Galswinthe

Galswinthe ou Galeswinthe[1], née vers 545 et morte en 568, est une princesse wisigothe devenue reine des Francs par son mariage avec le roi de Neustrie Chilpéric Ier.

Galswinthe
Chilpéric Ier étrangle Galswinthe,
Grandes Chroniques de France, 1375-1380,
Paris, BnF, ms. Français 2 813, fo 31ro .

Titre

Reine des Francs

Biographie
Dynastie Mérovingiens
Naissance Vers 545
Espagne wisigothique
Décès 568
Père Athanagild
Mère Goswinthe
Conjoint Chilpéric Ier

Elle meurt assassinée sur ordre de son époux l'année même de son mariage et ne laisse pas d'enfants. Son assassinat est l'élément déclencheur d'une longue vendetta entre Chilpéric et son frère Sigebert, dont l'épouse Brunehaut est la sœur de Galswinthe.

Étymologie

Dans son Histoire des Francs, l'évêque Grégoire de Tours écrit son nom Galsuintha[2] et Gailesuinda[3],[4]. L'Italien Venance Fortunat la nomme Gelesuinta dans son poème[5]. La forme originelle de son nom semble être Galswintha. Il est composé de deux éléments gotiques, swinths qui signifie « énergie » et gal qui est issu du verbe galaubjan « croire »[6].

Sources

Galswinthe est connue par deux sources d'époque, un Poème de Venance Fortunat (569) et l'Histoire des Francs de Grégoire de Tours (592).

Biographie

Chilpéric étrangle Galswinthe devant Frédégonde dans les Grandes Chroniques de France (1412).

Galswinthe est la fille d'Athanagild, roi des Wisigoths, et de son épouse Goswinthe, et la sœur aînée de Brunehaut[7]. En 568, elle épouse Chilpéric Ier, roi de Rouen, qui désirait une aussi noble alliance que celle de son frère Sigebert qui avait épousé Brunehaut[8]. Galswinthe obtient de lui un douaire composé des cités de Bordeaux, Limoges, Cahors, Béarn et Bigorre. Elle lui apporte en dot de nombreux trésors[9] et une alliance avec le roi wisigoth. Ce mariage offre donc à Chilpéric une certaine tranquillité dans ses possessions d'Aquitaine.

Chilpéric délaisse rapidement Galswinthe au profit de la servante Frédégonde. Ne pouvant la répudier au risque de perdre la dot, Chilpéric charge un esclave de l'étrangler quelques mois après la mort d'Athanagild[10]. Elle ne laisse aucune descendance. Ce meurtre déclenche une faide (vengeance privée) entre Chilpéric et ses descendants, d'une part, Sigebert et surtout Brunehaut, d'autre part, qui ne se termine qu'avec l'exécution de Brunehaut par Clotaire II, fils de Chilpéric, en 613. Le conflit est évité dans un premier temps par l'intervention du roi Gontran, frère de Chilpéric et Sigebert. Celui-ci force Chilpéric à céder le douaire de Galswinthe à sa sœur et héritière Brunehaut. Chilpéric n'accepte pas longtemps cet état de fait et cherche par tous les moyens à reprendre ses terres perdues.

Postérité

L'élégie de Venance Fortunat

Meurtre de la reine Galswinthe par Eugène Philastre (1846).

Le poète italien Venance Fortunat compose à l'occasion de la mort de Galswinthe des vers qui comptent parmi les chefs-d'œuvre de la littérature mérovingienne. Cet éloge funèbre, long de trois cent soixante-dix vers, est destiné à la reine Goswinthe, veuve d’Athanagild. Elle est probablement commandée par Sigebert et par des grands d'Austrasie, tels le comte Gogon ou le duc Loup de Champagne avec qui Fortunat est en contact au début des années 570, comme le laissent supposer les premiers vers du poème : « Tolède t’a envoyé deux tours, ô Gaule : si la première est debout, la seconde gît à terre, brisée. Elle se dressait sur les collines, splendide sur une belle cime, et des vents hostiles l’ont mise à bas et détruite[11] ».

Le poème aborde la douleur de l’enfantement, celle de perdre une fille qui se marie à l’étranger[12] et la mort de l’enfant aimé : « Le malheur fond sur elle, atteinte d’un coup foudroyant, elle défaille, son regard chavire, elle s’éteint. »[13]. Le cortège nuptial et les noces deviennent de tristes évènements où Cupidon vole au-dessus des époux, armé de flèches glacées[14]. Un habile jeu littéraire permet d'assimiler Chilpéric au roi des Enfers Hadès en décrivant le convoi nuptial de Galswinthe sur le modèle du Rapt de Proserpine de Claudien[15].

