Gendarmerie roumaine

La Gendarmerie roumaine (en roumain : Jandarmeria Română, prononciation API : /ʒɒn.dar.mɜ'ri.a ro'mɨ.nə/) est une gendarmerie, c’est-à-dire une force de police à statut militaire. C'est l'une des deux forces de police du pays, avec la police roumaine à statut civil, et comme celle-ci, elle dépend du Ministère de l'administration et de l'intérieur.

Gendarmerie roumaine
Situation
Création 3 avril 1850
5 juillet 1990 : Recréation
Dissolution 1949 : Dissoute lors de l'occupation soviétique
Type Gendarmerie

Dates clés

  •  : création de l'institution sous la dénomination de « Légion pour la réforme du corps des serviteurs gendarmes ». La gendarmerie roumaine a été réorganisée à plusieurs reprises.
  •  : promulgation de la loi sur la gendarmerie rurale lui conférant, selon le modèle français, une personnalité distincte au sein des institutions étatiques.
  • Dissoute lors de l'occupation soviétique en 1949, la gendarmerie avait alors trois compétences principales : la police rurale, la protection des points sensibles, le maintien de l'ordre public.
  • , inspirée des textes de la gendarmerie française, une première loi d'organisation lui donne pour mission de protéger les personnes et les biens.
  • Recréée officiellement le suivant l'exemple français, une loi propre d'organisation de la gendarmerie est votée par le Parlement le .

Elle lui attribue de nouvelles compétences, renforce sa position et doit lui conférer dans l'avenir des missions supplémentaires lui permettant de conforter sa place dans le système de sécurité et retrouver l'ensemble des missions qu'elle exerçait jusqu'en 1949. La gendarmerie roumaine fait partie des forces de sécurité au même titre que la Police, le SRI (Service roumain de renseignements, les services secrets roumains) et le SPP (Service de protection et de garde des hautes personnalités). C'est la plus importante force de sécurité.

La gendarmerie roumaine est membre de l'Association internationale de gendarmeries et forces de police à statut militaire (pour France-Italie-Espagne-Portugal, dont les gendarmeries ou forces assimilées sont les quatre premiers membres historiques), association qui regroupe les forces de police à statut militaire de l’espace euro-méditerranéen.

Missions

Elle assure notamment :

  • la garde et la défense des points sensibles d'importance nationale, des missions diplomatiques et des représentations étrangères.
  • la protection des tribunaux.
  • la garde des transports de valeurs et de produits spéciaux (explosifs, matière radioactive, substances toxiques).
  • la sécurité des aéroports internationaux en remplaçant l'armée de terre (formation en France à la GTA).
  • l'ordre public depuis le autour des écoles sensibles.
  • avec la police, la prévention et la répression des infractions.

En temps de guerre, elle est une composante des forces armées. À terme, la gendarmerie roumaine sera la principale force de sécurité du pays, tant par ses effectifs que par l'étendue de ses compétences.

Historique

Création et rétablissement de l'institution dans la période post-soviétique (1848-1989)

La Gendarmerie a vu le jour en Moldavie le , quand le Prince de Moldavie Grigore Alexandru Ghica signa son acte de naissance « La loi pour la réforme des serviteurs[N 1] en gendarmerie ».

La première réunion roumaine (Principautés unies de Moldavie et de Valachie), le , la Guerre d’Indépendance (1877-1878), Première Guerre mondiale (1916-1919) suivi par la grande réunion de 1918, la deuxième guerre mondiale (1941-1945) sont quelques moments forts de l’histoire moderne roumaine à qui la Gendarmerie a apporté son notable contribution.

Mais, la vraie contribution de ce première siècle d’existence de la Gendarmerie c’était le combat quotidien et peu connu contre l’insécurité, désordre, criminalité et pour la protection des citoyens et de l’État. C’est ce combat qui a assuré la noblesse de son blason, la reconnaissance de la nation et sa place dans l’histoire roumaine.

Comme histoire n’est pas toujours honnête avec ceux qui méritaient, la fin de la Deuxième Guerre mondiale, a créé un contexte défavorable à la Gendarmerie marque par l’occupation militaire soviétique de la Roumanie.

