Garbis Kortian

Garbis Kortian (né à Kessab en Syrie le , décédé le à Paris) est un professeur de philosophie d’origine arménienne, spécialisé en philosophie allemande, qui a enseigné à l’Université de Montréal (1968-1994), puis à l’Université de Vienne.

Biographie

Il a fait ses études à Heidelberg et à Vienne, où il a déposé une thèse de doctorat portant sur Wilhelm von Humboldt. Il a ensuite travaillé auprès de Theodor W. Adorno et de Jürgen Habermas. Il fut embauché comme professeur à l’Université de Montréal, sur la recommandation de Herbert Marcuse. « Professeur brillant et personnalité fascinante, il a su initier toute une génération d'étudiants aux enjeux spéculatifs profonds de la pensée de Kant et de l'idéalisme allemand. »[1] Au cœur de son enseignement résidait l’exigence de remonter aux présupposés qui fondent les discours philosophiques. Il a écrit un certain nombre d’articles, au style serré, la plupart pour la revue Critique. Il a publié un livre, Métacritique, une reconstruction de l’argument philosophique de l’École de Francfort, dans lequel il entretient un débat avec une des œuvres majeures d’Habermas, Connaissance et intérêt. Il y questionne son concept d’Aufklärung et souligne le risque encouru par Habermas de retomber dans le moralisme kantien ou fichtéen : « Kortian tente de montrer que la pensée d’Habermas ne parvient pas même à réaliser son ambition d’auto-réflexion (dépasser l’entendement technicien) et que la nouvelle rationalité qui est en jeu dans cette démarche demeure un idéal. »[2]

Polyglotte, Garbis Kortian a enseigné en français, en anglais, en allemand et en arménien. Il a participé à de nombreux colloques internationaux, y côtoyant les grands noms de la philosophie de son époque. Il a aussi initié des pétitions internationales, notamment à propos du génocide arménien.

Livres

Métacritique, Paris, Éditions de Minuit, 1979.

De la vérité comme liberté ou la faculté philosophique de juger, Paris, L'Harmattan, 2020. (Compilation de textes, pour la plupart publiés dans la revue Critique).

Principaux articles

  • « Remarques sur le rapport entre subjectivité et société civile » in Dialogue, Vol. IX, 1970, No. 2.
  • « Le problème de l’Aufklärung et de l’intérêt de la raison », Études philosophiques, 1973.
  • « Le sens du possible », Critique, .
  • « La philosophie et son objet », Critique, no. 384, .
  • « De quel droit? », Critique, 1981.
  • « L’art appartient-il au passé ? », Critique, no. 416, 1982.
  • « L’art moderne est-il si primitif ? », Critique, no. 455, .
  • « Par-delà l’identité moderne », Critique, no. 479, 1987.
  • « La modernité et la prétention de l’art à la vérité », Critique, no. 493-494, juin-.

Principales participations à des ouvrages collectifs

  • « Le droit de la philosophie dans la controverse politique », in La faculté de juger, Paris, Éditions de Minuit, 1985.
  • « L'art et son enjeu philosophique », in Lieux et transformations de la philosophie, Paris, Presses Universitaires de Vincennes, 1991.
  • « Le discours philosophique de la modernité et le problème des sciences de l'Homme », in Le partage de la vérité. Critiques du jugement philosophique, Paris, L'Harmattan, 1991.
  • « De l'unité postulée, de l'unité réelle et de l'unité problématique de la raison philosophique », in L'identité philosophique européenne, Paris, L'Harmattan, 1993.
  • « L’Histoire et l’État de droit dans la modernité politique » in Guérir de la guerre et juger de la paix, Paris, L’Harmattan, 1995.
  • « Légalité, légitimité et justice : à propos d'une controverse sur la rationalité du droit naturel », in Qu'est-ce que la justice?, Paris, Presses Universitaires de Vincennes, 1996.
  • « Le problème de la vérité et de son énonciation » in La Modernité en question, Paris, Cerf, 1998.
  • « Légalité, légitimité et justice. Remarques à propos d’une controverse sur la rationalité du droit moderne » in Penser au présent, Paris, L’Harmattan, 1998.
  • « L’embrasement du voile » in Judéités, Paris, Galilée, 2003.
  • « La sensation pensée à l’état pur » in Arto, Sculptures et dessins, Montréal (Saint-Laurent), Carte blanche, 2003.

Notes et références

  1. http://www.nouvelles.umontreal.ca/campus/in-memoriam/garbis-kortian-ancien-professeur-a-ludem.html
  2. RAULET, Gérard, « L’appel de l’histoire : la théorie critique de l’école de Francfort face au contexte français » in Philosophiques, vol. 9, no 1, p. 166.
  • Portail de la philosophie
  • Portail de l’Arménie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.