Gédéon Tallemant des Réaux

Gédéon Tallemant des Réaux[1] [talmɑ̃dereo:][2], né le à La Rochelle puis baptisé le de la même année, mort le à Paris, est un écrivain, gazetier et poète français connu pour ses Historiettes, un recueil de courtes biographies de ses contemporains.

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Biographie

Tallemant des Réaux était issu d’une riche famille de banquiers huguenots de La Rochelle. Selon l'introduction des Historiettes, dans la collection de la Bibliothèque de la Pléiade : « Il est établi par des actes notariés que la famille Tallemant possédait « le lieu, terre et seigneurie de Réau, situé et assis en la paroisse de Néris (aujourd'hui Néris-les-Bains) près Montluçon en Bourbonnais ». C'est ainsi que Gédéon ajouta le nom de « des Réaux » à son patronyme, comme son frère aîné avait ajouté « de Boisneau » au sien, grâce à un autre bien familial de ce nom. Plus tard, Gédéon acquit une petite propriété « des Réaux » en 1650. Arrivé très jeune à Paris, il est envoyé à l’âge d’environ dix-huit ans en Italie avec son frère, l'abbé François Tallemant, et l'abbé de Retz. Ils y restèrent presque toute l'année de 1638. À son retour à Paris, son père lui obtient la charge de conseiller au parlement à l’obtention de ses diplômes en droit civil et canon. C´est l´époque où il est amoureux de sa cousine Mme d´Harambure, célèbre précieuse tenant salon et qui écrivait sous le nom de Livie mais qui le traitait comme un écolier. [3] Détestant sa profession, il décide de chercher une autre forme de revenu en épousant sa cousine Élisabeth de Rambouillet. Son demi-frère avait épousé une d'Angennes qui lui assure ses entrées à l’hôtel de Rambouillet.

N’ayant aucune admiration pour le roi Louis XIII[4], Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet, contribua à la curiosité des historiettes de Tallemant qui étaient d’une réelle valeur historique sur les règnes d’Henri IV et de Louis XIII. La société de l’hôtel de Rambouillet fut un champ d’observation aiguë pour ses remarques impitoyables mais jamais fausses. Dans ses Historiettes, Tallemant dresse des portraits d’écrivains tels que Voiture, Guez de Balzac, Chapelain, Boisrobert, Conrart, Des Barreaux, Gombauld, Scarron, Malherbe, La Fontaine, Pascal, Marie de Gournay, Marie-Catherine de Villedieu, l’abbé d’Aubignac, Pierre Corneille, Gilles de Ruellan, Georges de Scudéry, Madeleine de Scudéry, Madeleine de Sablé, Marie de Sévigné ou Racan. Il parle aussi de personnalités politiques comme Richelieu, de célébrités comme l’acteur Mondory et des courtisanes à scandale comme Marion Delorme, Ninon de Lenclos ou Angélique Paulet, et du violiste André Maugars.

Les Historiettes sont d’une très grande valeur pour l’histoire du XVIIe siècle. Publiée semi-clandestinement, cette œuvre demeurée en manuscrit (conservé au château de Chantilly) jusqu’à sa publication en 1834-1836 suscita, au mieux, l’incrédulité et, au pire, l’indignation[5] : ce n’était pas là l’image que le XIXe siècle voulait avoir du Grand Siècle. Néanmoins, des témoignages indépendants ont désormais établi l’exactitude de la substance de ses rapports[5], et la publication intégrale et non retouchée, d'après ses propres écrits, chez Gallimard, en 1960 dans la bibliothèque de la Pléiade (édition et annotations par Antoine Adam) a restitué le véritable témoignage de « M. des Réaux[6] ».

Lié à Conrart, Tallemant des Réaux était également poète et, même si sa renommée actuelle émane de ses Historiettes, il a contribué, en tant que tel, à la Guirlande de Julie. Son œuvre est restée à l’état de manuscrit jusqu’à sa publication en 1834. Tallemant avait également commencé la rédaction de Mémoires pour la régence d’Anne d’Autriche dont le manuscrit n’a pas été retrouvé.

La fin de sa vie personnelle a été marquée par les déchirements liés à la répression grandissante des huguenots qui devait se terminer par la proclamation de l’édit de Fontainebleau. En 1660, sa femme se convertit au catholicisme avant de se retirer dans un couvent. Sa fille sera en revanche expulsée pour avoir voulu rester fidèle à la confession. Tallemant lui-même abjure en 1684, un geste qui n’a peut-être pas été entièrement désintéressé, celui-ci ayant valu une pension de 2 000 livres alors qu’il avait souffert de considérables pertes financières.

Il est mort dans sa maison de la rue Neuve-Saint-Augustin, à Paris. Son frère, François Tallemant l'Aîné, a été de l’Académie française.

Notes

  1. Parfois incorrectement épelé « Tallemand des Réaux » avec un d.
  2. Jean-Marie Pierret, Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, Louvain-la-Neuve, Peeters, (lire en ligne), p. 104.
  3. (Historiette Vol. 6 Chap CCCLV p 263)
  4. Eugène Géruzez, Essais d’histoire littéraire, Paris, Louis Hachette, (lire en ligne), p. 218.
  5. Historiettes, 4e éd., Collection des plus belles pages, Paris, Société du Mercure de France, 1906.
  6. On l’appela toujours ainsi de son vivant, M. Des Réaux. « L’illustre M. des Réaux » dit un contemporain. Voir édition des Historiettes du Mercure de France, op. cit.

Liste partielle d’Historiettes

Œuvre

  • Historiettes, éd. Antoine Adam, Paris, Gallimard, 1960.

Références

  • Émile Magne, Bourgeois et financiers du XVIIe siècle : La joyeuse jeunesse de Tallement des Réaux : d’après des documents inédits, Paris, Émile-Paul frères, 1921.
  • Émile Magne, Bourgeois et financiers du XVIIe siècle : La fin troublée de Tallemant des Réaux : d'après des documents inédits, Paris, Émile-Paul frères, 1922 .

Bibliographie

Voir aussi

Liens externes

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