Guerre d'Afghanistan (1996-2001)

Prise de Mazar-e Sharif et chute de Dostom (septembre 1996 - août 1998)

L'ex-président Mohammad Najibullah, confiné sous protection de l'ONU à l'aéroport de Kaboul, est assassiné par les Talibans dès leur entrée dans la capitale, le [1]. La victoire des Talibans inquiète la diplomatie russe, qui craint l'extension de ce mouvement en Asie centrale[2]. Le , un sommet exceptionnel réunissant la Russie, le Kazakhstan et quatre pays d'Asie Centrale met en garde les Talibans contre tout débordement du conflit afghan[1].

Tandis que la ville connait un exode massif, les Talibans instaurent la loi coranique dans Kaboul[3],[4]. Le , la vallée du Pandjchir est le théâtre d'une contre-offensive des troupes d'Ahmed Shah Massoud contre les Talibans. Les « étudiants en religion » mettent en garde le général Dostom, qui contrôle le tunnel de Salang, à ne pas chercher d'aide auprès des pays frontaliers[5]. Les troupes du régime renversé reprennent, les 12 et , les localités de Charikar et Jabul Saraj, au nord de Kaboul[6]. Le , la milice des Talibans attaque les forces du général Dostom et s'empare des provinces de Badghis et de Faryab au nord-ouest du pays[7]. Ils reprennent la ville de Charikar le [8].

En , les Talibans préparent une grande offensive vers le nord[9]. Les Talibans s'emparent provisoirement de Mazar-e Sharif le et prennent position à la frontière avec le Tadjikistan[10]. Les forces anti-Talibans maintiennent la pression sur Kaboul par des bombardements et des tirs d'artillerie[11]. Le , l'État afghan est officiellement nommé « Émirat islamique d'Afghanistan. » Son dirigeant, le mollah Mohammed Omar s'auto-proclame « commandeur des croyants »[12]. Les Talibans, après s'être servis du pavot pour financer leur guerre, s'engagent à éradiquer sa culture. Le pays est devenu le premier producteur mondial, devançant le « triangle d'or » du Sud-Est asiatique[13].

Le , un séisme fait plus de quatre mille morts dans la province de Takhar au nord du pays. Les Talibans déclarent une trêve momentanée des combats[14]. Le , de violents combats éclatent entre les troupes du général Dostom et la milice chiite du Hezb-e Wahdat dans la ville de Mazar-e Sharif[15]. Le lendemain, un cessez-le-feu est conclu entre les deux factions[16]. Des pourparlers de paix échouent entre les Talibans et les forces de l'opposition. Les Talibans refusent de lever le siège de la région d'Hazarajat[17].

Le , un nouveau séisme fait des milliers de morts et des dizaines de milliers de sans-abris dans le nord-est du pays[18]. La délivrance de secours reste difficile dans cette région montagneuse et très escarpée[19]. Le , la milice islamiste des Talibans s'empare de la province de Faryab et de sa capitale, Maimana, dans le nord-ouest du pays[20]. Les organisations humanitaires sont invitées à quitter le pays[21]. Les Talibans se disent « au seuil de la victoire » après la prise de Shiberghan, dans la province de Jowzjan[22]. Le , les Talibans s'emparent définitivement de Mazar-e Sharif[23], contrôlant ainsi 80 % du pays[24].

Tensions avec la communauté internationale (septembre 1998 - septembre 2001)

Situation en Afghanistan début 2000

Le Conseil de sécurité de l'ONU vote à l'unanimité une résolution intimant les factions afghanes à ne plus « héberger et entraîner » des terroristes, et de faire« cesser le trafic des drogues illicites »[25]. Le régime de Téhéran accuse les Talibans d'avoir enlevé une dizaine de diplomates iraniens et renforce son dispositif militaire à la frontière[26], mais il refuse d'intervenir, pour ne pas s'enliser dans le « marais afghan »[27]. Le Pakistan, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont les seuls pays à avoir reconnu le régime des Talibans[28].

En 1998, après avoir pris le contrôle de 90 % du territoire afghan, les talibans souhaitent une reconnaissance internationale, qui leur est refusée par l'ONU[29].

Le , les forces de Massoud lancent plusieurs vagues de roquettes sur la capitale, faisant cent quatre-vingts victimes[30]. Le , un convoi ferroviaire contenant des armes envoyées par l'Iran au commandant Massoud est arrêté par les autorités kirghizes[31]. Le , le régime des Talibans libère vingt-sept prisonniers iraniens, dans un souci d'apaisement des tensions entre les deux pays[32]. Aussi, les organisations humanitaires sont de nouveau autorisées à Kaboul[33].

