Fourragère

La fourragère est une décoration récompensant une unité militaire, comme un régiment, navire, etc., ou civile, comme certains corps de sapeurs-pompiers français, pour faits de guerre ou de bravoure exemplaires. Elle est portée par ses membres en uniforme exclusivement durant leur temps de service en son sein, le caractère collectif de son attribution fait qu’elle est rarement portée à titre individuel.

Pour les articles homonymes, voir Liste des plantes fourragères.

Origine

Les origines de la fourragère sont assez vagues en raison de la confusion faite par la plupart des auteurs entre la fourragère et les aiguillettes. La fourragère quant à elle tient son nom et son origine du milieu agricole vers la fin du XVIe siècle. Elle n’était alors qu’une simple corde à fourrage en chanvre appelée raquette et portée autour de l’épaule par les dragons autrichiens sans ferrets. C’est Napoléon Ier qui lui donna l’appellation de fourragère, ce en distinguant les hussards en jaune des artilleurs en rouge. Celle-ci fut supprimée à la fin de la guerre de 1870. La circulaire ministérielle française du , relative à la création d'insignes de distinction honorifique, entérina la fourragère telle que nous la connaissons. Le modèle français fut repris par de nombreux pays[1].

Description et port

Il s’agit d’une cordelette tressée qui se porte à l’épaule gauche de l’uniforme. L’une des extrémités de la tresse a la forme d’un trèfle et l’autre porte un ferret, c’est-à-dire une pièce métallique conique, selon un texte du 21 avril 1916, le ferret de la fourragère est en métal uni, il existe des ferrets ciselés de motifs aux armes ou emblèmes militaires. Au-dessus du ferret se trouvent un nœud à quatre tours et une cordelette.

Réglementairement[2], le trèfle et la cordelette sont passés dans un bouton cousu sous la patte d’épaule gauche et à cm de la couture de celle-ci sur l’uniforme, la tresse passant sous l’aisselle comme en témoignent les photos ci-dessous (voir notamment la tenue avec la fourragère de l’ordre de la libération). La fourragère peut aussi se porter « en bataille » : auquel cas la cordelette est accrochée au premier bouton du plastron (le trèfle restant fixé au bouton sous la patte d’épaule gauche). Les cordons des fourragères « fantaisie » ne sont plus réglementaires[2].

Type de fourragère

La fourragère peut être de différentes couleurs en fonction du nombre de citations. Il s'agit du nombre de fois où l’unité a été citée pour faits exceptionnels.

Double, rouge et verte rayée de rouge

Cette fourragère aux couleurs de la Légion d’honneur et de la croix de guerre 1914-1918 est portée par les unités citées entre 9 et 11 occasions à l’ordre de l’armée. Si les citations sont attribuées lors de la Première Guerre mondiale la fourragère est simple mais si les citations sont accordées lors de la Seconde Guerre mondiale, la fourragère porte alors une olive d’une moitié rouge et d’une moitié rouge rayée de vert séparées par un anneau blanc (cf infra).

Deux autres fourragères prévues dans les textes n’ont encore pu être attribuées, du fait qu’aucune unité n'a été citée plus de 11 fois lors d'un même conflit : la double aux couleurs de la Légion d'honneur et de la médaille militaire pour les unités citées de 12 à 14 fois à l’ordre de l’armée, ainsi que la double aux couleurs de la Légion d’honneur pour les unités citées 15 fois et plus[3].

Rouge

Aux couleurs de la Légion d'honneur.

Cette fourragère est portée par les unités citées de 6 à 8 occasions à l’ordre de l’armée. Si ces citations ont été attribuées lors de la Première Guerre mondiale, la fourragère est simple. Si les citations ont été attribuées dans le cadre d’opérations extérieures, la fourragère porte au-dessus du ferret une « olive » bleue et rouge. Si les citations ont été accordées lors de la Seconde Guerre mondiale, la fourragère porte une olive à moitié rouge et à moitié rouge rayée de vert.

