Georges Feydeau

Georges Feydeau, né le à Paris et mort le à Rueil-Malmaison, est un auteur dramatique, peintre et collectionneur d'art français, connu pour ses nombreux vaudevilles.

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Biographie

Origines

Georges Feydeau est le fils de l'écrivain Ernest Feydeau et de Léocadie Boguslawa Zalewska[1], Juive polonaise (1838, Varsovie - 1924, Neuilly-sur-Seine), considérée comme une « femme galante »[2], fille de Boguslaw Zelewski et de Louise Rytterband, unis le à Paris. Georges Feydeau naît le au 49 bis rue de Clichy. De ses propres déclarations, sa mère lui aurait révélé qu'il était le fils de Napoléon III. D'autres sources indiquent qu'il serait le fils du demi-frère de l'Empereur, le duc de Morny, lui-même fils naturel du comte de Flahaut (qui était lui-même fils illégitime présumé de Talleyrand), rumeurs que confirmera Georges Feydeau en 1919


Débuts

Enfant désobéissant malgré une jeunesse dorée, il martyrise sa sœur Diane-Valentine[3] née en 1866. Très jeune, Georges Feydeau perd son insouciance lorsque son père devient hémiplégique, en 1869, et il néglige ses études pour se consacrer au théâtre, encouragé en ce sens par son père. Ce dernier meurt en 1873 quand Georges a 11 ans et sa mère se remarie avec Henry Fouquier en 1876.

Il tente en vain une carrière d'acteur, jouant notamment dans la compagnie Le Cercle des Castagnettes qu'il a fondée. Il se tourne alors vers l'écriture. Sa première pièce, Par la fenêtre, est jouée pour la première fois en , alors qu'il n'a que 19 ans et elle rencontre le succès[4]. Sa première grande pièce en trois actes, Tailleur pour dames, qui est fort bien accueillie en au théâtre de la Renaissance, lui vaut les encouragements de Labiche. Pour gagner sa vie, il tient la rubrique « Courrier des théâtres » dans le journal de son beau-père Henry Fouquier.

Famille

Il se marie, le , avec Marie-Anne Carolus-Duran, fille du peintre Carolus-Duran[5] dont il devient l'élève, et de Pauline Croizette ; la peinture expressionniste sera son grand plaisir. Ce mariage d'amour se soldera par un échec, non sans lui donner une fille et trois fils :


Poursuite de carrière

Georges Feydeau et sa fine moustache relevée en pointe.

Il puise son inspiration de sa vie de noctambule triste, notamment chez Maxim's, au cours de laquelle il perd beaucoup d'argent au jeu, prend de la cocaïne dans l'espoir de stimuler ses facultés créatrices et trompe son épouse avec des femmes et, peut-être, des hommes. Il écrit plusieurs pièces en collaboration, notamment avec Maurice Desvallières[7].

Après le succès de Tailleur pour dames en , Feydeau connaît une période difficile. Ses œuvres suivantes, (La Lycéenne, Chat en poche, L'Affaire Édouard…), ne reçoivent au mieux qu'un accueil tiède. La consécration vient en avec le succès retentissant des pièces Monsieur chasse !, Champignol malgré lui et, dans une moindre mesure, Le Système Ribadier, œuvres qui lui valent le titre de « roi du vaudeville ». Dès lors, Feydeau enchaîne les réussites : L'Hôtel du libre échange et Un fil à la patte en , Le Dindon en , La Dame de chez Maxim en , La main passe en , Occupe-toi d'Amélie en [4].

Collectionneur d'art, il fera notamment l’acquisition du tableau La Neige à Louveciennes d'Alfred Sisley lors de la vente Armand Doria par la Galerie Georges Petit en . Sa collection fut mise en vente le [8].

Grand Hôtel Terminus devenu Hôtel Concorde-Saint-Lazare

En , après une violente dispute avec la coquette Marie-Anne, qui a pris un amant suite aux nombreuses infidélités de son mari, il quitte le domicile conjugal du 148 rue de Longchamp (cette séparation aboutira au divorce en ) et prétextant les embarras d’un déménagement, s'installe pour quelques jours dans un palace tout proche de la gare Saint-Lazare, le Grand Hôtel Terminus, chambre 189, rue de Londres[9]. Ce lieu devient en fait son domicile pour une dizaine d’années et les murs de sa chambre accueillent des œuvres d'artistes devenus à la mode comme Van Gogh ou Utrillo mais il a vendu la majeure partie de son importante collection[10]. Dans cet hôtel, il commence à s'intéresser aux petits grooms de service et en fait apparaître dans ses pièces[10].

Il fréquente les salons comme le dimanche, celui de Madame de Caillavet (de même origine que sa mère), au no 12 avenue Hoche[11] près de la place de l'Étoile[10].

À la suite de sa séparation conjugale, Feydeau renouvelle le genre du vaudeville par une étude plus approfondie des caractères dans ses comédies de mœurs en un acte, montrant notamment la médiocrité des existences bourgeoises dont il trouve l'origine dans son propre environnement et qu'il tourne en ridicule : On purge bébé (), Mais n'te promène donc pas toute nue ! ()[7]. Il est le plus souvent question d'intrigues tournant autour du trio du mari cocu, de la femme infidèle et de l'amant, dont les turpitudes divertissent les spectateurs.

Très aimé de ses contemporains et des autres auteurs, il est témoin avec Sarah Bernhardt, le , au mariage d'Yvonne Printemps et Sacha Guitry, un ami qui le visitera quand il sera interné pour des troubles psychiques dus à la syphilis contractée par le biais d'une jeune travestie[10] - dans la clinique du docteur Fouquart à Rueil-Malmaison, pavillon des Tilleuls.

