Grendel (comics)

Grendel est une série de bande dessinée américaine créée par Matt Wagner en 1982. Elle s'apparente à différents genres, aventures de super-héros, science-fiction (notamment cyberpunk), politique-fiction, etc.

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La série Grendel est basée sur un concept original puisque son héros n'est pas un personnage à proprement parler mais une « force » s'incarnant dans différents personnages au cours de l'histoire. Si l'histoire du premier Grendel, Hunter Rose, est plus particulièrement développée, de nombreux autres Grendels apparaissent au cours des différentes sagas publiées depuis plus de vingt ans, qui ont toutes pour point commun d'inclure le mot Devil dans leurs titres. Selon son créateur Matt Wagner, Grendel est « une étude de la nature de l'agression ».

Histoire de la série

Le personnage Hunter Rose est apparu en 1982[1] dans le magazine anthologique de bande dessinée Comico Primer, édité par la compagnie Comico. Ses aventures se poursuivent dans une série de trois épisodes en noir et blanc en 1983, puis son histoire complète est à nouveau racontée de 1984 à 1986 dans une version retravaillée dans la saga Grendel: Devil by the Deed publiée à la fin des épisodes d'une autre série de Matt Wagner, Mage (compilée depuis sous la forme d'un album de 48 pages)[2].

La série mensuelle Grendel dure 40 épisodes, toujours scénarisée par Wagner mais désormais dessinée par différents artistes invités qui se succèdent au cours des différentes sagas de l'histoire[1], chacune d'entre elles étant consacrée à une nouvelle incarnation de Grendel. Cette série est nominée aux Eisner Award pour les prix de meilleure série régulière, meilleur épisode (le 12e), meilleur scénariste (Matt Wagner) et meilleure équipe artistique (les dessinateurs Arnold et Jacob Pander et le coloriste Jay Geldof) .

La compagnie Comico ayant fait faillite, la série fut arrêtée durant plusieurs années, mais Matt Wagner a finalement récupéré les droits de sa création et Grendel put ainsi revenir dans les années 1990 chez l'éditeur Dark Horse. À partir de 1993, la collection Grendel Tales présente des mini-séries de quelques épisodes chacune réalisées par différentes équipes, Matt Wagner se contentant de superviser la vaste fresque aux nombreuses ramifications qui s'est construite avec le temps.

Chronologie des sagas

Les premières histoires (Comico Primer #2 ; Grendel vol.1 #1-3)

Ces épisodes présentent Hunter Rose, un jeune génie écrivain le jour et justicier masqué la nuit. Bien que possédant les attributs d'un super-héros, Hunter Rose est également le chef d'une organisation criminelle, ce qui l'apparente à un super-vilain[3]. De même, son ennemi le loup-garou Argent, membre des forces de police, se comporte souvent d'une manière correspondant peu à l'éthique supposée de sa profession. L'ambiguïté morale est une caractéristique importante de la série Grendel, Matt Wagner se refusant à adhérer au manichéisme traditionnel des séries de super-héros.

Devil by the Deed (publié en épisodes dans la série Mage, 1984-1986)

Cette saga raconte à nouveau les épisodes précédents, considérés par Matt Wagner comme un « brouillon ».

Eddie est un jeune garçon incroyablement doué en tout, ce qui rend sa vie mortellement ennuyeuse, jusqu'à ce qu'il vive une aventure torride avec Jocasta Rose, une rivale à un tournoi d'escrime qui seule s'est révélée à sa hauteur. Lorsque Jocasta meurt, Eddie, bouleversé, adopte une nouvelle identité - ou plutôt deux. Il devient Hunter Rose, un riche écrivain, mais aussi Grendel, un assassin costumé qui se construit un empire du crime à ses ordres. Il est pourchassé par Argent, un loup-garou assoiffé de violence qui travaille pour la police dans l'espoir de racheter ses fautes.

Hunter Rose adopte une petite fille, Stacy Palumbo, la fille d'un gangster qu'il a assassiné. Argent s'attache aussi à Stacy et cherche à l'arracher de l'influence de Rose. Mais lorsque Stacy découvre que Hunter Rose est Grendel, elle le livre à Argent. Les deux rivaux s'affrontent sur le toit d'un temple maçonnique, la bataille s'achevant par la mort de Grendel, Argent restant quant à lui paralysé à la suite de ses blessures[3].

Devil’s Legacy (Grendel vol.2 #1-12)

Dessin : Arnold et Jacob Pander.