En ce contexte, commence en 1945 le processus d’affaiblissement et de « transformation révolutionnaire » de la Gendarmerie. Il continue avec plus de force les années suivantes avec comme but l'asservissement complet de cette institution au nouveau régime communiste appuyé par les soviétiques. Des purges successives et sélectives furent organisées, l’endoctrinement et le contrôle politique de toutes les activités furent introduites d’une manière forcée, le personnel professionnalisé réduit et remplacé par des conscrits sélectionnés sur des « critères de classe ». Quoique la criminalité connut des taux élevés dans la période d’après-guerre, certaines procédures normatives soviétiques furent adoptées et généralisées dans l’activité courante.

La modification essentielle du rôle de cette institution fut réalisée par la Loi no. 59 de qui prévoyait que la Gendarmerie était rattachée au Ministère de L’Intérieur. Cette loi limitait l’action de la Gendarmerie qui devenait un « corps auxiliaire » de la Police.

Mais ce n’était qu’un début. En effet, le Décret no.2199 du , concernant la création des Troupes du Ministère des Affaires Intérieures, le Décret no. 25 du concernant la création de la Milice et le Décret no. 163 de concernant la création des Troupes de Sécurité réorganisent complètement tout le système d’ordre public roumain.

La Gendarmerie n’existe plus comme institution, les tâches de police générale et judiciaires et les effectifs qui en étaient chargé sont englobés dans la Milice Populaire, créé sur le modèle soviétique. Les effectifs mobiles et de garde constituent les Troupes de Sécurité.

La période socialiste 1948-1989 fut clairement une période d’involution, de recul. L’institution perdait sa dénomination, ses missions étaient réduites ou transférées vers d’autres organismes. Les purges effectuées contre le personnel professionnel, remplacé à 90 % par des conscrits, achevaient le déclin.

Rétablissement de la gendarmerie après 1989

Le processus de rétablissement de la Gendarmerie après la révolution de a été difficile, long, complexe et inachevé. On peut distinguer quatre phases successives : celle de la crise identitaire suivie d’une phase de transition, puis d’une période de développement pour atteindre l’étape de modernisation qui marque le présent.

Crise identitaire : décembre 89 à septembre 90

La révolution de 1989 a surpris la société et les institutions de l’État roumain socialiste[N 2], entrainant une confusion qui a eu un effet direct sur les trois conditions essentielles au bon fonctionnement des institutions de l’État : la stabilité, la continuité et l’autorité.


Pour les Troupes de Sécurité[N 3], chargée justement de la stabilité, de la continuité et de l’autorité, la situation nouvelle a généré une crise identitaire exprimée par la question : Quelle est la place et le rôle de des Troupes de Sécurité?

Concernant la place, traditionnellement les Troupes étaient dans la structure du Ministère de l’Intérieur. Mais ce ministère fut presque entièrement démantelé par le courant révolutionnaire et par l’action de l’Armée qui venait de prendre le contrôle de la situation. Confronté à un contexte politique et social caractérisé par l’instabilité et une isolation relative de la Roumanie, le nouveau gouvernement, issu de la révolution, a pris des mesures en urgence.

Une de ces mesures a été l’incorporation des Troupes de Sécurité dans l’Armée roumaine, les jours même de la révolution. La prise de cette décision a été facilitée par ses missions qu’elles exécutaient déjà, 70 % de missions militaires et 30 % de missions de police, par la formation plutôt militaire de son personnel, son statut militaire, sa culture institutionnelle et le nombre important des conscrits. Cette mesure, qui a assuré la stabilité et aussi la continuité de l’institution était en cohérence avec le souhait, pas du tout neutre de l’ l’Armée, d’élargir son contrôle sur la société[1], d’avoir le monopole des actions de défense mais aussi d’ordre public.

En ce qui concerne le rôle, l’importance de ses attributions anciennes dans le système d’ordre et sureté publique, et aussi dans celui de la défense, réclamait la continuité de l’accomplissement quotidien de ses missions: garde des points sensibles, maintien d’ordre public avec la Police[2], appui aux nouvelles autorités qui venaient de s’installer à la suite de la révolution, etc. La nécessité et la continuité de son rôle a constitué la base de sa légitimité et, implicitement, a assuré la préservation de son autorité.