Maladie et mort

Durant un séjour de deux ans dans ce sanatorium et soigné par le docteur Bour, Feydeau est atteint tour à tour de surmenage, de délire, de mégalomanie, de paranoïa. Il est soigné avec les moyens de l'époque : douches froides, bromure, chloral, sédatifs ; la fenêtre de sa chambre est grillagée[10].

Il meurt le 5 juin 1921, à l'âge de 58 ans. Ses funérailles ont lieu en l'église de la Trinité[10]. Georges Feydeau repose au cimetière Montmartre, inhumé avec son père dans la 30e division. Sa sœur repose avec leur mère au cimetière de Passy[12].

Théâtre

Pièces inédites

  • L'amour doit se taire
  • À qui ma femme ?
  • Deux coqs pour une poule
  • L'Homme de paille (à ne pas confondre avec la pièce homonyme d'Eugène Labiche)
  • Monsieur Nounou

Monologues

  • Aux antipodes (1883)
  • Le Billet de mille (1884)
  • Les Célèbres (1884)
  • Le Colis (1885)
  • Complainte du pauv' propriétaire (1916)
  • Les Enfants (1887)
  • L'Homme économe (1886)
  • L'Homme intègre (1886)
  • J'ai mal aux dents (1882)
  • Le Juré (1898)
  • Le Mouchoir (1881)
  • Patte en l'air (1883)
  • La Petite Révoltée (1880)
  • Le Petit Ménage (1883)
  • Le Potache (1882)
  • Les Réformes (1885)
  • Tout à Brown-Séquard ! (1890)
  • Trop vieux (1882)
  • Un coup de tête (1882)
  • Un monsieur qui est condamné à mort (1899)
  • Un monsieur qui n'aime pas les monologues (1882)
  • Le Volontaire (1884)

Pour approfondir

Bibliographie

  • Jacqueline Blancart-Cassou, Georges Feydeau, coll. « Qui suis-je ? », Pardès, 2015 (ISBN 978-2-86714-489-9)
  • Jacqueline Blancart-Cassou, « L’Irréalisme comique de Georges Feydeau », Cahiers de l'AIEF, no 43, , p. 201-16 (lire en ligne, consulté le )
  • Henry Gidel, Feydeau, Paris, Flammarion, 1992, coll. « Grandes Biographies »
  • Violaine Heyraud, Feydeau, la machine à vertiges, Paris, Classiques Garnier, 2012
  • Jacques Lorcey :
    • L'Homme de chez Maxim's : Georges Feydeau, sa vie, Paris, Séguier, 2004, tome I, coll. « Empreinte », 296 p. (ISBN 2-84049-407-8)
    • Du mariage au divorce : Georges Feydeau, son œuvre, Paris, Séguier, 2004, tome II, 252 p. (ISBN 2-84049-415-9)
    • Georges Feydeau. L'homme et l'œuvre (coffret) , Paris, Séguier, 2005 (ISBN 2-84049-416-7)
  • Fabio Perilli, Georges Feydeau : écriture théâtrale et stratégies discursives, ESI, 2010, coll. « Lingue, Linguaggi, Letterature », 228 p. (ISBN 978-88-495-1966-2)
  • Éric-Emmanuel Schmitt, « Des tragédies à l'envers », essai sur Georges Feydeau, Georges et Georges, Paris, Le Livre de poche, 2014 (ISBN 978-2-253-18261-0)
  • Collectif, Georges Feydeau, Les Nouveaux Cahiers de la Comédie-Française, La Comédie-Française/L'Avant-scène théâtre, Paris, (ISBN 978-2-7498-1170-3)

Catégories

  • Pièces de théâtre de Feydeau
  • Films tirés d'une œuvre de Feydeau

Liens externes

Notes et références

  1. Paris Archives, « Acte de naissance de Georges Feydeau no 9/2150/1862 », sur État civil de Paris, (consulté le ), p. 31.
  2. Elle se remariera en 1876 avec Henry Fouquier.
  3. Agnès de Noblet, Un univers d'artistes : autour de Théophile et de Judith Gautier, Paris, L'Harmattan, , 548 p. (ISBN 978-2-7475-5417-6, lire en ligne), p. 130.
  4. Pierrick Geais et Condé Nast Digital France, « Ces bâtards royaux qui n'ont pas voulu rester dans l'ombre », sur Vanity Fair, (consulté le )
  5. Le peintre prendra à plusieurs reprises Léocadie, la mère de Feydeau, comme modèle.
  6. Henry Gidel, Feydeau, Paris, Flammarion, , 282 p., 24 cm (ISBN 978-2-08-066280-4, OCLC 23828653, lire en ligne).
  7. Henri Gidel, « Le 90e anniversaire de la mort de Feydeau », émission Au cœur de l'histoire sur Europe 1, 7 juin 2011.
  8. Félix Fénéon, Œuvres plus que complètes : chroniques d'art, vol. 1, Paris, Droz, , 510 p. (ISBN 978-2-7475-5417-6, lire en ligne), p. 396.
  9. Il s'inspirera de cet hôtel dans le deuxième acte du Dindon.
  10. Jean Jacques Lévêque, Les années folles, 1918-1939 : le triomphe de l'art moderne, Philippe Auzou - acr-edition.com, , 624 p. (ISBN 978-2-86770-054-5, lire en ligne), p. 38
  11. Acheté en 1878 à Arsène Houssaye, l'adresse était avenue de la Reine-Hortense, nom de l'avenue à l'époque, cf. Jeanne Maurice Pouquet, op. cit., p. 3.
  12. Sépulture d'Henry Fouquier, second époux de Léocadie.
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