Jaune rayée de vert

Lorsqu'elle est aux couleurs de la médaille militaire.

Cette fourragère est portée par les unités citées à 4 ou 5 occasions à l’ordre de l’armée. Si ces citations ont été attribuées lors de la Première Guerre mondiale, la fourragère est simple. Si les citations ont été attribuées dans le cadre d’opérations extérieures, la fourragère porte au-dessus du ferret une « olive » bleue et rouge. Si les citations ont été accordées lors de la Seconde Guerre mondiale, la fourragère porte une olive à moitié jaune rayée de vert et à moitié rouge rayée de vert.

Verte rayée de rouge

Aux couleurs de la croix de guerre 1914-1918 ou de la croix de guerre 1939-1945. Cette fourragère est portée par les unités citées à 2 ou 3 occasions à l’ordre de l’armée. Si ces citations ont été attribuées lors de la Première Guerre mondiale, la fourragère est simple. Si les citations ont été accordées lors de la Seconde Guerre mondiale, la fourragère porte une olive rouge rayée de vert.

Bleue et rouge

Aux couleurs de la croix de guerre des théâtres d'opérations extérieurs

Cette fourragère est portée par les unités citées à 2 ou 3 occasions à l’ordre de l’armée.

Verte rayée de noir

Aux couleurs de l’Ordre de la Libération.

Cette fourragère est portée par les unités décorées de la croix de la Libération.

Rouge et blanc mélangés

Aux couleurs rappelant la Croix de la Valeur militaire

Cette fourragère, créée le [4] est destinée à récompenser les unités citées au moins deux fois à l'ordre de l'armée au cours d'opérations de combat ne permettant pas l'attribution de la croix de guerre des théâtres d'opérations extérieures Croix de guerre des TOE

Description : « La fourragère se compose d'un cordon rond doublé sur la partie formant le tour du bras, dont les fils sont de nuances rouge et blanc mélangées rappelant les couleurs de la CVM. Une extrémité du cordon forme un trèfle et l'autre munie d'un ferret et d'un coulant en métal doré ; au-dessus du ferret, le cordon forme un nœud à quatre tours sur lequel sera accrochée une agrafe portant le nom du théâtre. »[4]

Citations multiples : une olive est placée en haut du ferret et sera de couleurs différentes en fonction du nombre de citations de l'unité :

  • 2 à 3 citations : sans olive ;
  • 4 à 5 citations : olive aux couleurs de la Médaille militaire ;
  • 6 à 7 citations : olive aux couleurs du ruban de la Médaille militaire pour la partie inférieure et du ruban de la Légion d'honneur pour la partie supérieure ;
  • 8 à 9 citations : olive aux couleurs du ruban de la Légion d'honneur ;
  • plus de 10 citations : olive aux couleurs du ruban de la Médaille militaire pour la partie inférieure et du ruban de la Légion d'honneur pour la partie supérieure. Les deux couleurs sont séparées par un liseré blanc.

Chacune des olives portera une plaque métallique indiquant le théâtre d'attribution.

Bleue, blanche et rouge

Pour les sapeurs-pompiers et la police nationale, elle est décernée à titre collectif lorsque le drapeau du corps a été décoré de la médaille pour acte de courage et de dévouement. (Source: code général des collectivités territoriales).

Or

Le lundi , Christophe Castaner et Florence Parly ont décoré le drapeau de la brigade de sapeurs pompiers de Paris de la fourragère d'or. Cette fourragère d’or a été créée par le ministère de l’Intérieur à la demande du président de la République pour matérialiser l’attribution de la 3e médaille d’or pour actes de courage et dévouement (ACD) au drapeau de la brigade pour les actions conduites lors du feu de la cathédrale Notre-Dame. La BSPP est la seule unité militaire à porter cette fourragère.