D’ailleurs, l’autorité des Troupes a surtout été mise en cause par un mot qui se trouvait dans la dénomination de l’institution –Sécurité - et par le degré d’implication de l’institution dans la répression de la révolte populaire du 17-.


Le terme Sécurité signifiait la police politique du régime socialiste. La Sécurité avait été responsable de la dure répression des années 1950-1964 et du contrôle politique et informatif qu’exerçait de Parti Communiste Roumain contre toute dissidence, assurant ainsi la stabilité et la force de la dictature. Assimilé au mot répression dans cette période agitée alors que la société cherche des responsables tout en commençant de se réformer, ce mot sécurité a produit beaucoup de dégâts pour l’autorité de la nouvelle institution.

Le problème n’était c’est qu'elle avait fait[3] ou faisait, mais c’est ce qu’elle représentait par sa dénomination. Et, ironie du sort, c’était la deuxième fois, après 50 années, que cette institution se trouvait confrontée au même problème[4].

La complexité et la dynamique de cette étape de la crise identitaire peuvent être relevées dans les changements produits dans la dénomination et l’organisation des Troupes dans les neuf mois qui suivirent la révolte populaire:

  • Au cours de la nuit du 22/ le commandant des Troupes de Sécurité rapportait a son Superior[5] que «….par ordre du général Militaru[6], les Troupes étaient passées dans la subordination de l’Armée comme institution, et lui personnellement dans la subordination directe du général Militaru»[7] ;
  • à la suite de la décision du Front de Salut National[8] « À partir du la date mentionnée, le Commandement des Troupes de Sécurité passe dans la subordination du Ministère de la Défense Nationale, en devenant Le Commandement des Troupes d’Infanterie, et les grandes unités et unités de sécurité sont des grandes unités et unités d’infanterie « ;
  • Quelques jours plus tard, la dénomination était changée en Commandement des Troupes d’Infanterie Moto, pour éviter des confusions avec les catégories des troupes qui existait déjà au Ministère de la Défense Nationale ;
  • , la dénomination des Commandement des Troupes d’Infanterie Moto se changeait de nouveau en Commandement des Troupes de Défense Territoriale ;
  • , le «Protocole entre le Ministère de la Défense Nationale et le Ministère de l’Intérieur pour le transfert du Commandement des Troupes de Défense Territoriale avec ses grandes unités et unités au Ministère de l’Intérieur ». prévoyait le transfert des 15 980 militaires et tous les éléments logistiques et financiers nécessaires pour le bon fonctionnement des unités, au ministère de l’Intérieur ;
  • , la dénomination des Troupes de Défense Territoriale, qui venait d’être transférée au Ministère de l’Intérieur se changeait encore une fois en Troupes de Garde et Ordre ;
  • – Arrêt du Gouvernement no.0749 qui statue la création du Commandement des Troupes des Gendarmes est complété par l’Ordre du Ministre de l’Intérieur qui décidait « Art. 1- À partir de la date de , le Commandement des Troupes de Garde et Ordre se transforme en Commandement des Troupes des Gendarmes » ;
  • a été approuvé la nouvelle structure organisationnelle du Commandement des Troupes de Gendarmes, des grandes unités et des unités.

Au , l’étape de la crise identitaire a pris fin. Les disputes, pas du tout neutres, sur la place des troupes, marquée par le transfert Intérieur- Défense- Intérieur- et sur leur rôle[9] – activité de type défense, police militaire ou activité de type ordre et sureté publique ont été tranchées en faveur de l’Intérieur et pour l’activité d’ordre et de sureté publique. Une certaine ambiguïté de rôle subsistait toutefois par la dénomination Troupes des Gendarmes qui, par le mot Troupes, reflétait l’apport important de personnels venant de la conscription. Or les missions de type ordre et sureté publique (gendarmerie) réclamait un personnel professionnalisé.

