George Bernard Shaw

George Bernard Shaw (né à Dublin, le et mort à Ayot St Lawrence (en), Angleterre, le ) est un critique musical, dramaturge, essayiste, auteur de pièces de théâtre et scénariste irlandais. Acerbe et provocateur, pacifiste et anticonformiste, il obtient le prix Nobel de littérature en 1925.

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George Bernard Shaw
Shaw en 1909.
Naissance
Dublin ( Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande)
Décès ,
Ayot St Lawrence, Hertfordshire ( Royaume-Uni)
Activité principale
Distinctions
Auteur
Genres

Œuvres principales

Biographie

George Bernard Shaw naît à Dublin le dans une famille protestante de descendance anglaise issue de la petite bourgeoisie. Il est le plus jeune et l’unique garçon des quatre enfants que compte la famille. Il acquiert une culture littéraire et musicale étendue. À l'âge de vingt ans, il rejoint à Londres sa mère, séparée de son père alcoolique, et s'intéresse à l'économie politique et au socialisme. La lecture de Karl Marx est pour lui une révélation. À côté de son activité de militant politique, il devient critique d'art et de musique, puis critique dramatique et écrit de nombreux essais.

En 1882, il adhère au socialisme. Il est en mai 1891, à l’occasion de la Fête des travailleurs, présent à la tribune aux côtés de William Morris et Friedrich Engels[1].

Après avoir tenté en vain de publier cinq romans, George Bernard Shaw s'intéresse à partir de 1892 au théâtre pour lequel il écrit plus de cinquante pièces. Il développe alors un style où sa verve humoristique, mieux mise en valeur, fait de lui un maître incontesté du théâtre anglophone. Dans ses premières pièces, très engagées mais peu jouées, George Bernard Shaw s'attaque aux abus sociaux. La pièce Le Héros et le Soldat, produite en 1894 aux États-Unis, marque le début de sa notoriété internationale.

George Bernard Shaw fréquente le cercle Fabian Society, où il rencontre Charlotte Payne Townshend qu'il épouse en 1898. Atteint de maladie et de surmenage, il réduit son activité politique. Ses succès et son mariage, la même année, mettent fin à sa vie de bohème. Sans jamais cesser de s'intéresser à la politique et aux questions sociales, il se consacre désormais entièrement à ses œuvres, pièces à thèse, où il tourne en ridicule le conformisme social. Son talent et sa renommée sont récompensés par le prix Nobel de littérature en 1925. Il remporte en 1939 un Oscar pour le scénario adapté de sa pièce Pygmalion au cinéma, mais il n'aurait jamais beaucoup estimé cet honneur : on raconte que, chez lui, il se servait de la statuette pour bloquer les portes[2]. Resté très actif tout au long de sa vie, il meurt des suites d'une chute à l'âge de 94 ans.

Notes sur son œuvre et ses idées

Le comique de ses pièces va de pair avec la rigueur logique des idées qu'il développe. Ses préfaces parfois volumineuses sont de véritables essais où il développe ses thèmes favoris (art, pacifisme, idées politiques, conceptions philosophiques et religieuses) et propose des solutions pour remédier aux maux qu'il dénonce dans ses pièces. Son œuvre est celle d'un révolutionnaire et d'un réformateur visant à détruire le capitalisme pour lui substituer un socialisme éclairé et plus élevé. Pygmalion (1912) et Sainte Jeanne (1923), œuvres de sa maturité, sont souvent considérées comme ses chefs-d'œuvre. Ayant voyagé en Union soviétique, il en nie les travers et se fait un ardent promoteur du régime stalinien.

Il s'éloigne progressivement du marxisme à partir de la fin des années 1880 après avoir étudié la théorie de l’« utilité marginale » développée en Angleterre par les économistes William Jevons et Philip Wicksteed et après avoir acquis la conviction que le changement social ne serait pas impulsé par la classe ouvrière mais par une élite éclairée. Il est en effet profondément déçu par le « Bloody Sunday » de 1887 au cours duquel les cortèges ouvriers, brutalement réprimés par la police, se laissèrent disperser plutôt que de conduire une insurrection. Il défend ainsi un « socialisme municipal », établi sans rupture, à partir des structures capitalistes existantes, à travers la redistribution des revenus de la terre et de l’industrie par le biais d’impôts croissants[1].

