Giacomo Matteotti

Giacomo Matteotti, né le à Fratta Polesine en Vénétie et assassiné à Rome le , est un député socialiste italien.

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Son assassinat par un groupe fasciste et les événements qui suivirent sont considérés comme l'un des tournants majeurs du régime mussolinien vers une forme plus autoritaire de gouvernement.

Biographie

Tombeau de Giacomo Matteotti, Fratta Polesine, Rovigo.
Plaque commémorative à Civitavecchia (RM).

Issu d’une famille aisée, Giacomo Matteotti entreprend avec succès des études de droit à l'issue desquelles il est diplômé de l'université de Bologne en 1907. Dans sa jeunesse, il prend contact avec des mouvements socialistes, dont il devient une figure de proue. Prônant la neutralité de l'Italie lors de la Première Guerre mondiale, il est emprisonné en Sicile.

Membre actif du Parti socialiste italien (PSI), il est élu député en 1919, alors que l'Italie est secouée par une grave crise sociale, économique et politique, ponctuée de grèves sévèrement réprimées. Meneur avec Filippo Turati de l'aile réformiste du PSI, il est expulsé du parti après sa scission en 1922, il est un des fondateurs du Parti socialiste unitaire () et il en devient secrétaire général jusqu'à sa mort.

Les élections générales d'avril 1924 se déroulent dans un climat de violence et de fraudes. Le Listone, liste de députés établie par Mussolini constituant un « Bloc national » comprenant le Parti national fasciste, remporte la victoire. Matteotti continue de dénoncer les méthodes employées en particulier par les fascistes, ainsi que le caractère totalitaire du gouvernement de Benito Mussolini. Le 30 mai, à la Chambre des députés, il s'élève contre le régime dans un discours proposant l’invalidation des élections qui a donné une majorité écrasante au « Bloc national » de 355 sièges contre 176 pour les partis d'opposition.

Le , l'après-midi, tandis qu'il se rendait à pied de chez lui au palais du Parlement, il est enlevé par un groupe de squadristi fascistes et il est retrouvé roué de coups et poignardé[1]. Le corps du député ne sera découvert que le .

Conséquences politiques de l'assassinat de Matteotti

Sa disparition provoque le une réaction de protestation (que l'on nomme sécession aventiniana) des députés de l'opposition qui décident de se retirer, refusant ainsi de siéger. Pendant quelques semaines, le gouvernement semble sur le point de tomber, emporté par une vague d'indignation nationale.

Le , le député fasciste Armando Casalini est assassiné dans le tramway de Rome. L'assassin, Giovanni Corvi, s'il ne semblait pas appartenir à une formation politique quelconque, déclarera cependant avoir agi pour venger Matteotti[2].

Toutefois, Benito Mussolini, dans un discours à la Chambre des députés le , déclare qu'il assume « personnellement la responsabilité politique, morale et historique » des excès de ses escadrons lors des années passées, sans faire mention de l'assassinat de Matteotti. Il annonce en même temps la répression violente des opposants au régime, que ce soit la presse, les organes politiques ou les personnes physiques.

« Je déclare ici, en présence de cette Assemblée et en présence de tout le peuple italien, que j'assume, moi seul, la responsabilité politique, morale, historique de ce qui s'est produit.
Si les phrases plus ou moins déformées suffisent à pendre un homme, sortez le gibet et sortez la corde ! Si le fascisme n'a été que huile de ricin et bastonnade et non en fait une passion superbe de la meilleure jeunesse italienne, la faute m'en revient ! Si le fascisme a été une association de criminels, je suis le chef de cette association de criminels ! »

Les assassins

Giovanni Marinelli fut initialement inquiété pour la séquestration (mais non l'homicide) de Matteotti. Pourtant, il ne fut jamais poursuivi, jusqu'à l'amnistie du .

En 1926 eut lieu le procès de Chieti de certains assassins de Matteotti, des militants fascistes. Il est toujours incertain qu'ils aient agi sur ordre de Mussolini ou indépendamment. Trois d'entre eux, Albino Volpi, Amerigo Dumini et Amleto Poveromo furent condamnés à six ans de prison, mais ils furent libérés avant d'avoir purgé l'intégralité de leur peine.