De cette étape, les Troupes, héritière de l’ancienne Gendarmerie, sont sorties renforcées. Les effectifs[10] ont été augmentés, la structure organisationnelle a été consolidée quantitativement et qualitativement[11], tout en assurant une meilleure couverture du territoire. Elles ont retrouvé leur place traditionnelle au Ministère de l’Intérieure et une partie de leurs missions ont été redéfinies. Aussi, la société roumaine, qui venait de commencer le long et le difficile processus de la transition entre socialisme et capitalisme, était devenue consciente de la nécessite et de l’importance d’une institution comme la Gendarmerie, garante de la stabilité et de la démocratie.

Qui plus est l’institution revenait, avec les difficultés inhérentes à la situation, à sa tradition. Elle commençait à découvrir que derrière la dénomination de Gendarmerie, qu’elle venait de récupérer après 50 ans, il n’y avait pas seulement une histoire précédemment honnie mais aussi l’esprit et le vrai sens de son existence : servir et protéger les citoyens et l’État de droit.

Transition : septembre 90 à 1998

Une fois la crise identitaire dépassée, les Troupes des Gendarmes se sont retournées vers elles- mêmes et ont commencé le long et difficile processus de transition vers une vraie institution d’ordre public.

En guise de repères, dans cette situation toute nouvelle - assurer la réforme d’une institution adaptée à la dictature vers une institution de l’État de droit, garante de la démocratie- il n’existait pas de processus à tirer des leçons du passé ou de l’expérience. Dans un contexte politique, économique et social caractérisé par l’incertitude et l’instabilité, quelques axes d’action furent définis :

  • réaliser une couverture nationale par la création des unités territoriale en chaque département ;
  • réorganiser et professionnaliser progressivement l’institution ;
  • réformer le contenu de la formation par l’introduction des nouvelles tactiques, techniques, et procédés d’action mais aussi des nouvelles valeurs démocratiques ;
  • accomplir avec efficacité les missions confiées par la loi et accroitre l’image et le taux de crédibilité de l’institution ;
  • assurer le soutien logistique nécessaire au fonctionnement et à la modernisation de l’institution ;
  • assurer la stabilité et l’évolution de l’institution ;


Pour réaliser la couverture nationale avec des unités territoriales, dans les départements où il n’y avait pas encore d’unités de gendarmerie, ont été créées dans une première phase des structures de type détachement et, ultérieurement, dans une deuxième phase, des bataillons des gendarmes.

En plus, en , à la suite d'évènements violents[12] survenus entre la population roumaine et celle d’origine hongroise à Târgu Mureș en , une brigade de gendarmes fut créée dans cette ville. Avec celle-ci le nombre de brigades a été augmenté de 9 et, en 1995 de 10, à la suite de la création de la Brigade de gendarmes de Ploiesti.

La professionnalisation de l’institution a été timide et difficile, fortement touchée par le contexte économique défavorable, par le conservatisme et par l’opposition de la police. Ce processus a été réalisé par trois voies : l’apport fourni par les écoles pour les officiers et de sous-officiers[13], le recrutement de gendarmes engagés sous contrat et de personnel militaire et civil d’encadrement pour comble les besoins de l’institution.

En ce qui concerne la formation du personnel, ressource stratégique de la gendarmerie, l’effort a été dirigé pour assurer le bon niveau d’instruction pour le personnel temporaire[14] et accroitre le niveau de performance du personnel permanent. Chaque année presque 15 000 conscrits sont passés par différents stages de formation initiale et continue et en moyenne, 3 000 officiers et sous-officiers ont été.

Il faut souligner que cette étape n’a pas été pas de toute tranquille. Au contraire elle a été marquée par un nombre élevé de convulsions sociales et politiques, dans une période de chute économique. Et comme la gendarmerie suit le pouls de la société elle a été en première ligne pour assure la stabilité et la résolution paisible des conflits.

Les quatre minériades[15], des dizaines des conflits inter-ethniques, quelques dizaines de milliers de manifestations politiques, sociales, syndicales, sportives, culturelles et artistiques ont été gérées par la gendarmerie, ou la police et la gendarmerie. En plus, la gendarmerie a participé aux côtés de la police, aux actions quotidiennes et temporaires de prévention et de lutte contre la criminalité croissante de cette période, tout en assurant la garde de presque 800 objectifs sensibles. Le soutien logistique a été fortement touché par la chute économique de la période de transition, ce qui a retarde ou parfois bloqué l’évolution normale de l’institution. Mais plus que cela, ce sont les difficultés liées à l’augmentation des compétences et à la recherche de la stabilité qui marquèrent cette période. Chaque institution voulait élargir son champ de compétences légales et la police voulait avoir le monopole de l’ordre et de la sureté publique.


