François Buzot

François Nicolas Léonard Buzot, né le à Évreux et mort par suicide le (le 30 prairial an II selon les archives parlementaires) à Saint-Magne-de-Castillon, est un homme politique français connu pour son engagement pendant la Révolution. Il a été membre de l’Assemblée nationale constituante de 1789-1791 et député de l’Eure à la Convention nationale.

Biographie

Il est le fils de François Buzot (1717-1771), procureur au bailliage et présidial d'Evreux et de Marie Madeleine Legrand. Peu fortuné, il se marie en 1784 avec sa cousine germaine, Marie Anne Victoire Baudry, qui dispose d'une belle dot[1]. Son épouse est la fille de Marie Anne Buzot et de Jean Pierre Baudry, qualifié de "maître de forges" à La Charité sur Loire dans les années 1740[2] et de "directeur en chef des forges royales de la Chaussade" au moment de son décès à Cosne-sur-Loire en 1776[3].

Avocat à Évreux, il est nommé échevin de la ville par le roi sur proposition du duc de Bouillon en 1778[4].

Député du tiers état

Il est élu député du tiers état aux États généraux par le bailliage d’Évreux en 1789. Immédiatement, à la Constituante, il prend vigoureusement parti contre la monarchie, la noblesse et le clergé. Dès le 6 août 1789, il définit les biens de l’Église comme la propriété de la Nation[5] et réclame leur nationalisation. Il demande également le droit pour tous les citoyens de porter des armes.

Rentré à Évreux après la dissolution de la Constituante, il devient, le , le premier président du tribunal criminel nouvellement installé dans l'ancien séminaire des Eudistes. C’est à cette époque, lors d'un voyage à Paris, qu'il fait la connaissance de Manon Roland dont il s'éprend.

Député girondin à la Convention

En 1792, il est réélu député de l’Eure à la Convention nationale. Sous l’influence de son amie, Manon Roland, il siège parmi les girondins dont il s'affirme comme l'un des principaux orateurs. Il attaque la conduite de Marat, fait un rapport sur la création d’une garde nationale des départements pour défendre la Convention contre la foule parisienne. Sa proposition est acceptée, mais reste lettre morte. Il propose également un rapport sur les mesures à prendre contre les émigrés, dont il suggère le bannissement à perpétuité. Il propose d’établir la peine de mort contre quiconque proposerait de rétablir la royauté.

Première page du rapport du citoyen Buzot concernant les gardes nationales.

Lors du procès de Louis XVI, il vote affirmativement sur la culpabilité du roi et pour la ratification du jugement par le peuple. Il se prononce ainsi pour la mort avec l'amendement de Mailhe, et le sursis.

Membre de la commission de salut public, nouveau Comité de défense générale, à compter du 26 mars 1793, il combat l’instauration du tribunal criminel extraordinaire et du Comité de salut public; dans le même temps, il s’abstient, à la Convention nationale, dans le scrutin de la mise en accusation de Marat. Il est plusieurs fois dénoncé par les sections de Paris. Il vote affirmativement sur la question de savoir si le décret qui a cassé la Commission des Douze doit être rapporté.

Pourtant souvent présenté comme l'un des porteurs d'une vision fédéraliste, il s’écrie le 25 septembre 1792 : « proscrivons le gouvernement fédératif, pour n’avoir qu’une République unique »[6] .

Le proscrit

Décrété d’arrestation avec les girondins, le 2 juin 1793, il parvient à s’enfuir à Évreux où il est hébergé chez l'abbé Vallée, frère de Jacques Nicolas Vallée, son collègue député à la Convention. Il tente vainement de mobiliser les habitants de sa ville natale[7] puis d’organiser près d’Évreux un corps insurrectionnel fédéraliste contre la Convention. Le 13 juin, il est décrété d’accusation. Il gagne le département du Calvados.

Le 17 juillet, la Convention nationale décrète : « que la maison occupée par Buzot à Évreux, serait rasée, et qu’il n’en pourra être jamais bâti sur ce terrain. Il y sera élevé une colonne sur laquelle sera cette inscription : « Ici fut l’asile du scélérat Buzot, qui, représentant du peuple, conspira la perte de la République française[8]. » Le 23 juillet 1793, la Convention nationale le déclare traître à la patrie.

Bordeaux étant entrée en insurrection contre la Convention, il y cherche un refuge. Pendant dix mois, il se cache avec Pétion et Barbaroux, à Saint-Émilion. Quand Salle et Guadet sont arrêtés dans la maison du père de Guadet[9], se croyant menacé, il quitte son asile en pleine nuit avec Pétion et Barbaroux. Toutefois, un berger les aperçoit dans un bois de pins. Barbaroux se tire un coup de pistolet, mais il se manque et se fait prendre (il est guillotiné le 25 juin 1794). De leur côté, Pétion et Buzot s'enfoncent dans un champ de blé et se suicident à Saint-Magne-de-Castillon, dans le canton de Castillon[10]. On retrouve leurs cadavres, à moitié dévorés par les loups, quelques jours plus tard[11],[12],[13].

Buzot a laissé des Mémoires qui ont été publiés en 1823.

Son neveu, Philippe Charles Goy[14], sera guillotiné le 22 prairial an II () avec les autres membres de la conspiration de Cosne-sur-Loire et de Saint-Amand-les-Eaux.