Différentes fourragères

Olives

Description des olives portées sur les fourragères.

Les olives permettent de différencier les conflits dans lesquels ont été obtenues les citations de l’unité. Elles peuvent également se superposer. Ainsi une unité portant une fourragère jaune rayée de vert avec une olive rouge rayée de vert aura reçu 4 ou 5 citations lors de la Première Guerre mondiale et 2 ou 3 pendant la Seconde Guerre mondiale.

Port à titre collectif

Premiers régiments et unités auxquels la fourragère de la croix de guerre a été conférée[5]

Port à titre individuel

Lorsqu’un individu (civil ou militaire) a participé à toutes les opérations, tous les faits d’armes ou de bravoure ayant permis l’attribution de la décoration de l’unité, il conserve le droit de porter cette fourragère « à titre individuel » (et avec l’autorisation du chef de sa nouvelle unité) même s’il a quitté l’unité d’origine. Il doit alors arborer sur sa fourragère un écusson portant le numéro de l’unité ayant obtenu la fourragère.

Pays-Bas

Les unités militaires néerlandaises et étrangères décorées de la croix de 4e classe de l’ordre militaire de Guillaume, la plus haute distinction du pays, arborent une fourragère de couleur orange.

Belgique

Par arrêté royal du , le système de décoration belge permet le port de différentes fourragères, ainsi créées :

  • Aux couleurs de la croix de guerre (vert et rouge) : récompense les unités citées aux moins deux fois à l’ordre de l’armée.
  • Aux couleurs de l’ordre de Léopold (amarante), depuis 1953 :
    • 3e classe : récompense les unités citées aux moins quatre fois à l’ordre de l’armée. Le ferret de la fourragère est en bronze.
    • 2e classe : récompense les unités citées aux moins huit fois à l’ordre de l’armée. Le ferret de la fourragère est en argent.
    • 1re classe : récompense les unités citées aux moins seize fois à l’ordre de l’armée. Le ferret de la fourragère est en or.
  • Aux couleurs de l’ordre de l'étoile africaine (bleu clair) : récompense les unités citées lors des conflits au Congo.

Les citations obtenues lors de différents conflits peuvent s’additionner. Les fourragères sont portées sur l’épaule gauche par les membres de l’unité présents lors du fait d’armes ayant valu la citation à l’unité, il en va de même pour la garde au drapeau, les membres ayant rejoint l’unité après son obtention portent les fourragères sur l’épaule droite.

Précisions

  • Une fourragère est également un véhicule hippomobile destiné au transport des plantes fourragères.
  • Une fourragère ne doit pas être confondue avec les aiguillettes d’aide de camp.
  • La police nationale porte une aiguillette rouge et non une fourragère aux couleurs de la Légion d’honneur, car ce signe distinctif récompense un certain nombre de mérites qui ne sont pas des citations.

Liens externes

Notes et références

  1. Joseph Muller, Le citoyen, la défense, le service national, les réserves, Muller, , p. 489
  2. L’IM 10300 sur la tenue dans l’armée de terre dispose : « La fourragère se porte autour du bras gauche (bouton de fixation sous la patte d’épaule, à cm de la couture d’épaule) ».
  3. Le RMLE a été cité 9 fois au cours de la Première Guerre mondiale, deux fois au cours de la seconde, et 4 fois dans le cadre d’opérations extérieures (comme 3e REI), ce qui fait un total de quinze citations, mais les citations obtenues au cours de différents conflits ne s’additionnent pas. Le régiment d'infanterie-chars de marine, le plus décoré de l’armée française, a été cité un total de dix-huit fois, dont dix lors de la Première Guerre mondiale, deux lors de la seconde, cinq au cours de guerres coloniales et une lors des opérations au Liban.
  4. Ordonnance no 13913/SDBC/DECO créant une fourragère à la couleur croix de la Valeur militaire
  5. L’Illustration no 3836 du 9 septembre 1916.
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