La gendarmerie, toute en cohérence avec son évolution historique, recherchait sa Loi organique spécifique qui garantirait son identité. Le fait que les compétences de la gendarmerie étaient prévues dans la loi organique du Ministère de l’Intérieur, mêles avec celle de la police, sans avoir une distinction claire, était perçu comme un péril par la commandement des Troupes des Gendarmes.

En même temps que le retour à la gendarmerie traditionnelle avec toutes les compétences de police administrative et judiciaire et avec le maillage territorial capable de couvrir le milieu rural, s’effectuait, il y eut un ample processus de promotion de la loi organique de la gendarmerie. Les solutions identifiées étaient claires : soit transférer les compétences et des effectifs de la police qui agissaient au milieu rural (presque 10 000 policiers), à la Gendarmerie soit assumer les responsabilités de la police rurale puis remplacer progressivement ces policiers par des gendarmes professionnels.

Malgré un lobbying parlementaire favorable, fondé sur les explications constructives de nécessite de renforcer l’activité d’ordre public au milieu rural, le politique en bonne relation avec la police, encore militarisée à ce moment-là, préféra la solution d’un système dual[16] et refusa la dualité.

Développement : 1998-2005

Après 8 ans d’attente, le était publiée, au Moniteur officiel no 224, « La loi no 116 concernant l’organisation et le fonctionnement de la Gendarmerie roumaine ». Enfin, après 50 ans, l’institution avait de nouveau une loi organique qui réparait une injustice et remettait à son droit la dénomination traditionnelle : Gendarmerie roumaine.


En conformité avec le premier article de la loi, la Gendarmerie roumaine était définie comme « institution militaire spécialisée de l’État, composante du Ministère de l’Intérieur, qui exécute, conformément à la loi, les attributions qui lui reviennent concernant la garde et la défense de certains objectifs, des biens et des valeurs qui ont une importance à part, le maintien et rétablissement de l’ordre public, l’accomplissement de missions de prévention et de neutralisation des actes terroristes et de diversion sur le territoire de la Roumanie ».

Concernant la place, la loi ne traite plus la Gendarmerie comme une force, elle devient une institution militaire spécialisée au même titre que la Police roumaine et que les autres institutions d’ordre et sureté publique roumaines. D’ailleurs, le mot « Troupes » n’existe plus dans la dénomination de la Gendarmerie et elle devenait roumaine, titre qui ne renvoie pas seulement à sa compétence nationale mais aussi à ses responsabilités en concordance avec la norme constitutionnelle «La Roumanie est un État national unitaire ».

En ce qui concerne le rôle, la loi reconnaissait l’importance de la Gendarmerie et les progrès faits, en attribuant à la Gendarmerie des nouvelles compétences qui lui permettaient de retrouver 60 % des missions qu'elle exerçait avant 1949. Elle assure notamment: le maintien de l’ordre la garde et la défense des points sensibles d'importance nationale, des missions diplomatiques et des représentations étrangères ; la protection des tribunaux ; la garde des transports de valeurs et de produits spéciaux (explosifs, matière radioactive, substances toxiques); la sécurité des aéroports internationaux en remplacement l'armée de terre ; l'ordre public autour des écoles sensibles ; la prévention et la répression des infractions en coopération avec la police ; l’intervention en situations d’urgence civile, l’accomplissement de missions de défense opérationnelle du territoire en temps de guerre, devenant alors une composante des forces armées.

La structure organisationnelle prévoit : le Commandement de la Gendarmerie roumaine, 9 Commandements de Gendarmerie Territoriale et le Commandement de Gendarmerie de la ville de Bucarest, 41 Commandements de Gendarmerie Départementale, 9 Bataillons de Gendarmerie Mobile, une Brigade de Gendarmerie Mobile, 5 Unités Spéciales de Gendarmerie, 11 écoles et Centres d’Instruction et 4 Bases destinées à assurer le soutien logistique.

