Giovanni Giustiniani

Giovanni Giustiniani, né en 1418 à Gênes et mort le à Chios, est un capitaine et condottiere génois, membre de la famille Giustiniani, l’une des plus prestigieuses de la République de Gênes, parent de la puissante maison Doria, et protostrator de l’Empire romain d’Orient.

Biographie

Ancien podestat de Caffa, il est un des seuls renforts que reçoit Constantinople avant sa prise par les Ottomans dirigés par Mehmed II. Finançant lui-même son expédition car Gênes refuse de s’engager militairement contre l’Empire ottoman, il arrive, le , à la tête de deux navires et 700 hommes (400 Génois et 300 Grecs venus des îles de la mer Égée), il est très bien accueilli par Constantin XI.

Selon l’historien Critobule d’Imbros, il serait venu à Constantinople après que Constantin lui ait promis de lui céder Lemnos, en cas de victoire[1]. En réalité, il semble plutôt que l’empereur lui ait promis l’île de Lemnos après son arrivée à Constantinople[2]. Quoi qu’il en soit, il reçoit, lors du siège, la responsabilité de la défense des murailles terrestres de la ville qu’il inspecte rigoureusement et fait restaurer si besoin est. Il demande notamment à Gabriele Trevisano de restaurer les douves proches du rempart des Blachernes.

Porte Saint-Romain, aujourd'hui Porte de Topkapi

Lui et 400 de ses hommes se battent, durant la grande partie du siège, au niveau de la Porte Saint-Romain, le point de la capitale byzantine le plus exposé aux Turcs. Il se bat avec un grand courage pendant toute la durée du siège et est légèrement blessé le , ce qui ne l’empêche pas de reprendre rapidement son poste. Toutefois, il a, vers la fin du siège, un malentendu avec l’amiral byzantin Lucas Notaras. Il voulait amener la faible artillerie byzantine dans son secteur ce que Notaras refuse, prétextant qu’elle est plus utile sur les murailles insuffisamment protégées bordant la Corne d’Or[3]. Toutefois, Constantin XI finit par trancher en faveur de Giustiniani.

Finalement le soir du , lors de l’assaut final des Turcs, il est mortellement blessé. La nature de la blessure diffère selon les sources : Georges Sphrantzès parle d'une blessure au pied, Laonikos Chalcondylès d’une blessure à la main, Léonard de Chio d'une flèche l'ayant touché à l’aisselle, et Critobule d’Imbros d'une balle de couleuvrine dans la poitrine[4] ; c'est cette dernière version qui est retenue par Steven Runciman[5].

Il est transporté dans sa tente avant d’être embarqué à bord d’un navire, qui part, peu après, pour Chios, malgré les exhortations de Constantin, qui le supplie de rester. Il meurt très certainement, lors du trajet. Son départ provoque un vent de panique parmi les défenseurs, et notamment parmi les Génois, ce qui contribue à l’écroulement de la défense de la ville. De nombreux chroniqueurs du siège portent un jugement très dur à propos de Giustiniani, du fait de son départ. Toutefois, il a globalement fait preuve d’un grand courage et d’une grande efficacité dans la défense de la ville.

Notes et références

  1. Kenneth Setton, The Papacy and the Levant, American Philosophical Society, 1976, p.112
  2. Runciman 2007, p. 134
  3. Kenneth Setton, op. cit., p. 122-123.
  4. (en) Steven Runciman, The Fall of Constantinople, 1453, Cambridge University Press, , note 1 p.224
  5. Runciman 1965, p. 138.

Sources

  • Lina Murr Nehme, 1453, chute de Constantinople, Paris, François-Xavier de Guibert, , 269 p. (ISBN 978-2-86839-816-1, LCCN 2003361373)
  • Steven Runciman (trad. de l'anglais par Hugues Defrance), La Chute de Constantinople 1453, Lonrai, Tallandier, coll. « Texto », , 348 p. (ISBN 978-2-84734-427-1)

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