Geoffrey Spicer-Simson

Le Commander Geoffrey Basil Spicer-Simson DSO () est un officier de marine (Royal Navy). Il servit en Mer Méditerranée, dans le Pacifique et les Home Fleets britanniques. Il est surtout connu pour avoir commandé au cours de la Première Guerre mondiale l'expédition navale sur le Lac Tanganyika en 1915, au cours de laquelle sa petite flottille vainquit des allemands supérieurs en nombre au cours de la bataille du lac Tanganyika.

Geoffrey Spicer-Simson

Naissance
Hobart, Tasmanie, Australie
Décès
Courtenay, Colombie-Britannique, Canada
Origine Britannique
Arme Marine
Grade Capitaine (Royal Navy)
Années de service 18891921
Commandement Capitaine (Royal Navy)
Conflits 1915 Bataille du lac Tanganyika
Distinctions Distinguished Service Order
Ordre de la Couronne (Belgique)

Jeunesse

Geoffrey Basil Spicer Simson naquit à Hobart en Tasmanie le , dans une famille de cinq enfants. Son père, Frederick Simson, servit dans la marine marchande puis s'adonna au commerce de l'or en Inde, avant de s'établir au Havre à l'âge de 31 ans. Il y rencontra une jeune fille de 18 ans, Dora Spicer, fille d'un homme d'Eglise anglais. Il changea son nom à l'occasion de ce mariage pour prendre celui de Spicer-Simson. En 1874, les Spicer-Simson s'établirent en Tasmanie où ils fondèrent une famille, et y exploitèrent un élevage de moutons pendant cinq ans. Bien que Geoffrey soit né en Tasmanie, il fut envoyé en France selon le souhait de sa mère. Lui et ses frères et sœurs furent plus tard envoyés à l'école en Angleterre. Le plus âgé, Theodore Spicer-Simson, devint un portraitiste mondialement connu[1], partageant son temps entre la France et les États-Unis. Son plus jeune frère, Noel, s'engagea dans l'Armée britannique.

Geoffrey entra dans la Royal Navy en 1889 à l'âge de quatorze ans. Il fut nommé aspirant le . Sa carrière navale progressa rapidement, son excellent notation lui fit gagner sept mois d'ancienneté par de bonnes quotations et lui permirent d'éviter le Royal Naval College à Dartmouth[2]. Il perdit cependant un mois d'ancienneté en 1894 pour avoir quitté son bâtiment sans permission. Il fut promu enseigne de vaisseau de 2° classe le [2], promotion confirmée le , anti-datée à la date originelle[3]. Il fut promu enseigne de vaisseau de 1ère classe le [4].

Il se spécialisa alors dans le renseignement[2] et servit àla Commission des frontières du Bornéo septentrional en 1901, contribuant à l'établissement des cartes et au tracé des limites territoriales. Après avoir commandé un destroyer[5] il fut envoyé en Chine et réalisa les premières triangulations du Yangtze de 1905 à 1908. Après la Chine, il fut envoyé en Afrique pour prendre le commandement d'un bâtiment hydrographique sur le fleuve Gambie. En 1912, il épousa Amy Elizabeth, fille d'Edmund et Phoebe Baynes-Reed de Victoria, en Colombie britannique.

Il quitta l'Afrique pour la Grande-Bretagne quelques jours avant l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne le . Il servit brièvement sur un navire de garde-côtes, mais un des navires sous son commandement fut torpillé en plein jour[6] quinze jours plus tard. Il fut alors nommé à l'Amirauté au bureau chargé de la formation des marins de la marine marchande destinés à servir dans la marine de guerre.

Simson's Circus

En , l'Amirauté apprit que l'Allemagne se préparait à lancer le Graf von Götzen sur le Lac Tanganyika. Le Götzen surpassait tout autre navire sur le lac et aurait permis suprématie à l'Allemagne d'y exercer sa suprématie. Ainsi, elle aurait pu déplacer aisément les troupes et le matériel nécessaires à ses opérations en Afrique orientale allemande et dans les régions avoisinantes. Pour contrer le Götzen, la Grande-Bretagne avait prévu d'envoyer sur place deux petits bâtiments rapides.

Spicer-Simson avait l'expérience de l'Afrique, et parlait couramment français et allemand. On fit l'impasse sur son passé et il fut choisi pour mener l'expédition[1]. Ses supérieurs estimèrent qu'ils n'avaient rien à perdre à l'envoyant sur ce qu'ils considéraient comme un front secondaire[6].

