Germanicus

Caius Julius Caesar, dit Germanicus (né à Rome le 24 mai 15 av. J.-C., mort près d'Antioche le 10 octobre 19), est un général romain, membre de la famille impériale julio-claudienne. Très populaire, héritier présomptif de Tibère, il meurt avant ce dernier.

Pour les articles homonymes, voir Germanicus (homonymie) et Iulius Caesar.

Germanicus

Tête de Germanicus (musée Saint-Raymond).

Titre Consul en 12 et en 18
Grade militaire Général
Biographie
Naissance 24 mai 15 av. J.-C.
Rome
Décès 10 octobre 19 (33 ans)
Antioche
Père Drusus
Mère Antonia Minor
Conjoint Agrippine l'Aînée
Enfants Néron Caesar
Drusus Julius Caesar
Caligula
Agrippine la Jeune
Drusilla
Julia Livilla

Famille

Il est le fils de Drusus et d'Antonia Minor, et le frère aîné du futur empereur Claude. Par Antonia Minor, il est le petit-fils de Marc Antoine et d'Octavie, la sœur d'Auguste. Après la mort de son père et sur ordre d'Auguste, il est adopté en 4 apr. J.-C. par son oncle Tibère, qui a déjà un fils nommé Drusus[1].

En 5 apr. J.-C., il épouse Agrippine l'Aînée. Sur les neuf enfants de ce mariage, six survivent : Néron Caesar, Drusus Julius Caesar, Caius Caesar dit Caligula, Julia Agrippina  qui sera la mère de Néron , Drusilla et Julia Livilla[1].

En 10 av. J.-C., Drusus reçoit le surnom « Germanicus » pour ses victoires contre les Germains. À sa mort, l'année suivante, le surnom passe à son fils Caius. Lorsqu'il est adopté par Tibère, Caius prend pour nom Germanicus Iulius Caesar, et est alors généralement désigné sous le nom Germanicus.

Activités intellectuelles

Germanicus réunissait des talents remarqués dans le savoir et l'éloquence, aussi bien latine que grecque[2]. Il fut lié à Ovide, qui lui dédicaça ses Fastes alors qu'il avait une vingtaine d'années[3]. Il a transposé librement en latin le poème didactique d'Aratos de Soles, les Phénomènes, exercice antérieurement pratiqué par Cicéron dans sa jeunesse[4].

Vie publique

Aureus frappé à Lyon en 37, à l'avers : Caligula, au revers : Germanicus. Département des Monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France.

Il est nommé consul en 12 apr. J.-C., et commandant de l'armée de Germanie, où profitant de la popularité de son père Drusus, et doté de l'imperium proconsulaire sur la Gaule, il devient, souhait d'Auguste, le successeur potentiel de Tibère[1].

En l'an 13, à la tête de 80 000 hommes, il retrouve les morts des légions de Varus tombés lors de la Bataille de Teutoburg, les fait enterrer dignement, et multiplie les raids de représailles sur les tribus environnantes. Arminius résiste cependant avec succès, et manque d'anéantir les troupes d'Aulus Caecina Severus.

À la mort d'Auguste en 14 apr. J.-C., Germanicus parvient à contrôler quatre de ses légions entrées en rébellion, et refuse l'Empire que ses soldats lui proposent[5].

Il mène deux autres campagnes, en 15 et en 16[6], et remporte la victoire d'Idistavisus Campus, puis une autre bataille sur le territoire des Angrivarii, toujours face à Arminius, et capture son épouse Thusnelda.

Mais la conquête de la Germanie n'est plus un objectif depuis le désastre de Varus, les campagnes de Germanicus étant aussi très difficiles et coûteuses, elles ne sont donc que des démonstrations d'intimidation, et lorsque le danger germanique cesse en 17 apr. J.-C., Tibère le rappelle à Rome[7]. Germanicus célèbre son triomphe[1], le 7e jour avant les calendes de juin, selon Tacite[8].

Il est ensuite désigné consul pour l'année 18, et envoyé en Orient avec un imperium majus sur toutes ces contrées, tandis que Gnaeus Calpurnius Piso est nommé gouverneur de Syrie.

Germanicus fait couronner un nouveau roi en Arménie, Artaxias III Zénon; transforme la Cappadoce en province romaine; rattache la Commagène à la Syrie, et passe ensuite l'hiver en Égypte, où il est acclamé par la population. Au dire de Tacite, Tibère n'apprécia pas ce séjour de Germanicus en Égypte effectué sans son autorisation[9],[1].

De retour à Antioche en 19, il constate que ses mesures ont été annulées en son absence par Piso. Il tombe malade et meurt avant d'avoir pu régler ce problème[1].

Selon Tacite et Dion Cassius, son décès parut suspect avec la découverte de tablettes de défixion le visant et d'autres traces de rituels d'exécration, tandis que Germanicus aurait accusé Gnaeus Calpurnius Piso et son épouse Munatia Plancina de l'avoir empoisonné, et aurait prié son épouse Agrippine de venger sa mort[10].

Revenu à Rome, Pison est mis en accusation. Tibère ne se prononce pas et renvoie l'affaire devant le Sénat. Sans espoir d’être acquitté à l'issue des débats, Pison se suicide[11],[12].

