Groupe d'experts des Nations unies pour les noms géographiques

Le Groupe d'experts des Nations unies pour les noms géographiques (GENUNG, en anglais United Nations Group of Experts on Geographical Names, UNGEGN) est un groupe d'experts internationaux dépendant de l'Organisation des Nations unies, dont les objectifs sont de traiter des problèmes de normalisation des noms géographiques mondiaux et de soumettre des suggestions et recommandations pour une standardisation (principalement linguistique).

Groupe d'experts des Nations unies pour les noms géographiques
Organe de l'ONU
Type d'organisation Organe subsidiaire du Conseil économique et social des Nations unies
Acronymes GENUNG
UNGEGN
Président Pierre Jaillard ( France)
sous-Chef
Statut Actif
Membres
Siège New York (États-Unis)
Création
Site web Site officiel
Organisation parente Conseil économique et social des Nations unies

Autorité suprême de la gouvernance mondiale de la toponymie[1], il est un « organe subsidiaire » du Conseil économique et social des Nations unies, et en constitue l'un des groupes d'experts officiels[2].

Histoire

Le sujet de la normalisation des noms géographiques est abordé pour la première fois au niveau des Nations unies en 1948, lors de discussions au sein du Conseil économique et social[3], puis à nouveau, cinq ans plus tard, en 1953, lors de la quinzième session du Conseil[4]. Ce sujet est abordé pour la première fois lors d'une Conférence internationale des Nations unies, en 1955, lors de la première Conférence cartographique régionale pour l'Asie et l'Extrême-Orient[3].

Le , le Conseil économique et social des Nations unies adopte une résolution[5] chargeant le Secrétaire général des Nations unies de constituer un petit groupe de consultants chargé d'étudier les problèmes techniques de normalisation des noms géographiques et de faire un rapport sur l'intérêt d'organiser une conférence internationale des Nations unies sur cette thématique[6].

La constitution d'un groupe permanent du Conseil économique et social : le GENUNG

Un groupe de six personnes se réunit pour la première fois, en 1960, à New York, sous la présidence de Meredith F. Burell[7]. Les experts viennent des États-Unis (présidence), France (rapporteur), Royaume-Uni, Iran, Guatemala et Chine. Deux représentants de gouvernement (République arabe unie, République fédérale d'Allemagne) et un représentant d'une agence nationale (United States Board of Geographical Names) participent également en tant qu'observateurs[8]. Ils identifient 22 problématiques concrètes liées à l'absence de standardisation des noms géographiques ou aux difficultés de mise en œuvre d'une normalisation nationale, et formulent 21 recommandations.

Sur la base des travaux du groupe, le Conseil économique et social autorise l'organisation de la toute première Conférence des Nations unies sur la normalisation des noms géographiques qui se tient à Genève, en , et dont la préparation est assurée par ce groupe d'experts[9]. Cette conférence réunit 109 participants en provenance de 54 pays[10]. À cette occasion, la première résolution votée par le groupe est d'appeler à ce que chaque État se dote d'une autorité toponymique nationale visant à concrétiser des engagements en matière d'inventaire, de réglementation et de normalisation toponymique[11]. Il faut attendre une résolution du Conseil économique et social de [12] pour que ce groupe spécial de consultants devienne permanent et 1973, pour ce que le groupe prenne son nom définitif de Groupe d'experts des Nations unies pour les noms géographiques (GENUNG).

De 1967 à 2017, le GENUNG tient 24 sessions.

En 2019, naissance d'un nouveau GENUNG, organe subsidiaire du Conseil économique et social

En , le Conseil économique et social, par sa résolution 2018/2[13] décide que la Conférence des Nations unies sur la normalisation des noms géographiques et le GENUNG cessent d’exister dans leur forme actuelle. Ils se fondent dans le Groupe d’experts des Nations unies pour les noms géographiques créé par cette même résolution en conservant leurs mandats respectifs ainsi que les résolutions adoptées par les Conférences antérieures, mais avec des méthodes de fonctionnement différentes. Ce groupe est un organe subsidiaire du Conseil économique et social. Le règlement intérieur de ce nouveau GENUNG en adopté en [14].

La première session de ce nouveau GENUNG se tient en avril 2019 réunissant 264 participants de 70 pays. Les sessions doivent se tenir tous les deux ans. Depuis 2019, il est présidé par M. Pierre Jaillard (France), également président de la Commission nationale de toponymie (CNT).

Missions

Les trois missions centrales du GENUNG[15] sont officiellement d'encourager la standardisation nationale et internationale des toponymes, de promouvoir à l'échelle internationale l'information relative aux toponymes normalisés et enfin d'encourager la romanisation de la toponymie.

