Georges de Bologne Saint-Georges

Georges de Bologne Saint-Georges (1711-1774[1]) est un colon de la Guadeloupe, originaire de l'Angoumois. Fils de Pierre de Bologne Ier, major de régiment de Longvillers[2], Georges de Bologne Saint-Georges, comme son frère Pierre de Bologne, conseiller du roi sous Louis XV, servit durant sa jeunesse dans la première compagnie des mousquetaires gris[3]. Il a épousé Elisabeth-Françoise-Jeanne de Mérican et des historiens le donnent pour père de Joseph Bologne de Saint-George tout comme des généalogistes[4].

La richesse d'un planteur-négociant

Pierre de Bologne, père, un créole négociant, ancien gentilhomme ordinaire de la maison du roi possédait deux plantations, la sucrerie dite de Saint-Robert au Baillif et la caféière[5] du Mont d'Or avec de nombreux esclaves[6]. Les résultats économiques des plantations de la famille de Bologne Saint-Georges subissent les aléas de l'économie de plantation esclavagiste de la Guadeloupe. « Les habitants connaissent (…) une dépendance vitale pour la nourriture par rapport à la métropole. Il en est de même en ce qui concerne les moyens de production. "Sur l'habitation "Saint-Robert" au Mont d'Or, à Baillif, la liaison entre les géreurs et le négociant nantais (…) est à double sens ; ce dernier reçoit les sucres et les cafés que lui envoient les géreurs et leur expédie en retour l'outillage, les pièces de rechange pour le moulin, les toiles, les salaisons, les farines, les vivres[7], etc. qui leur sont nécessaires ; en cas de besoins, il fait les avances financières nécessaires. (Gabriel Debien[8], Plantation à la Guadeloupe, p. 12.)[9]" »

Duel et condamnation

Au cours d’une visite à son oncle Samuel de Bologne, Georges de Bologne Saint-Georges et Pierre-Julien Le Vanier de Saint-Robert, qui ont fait ample consommation de ponche, en viennent à se battre en duel. Le Vanier de Saint-Robert, qui semblait avoir été blessé sans gravité, meurt trois jours plus tard. Le rapport suppose que la blessure, provoquée par un coup d’épée, a probablement entraîné la mort par tintanos. Georges de Bologne Saint-Georges quitte alors la Guadeloupe en décembre 1747. Il sera effectivement condamné à mort par contumace[10], à la confiscation de tous ses biens et pendu en effigie sur la place de Basse-Terre en mai 1748[11], comme nous l'apprennent les minutes du jugement consultable aux Archives départementales de la Guadeloupe[12]. Deux ans plus tard, Pierre de Bologne, Conseiller du Roi, plaide la cause de son frère auprès du roi Louis XV et obtient des lettres de rémission[13]. Georges de Bologne Saint-Georges peut alors retourner à la Guadeloupe et recouvrer ses biens, après un séjour de deux ans chez son frère Pierre à Angoulême[14].

Un colon absentéiste ?

Si Georges de Bologne Saint-Georges est fermier-général à la Guadeloupe[15], on suppose qu'il doit résider sur l'Île afin d'exercer ses fonctions. S'il doit exercer lesdites fonctions sur le territoire métropolitain, alors, il n'y a aucune raison que la Guadeloupe soit son lieu de résidence.

« (…) jamais la Guadeloupe n'a été le lieu de son domicile fixe. Georges de Bologne de Saint-Georges aurait donc vécu loin de ses propriétés durant de nombreuses années, les gérant depuis Paris et s'endettant pour acheter des esclaves, en 1762, auprès de Vidal (le remboursement d'un emprunt de 88 000 livres fait en effet l'objet du litige entre George de Bologne et son prêteur, Louis-Joseph Vidal[16], habitant et négociant à la Guadeloupe), puis par un acte passé devant notaire, le , auprès du Comte de Kearney, pour la même raison. Il apparaît que le sieur de Saint-George était considéré comme un mauvais payeur et il le fut jusqu'à sa mort…). (Exposition. Gourbeyre (Guadeloupe). 2001)[17] ».

George de Bologne, demeurant alors à l'hôtel de Châteauvieux, au 49, rue Saint André des Arts, avait emprunté à Christophe de Kearney, un aristocrate irlandais, la somme de 6 500 francs, valeur de l'époque, dont une part était destiné à l'achat d'esclaves pour ses habitations de la Guadeloupe. Somme qu'il reste devoir encore en 1766[18].