Funérailles et postérité

La mort de Germanicus, tableau de Nicolas Poussin, 1627.
Agrippine débarquant à Brundisium avec les cendres de Germanicus, Benjamin West, c. 1768.

Les funérailles de Germanicus furent célébrées à Antioche, sans le cérémonial romain de procession funèbre et d'exhibition des portraits d'ancêtre. Le corps fut exposé sur la place publique, puis incinéré. Son épouse Agrippine ramena ensuite ses cendres à Rome par la voie maritime[13]. À Rome, la nouvelle de la maladie puis de la mort de Germanicus provoqua dans la population de vives réactions de chagrin et de colère contre les dieux qui lui avaient enlevé la vie[14]. Les honneurs funèbres qui lui sont décernés comme l'attribution de statues et des célébrations en sa mémoire sont connus grâce à plusieurs inscriptions latines, en particulier la Tabula Hebana et la Tabula Siarensis, qui décrit la statuaire d'un arc à l'entrée du cirque Flaminius : outre Germanicus sur un char y figurent ses parents, son frère Claude et sa sœur Livilla, et ses enfants, à l'exclusion de Tibère et de la descendance de ce dernier[15].

Germanicus jouit d'une popularité qui dépasse de loin ses mérites militaires. Seul descendant mâle des Julii suffisamment avancé en âge, symbole même du jeune homme bon et vertueux que tout destine à la gloire du Principat, adulé par la population et par les troupes, il ne peut que faire de l'ombre à Tibère. Suétone écrit : « Les horreurs des années suivantes augmentèrent encore la gloire de Germanicus et le regret de sa perte, car tout le monde estimait, non sans raison, qu'inspirant à Tibère du respect et la crainte il avait contenu sa férocité, qui éclata bientôt après[16]. »

Son fils Caligula, sa fille Agrippine la Jeune et le fils de celle-ci Néron, exploiteront l'incroyable prestige de Germanicus.

L'astéroïde (10208) Germanicus a été nommé en son hommage.

Généalogie

Ascendance

Famille

Notes et références

  1. Petit 1974, p. 71.
  2. Suétone, Vie des douze César, Caligula, 3, 1.
  3. Virginie Subias-Konofal, « Poésie, politique et rhétorique rituelle : l'Hymne à Germanicus dans les Fastes d'Ovide », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, n°1, 2003, pages 107-129, p. 109.
  4. Dehon 2003, p. 104-109.
  5. Tacite, Annales, livre I ; Dion Cassius, Histoire romaine, livre LVII, 5-6.
  6. En 1967 fut trouvé l'emplacement d'un Camp romain à Delbrück, construit en l'an 4 ou 5 de notre ère, abandonné en 9 après la Bataille de Teutoburg, et qui fut certainement réutilisé ponctuellement lors des expéditions punitives de 14 à 16 __ Sources : Anreppen (it) et Spedizione germanica di Germanico (it). On peut remarquer que le deuxième lien parle de campagnes effectuées entre l'an 14 et l'an 16.
  7. Petit 1974, p. 79.
  8. Tacite, Annales, II, 41.
  9. Tacite, Annales, II, 53-61
  10. Tacite, Annales, II, 69 à 72 ; Dion Cassius, Histoire romaine, LVII, 18.
  11. Tacite, Annales, III, 10-15
  12. Petit 1974, p. 72.
  13. Tacite, Annales, II, 73 et 75.
  14. Tacite, Annales, II, 82 ; Suétone, Vie des douze Césars, Caligula, 5 et 6.
  15. Inscription référencée CIL VI, 40348
  16. « Vie des douze Césars/Caligula - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Germanicus - Aratea, traduit par André Le Bœuffle sous le titre Les Phénomènes d'Aratos (1975) éd. Les Belles Lettres (ISBN 2-251-01097-1).
  • Yann Rivière, Germanicus, Perrin, 2016, 576 p. (ISBN 9782262037703).
  • Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, Seuil, , 800 p. (ISBN 2-02-002677-5).
en langues étrangères
  • (de) Willem Frederick Akveld, Germanicus, sous la direction de J.B. Wölters, Utrecht, 1961.
  • (it) Bruno Gallota, Germanico, L’Erma di Bretschneider, Rome, 1987, 228 p.
  • (de) Gehrardt Kessler, Die Tradition über Germanicus, F. Rosenthal, Berlin, 1905, 104 p.
  • (it) Giorgio Bonamente – Maria Paola Segoloni, Germanico : la persona, la personalità, il personaggio : nel bimillenario dalla nascita, colloque des universités de Macerata et de Pérouse (Italie), du 9 au 11 mai 1986, G. Bretschneider, Rome, 1987, 238 p.

Articles

  • Pierre-Jacques Dehon, « Aratos et ses traducteurs latins: de la simple transposition à l'adaptation inventive », Revue belge de philologie et d'histoire _ Antiquité, t. 81 fasc. 1, , p. 93-115 (lire en ligne).
  • Claude Rambaux, « Germanicus ou la conception tacitéenne de l'histoire », L'antiquité classique, t. 41, fasc. 1, , p. 174-199 (lire en ligne).

Article connexe

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