Cette structure a été le point de départ pour réaliser, à partir de l’année 2001 un ample processus de création de maillage territorial de la gendarmerie. Basé par une forte demande de création de postes de gendarmerie qui venait du milieu rural mais aussi urbain, près de 400 postes de gendarmerie ont été créés, de 2001 à 2005, couvrant une grande partie du territoire. Cette démarche a été appuyée par l’ample activité de professionnalisation du personnel. Tout d’abord les unités mobiles qui en 1999, à la suite de deux « mineriades » furent entièrement encadrées par du personnel professionnalisé et ensuite les unités territoriales où la situation a évolué plus lentement faute de ressources financières et de volonté.

La chose remarquable de cette étape a été l’ouverture vers international, marquée par l’intégration de la Gendarmerie roumaine à partir de 2002 à la FIEP, la participation à partir de 2002 avec un détachement de gendarmerie de 115 gendarmes, a la Mission de maintien de la paix UNMIK au Kosovo, l’ouverture de L’École des Officiers de la Gendarmerie roumaine qui a aussi une vocation internationale à travers le Cours Supérieur International et par l’activité intense du premier projet PHARE « Modernisation des structures et des pratiques de la Gendarmerie roumaine », financé par l’Union Européenne.

Modernisation : depuis 2005

Le , une nouvelle loi portant sur l’organisation et le fonctionnement de la Gendarmerie roumaine entre en vigueur et met fin aux disputes avec la police sur le système des forces de l’ordre et de sureté publique.

L’article 1 de cette loi donne les éléments principaux : « La Gendarmerie roumaine est une institution spécialisée de l’État, à statut militaire, composante du Ministère de l’Administration et de l’Intérieur, qui exerce, dans les conditions de la loi, les missions qui lui incombent concernant la défense de l’ordre et de la paix publics, des droits et des libertés fondamentaux des citoyens, de la propriété publique et privée, la prévention et la découverte des infractions et des autres violations des lois en vigueur, ainsi que la protection des institutions fondamentales de l’État et la répression des actes de terrorisme. »

Résultat d’un travail d’adaptation et de modernisation de la précédente loi organique, la nouvelle loi préfigurait les nécessaires évolutions pour l’intégration de l’État roumain dans l’Union Européenne en 2006. En accord avec les demandes d’ordre et de sureté publique, la loi venait de clore les discussions sensibles sur l’architecture du système de sécurité publique. Elle confirmait le système dual d’ordre et sûreté publique basé sur deux forces principales – police, avec statut civil et gendarmerie, avec statut militaire – qui exerce le droit de police de l’État mais sur des compétences différentes.

Sur la base de cette loi, la structure de la gendarmerie organisée selon des principes militaires, comme système unitaire de forces et de moyens réalisés en accord avec l’organisation administrative et territoriale du pays, a gagné en souplesse et efficacité. Toutefois elle revenait à la structure traditionnelle de la gendarmerie basée sur la structure d’inspectorat au niveau du département et introduisait la structure groupement pour les unités mobiles avec des compétences régionales.

Concernant les compétences elles étaient mieux définies, avec trois axes principaux : ordre public partialement partagé avec la police, garde des certaines bâtiments publics et renfort pour les situations de crise et d’urgence civile. Ces compétences ont été clarifiées et renforcées par plusieurs lois qui sont apparues plus tard (ex. Loi 4/2008 pour la prévention et l’action contre la violence à l’occasion des compétitions et jeux sportives).

Qui plus est, dans la complexité du système de sécurité publique roumain, la Gendarmerie a appris à mieux coopérer avec la police dans le cadre créé par le système dual d’ordre et sureté publique, mais aussi avec les autres institutions de l’État roumain. Elle a pu ainsi accroitre son efficacité à travers cette coopération.

Les processus ouverts par cette loi ont permis des avancées considérables dans divers domaines : consolidation de ses compétences légales ; professionnalisation intégrale de la gendarmerie en  ; deux réorganisations (une en 2005 quand ont été dissoutes une partie des structures territoriales – une partie de ses brigades rurales et urbaines- qui venait d’être crée et une autre en 2011 quand les effectives ont été réduites) ; modernisation des structures et des pratiques ; intégration dans la Force de Gendarmerie Européenne en 2008 et la participation active aux missions de maintien de la paix en Kosovo, en Géorgie et en Afghanistan ; renforcement de la formation base sur les compétences ; meilleure coopération avec les autres institutions.