Le , les États-Unis imposent des sanctions financières et commerciales à l'encontre de l'État afghan, soupçonné de soutenir les attentats effectués contre les ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie. Ces sanctions veulent « approfondir l'isolement international des Talibans ainsi que de limiter leur capacité à soutenir des réseaux terroristes », selon le président Bill Clinton[34]. Les Talibans, avec le soutien militaire et logistique du Pakistan, lancent une offensive contre les forces de l'opposition le [35]. Les combats autour de la base aérienne de Bagram font plus de mille morts et quatre mille blessés[36]. Le , une résolution de l'Organisation des Nations unies exige l'extradition du terroriste présumé Oussama ben Laden[37].

Le , Les Talibans infligent un nouveau revers à l'opposition en s'emparant de la ville de Taloqan, dans la province de Takhar[38]. Massoud se replie dans la vallée du Pandjchir[39]. Le , les Talibans font sauter les deux effigies de Bouddha à Bamiyan à l'explosif[40]. Cette destruction provoque l'indignation des milieux culturels à travers le monde[41]. En avril, le commandant Massoud se rend à Paris, puis à Strasbourg, où il est reçu par le Parlement européen[42]. La sécheresse qui frappe le pays provoque une crise humanitaire, entraînant des millions de réfugiés et de déplacés[43].

Mort de Massoud et ultimatum américain (septembre 2001 - octobre 2001)

Le , un attentat-suicide provoque la mort du commandant Massoud. Le « Lion du Pandjchir » succombe à ses blessures après une attaque menée par deux pseudo-journalistes[44].

À la suite des attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis préparent des représailles envers le pays qui abrite Oussama ben Laden. De leur côté, les Talibans se tiennent prêts au djihad[45]. Le , le Pakistan remet un ultimatum à l'État afghan leur intimant de coopérer à l'arrestation de Ben Laden[46]. Le président américain George W. Bush prépare l'opinion publique à une intervention armée en Afghanistan, et invite tous les pays à rejoindre les États-Unis dans leur combat contre le terrorisme international[47]. Le , les Émirats arabes unis coupent les liens diplomatiques avec le gouvernement des Talibans[48].

Notes et références

  1. Le Monde, 28 septembre 1996.
  2. Le Monde, 6 octobre 1996.
  3. Le Monde, 1er octobre 1996.
  4. Marc Epstein et Stéphane Gladieu, « Afghanistan : Voyage au coeur de la barbarie », sur lexpress.fr, .
  5. Le Monde, 8 octobre 1996.
  6. Le Monde, 15 octobre 1996.
  7. Le Monde, 27 octobre 1996.
  8. Le Monde, 18 janvier 1997.
  9. Le Monde, 21 mai 1997.
  10. Le Monde, 27 mai 1997.
  11. Le Monde, 29 septembre 1997.
  12. Le Monde, 28 octobre 1997.
  13. Le Monde, 2 janvier 1997.
  14. Le Monde, 8 février 1998.
  15. Le Monde, 17 mars 1998.
  16. Le Monde, 18 mars 1998.
  17. Le Monde, 6 mai 1998.
  18. Le Monde, 2 juin 1998.
  19. Le Monde, 14 juin 1998.
  20. Le Monde, 14 juillet 1998.
  21. Le Monde, 26 juillet 1998.
  22. Le Monde, 5 août 1998.
  23. Le Monde, 9 août 1998.
  24. Le Monde, 12 août 1998.
  25. Le Monde, 30 août 1998.
  26. Le Monde, 6 septembre 1998.
  27. Le Monde, 4 octobre 1998.
  28. Le Monde, 23 septembre 1998.
  29. FRANCOISE CHIPAUX, « Pour les talibans, la priorité est leur reconnaissance par l'ONU », sur Le Monde, .
  30. Le Monde, 22 septembre 1998.
  31. Le Monde, 14 octobre 1998.
  32. Le Monde, 20 octobre 1998.
  33. Le Monde, 6 novembre 1998.
  34. Le Monde, 8 juillet 1999.
  35. Le Monde, 30 juillet 1999.
  36. Le Monde, 3 août 1999.
  37. Le Monde, 17 octobre 1999.
  38. Le Monde, 8 septembre 2000.
  39. Le Monde, 29 septembre 2000.
  40. Le Monde, 3 mars 2001.
  41. Le Monde, 4 mars 2001.
  42. Le Monde, 7 avril 2001.
  43. Le Monde, 6 mai 2001.
  44. Le Monde, 12 septembre 2001.
  45. Le Monde, 19 septembre 2001.
  46. Le Monde, 18 septembre 2001.
  47. Le Monde, 22 septembre 2001.
  48. Le Monde, 23 septembre 2001.
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