Fonds régional d'art contemporain des Pays de la Loire

Le Frac des Pays de la Loire est créé en 1982, Jean de Loisy en est le premier directeur. Dès 1984, il accueille des artistes en résidence dans le cadre des Ateliers Internationaux. D'abord nomade, le Frac des Pays de la Loire se dote en 2000 d'un bâtiment situé à Carquefou (banlieue nord-est de Nantes) dont la conception est confiée à l'architecte Jean-Claude Pondevie. Il est ainsi le premier Frac dit de nouvelles générations.

Historique

Le Frac des Pays de la Loire est créé à la suite de la circulaire du 3 septembre 1982. Cette circulaire du ministère de la Culture et de la Communication permet à chaque région de France de se doter d’un fonds régional d'art contemporain dans le cadre d’un partenariat entre la région et le ministère.

Le Frac occupe l'abbaye royale de Fontevraud jusqu'en 1987. Ensuite il prend place dans la villa italienne du domaine de la Garenne-Lemot à Clisson, qui appartient au département. La convention entre le département et la région prend fin au bout de cinq ans[1].

En 1994, le Frac s'installe temporairement dans un ancien entrepôt à Nantes.

En 2000, il investit le nouveau bâtiment construit pour remplir ses missions à Carquefou, situé à douze kilomètres du Nord-Est de Nantes[2]. C'est la première fois qu'un édifice a été spécialement pensé afin de répondre aux exigences d'un Frac. Il est ainsi le premier Frac dit de nouvelles générations[2]. Ce nouvel espace a permis de développer un pôle de référence pour la conservation et la restauration des œuvres d'art contemporain[3].

Jean de Loisy dirige le Frac de 1983 à 1986. Guy Trotosa prend le relais. Jean-François Taddei est directeur de 1988 à 2004. Laurence Gateau assure la direction depuis 2004[2].

Des liens se sont noués entre le Frac et la métropole nantaise à l'occasion de la biennale Estuaire qui s'est tenue en 2007, 2009 et 2012. Cela donne une plus grande visibilité au Frac des Pays de la Loire en offrant un lieu d'exposition en ville[2]. C'est dans ce cadre que Bruno Peinado propose en 2014, une exposition L'Écho/Ce qui sépare. Cette exposition se déroule en même temps dans les locaux du Frac à Carquefou et à la HAB Galerie, sur l'île de Nantes[4].

En 2013, la part du budget alloué à la production artistique diminuant, les Frac recourent au mécénat privé pour assurer ses missions. Dans cette perspective, de nouvelles formes d'actions voient le jour, touchant un public plus large[5].

Architecture

Le bâtiment est construit dans la clairière du château de la Fleuriaye à Carquefou, situé à 11 km du centre de Nantes. Pour cette réalisation, l'architecte Jean-Claude Pondevie s'inspire de la Fondation Chinati de Donald Judd à Marfa.

Le bâtiment est posé au milieu d'une clairière, comme une sculpture minimaliste. Il est composé de trois éléments, un cube et un parallélépipède en bois, une tour en béton qui ne dépasse pas la hauteur des deux structures. Le bâtiment ne présente pas quatre façades mais quatre faces d'un même objet. Sa largeur est de 26 mètres pour une hauteur de 8 mètres[6]. Le bâtiment est revêtu d'une peau en bois de couleur rouge rappelant les plaques d'acier rouillé de Richard Serra. Les fenêtres sont dotées de volets pliants réalisant des bandeaux horizontaux quand ils sont ouverts et offrant une surface lisse quand ils sont fermés[6]. Au sous-sol, 630m² accueillent les réserves et un espace de restauration pour les œuvres.

Joep Van Lieshout réalise le mobilier intérieur, dans le cadre du 1% artistique[2].

La collection

La collection se constitue au fil du temps par l'acquisition d’œuvres de jeunes artistes. Une partie des œuvres produites dans le cadre des Ateliers Internationaux sont acquises par le Frac. Cela permet au Frac de soutenir la création et d'acquérir des œuvres avant que la cote de l'artiste n'explose[5].

