Forêts décidues humides tropicales et subtropicales

Les forêts décidues humides tropicales et subtropicales constituent un biome des zones intertropicales caractérisé par une formation végétale arborée haute et dense ainsi qu'un climat chaud et très humide.

Forêts décidues humides
tropicales et subtropicales[1]
Forêt tropicale humide en Guyane.
Caractéristiques
Superficie[2] : 19 800 000 km2 (13.5 %)
Latitudes : 30° Sud à 30° Nord
Climat : Équatorial, tropical et subtropical humide

Localisation

C'est la forêt la plus riche en diversité spécifique, tant pour les arbres que pour la flore ou la faune en général (jusqu'à plusieurs centaines d'espèces d'arbres par hectare, contre une dizaine au maximum en milieu tempéré). Elle est caractérisée par des arbres de grande taille à croissance lente tant qu'ils n'émergent pas sur la canopée, stade auquel ils se dotent souvent de puissants contreforts. Les espèces, genres ou familles endémiques y sont les plus élevés parmi les écosystèmes des terres émergées.

Le terme forêt équatoriale désigne également la forêt primaire qui occupe ce biome (dans les autres cas, on emploie le terme forêt secondaire)[3].

L'expression « forêt pluviale » est un anglicisme (traduction mot à mot de rain forest), l'expression française étant "forêt équatoriale". Les expressions « forêt ombrophile tropicale » ou « forêt tropicale humide » sont également employées.

Entre 1990 et 2020, 220 millions d’hectares de forêts tropicales et équatoriales humides ont été déforestés, ce qui représente 17 % de leur superficie totale[4].

Définition

Le bassin amazonien est souvent considéré comme l'archétype de la forêt équatoriale. Il représente en effet à lui-seul la moitié des forêts tropicales humides de la planète.

Ce biome regroupe plusieurs types de forêts denses humides des régions tropicale et subtropicale.

La forêt ombrophile tropicale (ou forêt tropicale humide, ou encore forêt pluviale tropicale) est principalement composées d'arbres sempervirents, qui restent verts toute l'année et ne résistent ni au froid, ni à la sécheresse. Elle comprend notamment :

  • la forêt ombrophile de basse altitude, formée de nombreuses espèces d'arbres à croissance rapide, dépassant souvent 50 m de haut ;
  • la forêt ombrophile montagnarde, riche en plantes vasculaires et en épiphytes, et dont les arbres dépassent rarement 50 m de haut ;
  • la forêt ombrophile de brouillard (ou forêt de nuage), dont la cime des arbres, qui atteint rarement 20 m de haut, baigne dans une brume quasi permanente ;
  • la forêt ombrophile marécageuse, dont le sol très humide peut être approvisionné en eau douce ou en eau saumâtre.

La forêt semi-décidue tropicale et subtropicale est présente dans des régions connaissant une saison sèche plus ou moins marquée durant laquelle les arbres de la strate supérieure perdent leurs feuilles, alors que les strates inférieures sont occupées par des arbres et des arbustes majoritairement sempervirents et plus ou moins sclérophylles.

La forêt ombrophile subtropicale est rarement représentée et se confond souvent avec la forêt ombrophile tropicale. Elle connaît néanmoins des écarts de température nettement plus importants au cours de l'année et sa strate inférieure comprend parfois quelques arbustes.

Structure

La lutte pour la lumière

Sous-bois d'une forêt tropicale humide du Queensland en Australie.

En raison de la densité de la forêt, de l'étagement des strates arborées et de la présence permanente des feuilles, la lumière y pénètre difficilement, d'où l'impossibilité de développer une agriculture.

Sols

Même si ce biome est le plus riche et le plus complexe de la planète, le sol de la forêt équatoriale n’en reste pas moins fragile, mince et pauvre étant donné que les éléments nutritifs sont captifs de la végétation. Tout élément décomposé est en effet réutilisé rapidement et remis en circulation ou entraîné dans les eaux souterraines.

Extension géographique

La forêt équatoriale occupe moins d'un dixième des terres émergées, soit 12,3 millions de km2[réf. souhaitée], mais elle abrite le plus de biodiversité spécifique.

Ces forêts se localisent entre les deux tropiques et sont donc dites intertropicales, elles suivent globalement l'équateur thermique (ou équateur météorologique).

