « rappelle grandement celle de Josef Hofmann. Il y a la même souplesse, une subtilité de ton remarquable et un rythme inébranlable. […] Comme Hofmann, elle ne joue jamais une pièce deux fois de la même façon. Chaque fois qu'elle effectue un changement sur un point d'interprétation, cette nouvelle approche semble inévitable et parfaitement naturelle. »

Dans l’Art du piano, David Dubal écrit que son jeu est « d'abord toujours personnalisé, elle se délecte de détails, laissant penser que personne d'autre ne les avait jamais savourés. Même dans ses moments d'énervement, elle avait ce trait merveilleux et indispensable d'une grande interprète, le pouvoir de convaincre. Dans tout ce qu'elle entendait, il y avait un sentiment d'intimité, et ce qu'elle entendait le mieux était Chopin ».

Guiomar Novaes était une grande interprète dont les récitals new Yorkais attiraient toujours les pianistes et musiciens présents dans la ville, au premier rang desquels on comptait Vladimir Horowitz, Josef Hoffmann, Byron Janis, Sergei Rachmaninov, le compositeur Virgil Thomson. Célèbre pour ses interprétations des pièces de Chopin, Novaes était aussi une interprète admirée de Schumann, Beethoven, Mozart et Debussy.

Enregistrements

Novaes est reconnue pour ses enregistrements de Chopin, de Schumann, et de Debussy. Elle a effectué de nombreux enregistrements tels que le quatrième concerto pour piano de Beethoven sous la direction d'Otto Klemperer avec l'Orchestre symphonique de Vienne. Le pianiste brésilien Nelson Freire, spécialiste de Chopin, avoue avoir toujours été inspiré par Novaes, notamment son interprétation du Deuxième Concerto pour piano de Chopin qu'il a entendu pour la première fois à l'âge de quatorze ans et qu'il voit alors comme l'idéal à atteindre. Dans ses concerts, il reprend fréquemment en bis une transcription pour piano d'une mélodie pour flûte et cordes tiré de l’Orfeo de Gluck par Sgambati qu'elle même jouait.

Dans les années 1920, elle fait de nombreux enregistrements avec le label RCA. Après quoi, elle a enregistré pour la Columbia américaine, puis pour Vox, Decca London et Vanguard.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Guiomar Novaes » (voir la liste des auteurs).
  1. Harold C. Schonberg, The Great Pianists, 1965, p. 385.

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