L'héroïne de cette saga est Christine Spar, la fille de Stacy Palumbo. Celle-ci prend l'identité de Grendel dans l'espoir de secourir son fils, Anson, enlevé par Tujiro XIV, une vampire danseuse Kabuki. L'âme de plus en plus consumée par Grendel, Christine se laisse aller à la violence et entre en conflit avec le capitaine Wiggins, policier new-yorkais doté d'un œil cybernétique et ayant la faculté de détecter le mensonge. Celui-ci fait appel à Argent qui affronte la nouvelle Grendel, aucun des deux protagonistes ne survivant à ce combat.

The Devil Inside (Grendel vol.2 #13-15)

Dessin : Bernie Mirault.

Brian Li Sung, chorégraphe de Tujiro et amant de Christine Spar, se met à la recherche du journal intime de cette dernière, incité en cela par le capitaine Wiggins. Sa raison vacille peu à peu, et il devient persuadé que c'est Grendel qui dirige ses actes. Il se fabrique alors un costume de Grendel dans le but d'assassiner Wiggins, mais celui-ci l'abat.

Devil Tracks and Devil Eyes (Grendel vol.2 #16-19)

Dessin : Matt Wagner.

Ces épisodes racontent des aventures d'Hunter Rose telles qu'imaginées par le capitaine Wiggins. Il lui avait été demandé, longtemps après les évènements, d'écrire quelque chose sur Grendel, mais, ne voulant pas réveiller de vieux fantômes, il préfère inventer de toutes pièces des récits concernant Hunter Rose, le seul Grendel qu'il n'a jamais rencontré.

The Incubation Years (Grendel vol.2 #20-23)

Dessin : Hannibal King et Tim Sale.

Ces épisodes voient la série devenir de plus en plus expérimentale dans sa narration et critique dans son discours. On y retrouve le capitaine Wiggins, désormais riche et célèbre grâce à ses romans sur Grendel, dont l'œil cybernétique détecteur de mensonges lui révèle un monde dirigé par la cupidité et l'arrivisme manipulateur. L'environnement dans lequel les personnages évoluent est une vision pessimiste de notre futur: corruption politique, crise sociale, guerre nucléaire, catastrophes écologiques…[4]

God and the Devil (Grendel vol.2 #24-33)

Dessin : John K. Snyder III et Jay Geldof.

Cette saga débute la période la plus ambitieuse de la série qui n'a désormais plus que de très lointains rapports avec l'histoire d'Hunter Rose.

L'histoire se déroule au XXVIe siècle. La plus grande partie du monde est contaminée tandis que les États-Unis sont fragmentés en plusieurs systèmes corporatiques dominés par une Église catholique désormais basée à Vatican Ouest (Colorado) et dirigée par le pape Innocent XLII[5].

Orion Assante, un riche aristocrate, essaye de combattre la corruption financière de l'Église de l'intérieur du système, tandis qu'un terroriste anticlérical qui a repris l'identité de Grendel utilise lui des méthodes beaucoup plus radicales. Il s'agit d'Eppy Thatcher, un ouvrier déséquilibré persuadé d'être la victime de la haine de Dieu, et dont les capacités sont altérées par une drogue chimique elle-même nommée Grendel. Pour le combattre, l'Église crée une Seconde Inquisition. Le Pape Innocent, en réalité le vampire Tujiro, essaye de construire une arme qui, installée en haut d'une tour érigée à sa gloire, permettra de bloquer les rayons du soleil.

Devil’s Reign (Grendel vol.2 #34-40)

Dessin : Tim Sale.

Après les évènements de God and the Devil et la mort de Tujiro, le pays est ravagé. Une communauté de vampires s'est installée à Las Vegas. Orion Assante, qui semble à son tour possédé par Grendel, tente de rétablir l'ordre grâce à une armée privée et un réseau médiatique tous deux nommés « L’Épée d’Orion ». Cette saga de politique-fiction est consacrée à la manière dont il gère ses rapports avec les autres puissances du globe, opposées à ses projets. Après avoir utilisé l'arme de Tujiro pour rayer le Japon de la carte, il devient le premier empereur planétaire et se fait appeler Orion Ier le Grendel-Khan. Les hommes de son armée personnelle sont nommés à leur tour Grendels et bénéficient d'un rang élevé dans la société.

Silverback

Cette série de trois épisodes réalisée par Matt Wagner et William Moesmer-Loebs (coscénariste et dessinateur) en 1989 raconte l'origine du loup-garou Argent en s'inspirant des légendes amérindiennes.