D’autres chantiers sont en cours, d’autres pistes de réflexion seront ouvertes pour soutenir le processus de modernisation de l’institution. Demain elles relèveront de l’histoire de la Gendarmerie.

Conclusions


La perspective historique des 23 premières années de processus de restauration de la Gendarmerie peut témoigner de la difficulté de la tâche accomplie jusqu’en 2013. Elle met en évidence quelques conclusions concernant le processus de rétablissement de la Gendarmerie:

  • L’Histoire a joué un rôle important dans le processus de rétablissement de la Gendarmerie. Effacée temporairement par un modèle étranger, la Gendarmerie a trouvé la force et l’inspiration dans son histoire et ses traditions pour enclencher et alimenter ses démarches qui lui ont permis de se réinventer et de revenir comme institution de plein droit de l’État roumain.
  • Le contexte historique a généré une nouvelle forme de manifestation du modèle Gendarmerie par la création du système dual d’ordre et sureté publique basé sur le partage des compétences légales entre police et gendarmerie. Ce système hybride, adapté aux exigences de la société roumaine assure un niveau élevé de sécurité publique en Roumanie et une place essentielle pour la Gendarmerie dans cette architecture.

Concernant le rôle des personnalités dans l’histoire, les activités et les idées promues et soutenues, après la révolution, par le premier commandant de la Gendarmerie gl. lt. dr. Bunoaica Ion restent définitives, même aujourd’hui.

La matrice culturelle du peuple roumain a eu sa part dans ce processus de rétablissement de la Gendarmerie. Peuple d’origine latine, les roumains se sentent en sécurité avec une force de police qui a un statut militaire. Le taux élevé de crédibilité de la Gendarmerie en témoigne.

Les frictions avec la police et autres institutions de sécurité publique ont constitué un facteur positif qui a dynamisé le processus de rétablissement de la gendarmerie et a assuré une plus grande qualité dans l’évolution des deux institutions.

Une dernière chose qui ne doit être négligée dans le processus de transition et de modernisation de l’institution entre les années 2000 et 2010 c’est l’appui constant apporté par la Gendarmerie Nationale française, soit à travers des projets bilatéraux soit à travers des projets européens. Présence quasi solitaire dans l’espace est européen la Gendarmerie roumaine a réussi avec beaucoup de difficultés un long et difficile processus de restauration après la chute du système socialiste. En faisant preuve de dynamisme et d’innovation cette institution a réussi non seulement un rétablissement historique mais aussi une modernisation de qualité en accord avec les nouveaux défis sécuritaires.

Notes et références

Notes

    1. Serviteurs – les hommes qui servent l’État. Le mot gendarme a été attesté de point de vue documentaire, antérieur de la date de création de la Gendarmerie Roumaine, à côté d’autres mots spécifiques roumains (serviteur, gardien de la terre, dorobants, etc.).
    2. L’État socialiste avait le monopole pas seulement des institutions fondamentales mais aussi des toutes activités économiques, sociales et politiques n.a.
    3. Les Troupes de Sécurité faisaient partie de Ministère de l’Intérieur qui « avait la tâche d’accomplir la politique de parti et de l’État dans le domaine de la défense de la sécurité de l’État, assurance de l’ordre public, défense de la propriété socialiste et personnelle, des droits et des intérêts légales des personnes, prévention et la découverte des infractions, en contribuant par celle-là à l’assurance du travail paisible de la construction socialiste de peuple roumain, a la défense de l’Independence, souveraineté nationale et intégrité territoriale », Décret du Conseil d’État no. 121 de 3 avril 1978 concernant l’organisation et le fonctionnement de Ministère de l’Intérieur, art.1