Une standardisation des noms géographiques

L'objectif visé par les Nations unies à travers ce groupe est d'établir des formes utilisables et cohérentes des noms géographiques dans le monde. Cet objectif se décline en deux échelons : un échelon national concernant l'utilisation officielle faite des toponymes à l'intérieur de chaque pays et un échelon international pour lequel l'uniformisation des noms géographiques est importante pour le commerce et les relations internationales[16].

Normalisation nationale

La normalisation nationale suppose que trois conditions soient remplies : une autorité toponymique nationale, un ensemble de règles et de critères normatifs et enfin le traitement d'un toponyme selon cet ensemble d'éléments normatifs[17].

En 1967, la première Conférence internationale prend une résolution appelant les États à se doter d'une autorité toponymique nationale, ayant pour rôle d'éliminer tout chevauchement entre services gouvernementaux sur le sujet[18]. Vingt ans plus tard, en 1987, cette résolution n'est pas mise en œuvre de façon généralisée mais est toujours considérée comme une condition de base d'une normalisation nationale : la cinquième Conférence des Nations unies[19] sur la normalisation des noms géographiques engage instamment les pays qui n’ont pas encore établi d’autorités nationales chargées des noms géographiques à le faire sans tarder[16]. Si des autorités nationales uniques existent déjà dans de nombreux pays, la France, pourtant active dans les travaux du GENUNG avec des experts de la commission topographique de l'IGN, décide de créer en 1987 une commission nationale de toponymie qui deviendra l'autorité toponymie nationale reconnue par les Nations unies.

Normalisation internationale

La normalisation internationale vise une uniformisation des formes orales ou écrites des noms géographies. Elle se fonde sur les normes nationales établies par chaque pays ce qui explique l’importance accordée par le GENUNG à la normalisation nationale[16]. Elle s’appuie également sur des conventions internationales qui fixent des équivalents dans les diverses langues et systèmes d’écriture[20].

Une promotion internationale des toponymes normalisés

Le résultat ultime d’un programme de normalisation est une diffusion et une promotion des noms géographiques officiels[21].

Fonctionnement

Organisation

Carte de localisation des conférences du Groupe d'experts.

Le GENUNG se réunit en conférence plénière tous les cinq ans (United Nations Conference on the Standardization of Geographical Names), et en session (Session of the United Nations Group of Experts on Geographical Names) tous les deux ans.

Résolutions

Les résolutions adoptées par le Groupe d'experts formalisent un certain nombre de prises de position[22]. Celles-ci concernent différents sujets : la coopération internationale visant à l'harmonisation et la normalisation des toponymes, les directives toponymiques adressées aux éditeurs de cartes, le soutien à la formation à la toponymie ou encore la romanisation.

Le GENUNG édicte aussi des positions qui concernent des problématiques internes aux États (normalisation linguistique dans contextes plurilingues, commercialisation des toponymes, valorisation du patrimoine toponymique…).

Enfin, certaines résolutions consistent en la publication de listes officielles de toponymes (dont exonymes) et de glossaires terminologiques.

Composition

Le GENUNG est organisé en divisions linguistiques et géographiques depuis 1972, permettant de conduire des travaux et réflexions par zones régionales. De plus, des groupes de travail sont mis en place en fonction des besoins[23].

Divisions linguistiques et géographiques

  • Pays fondateurs de la Division francophone, non représentés en 2019.
  • Pays fondateurs et actuellement représentés (2019) au sein de la Division francophone.
  • Pays non fondateurs et actuellement représentés (2019) au sein de la Division francophone.

Au départ, en 1972, le GENUNG était composé de quatorze divisions linguistiques et géographiques. En 2019, il en comprend 24, constituée chacune d'un bureau et d'une présidence[23]. Chaque pays décide à quelle division il désire appartenir[24].

Alors que le français est l'une des six langues officielles de l'organisation des Nations unies, la division francophone du GENUNG[25] est l'une des dernières divisions mises en place, en 1998. Auparavant, la France et le Québec participent aux travaux au sein de la division romano-hellénique aux côtés de la Grèce, de l'Espagne, de la Turquie ou encore de la Roumanie[26]. Il importe que les gouvernements de la francophonie et des États francophiles désireux de voir leurs autorités toponymiques bénéficier des retombées des travaux de la division francophone mandatent ces dernières pour qu'elles prennent part aux travaux du GENUNG, qui comporte 23 divisions géographico-linguistiques différentes[27].

