Gueules

Le gueules[1] est un émail héraldique de couleur rouge. En représentation monochrome, il est symbolisé par des hachures verticales, selon la méthode attribuée au jésuite héraldiste Silvester Petra Sancta[2]. La couleur rouge a d'abord été désignée par sinople, mot originellement dérivé de la ville de Sinop (port de Paphlagonie), dont la terre était de couleur rouge (voir sinopia). La désignation de l'émail change de sens au XIVe siècle et sinople désigne, depuis, le vert.

Pour les articles homonymes, voir Gueule.

Représentation des gueules.

Certains auteurs, comme Jouffroy d'Eschavannes, attribuent l'origine du terme à un mot d'origine persane gul ou ghiul (گل), qui désigne un rose pâle. L'étymologie est douteuse, et le rapprochement lointain, alors que le mot « gueules » était couramment utilisé dans le vocabulaire des teinturiers pour désigner la gorge de petits mustélidés (fouine, martre), et par extension, les fourrures faites à partir de celles-ci. Le mot est même utilisé dans le langage courant, témoin cette lettre de Bernard de Clairvaux à l'archevêque de Sens (Sur la conduite des évêques) parlant de « fourrures de gueules » dont se parent les évêques.

D'autres notent que, copiant l'usage romain de la toge prétexte, c'est la bordure, le collet (la gorge donc) des pelleteries qui est teinte en rouge au Moyen Âge[3]. D'autres encore voient dans ce mot la contraction du latin conchylium pourpre ») par retranchement de la syllabe chy[réf. nécessaire].

Le gueules est appelé gules en héraldique anglaise (au vocabulaire d'origine anglo-normande), et keel (soit « gorge ») en héraldique néerlandaise.

Histoire

L'adoption du terme « gueules » apparaît dans les armoriaux du XIIIe siècle, cet émail étant auparavant appelé par les hérauts médiévaux bellic, vermillon, couleur de sang et d’écarlate, rouge. Entre le XIIe siècle et le XIIIe siècle, c'est l'émail le plus employé dans les armoiries : l'historien médiéviste Michel Pastoureau le recense dans 60 % des armoiries européennes[4].

Symbolique et signification

Ce qui suit ne concerne en rien l'héraldique.

Selon la symbolique développée par l'écrivain Marc de Vulson de La Colombière[5],[6], le gueules est associé aux correspondances symboliques suivantes[2] :

Vertus théologales et cardinalesJustice, charité et amour ardent envers Dieu et son prochain.
Vertus mondainesVaillance, fureur, noblesse, hardiesse et magnanimité.
VicesCruauté, colère, meurtre, carnage.
Complexions de l’hommeColérique.
MétauxCuivre, laiton ou airain dont on fait la mine rouge.
PlanèteMars.
Pierres précieusesRubis, pyrope, corail rouge.
Signes du ZodiaqueBélier, Lion, Sagittaire.
ÉlémentFeu.
SaisonÉté, automne.
MoisMars, juin, juillet et, selon certains[7], octobre.
Jours de la semaineMardi, mercredi et samedi.
Nombres3, 10.
ArbresCèdre.
FleursPivoine, œillet commun, rose rouge.
OiseauxPélican.
Âge de l'hommeVirilité.
Obligations du porteurSecourir ceux que l’on voudrait oppresser par injustice.

Voir aussi

Article connexe

Notes et références

  1. Le mot est considéré comme un singulier (au même titre que le sable, l'azur ou le sinople) par la majorité des auteurs. Il n'est cependant pas rare de le trouver employé au pluriel : « Les gueules sont un émail […]. »
  2. (es) Francisco Piferrer, Tratado de heráldica y blasón, Maxtor, , 96 p.
  3. « Étymologie gueules », sur cnrtl.fr, Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le ).
  4. (en) Michel Pastoureau, Black: The History of a Color, Princeton University Press, (ISBN 978-0-691-13930-2), p. 72.
  5. Marc de Vulson de La Colombière, La Science héroïque, traitant de la noblesse, de l'origine des armes, de leurs blasons & symboles, Sébastien et Gabriel Cramoisy, , 494 p. (lire en ligne).
  6. « Le symbolisme du Gueules », sur dictionnairedessymboles.com (consulté le ).
  7. Jérôme de Bara, Le Blason des armoiries, Claude Rauot, , 70 p. (lire en ligne).
  • Portail de l’héraldique
  • Portail des couleurs
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.