Il est également intéressé par le programme eugénique de Francis Galton de 1883. En 1884, lors de l'exposition de Santé internationale de Londres, il visite le stand du Laboratoire anthropométrique de Galton. Il adhère à la Société eugénique dès 1890. Son eugénisme est de type positif mais rejette les idées hégémoniques de Francis Galton et des autres conservateurs. « Le socialisme eugénique de Shaw peut en fait se résumer à deux mesures jugées par lui essentielles : la suppression de la propriété privée et la disjonction radicale du mariage et de la reproduction[3] ». Au début des années 1930, l'historien Gaetano Salvemini, réfugié en Angleterre, mena contre lui une dure polémique en raison de ses positions eugénistes. Néanmoins, Shaw considérait qu'il était très important que l'humanité se bâtisse désormais, d'après sa propre théorie eugéniste, selon un encouragement général au métissage et au mariage entre différentes classes sociales.

Engagé pour le droit de vote des femmes, il devient un sympathisant actif de la Women's Tax Resistance League, s'opposant à l'administration fiscale britannique qui refuse de considérer les femmes mariées comme fiscalement indépendantes[4].

Provocateur et anticonformiste, George Bernard Shaw dénonce le puritanisme étroit, la hiérarchie religieuse et l'hypocrisie des conventions de la religion (Disciple du diable, 1896 et Le Vrai Blanco Posnet, 1909). Dans Androclès et le lion (1912), il étudie les motivations religieuses et spirituelles de l'homme. S'inspirant des enseignements de Charles Darwin, il fonde sa philosophie sur l'évolution, force encore mystérieuse, qu'il appelle « Force de la vie », puissance imparfaite qui cherche à atteindre la perfection (préface de En remontant à Mathusalem, 1920). Il s'oppose avec vigueur à la personnification de toute divinité. Il critique également le militarisme et le chauvinisme, notamment dans L’Homme et les Armes[1].

Shaw devint végétarien à vingt-cinq ans, après avoir entendu une conférence donnée par H. F. Lester[5]. En 1901, se souvenant de ses expériences, il déclara : « j'étais un cannibale pendant vingt-cinq ans. Pour le reste j'ai été végétarien »[6]. En tant que fervent végétarien, il était fermement anti-vivisectionniste et il s'opposa aux sports cruels jusqu'à la fin de ses jours. Considérer qu'il était immoral de manger des animaux était une des causes qu'il tenait à évoquer dans ses pièces et dans ses préfaces. Sa position était : « Un homme de mon intensité spirituelle ne mange point de cadavres » ; ou : « Les animaux sont mes amis, je ne mange pas mes amis »[7].

Sa correspondance inspira une pièce de théâtre que l'on nomma Cher menteur (Dear Liar).

Bibliographie

Pièces déplaisantes

  • La Maison des veufs (1884-1892)
  • Un bourreau des cœurs (1893)
  • La Profession de madame Warren (1893)

Pièces plaisantes

  • L'Homme et les Armes (1894)
  • Candida (1894)
  • L'Homme du destin (1895)
  • On ne peut jamais dire (1896)

Trois pièces pour puritains

Autres pièces

  • Homme et Surhomme (1903)
  • La Seconde Île de John Bull (1904)
  • La Commandante Barbara[réf. nécessaire] (1905)
  • Le Dilemme du docteur (1906)
  • Le Vrai Blanco Posnet (1909)
  • Mésalliance (Misalliance) (1909-1910)
  • Androclès et le Lion (1912)
  • Pygmalion (1912)
  • Macbeth parodié (1916) – Dans cette courte pièce, deux comédiens répètent une scène entre Macbeth et Lady Macbeth; le comique naissant de l'incompréhension du comédien face au langage "poétique" shakespearien, toutes les images et les métaphores étant prises au pied de la lettre.
  • La Grande Catherine (1919)
  • La Maison des cœurs brisés (1919)
  • En remontant à Mathusalem (1920)
  • Sainte Jeanne (1924, 1939)
  • La Charrette de pommes (1929)
  • Trop vrai pour être beau (1931)
  • La Vérité est bonne à dire (1932)
  • L'Idiot des îles imprévues (1934)
  • La Milliardaire (1934)
  • Cymbeline repoli (1936) – Il s'agit d'une réécriture du dernier acte de la pièce Cymbeline de Shakespeare.
  • Shakes contre Shav (1949) – Il s'agit d'une courte pièce pour marionnettes opposant les œuvres des deux dramaturges, Shakespeare et Shaw.