Hommage

Buste de François Nicolas Léonard Buzot -- Salle du serment du jeu de paume -- Versailles.

Le nom de « Buzot » a été donné au XIXe siècle (avant 1890) à l'une des rues d'Évreux[15]. Cependant elle porte aujourd'hui le nom de Colonel Arnaud Beltrame.

Une petite rivière des Yvelines porte le nom de ru de Buzot.

Bibliographie

  • Bette W. Oliver, Provincial Patriot of the French Revolution: François Buzot, 1760–1794, Lanham MD, Lexington Books, 2015.
  • Jean Bariller, François Buzot: un Girondin normand, 1760-1794, Evreux, Société libre de l'Eure, 1993.
  • Marcel Dorigny, « Buzot », dans Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PU.F., 1989.
  • Léon Dubreuil, « L'élection de Buzot à la Convention », Annales révolutionnaires, t. 13, no 5, , p. 372-399 (lire en ligne).
  • Jacques Hérissay, Un girondin. François Buzot, député de l'Eure à l'Assemblée constituante et à la Convention, 1760-1794, Paris, Librairie académique Perrin & Cie, 1907.
  • Claude Perroud, « Appendice R : BUZOT », Lettres de Madame Roland de 1780 à 1793, Paris, Imprimerie nationale, 1900-1902, p. 753-766. En ligne.
  • Claude Perroud, « Fragments inédits des Mémoires de Buzot ; Buzot et le bicamérisme ; Analyse du livre de M. Jacques Hérissay : Un girondin, François Buzot... », dans Études sur les girondins, s. l., Bibliothèque du Bois-Menez, coll. « Textes oubliés / Études et mélanges de Claude Perroud ; 3 », , 517 p. (ISBN 978-2-490135-17-2, ISSN 2557-8715, lire en ligne), p. 334-383.
  • « François Buzot », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]

Notes

  1. Son contrat de mariage est publié dans les Mémoires inédits de Pétion et mémoires de Buzot & de Barbaroux : accompagnés de notes inédites de Buzot et de nombreux documents (p. LVII-LVIII). Les apports du futur époux ne sont pas précisés, au contraire de ceux de Mlle Baudry (14021 livres).
  2. AD58, registres paroissiaux de Sainte-Croix de la Charité sur Loire, 28/05/1741 (baptême de Françoise), 05/08/1742 (Pierre), 30/09/1743 (Marie Anne Virginie), 18/06/1745 (Eugènie Ursule), 18/10/1747 (Marie Anne Victoire future Mme Buzot).
  3. AD58, 4 E 86 art. 4, registre paroissial de Cosne-sur-Loire paroisse Saint- Agnan (1781-1792), vue 121/290, 25 mai 1786, inhumation de Jean Pierre Baudry.
  4. Théodose Bonnin, "Notes, fragments et documents servant à l'histoire de la ville d'Evreux", Recueil des travaux de la société libre d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l'Eure, 1847, p. 303.
  5. Bernard Bodinier, « La Révolution française et la question agraire : un bilan national en 2010 », Histoire et Sociétés Rurales, no 33, 1er semestre 2010, p. 16.
  6. Anne de Mathan, « Le fédéralisme Girondin. Histoire d’un mythe national », Annales historiques de la Révolution française, no 393, , p. 195-206
  7. Nicolas Rogue, Souvenirs...
  8. Cette plaque fut déposée le 6 ventôse an III ().
  9. Joseph Guadet, Les Girondins, leur vie privée, leur vie publique, leur proscription et leur mort, Paris, Librairie académique Didier et Cie, 1861, tome II, p. 489.
  10. Vatel, Charles Joseph, Charlotte de Corday et les girondins, t. III, Paris, H. Plon, 1864-1872, 506 p. (lire en ligne) , p. 755.
  11. Le procès-verbal de reconnaissance du corps de Pétion date du 7-8 messidor an II, l'acte de décès et le procès-verbal d'inhumation du 8 messidor. Voir Les manuscrits relatifs à l'histoire de la Révolution et de l'Empire: dans les bibliothèques publiques des départements, Société de l'histoire de la Révolution française, Paris, F. Rieder, 1913, 452 pages, p. 148.
  12. Selon Aurélien Vivie, Histoire de la Terreur à Bordeaux, Feret et fils, 1877, tome II, p. 286, « dans les premiers jours de juillet, des sans-culottes de Castillon, faisant une battue générale du côté de Saint-Magne, trouvèrent dans un champ les cadavres de Pétion et de Buzot ».
  13. Un récit assez développé des événements est donné par Charles-Aimé Dauban dans son Étude sur Madame Roland et son temps suivie des lettres de Madame Roland à Buzot et d'autres documents inédits, chap. XXXII : « Les Derniers Jours de Buzot », p. 251-261.
  14. AD58, 5Mi20 923, état-civil de Cosne-sur-Loire (1793-1794), vues 102-104 /372, 23 avril 1793, mariage de Philippe Etienne Goy et Marie Anne Lucie  Breuzard (fille de François Lucie Breuzard "chef de la légion des gardes nationales du district de Cosne" et Madeleine Henriette Baudry)
  15. Thuillier, Plan d’Évreux, in Paul Joanne, Dictionnaire de la France, 1890.

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