Guerre de Chioggia

La guerre de Chioggia entre la République de Venise et la République de Gênes dura de 1378 à 1381. Elle s'inscrit dans le long conflit opposant les deux cités-États depuis qu'elles commencèrent leur concurrence commerciale au XIe siècle.


Guerre de Chioggia
La bataille de Chioggia Fresque de Lorenzino di Tiziano
Informations générales
Date 1378 - 1381
Lieu Mer Adriatique
Casus belli Attaque d'une flotte génoise par la flotte vénitienne
Issue Traité de Turin (1381)
Changements territoriaux Dalmatie
Belligérants
 République de Venise République de Gênes
Royaume de Hongrie
Duché d'Autriche
Commandants
Vettor Pisani
Carlo Zeno
Luciano Doria

Guerre de Chiogga

Batailles

Pola - Chioggia

Venise menacée

Le , la flotte vénitienne commandée par Vettor Pisani attaque par surprise, durant une tempête, la flotte génoise dans la mer Tyrrhénienne et la défait, capturant quatre galères et faisant de nombreux prisonniers.

La nouvelle de la défaite entraîne une grande agitation à Gênes, le doge Domenico Campofregoso est destitué et remplacé par Niccolò Guarco, tandis qu'une flotte dirigée par Luciano Doria entre dans la mer Adriatique, pour aider les troupes du Patriarcat d'Aquilée.

En , la flotte vénitienne est vaincue devant Pola, dans la mer Adriatique, et Gênes s'empare de Chioggia et des forteresses vénitiennes commandant ses communications vers la Lombardie. La guerre qui oppose Venise et Gênes pour le maintien de leurs places commerciales dans l'empire byzantin connaît alors un nouvel épisode. À Constantinople, l'empereur Andronic IV Paléologue, l'instrument des Génois, est chassé par les Vénitiens qui réussissent à placer sur le trône Jean V et son fils Manuel. Andronic meurt en exil en 1385.

Dans un premier temps, Vettor Pisani se laisse surprendre à Pola par le Génois Luciano Doria qui a une flotte bien supérieure à la sienne. Il perd quatorze de ses vingt galères. Si Venise possède bien une autre flotte, elle se trouve alors dans la mer Méditerranée alors que les Génois sont dans la mer Adriatique. Au mois d'août, les Génois s'emparent de Chioggia, aidés par des troupes padouanes et hongroises. Successivement, les cités d'Umago, Grado, Caorle sont incendiées. Malamocco, Loreo, Poveglia, San Erasmo sont occupées. Venise se trouvait assiégée, attendant le retour de la flotte de Carlo Zeno.

Le sursaut vénitien

Le , on réunit à Venise, dans la basilique Saint-Marc, l'Arengo, l'antique assemblée populaire, qui refait ainsi surface au moment le plus dramatique de l'histoire de la cité. La population tout entière est mobilisée, le capitaine Pisani, alors emprisonné depuis la première défaite de Pola, est rappelé, les canaux sont barrés par des digues, les ports par des chaînes ; une nouvelle flotte est mise en chantier. L'enthousiasme populaire et la dramatisation n'est pas sans rappeler celle des anciens romains dans les périodes les plus noires. Tous veulent s'embarquer, jusqu'au doge Contarini lui-même, alors âgé de 80 ans.

La ville est assiégée mais ses assiégeants ne peuvent la prendre ; les mois passent. La nuit du 22 décembre, l'amiral Pisani fait lever l'ancre à sa nouvelle flotte, forte de 35 galères et d'un nombre considérable de petites embarcations. Il parvint à surprendre la flotte ennemie dans le port de Chioggia et des centaines de barques chargées de pierres sont coulées à la sortie du port. À terre, les Vénitiens bloquent également toute issue. D'assiégeants les Génois deviennent assiégés. Huit jours plus tard, Carlo Zeno arrive avec ses quinze galères, puis quelques autres, finalement ce sont cinquante grands navires de combat que Venise peut aligner. Le blocus dura plusieurs mois. Gênes envoya vainement vingt galères qui n'osèrent attaquer. Ils capitulent le .

Le , le doge Contarini entre triomphalement à Chioggia. La guerre devait encore durer une année durant laquelle Pisani mourut de malaria et le duc d'Autriche, renversant son alliance, se lia à Venise en échange de la cession de Trévise  ; elle devait cesser par la paix de Turin en 1381. Gênes ne put que poursuivre une lutte de commerce, finalement sans grande importance. Par la paix de Turin du , Famagouste restait aux Génois mais prescrivait la dépopulation et le démantèlement de Ténédos, remise au duc de Savoie. Le commerce en Dalmatie était désormais soumis aux règles vénitiennes. Par ailleurs, Venise se voyait remise en possession de tous ses privilèges à Constantinople et se faisait même reconnaître le droit de commercer librement en Mer Noire.

Bibliographie

  • (it) Roberto Cessi, Dopo la guerra di Chioggia, il nuovo orientamento della politica veneziana alla fine del secolo XIV, Venezia, Deputazione ed., , XXII-304 p.

    Voir aussi

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