Anne Marchand confie en dépôt 150 œuvres de Gina Pane en 2000 et 2009. Le fond Emmanuel Pereire vient compléter cette collection.

La proximité des directeurs avec les artistes a favorisé l'acquisition de plusieurs œuvres à un même artiste, constituant ainsi un corpus pour Fabrice Hyber, Raymond Hains, Pierrick Sorin, Yan Pei-Ming[2]. Cependant, il ne s'agit pas pour le Frac, de constituer une collection d'artistes régionaux[3], mais de constituer une collection qui témoigne d'une production artistique internationale.

Avec les œuvres de Gina Pane, Valie Export et Orlan, le Frac dispose d'un corpus d’œuvres d'artistes performeuses[2]. Le Baiser de l'artiste, dispositif utilisé par ORLAN lors d'une performance en 1977 au Grand Palais, fait partie des collections du Frac.

On peut également citer les sculptures d'Anish Kapoor acquises dès 1983[7].

En 2016, la collection est de 1600 œuvres réalisées par 500 artistes[8]. La collection du Frac des Pays de la Loire est digne d'un musée. A la différence d'un musée, une œuvre qui entre dans les collections d'un Frac est une œuvre d'un artiste encore en vie. De plus, un Frac n'a pas pour fonction de constituer un patrimoine[3].

La collection du Frac met en avant la grande diversité de la création contemporaine à travers tous les médiums de l'art contemporain : la peinture, la photographie, la sculpture, le dessin, la vidéo, l'installation, etc. Au fil du temps, cette collection va s'enrichir et s'orienter vers différents axes. Ainsi, la relation entre l'œuvre et le contexte (qu'il soit social, politique ou autres), le rapport entre l'artiste et la nature et l'intérêt que l'artiste porte au corps sont des thématiques et des problématiques qui intéressent le Frac.[réf. nécessaire]

Les Ateliers internationaux

Le programme des Ateliers Internationaux est un programme de résidence artistique propre au Frac des Pays de la Loire. Les Ateliers sont créés en 1984 à l’Abbaye de Fontevraud, une initiative de Jean de Loisy alors directeur du Frac des Pays de la Loire, et Mario Toran (1949-1990)[9], le conseiller artistique à la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) des Pays de la Loire. Le Frac des Pays de la Loire s’étant installé à l’Abbaye de Fontevraud dès 1983 sous la directive de Mario Toran. [10]

Pour les premières éditions des Ateliers Internationaux, le directeur du Frac invite en moyenne 15 artistes[11] à venir résider, pour une durée moyenne de 6 semaines, le temps d'un été, à l’Abbaye de Fontevraud. À la suite de cette résidence, une exposition collective des œuvres créées sur place par les artistes en résidence est organisée par le Frac à la fin de l’été. A Fontevraud, Jean de Loisy accompagne les deux premières éditions des Ateliers, remplacé par Guy Tortosa pour les troisième et quatrième éditions.

Le Fonds Régional d’Art Contemporain des Pays de la Loire enrichit sa collection en acquérant certaines des œuvres produites dans le cadre de la résidence auprès des artistes participants. Ces acquisitions d’artistes, pour la plupart internationaux, enrichissent et donnent une légitimité à ce jeune Frac.[12]

Après la résidence, un catalogue des œuvres créées sur place et quelques clichés des artistes au travail est édité par le Frac pour marquer cette occasion. Dès la première édition des Ateliers, la matrice, l’organisation, la programmation et le processus de déroulement des Ateliers est posé. Ce modèle est suivi tout au long des 31 éditions[13] de cette résidence.

A partir de la deuxième édition des Ateliers[14], des partenariats avec divers centres d’arts et résidences artistiques de la région des Pays de la Loire sont mis en place, notamment avec le Musée de l'Abbaye Sainte-Croix aux Sables-d’Olonne et dans plusieurs départements de la Région des Pays de la Loire.