Références

  1. , mort de Georges de Bologne au Baillif, en Guadeloupe, acte de décès de la Paroisse de Saint-Dominique du Baillif. N.B. : l'actuelle église Saint Dominique à Baillif a été construite en béton par Ali Tur en 1929.
  2. Il n'y a jamais eu, aux îles ou en France, de régiment portant ce nom.Pierre Bardin, [url google Joseph, sieur de Saint-George: le chevalier noir] : XVIIIe – XXIe siècle : 1745-2006, Paris, Guenegaud,, .(notice BnF no FRBNF40973268).
  3. La Bibliothèque nationale de France, Bnf, Revue de la BNF, Numéros 10-12, Page 41 : XXIe siècle : 2002, Paris, La Bibliothèque nationale de France, .(notice BnF no FRBNF34368143)
  4. Fiches individuelles genegand. Consulté le
  5. "Cette période rémunératrice de l'exploitation de la caféière, la seule intéressante, n'excède généralement pas quinze à vingt ou vingt-cinq années dans les meilleures conditions. C'est ce qui a été constaté dans la plupart des pays. On ne pet mieux souligner que dans de nombreux cas la présence de vieilles caféières vétustes et décrépites est un défi au bon sens, doublé d'une hérésie économique, surtout si elles occupent un terrain fertile, qui pourrait être mieux utilisé.
    C'est même avec des périodes d'exploitation encore plus réduites à un seul cycle de végétation et de production intensive de quatre à cinq ans, avant arrachage et replantation, qu'on a pu envisager l'utilisation de variétés d'Arabica de petit format à très forte densité.
    " René Coste et H. Cambrony, Caféiers et cafés : XIXe – XXe siècle : 1850-1989, Paris, G.P. Maisonneuve & Larose, .(notice BnF no FRBNF35029492).
  6. Harry P. Mephon, Corps et société en Guadeloupe : sociologie des pratiques de compétition : XVIIe – XXIe siècle : 1650-2007, Paris, Presses universitaires de Rennes, .(notice BnF no FRBNF41002291)
  7. Vivres : Ensemble de la nourriture qui sert à l'alimentation de l'homme et qui est considérée généralement du point de vue de la quantité
  8. Ce sont les travaux sur les sociétés de plantation qui ont, les premiers, examiné l'organisation des sociétés antillaises coloniales — pour les Antilles françaises, ceux du pionnier Gabriel Debien et de bien d'autres historiens qui l'ont suivi.Anne Pérotin-Dumon, La ville aux Iles, la ville dans l’île : Basse-Terre et Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, 1650-1820 : XVIIe – XXIe siècle : 1650-2001, Paris, KARTHALA Editions, . (notice BnF no FRBNF40669115)
  9. Guadeloupe, économie agricole: le malaise à fleur de sable : étude de cas, la région basse-terrienne, 1830-1980 : XIXe – XXe siècle : 1830-1980, Paris, L'Harmattan, .(notice BnF no FRBNF34873022).
  10. Honoré-Gabriel Riquetti de Mirabeau, neveu de Jean-Antoine Riqueti de Mirabeau, gouverneur de la Guadeloupe de 1752-1755 fut également condamné à mort par contumace, pourchassé jusqu'en son lieu d'exil, il fut extradé et emprisonné au château de Vincennes de 1777 à 1780.
  11. Année du traité d’Aix-la-Chapelle qui met fin à la guerre de Succession d’Autriche (1740–1748). Les rivalités coloniales entre la Grande-Bretagne et la France aboutiront à la guerre de Sept Ans (1756-1763)
  12. Archives nationales d'outre-mer, Aix-en-Provence, E 37 : Bologne
  13. "les lettres de rémission, ces actes de la chancellerie royale qui, à la demande des amis et parents des coupables, et après un récit des faits, proclamaient la grâce des coupables, sans pour autant les proclamer innocents"• Claude Gauvard, « De grâce especial », Crime, état et société en France à la fin du Moyen Age : XIVe – XVe siècle : 1300-1500, Paris, Publications de la Sorbonne, 2 vol., 1026 p., index, . Notice Bnf n° FRBNF37664018. Voir dans le même ouvrage : « La rémission source et méthode »
  14. C'est à Angoulême qu'un moine cordelier, André Thévet, de retour d'un séjour au Brésil, introduit le tabac dans le Royaume de France en 1556. Il en fit la culture dans les environs d'Angoulême, sa ville natale. On appelle alors le tabac «herbe angoulmoisine» ou «herbe pétun».
  15. « Saint-George (Le chevalier de), né à la Guadeloupe, le , fut amené fort jeune en France par M. de Boulogne, fermier-général(Louis-Gabriel Michaud). Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne ou histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes : Volume 39 XIXe siècle : 1825, Paris, Éditeur Michaud, . (). »
  16. Un Mémoire pour le sieur Bologne de Saint-Georges, ancien gentilhomme ordinaire du roi ; contre le sieur Vidal, bourgeois de Paris, Me Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont, (1732-1786), avocat., a été imprimé par L. Cellot en 1764, (notice BnF no FRBNF36771605).
  17. Archives de la Guadeloupe, Guadeloupe. Conseil général, Vincent Podevin-Bauduin et Laure Tressens, Le fleuret et l'archet : le chevalier de Saint-George (1739?-1799), créole dans le siècle des Lumières, -, bicentenaire de la mort du chevalier de Saint-George : XVIIIe – XXIe siècle : 1796-2001, Baie-Mahault, Archives départementales de la Guadeloupe, . (notice BnF no FRBNF37216124)
  18. Jean-Marie Williamson, Les passions de Marie Renault (1775-1855), de Saint-Domingue à Tonnay-Charente : XVIIe – XIXe siècle : 1650-2001, Paris, Karthala, . ()
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