Les deux navires à moteur que Spicer-Simson baptisa Mimi et Toutou (en), furent chargés sur le SS Llanstephen Castle le , ainsi que divers équipements et du ravitaillements . Des conteneurs spéciaux furent également embarqués pour permettre de les transporter par rail ou par voie de terre[7]. La première partie du voyage de Mimi et Toutou, soit 10 000 kilomètres fut accomplie en 17 jours de mer jusq'au Cap de Bonne-Espérance.

Depuis Le Cap, les navires et les hommes de l'expédition furent transportés par chemin de fer jusque Elisabethville via Bulawayo, où ils arrivèrent le [8]. Une fois arrivés au terminus de Fungurume, les navires furent déchargés et déhalés sur plus de 200 kilomètres à travers la savane par des attelages de bœufs jusqu'au chemin de fer allant de Sankisia à Bukama. À Bukama, les bateaux furent déchargés et préparés pour la descente de la rivière Lualaba. La Lualaba avait un faible débit à ce moment, et Mimi et Toutou devaient remonter d'une centaine de kilomètres vers l'amont. Ils s'échouèrent jusqu'à 14 fois sur une vingtaine de kilomètres. Ils passèrent 17 jours sur la Lualaba avant d'atteindre Kabalo. De là, les derniers 250 kilomètres de voyage jusqu'au lac Tanganyika furent effectués par chemin de fer. L'expédition, connue à partir de ce moment sous le nom de « Simson's Circus » (« Cirque de Simson ») pour toutes ses épreuves, arriva au port belge de Lukuga le [9].

Bataille du lac Tanganyika

Spicer-Simson (debout) sur le pont du navire belge Netta.
HMS Fifi

Peu après être arrivé sur le lac Tanganyika, Spicer-Simson déplaça son port d'attache au sud de la Lukuga, à Albertville, où il fit construire un port mieux protégé des assauts des tempêtes du lac. Mimi et Toutou furent assemblés et lancés un peu avant Noël 1915. Au lever du jour du , le remorqueur auxiliaire allemand Kingani apparut dans le lointain. Spicer-Simson embarqua sur Mimi et Toutou et captura le Kingani après un bref échange de tirs au cours duquel le commandant allemand et quatre de ses marins furent tués. Le Kingani fut rebaptisé HMS Fifi (en) et placé sous commandement de Spicer-Simson. Il fut dès lors promu le de au grade de capitaine de frégate. La promotion portait effet rétroactif au , date de la capture du Kingani[2],[10].

Le , le navire fluvial allemand Hedwig von Wissmann (en) (navire jumeau du Hermann von Wissmann sur le Lac Nyasa) sortit de la Lukuga à la recherche du Kingani. Après une course-poursuite d'une cinquantaine de kilomètres, la flottille de Spicer-Simson coula le Hedwig von Wissmann[11].

La capture du Kingani et la destruction du Hedwig affaiblirent considérablement les forces navales allemandes du lac Tanganyika. Cependant, un survivant du Kingani indiqua que le Götzen avait été récemment équipé d'une pièce prélevée sur le croiseur allemand Königsberg récemment désarmé. L'ajout d'un canon du Königsberg donnait alors au Götzen une portée de tir supérieure à celle de Mimi, Toutou, et Fifi. Mais comme le Götzen ne pouvait attaquer directement, la suprématie allemande sur le lac Tanganyika avait vécu.

Pour ses actions contre le Hedwig, Spicer-Simson fut décoré du DSO, l'Ordre du Service distingué le [2]. Au cours de l'expédition, trois de ses officiers reçurent la Distinguished Service Cross, et douze de ses hommes reçurent la Distinguished Service Medal[12].

Après ces premiers succès, le commandement de Spicer-Simson prit fin dans la confusion. Il refusa d'envoyer ses navires aider les forces belges et britanniques pour capturer Mpulungu, actuellement en Zambie. Tombé malade, se retira dans ses quartierset fut renvoyé en Angleterre pour subir des traitements médicaux et suivre sa convalescence[6]. Il avait également été décoré de l'Ordre de la Couronne belge[2].

Excentricités

Spicer-Simson était connu pour ses excentricités. En Grande-Bretagne, il avait suggéré que Mimi et Toutou soient appelés Cat (« chat ») et Dog (« chien »), mais ces noms furent rejetés par l'Amirauté[13]. Une fois Mimi et Toutou finalement acceptés , il expliqua que ces noms étaient des diminutifs de « chat » et « chien » en français[14]. Lors de son séjour sur le Lac Tanganyika, Spicer-Simson portait régulièrement un kilt khaki, et il tenait à ce que la marque de l'Amirauté flotte à la porte de son habitation. Il fumait des cigarettes à monogramme, et arborait divers tatouages macabres réalisés en Asie[15].

