Fonds de dotation

En France, un fonds de dotation est un organisme de mécénat destiné à réaliser, ou à aider un autre organisme à but non lucratif à réaliser une œuvre ou une mission d'intérêt général[1].

Forme juridique issue de la loi de modernisation de l’économie (loi no 2008-776 du ), elle est conçue avec la vocation de concilier la popularité des associations à but non lucratif et le prestige des fondations[2].

Apparentés aux endowment funds (en) anglo-saxons[3], les fonds de dotation sont créés par simple déclaration et dépôt des statuts à la préfecture, la dotation initiale étant fixée à 15 000  minimum[1].

Présentation

La souplesse de constitution et de fonctionnement reconnue à la forme associative est cumulée avec la grande capacité juridique et financière caractérisant les Fondations et Associations reconnues d’utilité publique (RUP)[4].

Le Sénat, lors de la discussion sur la loi de modernisation de l’économie (loi no 2008-776 du ), a justifié la création du Fonds de dotation dans le paysage caritatif national, pour favoriser le développement d’initiatives d’intérêt général, avec les termes suivants :

« Malgré leur grand mérite, les outils existant actuellement dans le droit français peuvent décourager certaines initiatives en raison d’un excès de rigidité. Ainsi, s’il n’est évidemment pas question de les remettre en cause, il apparaît que les fondations reconnues d’utilité publique sont encadrées par des règles très contraignantes. »

 Définition de l'Institut Diderot[5].

Extrait de l'article 140 de la loi no 2008-776 du  :

« Le fonds de dotation est une personne morale de droit privé à but non lucratif qui reçoit et gère, en les capitalisant, des biens et droits de toute nature qui lui sont apportés à titre gratuit et irrévocable et utilise les revenus de la capitalisation en vue de la réalisation d'une œuvre ou d'une mission d'intérêt général ou les redistribue pour assister une personne morale à but non lucratif dans l'accomplissement de ses œuvres et de ses missions d'intérêt général. »

Ce nouvel outil juridique a connu un certain succès puisqu'en mars 2010, il a été dénombré 169 fonds de dotation publiés au Journal Officiel[6].

Il existe, depuis 2019, une autre possibilité : le fonds de pérennité davantage axé sur la transmission, le soutien à une cause d'intérêt général étant une possibilité [7].

Fonctionnement

Comparé à l’Association et à la Fondation RUP, la souplesse du fonds de dotation est caractérisée par les faits suivants :

  • Le fonds de dotation peut être constitué par une seule personne physique ou morale
  • L’absence de toute autorisation ou instruction administrative préalable permet, en pratique, de disposer d’une structure opérationnelle dans un délai d’environ un mois.
  • Les fondateurs disposent d’une grande liberté pour organiser, à leur convenance, la gouvernance du fonds de dotation. La seule obligation est de composer le Conseil d’administration de trois membres au moins, le fonds de dotation n’est soumis au sein de son Conseil, contrairement à la fondation RUP, ni à l’établissement de collèges d’administrateurs, ni à la représentation des ministères liés à son objet social.
  • La capacité juridique et financière est équivalente à celle de la fondation RUP.
  • Les libéralités consenties à un fonds de dotation ne répondent pas à l’exigence de conformité à son objet social et ne nécessitent pas l’accord préalable de l’autorité administrative de tutelle (contrairement à la Fondation RUP).
  • Le fonds de dotation a la capacité de recevoir des biens et droits de toute nature, et la possibilité de les exploiter commercialement dès lors que les profits sont exclusivement affectés au financement de son activité d’intérêt général.

À noter que le fonds de dotation doit se doter d'un commissaire aux comptes pour une durée de 6 exercices comptables dès que ses ressources excèdent, au cours d'un exercice, plus de 10,000 euros.

Avantages d'un fonds de dotation

Un outil juridique alliant les avantages associatifs (simplicité de constitution - création par simple déclaration en Préfecture et pas d'autorisation administrative préalable - de fonctionnement) à ceux des fondations (stabilité et avantages fiscaux).

Liberté : pas de statut type. Rédaction des statuts libre notamment en matière de gouvernance, liberté de choix en matière de modification des statuts ou de dissolution. Une flexibilité adaptée aux particuliers et aux entreprises désireux de soutenir des missions d'intérêt général.

Création par toute personne physique ou morale, publique ou privée, avec ou sans dotation, pour une durée limitée ou illimitée.

Attractivité : avantages des FRUP (fondations françaises reconnues d'utilité publique) en matière juridique (capacité à recevoir tout type de libéralité sans tutelle administrative, à posséder tout type de bien) et fiscale (sous conditions, exonération d'impôts commerciaux et de droits d'enregistrement sur les libéralités reçus).

Attention

Interdiction législative d'affecter des fonds publics et formalisme conséquent pour bénéficier d'une exception (double arrêté ministériel).

Impossibilité d'utiliser l'appellation « Fondation ».

Non éligible au dispositif de réduction d'ISF dit loi TEPA et exonération d'IS seulement partielle si la dotation (15 000  minimum depuis 2015) est consomptible.

Collecte de fonds encadrée : autorisation préalable de la Préfecture nécessaire pour faire appel à la générosité publique et obligation d'affecter les donations et legs à la dotation (en cas de dotation intangible, ces libéralités ne constituent donc pas des ressources directement disponibles).

