Gonçalo Anes Bandarra

Gonçalo Annes Bandarra ou encore Gonçalo Anes, o Bandarra (Trancoso, 1500 – ibid. 1556) était un cordonnier et un prophète portugais, auteur de Trovas messianiques qui se sont vues ensuite liées au sébastianisme et au millénarisme portugais.

Sa vie et le destin de son œuvre

Cordonnier de son état, Gonçalo Annes Bandarra se consacra à la diffusion en vers de prophéties au caractère messianique. Il avait une bonne connaissance de l'Ancien Testament, qu'il interprétait à sa façon, et composa une série de Trovas qui parlaient de la venue de l'« Encoberto »[1] ainsi que de l'avenir du Portugal comme royaume universel. Pour cette raison, il fut accusé et poursuivi par l'Inquisition de Lisbonne qui soupçonnait ses Trovas de contenir des traces de judaïsme. Le tribunal devant lequel il passa le condamna à participer à la procession de l'autodafé de 1541 et à ne plus jamais interpréter la Bible ou écrire sur des questions de théologie. Malgré le fait que ses Trovas aient eu un grand succès parmi les nouveaux chrétiens, on ne sait pas au juste s'il était d'origine juive. Après le procès il revint à Trancoso, où il mourut, probablement en 1556. Ses Trovas, en partie en raison de l'intérêt qu'elles avaient suscité parmi les nouveaux chrétiens mais surtout en raison de son succès après la bataille de Ksar El Kébir (1578), furent mis à l'Index à la fin du XVIe siècle. Les Trovas circulèrent en plusieurs copies manuscrites, malgré l'interdiction du Saint-Office. En 1603, D. João de Castro (petit-fils sébastianiste du célèbre vice-roi de l'Inde portugaise homonyme, les édita et les commenta dans un ouvrage imprimé à Paris et intitulé Paráfrase e Concordância de Algumas Profecias de Bandarra (Paraphrase et concordance de quelques prophéties de Bandarra)[2]. Les Trovas furent interprétées comme une prophétie annonçant le retour du roi Sébastien après sa disparition lors de la bataille de Ksar El Kébir en . En 1644, à Lyon cette fois-ci, parut une nouvelle édition, la première intégrale, parrainée par des partisans de Jean IV et qui défendait l'idée que le « Restaurador » était le véritable « Encoberto » prophétisé dans les Trovas[3]. En 1665, l'ouvrage fut une nouvelle fois condamné par l'Inquisition, qui promulgua un édit en interdisant la circulation[4]. Au XVIIIe siècle, de nouvelles parties furent ajoutées aux Trovas, censées être découvertes à Trancoso. Les accusant d'être des machinations des jésuites en 1768, l'Office royal de censure, la Real Mesa Censória interdit une fois de plus leur circulation, dans un décret qui condamnait également une autre série de textes prophétiques portugais. En dépit de toutes les plaintes, les Trovas continuaient à circuler et, en 1809, les invasions napoléoniennes donnèrent lieu à une nouvelle réimpression. Après cette édition, connue sous le nom d'édition de Barcelone, bien qu'elle eût été imprimée à Londres, plusieurs autres virent le jour dans une résurgence du sébastianisme motivée par des crises politiques et sociales qui agitaient le Portugal dans la première moitié du dix-neuvième siècle. Dans cette période eurent lieu de nouvelles impressions en 1810, 1815, 1822, 1823 et 1852[5]. Les Trovas de Bandarra ont influencé entre autres la pensée sébastianiste et messianique de D. João de Castro, du père António Vieira et de Fernando Pessoa.

Éditions des Trovas de Bandarra

Sources

Bibliographie

Liens externes

Notes et références

  1. L'Encoberto (le Caché) était le roi Sébastien Ier à la mort duquel on ne voulait pas croire et dont on attendait le retour.
  2. Ouvrage téléchargeable
  3. Ouvrage téléchargeable
  4. Ouvrage téléchargeable
  5. Pour passer rapidement en revue les éditions connues, voir : Besselaar, J.V.D. "As trovas de Bandarra" In: Antônio Vieira. Profecia e Polêmica. Rio de Janeiro: EdUERJ, 2002, p. 277-313. Pour comparer les éditions et leurs différences, et pour avoir une transcription de toutes, voir: Profecias. Compilação dos textos das principais edições. Porto: Ecopy, 2010. Pour une liste des éditions et d'autres ouvrages sébastianistes, voir: OLIVEIRA, V.A. Oliveira. Sebástica: bibliografía geral sobre D. Sebastião Coimbra: Biblioteca Geral da Universidade de Coimbra, 2003, p. 248ss
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