Après la Seconde Guerre mondiale, un nouveau procès est ouvert.

En à Rome, les principaux accusés, Amerigo Dumini, Amleto Poveromo et Albino Volpi, sont condamnés à la détention perpétuelle (sanction la plus lourde en Italie depuis l'abolition de la peine de mort la même année), commuée, vu leur âge, en trente ans de réclusion. Parmi les personnes examinées mais non condamnées figurent Francesco Giunta, Cesare Rossi, Augusto Malacria, Fillippo Filippelli (directeur du Corriere italiano) et Filippo Panzeri.

Ce second procès ne permettra pas de prouver de manière définitive la responsabilité directe de Mussolini.

Œuvres

  • Machiavelli, Mussolini and Fascism, Londres, English Life, 1924
  • The fascisti exposed; a year of fascist domination, Londres, Independent labour party publication Dept., 1924 (réédition: New York, H. Fertig, 1969)

Bibliographie

  • (it) Luigi Cyaheled, Matteotti è vivente, Naples, Casa Editrice Vedova Ceccoli & Figli, 1924.
  • (it) Carlo Silvestri, Matteotti, Mussolini e il dramma italiano, Rome, Ruffolo, 1947.
  • (it) Renzo De Felice, Mussolini il fascista, I, La conquista del potere. 1921-1925, Turin, Einaudi, 1966.
  • (it) Carlo Rossini, Il delitto Matteotti fra il Viminale e l’Aventino, Bologne, Il Mulino, 1968.
  • (it) Antonio G. Casanova, Matteotti. Una vita per il socialismo, Milan, Bompiani, 1974.
  • (it) Adrian Lyttelton, La conquista del potere. Il fascismo dal 1919 al 1929, Rome-Bari, Laterza, 1974.
  • (it) Ives Bizzi, Da Matteotti a Villamarzana. 30 anni di lotte nel Polesine (1915-1945), Treviso, Giacobino, 1975.
  • (it) Carlo Silvestri, Matteotti, Mussolini e il dramma italiano, Milan, Cavallotti editore, 1981.
  • (it) Alexander J. De Grand, Breve storia del fascismo, Rome-Bari, Laterza, 1983.
  • (it) Matteo Matteotti, Quei vent’anni. Dal fascismo all’Italia che cambia, Milan, Rusconi, 1985.
  • (it) Fabio Andriola, Mussolini. Prassi politica e rivoluzione sociale, S.l., F.U.A.N., 1990.
  • (it) Mauro Canali, Il delitto Matteotti. Affarismo e politica nel primo governo Mussolini, Camerino, Università degli studi, 1996; Bologne, Il Mulino, 1997. (ISBN 88-15-05709-9); 2004. (ISBN 88-15-09729-5)
  • (it) Valentino Zaghi, Giacomo Matteotti, Sommacampagna, Cierre, 2001. (ISBN 88-8314-110-5)
  • (it) Marcello Staglieno, Arnaldo e Benito. Due fratelli, Milan, Mondadori, 2003. (ISBN 88-04-51264-4)
  • (it) Mauro Canali, Il delitto Matteotti, Bologne, Il Mulino, 2004.
  • (it) Nunzio Dell'Erba, Matteotti: azione politica e pensiero giuridico, in Patria indipendente, 28 maggio 2004, a. LIII, nn. 4-5, pp. 21–23.
  • (it) Stanislao G. Pugliese, Fascism, Anti-fascism, and the Resistance in Italy: 1919 to the Present, Rowman & Littlefield, 2004. (ISBN 0-7425-3123-6)
  • (it) Enrico Tiozzo, La giacca di Matteotti e il processo Pallavicini. Una rilettura critica del delitto, Rome, Aracne, 2005. (ISBN 88-548-0041-4)
  • (it) Gianpaolo Romanato, Un italiano diverso. Giacomo Matteotti, Milan, Longanesi, 2010.
  • (it) Giovanni Borgognone, Come nasce una dittatura. L'Italia del delitto Matteotti, Bari, Laterza, 2012. (ISBN 978-88-420-9833-1)

Notes et références

Liens externes

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