    Références

    1. D’ailleurs la révolution a commencé avec une révolte populaire, suivi d’un coup d’état militaire et a continué avec la généralisation de la révolte et le processus de réforme/démocratisation de la société roumaine –idée qui est présente et soutenue avec des dates et informations concrètes par Alex Mihai Stoenescu en Histoire des coupes d’État en Roumanie, Édition Rao Books, Bucarest, 2006
    2. L’ancienne Direction Générale de la Milice
    3. Les Troupes de Sécurité ont été peu implique dans la répression, n.a.
    4. Dans les années 1950, le mot Gendarmerie a été banni par le régime socialiste, car associé avec le régime bourgeois.
    5. Le général Iulian VLAD, le chef du Département de la Sécurité de l’État, n.a .
    6. Le général Militaru était le nouveau ministre de la défense, issue la révolution et l’ordre était verbal, n.a.
    7. Virgil Magureanu, Alex Mihai Stoenescu, Du régime communiste au régime Iliescu, Editura Rao Books, Bucarest, 2008
    8. Décret no.4 de 26 décembre 1989 concernant le transfert au Ministère de la Défense Nationale du Département de sécurité de l’État et des autres organes subordonne au Ministère de l’Intérieur.
    9. Marque par cinq changements de dénomination, n.a.
    10. 1er septembre – 33 269 des postes, 2 279 officiers, 1 621 sous-officiers, 660 personnel contractuel, 28 709 conscrites
    11. Au 30 septembre 1990 dans la structure des Troupes des Gendarmes étaient 8 Brigades (4 nouvelles créé), 6 Centre d’Instruction, 1 Régiment de Transmission, 15 Détachements des Gendarmes et 10 Bataillons Mobile
    12. cinq morts (deux Roumains et trois Hongrois), 278 blessés, une église orthodoxe brulée et les sièges de certaines politiques vandalisés
    13. Une première École militaire des sous-officiers gendarmes fut créé en mai 1995 à Bumbesti Jiu
    14. Les conscrites
    15. Actions violentes organise et exécute par les mineurs et qui se sont terminés à Bucarest avec des confrontations violentes
    16. Partage des compétences : police-judiciaire, criminalité spécialise et surveillance générale du territoire. La gendarmerie- maintien et rétablissement de l’ordre, garde des pointes sensibles, renfort temporaire pour les missions de surveillance générale

    Bibliographie

    • Gl.mr. Vasile Mihalache, gl.mr.(r) Ioan P. Suciu, De l’Histoire de la Législation de la Gendarmerie roumaine, Bucarest, Édition Société Tempus, 1995 ;
    • Décret du Conseil d’État no. 121 de concernant l’organisation et le fonctionnement de Ministère de l’Intérieur.
    • Loi 550/2004 portant sur l’organisation et le fonctionnement de la gendarmerie roumaine ;
    • Loi 60 /1991 republie concernant l’organisation et gestion des rassemblements publics ;
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    • Moniteur Officiel, no. 69 du 29.03.1929 ;
    • Le Code de la Justice Militaire, Moniteur Officiel no. 66 de 20.03.1937 ;
    • Gl. c.a. dr. Tudor Cearapin, Gl.d.dr. George Seritan, Col. (r) dr. Octavian Burcin, Col.dr.Tutu Pisleag et col. drd : Daniel Georgescu, Histoire de la Gendarmerie roumaine, Édition Bren, 2004 ;
    • Collective d’auteurs coordonne par le Gl. lt. Dr Olimpiodor Antonescu, La Gendarmerie roumaine - 20 années de contemporanéité, Édition de Ministère de l'Administration et de l’Intérieur, 2010 ;
    • Gl.bg.(r) Vqsile D. Mihalache, Gendarmerie au carrefour sociales 1944-1990 , Vol. II, Édition Sylvi, Bucarest, 2009 ;
    • Gl.mr. Vasile Mihalache, Col (r) Ioan Suciu, Pages d’une histoire non écrite, Édition Ministère de l’Intérieur, 1993 ;
    • Alex Mihai Stoenescu en Histoire des coups d’État en Roumanie, Édition Rao Books, Bucarest, 2006 ;
    • Stan Stangaciu, Octavian Burcin, Ovidiu Miron, Adrian Balan, L’ordre interne et la défense de la Roumanie entre les années 1939-1941, Éditions All Educational, Bucarest, 1999.


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