  • En Amérique du Sud, ces forêts sont très présentes — notamment dans le bassin de l'Amazone et le plateau des Guyanes — et occupent plus de cinq millions de km2, soit près d'un tiers du continent.
  • En Amérique centrale, ce biome est observable dans toute la partie sud de la région.
  • En Asie, les forêts ombrophiles couvrent près de 3,5 millions de km2. Elles sont localisées dans le sud-est asiatique, à l'exception d'une partie centrale de l'Indochine occupée par des forêts tropophiles, s'étendant de la Chine septentrionale à la Nouvelle-Guinée et laissant parfois la place aux mangroves sur les côtes.
  • En Afrique, sur la côte ouest, les forêts équatoriales couvrent la zone située de part et d'autre de l'équateur, de la Guinée au Gabon puis remontent quelque peu le cours du Congo toujours en suivant le parallèle 0°. Sur le littoral est du continent noir, elles se font plus rares, n'étant plus représentée qu'à proximité du littoral kenyan, près des mangroves ainsi que sur la côte Est de Madagascar et sur les îles avoisinantes comme l'île de La Réunion.
  • En Australie, au nord de l'île-continent, les forêts ombrophiles tropicales sont présentes sous forme de peuplements denses sur la côte est et les premiers contreforts de la base de la péninsule du cap York (Queensland), protégées par des parcs nationaux comme la forêt de Daintree, le plateau d'Atherton ou Wooroonooran. Dans le Territoire du Nord, ces forêts se présentent comme de petites poches[5], plus ou moins disjointes et parsemées entre les îles du « Top End » et s'étendant au nord-ouest et au nord-est (11⁰ Sud) jusqu'à la latitude de Tennant Creek (18⁰ Sud). Un autre type de forêt tropicale riche en lianes et sur grès est associé à l'humidité constante présente le long des cours d'eau le plus souvent dans des gorges protégées, autour des résurgences à flanc de côteaux, au pied de falaises et près de sources. De semblables poches de forêts ombrophiles tropicales sont aussi présentes en Australie-Occidentale au nord de la région du Kimberley, mais de manière encore plus rare.

Climat

La brume sature souvent les forêts tropicales de montagne, dites « forêt de nuage », comme ici au mont Kinabalu à Bornéo.

La forêt équatoriale est située dans les régions de la zone intertropicale soumises à un climat équatorial.

Ce climat a pour principales caractéristiques une forte humidité ambiante et une chaleur permanente ainsi qu'une égalité plus ou moins prononcée de la durée du jour et de la nuit durant toute l'année. De type chaud, il présente des moyennes mensuelles systématiquement supérieures à 18 °C. La température relevée toute l'année dans ces régions se situe autour de 25−30 °C, avec une amplitude thermique relativement faible : de l'ordre de 5 °C. Cette monotonie thermique s'exprime également dans les écarts de températures jour/nuit. Les précipitations sont fortes dans les régions équatoriales : supérieures à 1 500 mm/an avec toujours plus de 100 mm mensuels (en moyenne 200 mm), mais le caractère marqué du climat est plutôt le fait de précipitations constantes (il pleut pendant les trois quarts de l'année) et donc d'une humidité permanente élevée (80 % au sol en moyenne).

Les forêts de nuages ou forêts de brouillard ou forêts de montagnes, situées entre 1 000 et 3 000 mètres d'altitude, bénéficient de précipitations largement supérieures aux forêts des plaines : 2 000 à 8 000 mm selon l'altitude, et la température baisse de 0,6 °C pour 100 m de gain d'élévation.

Cet ensemble climatique est caractérisé par la présence de l'alizé. Ce vent de direction nord-est dans l'hémisphère nord et sud-est dans l'hémisphère sud est une composante importante de ce climat par son apport de précipitations, et exerce son influence depuis le niveau de la mer jusqu'à 2 000 m d'altitude. Dans les zones proches de l'équateur, les alizés influents sont les alizés océaniques, ce sont ces vents doux et lents (20 km/h) qui amènent la pluie — par évaporation océanique — dans les régions équatoriales, a contrario des régions arides où les alizés continentaux qui y sont actifs n'amènent qu'aridité.

Plus on s'éloigne de l'équateur (météorologique), plus on s'approche d'un climat tropical à saisons alternées qui admet une saison sèche contrairement à l'équatorial, mais également une augmentation de l'amplitude thermique, aussi bien journalière qu'annuelle, et de la pression atmosphérique qui est plus faible dans les zones proches de l'équateur. Les journées de la forêt tropicale sont donc souvent ensoleillées, puis des averses torrentielles y tombent le soir, souvent sous forme d'orages.

Végétation

Les épiphytes comme ces aracées et ces broméliacées poussent en abondance dans les forêts tropicales, surtout dans les zones montagneuses comme dans le Parc international La Amistad, au Panama.

