Granville Sharp

Granville Sharp, né en Angleterre à Durham le , mort le à Fulham, était un savant britannique converti au christianisme évangélique et l'un des pionniers de la lutte pour l'abolition de l'esclavage, « premier héros anglais de l'abolition »[1],[2].

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Biographie

Greffier de justice diplômé de droit[3],[4], Granville Sharp engagea sa lutte pour l'abolition de l'esclavage par la rédaction et la publication d'une réfutation détaillée de la doctrine des officiers de justice York et Talbot, doctrine qui justifiait la chasse aux esclaves fugitifs en Grande-Bretagne : ils avaient établi en 1729 que des esclaves baptisés ou débarquant sur le sol britannique ne pouvaient en arguer pour réclamer leur libération, dans la mesure où cela ne suffisait pas à faire d'eux des hommes libres[3]. Trois ans plus tard, en 1772, Sharp prolongea cet effort théorique par une action judiciaire. Il s'engagea en effet dans la défense d'un esclave américain baptisé en Angleterre qui avait fui son maître et qui réclamait sa libération, James Somerset. Granville Sharp obtint à cette occasion que le Lord Chief of Justice, Lord Mansfield, reconnaisse que rien dans le droit positif anglais ne permettait de maintenir en servitude un esclave fugitif sur le sol britannique, et que dès lors tous les esclaves posant le pied sur le sol de la Grande-Bretagne pouvaient être proclamés libres s'ils échappaient à leur maître[3].

La lutte n'était cependant pas toujours couronnée de succès. Ainsi, avec l'aide d'un esclave affranchi devenu une figure de la cause abolitionniste, Olaudah Equiano, Granville Sharp chercha en 1783 à faire avancer la cause abolitionniste en faisant valoir qu'un esclave n'était pas, sur un navire, une « marchandise » comme les autres[5]. En effet, le propriétaire du navire négrier Zong, dont le capitaine avait été « contraint » en 1781 de jeter à la mer sa cargaison de 132 esclaves touchée par une épidémie[6] afin d'éviter la contagion, s'adressait aux tribunaux britanniques pour déterminer s'il était légitime qu'il soit indemnisé par son assurance comme on pouvait l'être en pareil cas quand il s'agissait d'animaux. Malgré les efforts de Sharp, le Lord Chief Justice Mansfield conclut que, « si choquant que ce fût, le cas des esclaves était exactement assimilable à celui des chevaux »[5].

Le Négrier de Turner est inspiré de l'affaire du Zong.

Sharp fonda par ailleurs la Société pour la conversion des Juifs au christianisme et la British and Foreign Bible Society Société biblique britannique et internationale »), qui existe toujours en 2008, membre de l'Alliance biblique universelle.

Notes et références

  1. James Walvin, « Abolir la traite », dans Marcel Dorigny et Max-Jean Zins (dir), Les Traites négrières coloniales, Éditions du cercle d'art, 2009-2010, p. 172.
  2. (en) « Granville Sharp | English scholar and philanthropist », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  3. Olivier Pétré-Grenouilleau, Les Traites négrières : essai d'histoire globale, Gallimard, 2004, p. 226.
  4. « Granville Sharp | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  5. Olivier Pétré-Grenouilleau, Les Traites négrières : essai d'histoire globale, Gallimard, 2004, p. 235, note 2.
  6. Nelly Schmidt, L'Abolition de l'esclavage : cinq siècles de combats XVIe-XXe siècle, Fayard, Paris, 2005, p. 138.

Liens externes

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