Frumentarii

Les frumentarii, ou frumentaires, au singulier frumentarius, sont des soldats de l'armée romaine. Durant le Haut-Empire, ils semblent chargés d'assurer des liaisons entre Rome et les garnisons provinciales (remplaçant dans ces fonctions les speculatores[1]) et purent assurer des missions similaires à celles d'un service secret et de sécurité de l'empereur à partir de l'empereur Domitien[1] et jusqu'au règne de Dioclétien. Ce dernier supprima ce corps[2] à la suite des nombreux abus dont se rendirent coupables les frumentarii et les remplaça par les Agentes in rebus.

Origine du corps

On considère traditionnellement que les frumentarii étaient à l'origine des soldats chargés du ravitaillement en blé de leur unité, cette hypothèse a cependant été récemment contestée par N.B. Rankov, qui voit en eux des soldats récompensés et touchant à ce titre une double ration de blé (frumentum)[3]. En dehors d'une inscription à l'authenticité discutée[4], la première attestation certaine du grade de frumentarius remonte au règne de Trajan[5]. La formation de ce corps particulier dans l'armée romaine peut être imaginée en plusieurs étapes : présence à Rome de soldats des légions chargés des liaisons avec leur garnison en province, désignation de ces soldats par le terme de frumentarii, création d'un numerus frumentariorum et installation de ce dernier dans leur caserne propre sur le mont Caelius[6].

Fonctions

Épitaphe d'un frumentaire de la légion VII Gemina retrouvée à Tarragone dans la capitale provinciale.

Chargés des relations entre la capitale et les garnisons provinciales, les frumentarii ne dépendaient pas que de l'empereur selon Boris Rankov, mais faisaient partie de l’officium de la province lorsqu'il s'y trouvait, et des Castra Peregrina quand ils étaient à Rome, constituant le principal moyen de communication entre le gouverneur et l'empereur[7]. Le rôle des frumentarii dans les officia reste cependant mal connu et leur relation avec les frumentarii de Rome a été débattu[8]. L'empereur emploie les frumentarii dans des missions spéciales de communication, de police et d'espionnage. Selon Jocelyne Nélis-Clément, « L'organisation particulière des frumentarii explique qu'on ait pu les considérer comme des taupes chargées par l'empereur de lui rapporter des informations concernant les gouverneurs de province, même si une telle hypothèse demeure invérifiable »[9].

Notes

  1. Rose Mary Sheldon (trad. de l'anglais américain par Alexandre Hasnaoui), Renseignement et espionnage dans la Rome antique [« Intelligence activities in ancient Rome »], Paris, Les Belles lettres, coll. « Histoire » (no 101), , 519 p. (ISBN 978-2-251-38102-2)
  2. Aurelius Victor, XXXIX, 44, 5
  3. P. Cosme et P. Faure, 2004, p. 348
  4. CIL III, 3835 à Emona
  5. P. Cosme et P. Faure, 2004, pp. 348-349
  6. P. Cosme et P. Faure, 2004, p. 349
  7. Rankov, 2006, p. 138
  8. F. Bérard, 2004, pp. 358-359
  9. Nélis-Clément, 2000, p. 121

Bibliographie

  • Manfred Clauss (de), « Frumentarius Augusti », Epigraphica, 42, 1980, p. 131–134
  • J.C. Mann, « The Organization of the Frumentarii », ZPE, 74, 1988, p. 149-150.
  • Boris Rankov, « Frumentarii and the Provincial officia », ZPE, 80, 1990, pp.  176-82 [PDF] Lire en ligne.
  • Jocelyne Nélis-Clément, Les beneficiarii : militaires et administrateurs au service de l'empire (Ier s. a. C. - VIe s. p. C.), Ausonius études, Bordeaux, 2000.
  • Patrice Faure, « Les centurions frumentaires et le commandement des Castra Peregrina », MEFRA, 115-1, 2003, pp. 377-427.
  • François Bérard, « Quelques officiales, entre Lyon et Rome », CCG, XV, 2004, pp. 357-369Lire en ligne sur Persée
  • Pierre Cosme et Patrice Faure, «  Identité militaire et avancement au centurionnat dans les castra peregrina », CCG, XV, 2004, p. 343-356 Lire en ligne sur Persée.
  • Boris Rankov, « Les Frumentarii et la circulation de l'information entre les empereurs romains et les provinces », dans Laurent Capdetrey, Jocelyne Nelis-Clément, La circulation de l'information dans les états antiques. Ausonius Éditions, Études 14, Paris, De Boccard, 2006, p. 129-140.
  • (en) Boris Rankov, « The origins of the frumentarii », Acta XII Congressus Internationalis Epigraphiae Graecae et Latinae, Barcelona 3-8 September 2002, Barcelone, 2007, pp.  1169-1172.
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