Roman

  • Le Lien Déraisonnable (1880, traduit par Augustin et Henriette Hamon et paru en 1932 aux éditions Montaigne pour la version française)

Écrits politiques

  • Guide de la femme intelligente en présence du socialisme et du capitalisme (1928, rév. en 1937)
  • Réflexions sur le darwinisme (1920, in préface à En remontant à Mathusalem )
  • The Adventures of the Black Girl in Her Search for God traduit en français par Les aventures d'une jeune négresse à la recherche de Dieu, illustré par John Farleigh et écrit pendant une visite en Afrique du Sud en 1932. La jeune fille éponyme, intelligente, curieuse et convertie au christianisme par un enseignement missionnaire peu substantiel, part à la recherche de Dieu, sur un chemin qui, après de nombreuses aventures et rencontres, la conduit à une conclusion séculière. L'histoire, publiée, offense certains chrétiens et est interdite en Irlande par le Bureau de Censure[8].
  • Asile d'aliénés politiques en Amérique et plus près de chez nous (The political madhouse in America and nearer home, discours à l'Académie des Sciences Politiques, publié en 1933 à Londres)

Écrits sur la musique

  • Écrits sur la musique, Paris, Robert Laffont, 1994, coll. Bouquins, (ISBN 2-221-06799-1)

Écrits autobiographiques

  • Esquisse d'autoportrait (1949)

NB : The Genuine Islam ou L'Islam originel (1936) lui est parfois attribué. Shaw n'en est pas l'auteur ; il s'agit d'une citation qui lui est attribuée sans preuve qu'il l'ait prononcée.

Filmographie

comme scénariste

  • 1917 : Masks and Faces
  • 1938 : Androcles and the Lion (TV)
  • 1939 : The Dark Lady of the Sonnets (TV)
  • 1939 : Annajanska, the Bolshevik Empress (TV)
  • 1939 : Passion, Poison and Petrifaction (TV)
  • 1941 : La Commandante Barbara (Major Barbara) de Gabriel Pascal
  • 1959 : Covek sudbine (TV)
  • 1965 : Caesar und Cleopatra (TV)
  • 1966 : Idylle villageoise (TV)
  • 1967 : You Never Can Tell de James Cellan Jones(TV)
  • 1967 : Candida de Jan Molander (TV)
  • 1973 : Candida de Johan De Meester (TV)
  • 1982 : Candida de Gerard Rekers (TV)
  • 1982 : Candida de Michael Cristofer (TV)
  • 1984 : Candida de Martin Eckermann (TV)
  • 1984 : Don Juan in Hell
  • 1991 : The Best of Friends (TV)

comme acteur

  • 1914 : Rosy Rapture

comme réalisateur

  • 1928 : Shaw Talks for Movietone News

Adaptations au cinéma

(liste non exhaustive)

Adaptations à la télévision

(liste non exhaustive)

L'œuvre de Bernard Shaw a aussi fait l'objet d'adaptations en Espagne, Hongrie, Allemagne de l'Est et de l'Ouest, Bosnie, Autriche, Finlande, Suède, Hollande, Russie ou Union Soviétique, Yougoslavie, Belgique, Grèce, au Portugal, au Danemark, au Brésil.

Références

  1. Marion Leclair et Edward Lee-Six, « Shaw ou l’engagement ironique », sur Le Monde diplomatique,
  2. IMDB.com, section "anecdotes" de la page sur George Bernard Shaw.
  3. Becquemont Daniel, « Eugénisme et socialisme en Grande-Bretagne. 1890-1900 », Mil neuf cent, no 18, , p. 71. (DOI 10.3406/mcm.2000.1220, lire en ligne, consulté le )
  4. Myriam Boussahba-Bravard, « Résistance passive et citoyenneté : la rébellion de la contribuable anglaise », Revue d’histoire moderne et contemporaine, Belin, vol. 56, no 2, , p. 104-134 (lire en ligne, consulté le )
  5. Archibald Henderson, George Bernard Shaw : Man of the Century, New York, Appleton-Century-Crofts Inc., , 969 p. (ISBN 0-306-71491-4).
  6. George Bernard Shaw, Who I am, and What I think : Sixteen Self Sketches, Constable, .
  7. Hesketh Pearson, Bernard Shaw : His Life and Personality, Atheneum Press, (ISBN 0-689-70149-7).
  8. (en)Jstor.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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