À lui seul, cet écosystème contient 70 % des espèces végétales connues. Cette hyperdiversité s'explique par l'effet Janzen–Connell (en). Sa végétation, caractérisée par la stratification verticale, est grandement dominée par les plantes, surtout les espèces fleurissantes et les arbres. On peut trouver entre 80 et 200 espèces d’arbres par hectare dans les forêts tropicales mûres. Cependant, nous ne retrouverons que rarement deux individus de la même espèce dans un hectare. Une ou deux espèces ne pourront dominer à elles seules que dans les secteurs spécifiques tels les marécages.

Les feuilles ont en général des extrémités très allongées qui permettent d'accélérer l'évacuation de l'eau car l'eau stagnante gène les fonctions respiratoires et assimilatrices de l'arbre et favorise les plantes épiphytes. Il y a peu de bourgeons car il n'y a pas de mauvaise saison à surmonter. Quand ils existent, ils sont protégés par des poils, du mucilage ou des feuilles secondaires.

La canopée

Arbre émergent — ici Dipterocarpe — dont le fût émerge de la canopée (Parc national de Khao Yai en Thaïlande).

La canopée de la forêt tropicale humide est un écosystème à elle seule. Elle se compose d’arbres pouvant atteindre des hauteurs de 30 à 50 mètres. Les arbres émergents ne forment pas une strate dense : ils sont exposés à des températures élevées, à des vents parfois violents et à un air peu humide. La canopée supérieure est constamment occupée par différentes espèces d’animaux, dont un grand nombre y passe l’essentiel de leur vie.

La mangrove

La mangrove n'appartient pas à la forêt tropicale humide proprement dite, mais elle permet une transition entre cette dernière et les océans, elle subit le même climat mais son biome est différent car il est semi-aquatique et salé.

Épiphytes

Les épiphytes prospèrent dans les forêts tropicales grâce à la chaleur, mais surtout grâce à l'humidité ambiante. D'ailleurs c'est dans les forêts tropicales d'altitude, dite forêts de brouillards, qu'ils sont les plus abondants, grâce au brouillard constant de ces zones. Ce sont des plantes et des fleurs qui ne poussent que dans le brouillard et l'humidité.

Dimension humaine

Rôles

Habitat forestier d'un peuple isolé, Acre, Brésil.

Il semblerait que, globalement, les forêts tropicales stockent (légèrement) plus de carbone qu'elles n'en rejettent et participeraient de ce fait à la réduction des gaz à effet de serre. Dans la pratique, la baisse des surfaces (souvent par brûlis) oblitère un peu ce bilan. Cependant, il y a des tentatives intéressantes de plantations à grande échelle de forêts destinées à être des puits de carbone (en gardant en mémoire la pauvreté écologique de ce type de milieu).

La forêt assure la préservation de la biodiversité, joue un rôle important dans le cycle de l'eau. Elle permet aussi une exploitation forestière pour les besoins de l'homme.

La pharmacopée utilise des molécules issues de la forêt.

Déforestation

La déforestation dans les forêts tropicales humides est souvent critique, comme ici dans la province de Riau, à Sumatra, Indonésie.

La principale menace pesant sur ces écosystèmes est la déforestation ; plus que l'exploitation forestière proprement dite, c'est le changement d'occupation du sol qui est problématique : conversion en plantation (palmier à huile, eucalyptus, pins), agriculture (soja, canne à sucre) ou urbanisation. Selon la FAO[6], la déforestation concerne chaque année plus de 13 millions d'hectares. Toutes les forêts équatoriales du globe sont concernées.

Notes et références

  1. Nigel Dudley, Sue Stolton, Alexander Belokurov, Linda Krueger, N. Lopoukhine, Kathy MacKinnon, Trevor Sandwith et Nikhil Sekhran, Solutions naturelles : les aires protégées aident les gens à faire face aux changements climatiques, Gland, WWF International, , 135 p. (ISBN 978-2-88085-308-2, lire en ligne).
  2. Approximation arrondie au 100 000 et pour une surface terrestre totale de 146 300 000 km2, d'après les données du WildFinder : World Wildlife Fund, « WildFinder: Online database of species distributions »,
  3. Les noms des biomes sont généralement associés à la formation végétale qui l'occupe.
  4. « 17 % des forêts tropicales humides ont disparu en trente ans », sur Reporterre,
  5. http://www.savanna.org.au/all/rainforest.html
  6. La déforestation se poursuit à un rythme alarmant, FAO, .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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