Fortunat décrit la princesse comme généreuse avec les pauvres et aimée de tous, elle aurait reçu l’amitié de Radegonde[16] et les guerriers francs lui auraient juré serment de fidélité sur leurs armes[17]. Le poème insinue qu’il y a eu meurtre, en expliquant que la mort de Galswinthe met en pleurs la cour tout entière, sauf son mari, et que la nourrice de Galswinthe se pose la question de savoir comment repartir en Espagne pour en informer Goswinthe, laissant penser que la nourrice est prisonnière. Fortunat décrit ensuite l’enterrement, qui se déroule au milieu des gémissements. Un miracle intervient, témoignage de la présence divine : une lampe suspendue au-dessus du tombeau serait tombée sans se briser[18]. Grégoire de Tours ajoute dans son quatrième livre de l'Histoire des Francs, quelques années plus tard, que le luminaire s’enfonce dans le dallage comme dans de la cire[19].

Vient ensuite la douleur de Brunehaut, qui se sent coupable pour avoir aidé à attirer sa sœur en Gaule alors même que le mariage était nuisible aux intérêts austrasiens[20]. En s’adressant à Goswinthe par ces mots « Vous aussi, sa mère, par la grâce du Dieu tonnant, vous avez une consolation dans votre fille, votre gendre, votre petite-fille, votre petit-fils et votre mari. »[21], le poème sous-entend que, Galswinthe s’étant convertie au catholicisme, l’union de l’Austrasie et du royaume wisigoth permettrait de venger le meurtre[22].

Postérité artistique

La mort de Galswinthe a été reprise et romancée à de nombreuses reprises dans les arts et la littérature. Hervé dans son opéra-bouffe de 1868 Chilpéric, attribue à Frédégonde l'assassinat de Galswinthe[23]. Marcel Proust lui, en fait dans La Recherche une vierge anonyme[24].

Références

  1. Céline Martin, Galeswinthe, Dictionnaire des femmes de l'ancienne France [en ligne], Société Internationale pour l'Étude des Femmes de l'Ancien Régime (SIEFAR), 2006.
  2. « GREGORII TURONENSIS HISTORIARUM LIBER QUARTUS », texte latin du livre IV de Grégoire de Tours sur le site TheLatinLibrary.
  3. « GREGORII TURONENSIS HISTORIARUM LIBER NONUS », texte latin du livre IX de Grégoire de Tours sur le site TheLatinLibrary.
  4. Frédéric Armand, Chilpéric Ier, La Louve éditions, 2008, p. 102, n. 14 : Armand précise que certains manuscrits donnent les variantes Gailesoinda, Galsuentha, Galsuenda, Gilsuenda, Galsuuinda, Galsuuenda, Galsuinta et Galesuinda.
  5. Venance Fortunat, Poèmes - Tome II, p. 60 : Certains manuscrits donnent les variantes Gelesuita, Gelesuintha, Ghelesuintha et Geleusina.
  6. Roger-Xavier Lantéri, Brunehilde, éditions Perrin, 1995, p. 351.
  7. Christian Bouyer, Dictionnaire des Reines de France, Librairie Académique Perrin, 1992 (ISBN 2-262-00789-6), p. 76.
  8. Anne Bernet, « Ces drôles de Mérovingiens avec leur reine Frédégonde », Au cœur de l'histoire, émission d'Europe 1, le 15 février 2012.
  9. Nira Grandowicz, « L'honneur oblige - Esquisse d'une cartographie des conduites et des stratégies de l'honneur au Ve siècle et au VIe siècle » dans Revue belge de philologie et d'histoire, tome 74, fascicule 2, 1996, p. 273-293.
  10. Liber Historiæ Francorum, 31.
  11. Venance Fortunat, Carmina. VI, 5, v. 13-16.
  12. Ibid., v. 58-62.
  13. Ibid., VI, 5, v. 258-259.
  14. Ibid., VI, 5, v. 25.
  15. Stéphane Gioanni, « La culture profane des dictatores chrétiens dans les chancelleries franques : l'élégie sur la mort de Galesvinthe de Venance Fortunat (carm. VI, 5) », dans Actes du IXe colloque international de Latin vulgaire - latin tardif (Lyon, 2 – 6 septembre 2009), sous la direction de F. Biville, M.-K. Lhommé et D. Vallat, Lyon, Maison de l'Orient (« série linguistique et philologique, no 8 », CMO 49), 2012, p. 937-949.
  16. Ibid., v. 225-228.
  17. Ibid., v. 241-242.
  18. Ibid., v. 277-280.
  19. Grégoire de Tours, Histoire des Francs, livre IV, 28.
  20. Dumézil 2008, p. 165.
  21. Carmina, VI, 5, v.367-378.
  22. Dumézil 2008, p. 165-166.
  23. Kurt Gänzl, « CHILPÉRIC: Opéra-bouffe in 3 acts and 4 tableaux »,
  24. Raymonde Coudert, Proust au féminin, Grasset, (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • Grégoire de Tours (trad. Robert Latouche), Histoire des Francs, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Les Classiques de l'histoire de France au Moyen Âge », (ISBN 978-2-251-34047-0).
  • Céline Martin, Galeswinthe, Dictionnaire des femmes de l'ancienne France [en ligne], Société Internationale pour l'Étude des Femmes de l'Ancien Régime (SIEFAR), 2006.

Articles connexes

Liens externes

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