War Child (Grendel: War Child #1-10)

Dessin : Patrick McEown.

Conçue initialement pour être les numéros 41 à 50 de la série régulière Grendel, cette saga fut finalement publiée en 1992 chez l'éditeur Dark Horse, après que Matt Wagner en a récupéré les droits de publication.

Dix ans après la mort d'Orion Ier, son fils Jupiter est enlevé dans son palais/prison par un Grendel solitaire surnommé « Le Paladin » et qui sera plus tard connu sous le nom Grendel-Prime. La régente, la veuve d'Orion Laurel Kennedy envoie ses hommes à leurs trousses. Au cours de la poursuite, Grendel-Prime se révèle être un cyborg alimenté à l'énergie solaire, créé par Orion Ier pour protéger Jupiter jusqu'à ce qu'il soit suffisamment vieux pour assumer le rôle de Grendel-Khan. Grendel-Prime et Jupiter vont alors consacrer les dix années suivantes à préparer une révolte afin de rendre à Jupiter son trône, entre les mains d'Abner Heath, premier ministre de Laurel Kennedy l'ayant écarté du pouvoir.

Batman/Grendel

Cette série en deux épisodes faisant se rencontrer Batman et Grendel avait été réalisée par Matt Wagner dans les années 1980 mais sa sortie fut annulée à la suite de la faillite de Comico. Elle fut finalement publiée par DC Comics en 1993.

Grendel Tales

  • Four Devils, One Hell par James Robinson et Teddy Kristiansen (1993)
  • Devil’s Hammer par Rob Walton (1994)
  • The Devil in Our Midst par Steven T. Seagle et Paul Grist (1994)
  • Devils and Deaths par Darko Macan et Edvin Biukovic (1994)
  • Homecoming par Patrick McEown (1994)
  • Devil’s Choices par Darko Macan et Edvin Biukovic (1995)
  • The Devil May Care par Terry LaBan et Peter Doherty (1995)
  • The Devil’s Apprentice par Jeffrey Lang et Steve Lieber (1997)

Devil’s Quest

Il s'agit d'un album compilant des histoires courtes par Matt Wagner publiées à la fin des épisodes de Grendel Tales. Situé plusieurs siècles après War Child, on y voit le nouveau Grendel-Khan essayer de retrouver la trace de Grendel-Prime, celui-ci tentant quant à lui de rentrer en contact avec l'âme d'Hunter Rose grâce à un rituel magique…

Batman/Grendel II

…ce qui le transportera dans le passé, où Batman, dans cette nouvelle série de deux épisodes par Matt Wagner, l'empêchera de sacrifier des centaines de personnes afin de terminer son rituel.

Grendel: Black, White and Red ; Grendel: Red, White and Black

Deux séries de quatre numéros chacune, présentant des histoires courtes écrites par Matt Wagner et dessinée par divers artistes, revenant sur l'histoire d'Hunter Rose. Comme le titre l'indique, ces épisodes sont en quasi-noir et blanc, la seule couleur additionnelle étant le rouge.

Devil Child

Ces deux épisodes écrits par Diana Schutz (la directrice de publication de longue date des séries de Matt Wagner) et dessinés par Tim Sale, publiés en 1999, reviennent sur l'histoire de Stacy Palumbo et la naissance de sa fille Christine Spar.

Grendel: Past Prime

Il s'agit d'un roman écrit par Greg Rucka et illustré par Wagner, racontant une aventure de Grendel-Prime.

Prix et récompenses

  • 1993 : Prix Eisner de la meilleure mini-série pour L'Enfant guerrier

Publication en français

  • L’Enfant guerrier, Dark Horse France, 3 vol., 1993.
  • Grendel Tales, Dark Horse France :
  1. L’Ultime Sacrifice, 1996
  2. L’Ultime Bataille, 1996
  • Quatre démons, un enfer, Panini comics, 2003.
  • L’Enfant du démon, Semic, 2007.
  • L’Évangile du démon, Semic, 2008.

Annexes

Documentation

  • (en) Diana Green, « Grendel », dans M. Keith Booker (dir.), Encyclopedia of Comic Books and Graphic Novels, Santa Barbara, Grenwood, , xxii-xix-763 p. (ISBN 9780313357466), p. 269-271.
  • Mark Ham, « Wagner Fortissimo », BoDoï, no 16, , p. 16.