Fin de vie

Il devint Directeur-adjoint du renseignement militaire naval, avec le grade de capitaine de vaisseau[2], puis fut nommé délégué de la Marine et traducteur francophone au cours de la Conférence pour la Paix de Versailles en 1919. Après avoir été interprète pour la Première Conférence internationale hydrographique à Londres en 1919, il fut élu premier secrétaire-général de l'Organisation hydrographique internationale. Il occupa ce poste de 1921 à 1937[12]. Il vécut ensuite en Colombie-Britannique. Il donna aussi une série de conférences consacrées à ses opérations sur le Lac Tanganyika, et publia dans le National Geographic un article sur transport des deux navires à travers les jungles du Congo. Il mourut le .

Honneurs

  • Médaille de Chine en 1900
  • Distinguished Service Order en 1915
  • Les aventures de sa flottille sur le Lac Tanganyika inspirèrent le livre de C.S Forester et le film L'Odyssée de l'African Queen (de John Huston, avec Humphrey Bogart et Katharine Hepburn).
  • Sujet du drame radio de la BBC Navy Man God, par Christopher Russell. Diffusé pour la première fois le , et régulièrement reprogrammé sur digital BBC Radio 7 après redécouverte.

Lectures complémentaires

En 2004, l'histoire de Spicer-Simson fut réévoquée dans un livre écrit par Giles Foden, Mimi and Toutou Go Forth: The Bizarre Battle for Lake Tanganyika. En 2007, Christopher Dow (en) reprit également cette histoire dans un livre intitulé The Lord of the Loincloth. La même année, le suisse Alex Capus publia la nouvelle Eine Frage der Zeit[16], où il présente Spicer-Simson comme l'un des nombreux anti-héros.

Références

  1. (en) Edward Paice, World War I : the African front, New York, Pegasus Books, , 488 p. (ISBN 978-1-933648-90-3, OCLC 232550485), p. 100
  2. « RN Officer's Service Records—Simson, Geoffrey Basil Spicer », DocumentsOnline, The National Archives
  3. (en) The London Gazette, no 26816, p. 411, 22 January 1897A ce moement, il. Consulté le 19 August 2009.
  4. (en) The London Gazette, no 27009, p. 5734, 30 septembre 1898. Consulté le 19 August 2009.
  5. Military History, December 2001, Naval Struggle in Darkest Africa]
  6. Military History, December 2001, Naval Struggle in Darkest Africa
  7. (en) Foden, Mimi & Toutou Go Forth, p. 38
  8. (en) Foden, Mimi & Toutou Go Forth, p. 81,
  9. Edward Paice 2008, p. 112
  10. (en) The London Gazette, no 29427, p. 181, 4 janvier 1916. Consulté le 19 August 2009.
  11. Edward Paice 2008, p. 149-150
  12. Edward Paice 2008, p. 234
  13. (en) Paice, Tip & Run : The Untold Tragedy of the Great War in Africa, p. 101
  14. (en) Kiester, An Incomplete History of World War I
  15. Edward Paice 2008, p. 147
  16. (en) Alex Capus, A matter of time : a novel, Londres, Haus Publishing, , 256 p. (ISBN 978-1-907822-03-2, OCLC 1023247348, lire en ligne)
  • 'Who's who' (1943), London: A. and C. Black; Creagh, Sir O'Moore and Humphris, E.M. (1978), 'The Distinguished Service Order, 1886-1923', London: J. B. Hayward.
  • Shankland, Peter (1968), 'The phantom flotilla', London: Collins.
  • Military History, December 2001, Naval Struggle in Darkest Africa
  • Kevin Patience, 'Shipwrecks & Salvage on the East African Coast'
  • Moiteret, V.A, Captain USN IHO 50 Years of Progress 1921-1971
  • (en) Giles Foden, Mimi and Toutou Go Forth: The Bizarre Battle for Lake Tanganyika, Penguin, , 336 p. (ISBN 0-14-100984-5)
  • (en) Edward Paice, Tip & Run : The Untold Tragedy of the Great War in Africa, Phoenix, , 528 p. (ISBN 978-0-7538-2349-1)
  • (en) Edwin Kiester, An Incomplete History of World War I, Murdoch Books, , 208 p. (ISBN 978-1-74045-970-9 et 1-74045-970-9, lire en ligne)

Source

Liens externes


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