En 1988, Mario Toran fait appel à Jean-François Taddei[15] (1946-2004) pour diriger le Frac des Pays de la Loire. Il suit alors les résidences et met en place le programme artistique du Frac jusqu’à sa disparition en 2004.

À ce moment-là, le Frac occupe les locaux de la villa la Garenne Lemot à Clisson de 1988 à 1993. Les Ateliers Internationaux reprennent alors dans un autre contexte. Les artistes s’installent dans les ailes de la villa pendant que les espaces centrales sont réservées aux expositions. En 1989, pour la sixième édition des ateliers, les grâces de la Nature[16], le directeur du Frac propose pour la première fois aux artistes invités de travailler sur une thématique précise, celle de la relation de l’homme à la nature. Les œuvres sont alors exposées dans le parc paysagé qui entoure la villa néo-classique.

En 1994, le Frac déménage dans de anciens entrepôts de la ville de Nantes. À partir de 1995, Les Ateliers Internationaux sont accueillis quant à eux dans les locaux du Grand Café à Saint-Nazaire, et ce jusqu’en 1999[17]. Pour la douzième édition des Ateliers Internationaux en 1996, le Frac sollicite pour la première fois un commissaire d’exposition, Pierre Leguillon, qui se charge de l’organisation, de l’invitation des artistes, de la programmation des ateliers et de l’exposition qui les suit. Ce mode opératoire des ateliers internationaux se répand dans l’histoire des ateliers, surtout depuis l’installation du Frac à Carquefou en 2000. Avec l’installation du Frac dans son nouveau bâtiment à Carquefou en 2000, la ville de met alors à sa disposition un ancien corps de ferme à proximité du Frac et des espaces d’ateliers de production qui facilitent la fabrication des œuvres des artistes participants[18].

Après la disparition de Jean-François Taddei en 2004, le Frac est dirigé par Laurence Gateau à partir de 2005. Depuis 2008[19], Laurence Gateau fait appel à des commissaires d’expositions de toutes origines géographiques pour une mise en place commune, du programme des ateliers internationaux.

Bien que les Ateliers Internationaux soient la plus ancienne résidence artistique en France encore en vie, ils ne sont cependant pas la première résidence d’art contemporain en France. En effet, en 1963, Pierre Chaigneau, alors directeur du Musée de l’Abbaye Sainte-Croix (MASC), organise la première résidence artistique en France[20]. Le MASC continue ses résidences jusqu’en 1998. En parallèle, à la fin des années 70, une autre résidence, probablement la plus connue dans ce domaine est née: celle de l’ARC (Animation, Recherche, Confrontation) au sein du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris.

Ce qui différencie le modèle des Ateliers Internationaux du Frac des autres résidences de l’époque est le nombre d'artistes invités et la possibilité d’acquisition d’œuvres par le fonds à la suite de cette programmation. Quant à ce qui rend cette expérience unique pour les artistes, ce sont les rencontres qu’ils peuvent faire lors de ces ateliers, que ça soit avec d’autres artistes, des critiques, des galeristes ou encore des directeurs d’institutions. Ce programme présente alors pour ces artistes une ouverture sur le marché de l’art[21].

La circulaire n° 2002/006 du 28 février 2002[22] du Ministère de la Culture qui éclaircit les missions des Frac mais aussi qui précise le statut légal des collections des Frac, mentionne de même que les collections des Frac doivent être cohérentes et être choisies suivant la spécialité de chaque Frac.

Le Frac des Pays de la Loire a depuis la création de ses Ateliers Internationaux, enrichit sa collection par les acquisitions d’œuvres qui ont été produites dans le cadre des ateliers[23]. La collection du Frac des Pays est constituée d’environ 10 % d’œuvres acquises à la suite de ces ateliers. Le fait de bénéficier d’une collection internationale est la spécificité du Frac des Pays de la Loire. Les Ateliers internationaux participent ainsi à donner une identité propre au Frac des Pays de la Loire.