Liens externes

Notes et références

  1. (en) Diana Schutz, The Art of Matt Wagner's Grendel, Dark Horse Comics, , 200 p. (ISBN 978-1-63008-469-1 et 1-63008-469-7, lire en ligne), "The art of Grendel is an art of collaboration. Almost from the beginning, Matt Wagner opened up the playing field of this character, teaming with other artists to realize vision of Grendel that owes everything and nothing to his original concept. In 1982, when Wagner had barely crested his twenties, the comics industry had been shaken wide open by such heady notion as creator's rights, copyright ownership, independent publishing, and the comic-book specialty market. The ground was fertile for a young and determined cartoonist to plant the seeds of his own growth - though, truth be told, those seeds had planted years earlier, only now beginning to bud for all to see. No matter that the first published work was somewhat raw in execution. These were the nascent days of Do-it-Yourself, building on turf broken and claimed by that era's headstrong punk mentality. And besides, those early black-and-white issues of Grendel bristled with energy, making up in sizzle what they might have lacked in polish! They were confident, even cocky, smart, and razor-edged sharp - much like the caracter they would introduce, that extraordinary "man of wealth taste." " p.01
  2. Alan Moore (trad. de l'anglais), Grendel, l'évangile du démon (introduction originelle pour la première édition en recueil de Grendel, l'évangile du démon), Paris, Semic, 2008 (1986), 48 p. (ISBN 978-2-35100-362-6), "En fait, la performance de Matt Wagner dans les pages de Mage est si brillante et stylisée que je pense qu'il a pu par mégarde faire de l'ombre à une autre histoire tout aussi chère à son coeur, tout aussi innovante et savamment conçue. Grendel, placé pour ne pas déranger dans les dernières pages de ce splendide comic book, est le contrepoint stylistique parfait de la série principale." p.06
  3. Diana Schultz (trad. de l'anglais), Grendel, L'enfant du démon, Paris, Semic, , 60 p. (ISBN 978-2-35100-279-7), "Grendel est une figure envoûtante et impitoyable qui traverse les âges. Une malédiction qui s'incarne pour la première fois en la personne d'Hunter Rose, écrivain et assassin. Stacy Palumbo est la fille adoptive de ce dernier. C'est en découvrant son journal intime qu'elle apprend l'existence du double maléfique de son père adoptif et de son implication dans le meurtre de son oncle Barry. Elle entreprend alors de se venger et prépare la ruine de Grendel en le piégeant face à sa némesis, Argent. A la suite de la mort d'Hunter Rose, Stacy est placée dans un établissement psychiatrique." p. 04
  4. (en) Matt Wagner, Grendel god and the devil #0, Dark Horse Comics, , 30 p., "With the death of Brian Li Sung, the force he had perceived asa conscious, aggressive entity went into an extended period of apparent remission. It was to be almost five hundred years before another singular incarnation of Grendel would walk the Earth again. This is not to say that Grendel had no effect during this time. Far from it. In fact, human civilization continued to feel the weight of Grendel's rage-but in a far more subtle and, in the long run, insidious manner. As the one surviving person to have been directly involved with the succession of criminals known as Grendel, Captain Albert Wiggins suddenly found himself having an unexpected celebrity status. Eventually, he left COP [Confederacy of Police] to retire in the tropics and spin out a series ofbest-selling tales about Hunter Rose, the only Grendel Wiggins had never actually met. With this success came all the trappings of luxury as well as all the pressures of wealth. It was later in his life and new career that Albert Wiggins finally began to go mad. Spurred on by an apparent malfunction in his prosthetic eye, Wiggins began seeing the world around him as distorted and grotesque. Fans, publishers, agents, and even his doctor took on a hideous demeanor behind the waves of Wiggins's dementia. Finally, his sense of reality lost, Wiggins succumbed to his own inner rage and stabbed his nagging young wife to death. Grendel, it seemed, had managed to strike again." p. 01
  5. (en) Matt Wagner, Grendel god and the devil #0, Dark Horse Comics, , 30 p., "Several hundred years passed before the world again took on some semblance of a civilized structure. The rising new world order was a mishmash of opportunistic religion, obsessive personal indulgence, and the slogging advances of a technology not yet sure of itself. The battle for control of the fading American Empire was fought in the church pew as well as in the boandrooms and, perhaps most importantly, in the chemical-swilling minds of the public at large. Drugs were big business in this world of the future, and corporations strove incessantly for that elusive stimulant mixture that would provide the greatest euphoria with the fewest side effects... " p. 02
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