« Son projet de création, initiative de la France et du Canada, a été soutenu par la Belgique, le Bénin, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Laos, le Luxembourg, le Mali, Monaco, la Roumanie, la Suisse et a été adopté par la Septième Conférence des nations unies pour la normalisation des noms géographiques (New York, janvier 1998)[27]. »

Il importe que les gouvernements de la francophonie et des États francophiles désireux de voir leurs autorités toponymiques bénéficier des retombées des travaux de la division francophone mandatent ces dernières pour qu'elles prennent part aux travaux du GENUNG.

La division francophone compte une cinquantaine de membres[28]. La commission nationale de toponymie de l'IGN français représente le Gouvernement français aux conférences des Nations unies pour la normalisation des noms géographiques. Ces conférences ont pour but d'examiner les problèmes posés par l'utilisation des noms géographiques dans les communications aussi bien nationales qu'internationales, et de proposer des solutions en vue de la normalisation de leur transcription sur les documents cartographiques.

Groupes de travail du GENUNG

Le GENUNG comporte en outre onze groupes de travail incluant : noms de pays, exonymes, bases de données toponymiques, publicité et financement, romanisation, et cours de formation en toponymie[29].

Notes et références

  1. Myriam Houssay-Holzschuch, « Nomen est omem. Lectures des changements toponymiques », L'Espace géographique, vol. 2008/2, no 37, , p. 153-159 (lire en ligne, consulté le ).
  2. « Les organes subsidiaires du Conseil économique et social », sur un.org (consulté le ).
  3. Henseler, 1987, p. 107.
  4. E. Wolnicz-Pawlowska, 2017, p. 136.
  5. Résolution 715 A (XXVII) du .
  6. Henseler, 1987, p. 108.
  7. Kerfoot, 2007, p. 80.
  8. Conseil économique et social, « Report of the group of experts on geographical names », sur unstats.un.org, (consulté le ).
  9. Henseler, 1987, p. 109.
  10. Wolnicz-Pawlowska, 2017, p. 137.
  11. « Groupe d'experts des Nations Unies pour les noms géographiques », sur Division francophone du Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques (consulté le ).
  12. Résolution 1314 (XLIV) du du Conseil économique et social.
  13. « Résolution 2018/2 : Organisation des travaux et méthodes de travail futures du Groupe d’experts des Nations unies pour les noms géographiques », Conseil économique et social, (lire en ligne).
  14. Conseil économique et social, « Règlement intérieur du Groupe d’experts des Nations unies pour les noms géographiques et projet d’ordre du jour de sa première session », Nations unies, (lire en ligne).
  15. (en) « UNGEGN Mandate », sur unstats.un.org (consulté le ).
  16. Orth, 2007, p. 8.
  17. Orth, 2007, p. 7.
  18. Kerfoot, 2007, p. 83.
  19. Rapport de la Conférence, Cinquième Conférence des Nations unies sur la normalisation des noms géographiques, vol. 1, Montréal, Nations unies, 18-31 août 1987.
  20. Orth, 2007, p. 9.
  21. Orth, 2007, p. 71.
  22. Ressources naturelles Canada, « Résolutions adoptées par les onze conférences des Nations unies sur la normalisation des noms géographiques », sur unstats.un.org, (consulté le ).
  23. Wolnicz-Pawlowska, 2017, p. 142
  24. Planques, 2002, p. 98.
  25. Calvarin.
  26. Gaston Cholette, L'action internationale du Québec en matière linguistique : coopération avec la France et la francophonie, Laval, Les presses de l'Université de Laval, , 199 p. (ISBN 2-7637-7504-7, lire en ligne), p. 156.
  27. GENUNG 2017, à propos.
  28. GENUNG 2017, membres.
  29. UNGEGN Working Groups.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Max C. de Henseler, L'activité internationale des Nations unies dans le domaine de la toponymie, Actes du XVIème congrès international des sciences onomastiques, 1987, 16 p.,
  • Ewa Wolnicz-Pawlowska, The fiftieth anniversary of the first United Nations Conference on the Standardization of Geographical Names, Polish Cartographical Review, 2017, pp.135-146,
  • Pierre Planques, Une instance toponymique internationale : le GENUNG, CDC, Septembre-, pp. 96-99,
  • Helen Kerfoot, Le rôle de l’Organisation des Nations unies dans la normalisation des noms géographiques : cinquante ans plus tard, Manuel de normalisation nationale des noms géographiques, Nations unies, 2007, pp. 79-93,
  • Donald J. Orth, Organisation d’un programme national de normalisation des noms géographiques, Manuel de normalisation nationale des noms géographiques, Nations unies, 2007, pp. 6-75,

Liens externes

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