Faire un don

Don simple :

  • 66 % du montant du don est déductible de l'impôt sur le revenu, dans la limite de 20 % du revenu imposable. L'excédent peut être reporté sur les cinq années suivantes.
  • 75 % du montant du don est déductible de l'impôt de solidarité sur la fortune (IFI en 2017), dans la limite de 50 000  (soit un don de 66 667 )
  • Ces déductions ne sont pas cumulables.

Pour les entreprises : 60 % du montant du don est déductible de l'impôt sur le revenu ou sur les sociétés pris dans la limite de 0,5 % du chiffre d'affaires. (Possibilité de report sur cinq ans)

La donation : souvent d'un montant supérieur au simple don. Ce qui la différencie, c'est sa force solennelle. Consignée par un notaire via un acte authentique, elle permet de sécuriser la transaction, notamment en garantissant le respect de la réserve héréditaire lors de la signature.

La donation temporaire d'usufruit : elle permet de donner, momentanément, les revenus d'un bien immobilier ou mobilier. L'avantage ? Pendant la période du dessaisissement, la valeur de votre bien sort de l'assiette de calcul de l'ISF.

Le don de titre : C'est une autre possibilité. En donnant, par exemple, des actions ou des obligations à la Fondation de France, vous obtenez un reçu fiscal sur la valeur total donnée, valable au titre de l'impôt sur le revenu ou de l'ISF. De plus, ce don de titre vous exonère de l'impôt sur le revenu sur les plus-values latentes.

Les fonds de dotation "sont exonérés de droits de mutation à titre gratuit, [pour] les dons et legs consentis aux fonds de dotation qui répondent aux conditions fixées au g du 1 de l’article 200 du CGI" (Bulletin officiel des impôts N° 66 du 02/07/2009. Instruction du 25/06/2009).

Le don transfrontalier : est également possible, via Transnational Giving Europe and Friends of Fondation de France. Grâce à ce réseau unique, même si vous êtes fiscalement domicilié dans un pays européen du réseau ou aux États-Unis, vous pouvez soutenir la Fondation de France ou un projet d'intérêt général en France en bénéficiant des avantages fiscaux de votre pays de domiciliation[8].

  • Seuls les titres de sociétés cotées et données en pleine propriété font l'objet d'une réduction au titre de l'ISF.

Comparatif avec les autres structures

Tableau comparatif : Fondation, Fonds de dotation, Association
Fondation reconnue d'utilité publique Fonds de dotation Association
Personnalité juridique À compter de la publication au Journal officiel
d’un décret pris en Conseil d’État
À compter de la publication au Journal officiel À compter de la publication au Journal officiel
Délai de constitution De 6 à 24 mois 1 mois à compter de la déclaration 1 mois entre la date de dépôt
de la déclaration de création en préfecture
et la date de publication au JO
Contrôle de l'opportunité Par les ministères et le Conseil d’État Non Non
Fondateurs : principes Une ou plusieurs personnes
physiques ou morales,
privées ou publiques
affectant irrévocablement des biens à la fondation
Une ou plusieurs personnes
physiques ou morales,
privées ou publiques
Au moins deux personnes
physiques ou morales,
privées ou publiques
Nouveaux fondateurs Dans la limite du nombre prévu
pour le collège des fondateurs
dans les statuts adoptés.
Selon les statuts adoptés par le ou les fondateurs Selon les statuts adoptés par le ou les fondateurs
Retrait des fondateurs Non, sous peine de la perte de la RUP
(envisageable pour les fondations à dotation fractionnée
(recours à la caution bancaire en cas de défaillance)
Oui, selon les statuts Oui, selon les statuts
Étrangers Pas de restriction Pas de restriction Pas de restriction
Dénomination L’utilisation du mot Fondation
est réservée aux fondations reconnues d’utilité publique
+ liberté dans le choix
Liberté de choix Liberté de choix
Statuts-types
(imposés par la loi)
Non
(mais en pratique, les statuts sont ceux
proposés par le Conseil d’État, avec peu de marge de manœuvre)
Non Non
(en pratique : statuts imposés par certaines fédérations
et pour les associations qui sollicitent leur reconnaissance d’utilité publique)
Modification des statuts Par délibération du conseil d’administration
ou du conseil de conseil de surveillance à l’unanimité.
Approbation nécessaire par l’autorité de tutelle
(arrêté du Ministre de l’intérieur ou décret en Conseil d’Etat)
Selon les statuts Selon les statuts
(autorisation nécessaire de l’autorité de tutelle
pour les associations reconnues d’utilité publique)

Législation applicable aux fonds de dotation

  • Loi no 2008-776 du de modernisation de l'économie (dite « LME ») ;
  • Décret no 2009-158 du relatif au fonds de dotation ;
  • Circulaire du portant sur l’organisation, le fonctionnement et le contrôle des fonds de dotation ;
  • Instruction fiscale no 4 C-3-09 du concernant le régime du mécénat pour les donateurs particuliers et les entreprises ;
  • Instruction fiscale no 7 G-6-09 du portant sur le régime d’exonération des droits de mutation à titre gratuit sur les dons et legs consentis à un fonds de dotation ;
  • Ordonnance no 2009-104 du relative à la prévention de l'utilisation du système financier aux fins de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.
  • Circulaire du portant sur l'objet des fonds de dotation
  • Circulaire du reprenant les recommandations du Comité stratégique des fonds de dotation

Exemples de fonds de dotation

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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