Expositions

Une des missions des Frac est la diffusion de l'art contemporain. La programmation d'expositions fait partie de ce programme. Le Frac des Pays de la Loire organise plusieurs expositions par an dans ses murs, dans des lieux divers tels que des lieux patrimoniaux (l'abbatiale de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu), ou des lieux tels que les lycées, les maisons de quartier, les centres culturels, les prisons, les hôpitaux, etc. L'objectif est d'aller à la rencontre du public et de montrer la création contemporaine et non une collection muséale. Si le Frac des Pays de la Loire se distingue d'un musée, il organise cependant de grandes expositions thématiques ou autour d'un ou d'une artiste comme Gina Pane ou Orlan.[réf. nécessaire]

Publications

Dans le cadre de sa mission de soutien à l'art contemporain, le Frac des Pays de la Loire publie chaque année des livres d'artistes.

Il publie également des monographies sur des artistes ou des thématiques en lien avec les expositions ou les œuvres de sa collection.

Notes et références

  1. Roselyne Marsaud Perrodin, « Rencontre avec Jean-François Taddei », Pratiques 8 : réflexions sur l'art, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISSN 1278-4370)
  2. Laurence Gateau, Emmanuelle Chérel, Katrina Brown, Ami Barak, Zoë Gray, Première construction pour une collection nomade - L'architecture du Fonds régional d'art contemporain des Pays de la Loire 2000-2012, Carquefou, FRAC et B42, , 119 p. (ISBN 978-2-917855-40-9), p. 119
  3. Roselyne Marsaud Perrodin, « Bâtir pour un FRAC : Questionnements et prospectives », Pratiques 8: Réflexions sur l'art, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISSN 1278-4370)
  4. Claire Moulène, « Avec L'Echo/Ce qui sépare, Bruno Peinado propose une expo double », Les Inrockuptibles,
  5. Emmanuelle Lequeux, « Face à la crise, trouver des idées et des financements », Le Monde,
  6. Dominique Amouroux, « Vivre d'être vu, Le Frac des Pays de la Loire », Revue 303, vol. 66,
  7. Emmanuelle Lequeux, « Les 30 ans des FRAC », Le Monde,
  8. « Platform - Frac des Pays de la Loire », sur www.frac-platform.com (consulté le )
  9. 6 Séquences Ateliers Internationaux du Frac des Pays de la Loire, éditions Frac des Pays de la Loire, Carquefou, 2007
  10. 6 Séquences, entretien avec Jean de Loisy p. 156
  11. p.13, Artistes en résidence, actes du colloque, Nantes, Hôtel du département de Loire-Atlantique, 4 et 5 octobre 1990, Éditions Frac des Pays de la Loire, Nantes, 1991.
  12. p. 14, Artistes en résidence, actes du colloque, Nantes, Hôtel du département de Loire-Atlantique, 4 et 5 octobre 1990, Édition Frac des Pays de la Loire, Nantes, 1991.
  13. http://fracdespaysdelaloire.com/fr/le-frac/les-ateliers/frac/frac
  14. Frac des Pays de la Loire, Seconds Ateliers Internationaux des Pays de la Loire, Catalogue 1985, Editions Frac des Pays de la Loire, Fontevraud, 1985.
  15. « Jean-François Taddei / Centre Pompidou », sur centrepompidou.fr (consulté le ).
  16. http://fracdespaysdelaloire.com/fr/le-frac/les-ateliers/la-garenne-lemot/la-garenne-lemot
  17. Entretien de Jean-François Taddei par Patrice Joly, Zéro Deux, octobre-novembre-décembre, 1997
  18. http://fracdespaysdelaloire.com/fr/le-frac/les-ateliers/ateliers
  19. , http://fracdespaysdelaloire.com/fr/le-frac/les-ateliers/frac/frac
  20. p. 3 , "1ers Ateliers Internationaux de Fontevraud", éditions du FRAC, Fontevraud, 1984
  21. p. 158, 6 Séquences, Carquefou, 2007
  22. Ministère de la Culture et de la Communication
  23. http://www.lateshift.press/fr/2017/01/21/conversation-between-dorothee-dupuis-and-laurence-gateau/

Articles connexes

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